[ Libre ][ Terminé ] ~ Portail individuel et univers parallèle : elles et ailes

Sam 15 Fév 2014 - 14:32

Comment s'extraire d'une situation difficile et bancale ? Prenez un scandale national, si possible une affaire délicate et épineuse. Des personnes influentes mises en bagne. Une milice menaçante. Une base militaire. Une arrestation. Des armes. Des coups de feu. Du sang et des morts. Une chute. Des os brisés. Ainsi qu'un élément essentiel à votre survie, une évasion par portail pardi !

Cela est exactement la situation où se trouvait Zhixue lorsqu'elle traversa le portail pour Etiopia. Or, elle n'avait pas compris que la chute n'était pas censée la blesser grièvement, la laissant semi-consciente, avec un bras fracassé, des côtes brisées et une hémorragie cérébrale. Non ! Rien de tout cela. Le mieux c'était un ongle cassé, une chevelure décoiffée ou au pire, une cheville foulée, un poignet tordu, quelques hématomes sans grande gravité. Mais alors faire une chute de trois étages, défier la loi de la gravité et ainsi se retrouver à moitié vive au fond d'une remorque de camion militaire, c'était totalement irresponsable et illogique. Je préciserais même d'une idiotie indigne de son statut.

C'était en outre, le comble pour un Médecin en Chef de ne pas pouvoir étancher ses propres blessures en vue de la gravité de ces dernières. Heureusement qu'il y avait à ce moment inattendu une étrangeté de la Nature, un portail inter-dimensionnel défiant la logique des plus grandes lois scientifiques établies par Newton, Descartes, Einstein et que sais-je encore qui a fait son apparition ! Sans cela, Zhixue aurait été dans des situations inextricables, peut-être aurait-elle été condamnée à la peine capitale, la plus grave : la peine de mort.

C'est ainsi que Zhixue, souffrante d’absolument tout son côté droit ensanglanté et de ses paumes égratignées, se retrouva sur le dos dans des escaliers de marbre. C'était très inconfortable, mais notre protagoniste avait déjà perdu conscience, répandant ainsi son précieux hémoglobine sur sa blouse blanche et ces jolies marches de marbre ...

Mer 19 Fév 2014 - 13:24

Une jeune femme était étendue sur le dos, les yeux clos, le côté en sang, comme une vision d’horreur, comme une poupée brisée sur les marches de marbre. A la vue du sang s’écoulant à grosses gouttes sur le sol, les genoux de Meryl faillirent se dérober sous elle.

Les sentiments qui l’avaient quittée quand elle avait franchi le portail revinrent au grand galop, et elle eut soudain envie de vomir, de sortir le truc qui était mal placé dans son destin. Quoi ? Etait-ce ça, une nouvelle chance ? Un nouveau cadavre ?

Et puis la sonnette des réflexes résonna un grand coup dans sa tête, et l’amie adrénaline vint tout à coup pointer son grand nez dans le circuit sanguin de Meryl. Il fallait faire quelque chose. Maintenant. Tout de suite. Mais quoi ? Meryl s’approcha du corps, très lentement mais dans des gestes qui paraissaient précipités, et l’observa. Les petits réflexes qu’elle avait pu acquérir dans son université de médecine, dans les rares fois où ils avaient fait de la pratique, lui revinrent au visage comme un coup de fouet.

D’abord vérifier que la personne était bien morte. Elle posa son pistolet, qu’elle tenait toujours à la main, au sol, et se pencha sur la femme. D’un coup d’œil, la jeune fille remarqua la poitrine de la morte qui en vérité n’était pas si morte que ça, car elle respirait, et semblait plutôt dans un état d’inconscience –ce qui était assez alarmant car cela signifiait que son cerveau avait lâché la barre du navire, ou bien à cause de l’hémorragie, ou bien à cause de la douleur et du choc.

En faisant bien attention de ne pas bouger la victime, Meryl prit son pouls. Il semblait assez stable, ce qui était en soi une bonne chose, signe qu’elle n’était pas sur le point de mourir et qu’elle avait quelques courtes minutes pour aller chercher de l’aide.

Après avoir jeté rapidement un œil à la flaque de sang qui gouttait sur le sol, elle arracha un ruban de son uniforme et le noua au-dessus de la blessure pour en faire un garrot provisoire et empêcher le sang de couler. Maintenant il fallait faire vite, car le bras n’allait pas rester des heures sans aucune alimentation sanguine sans pourrir un peu.

Meryl se releva, prit une grande inspiration, inspecta du regard les environs et commença à courir vers le bâtiment le plus proche.

- A L’AIDE !

A côté du corps gisait son pistolet.

Sam 22 Fév 2014 - 13:49

Il était une fois une jeune femme. Une jeune femme étrange, au style et à la personnalité singuliers. De celles qui attirent l’œil, qui retiennent l'attention. Je ne sais pas si elle est jolie. Difficile à dire. Une chevelure multicolore qui paresse sur des épaules fines, un nez légèrement retroussé, de grosses lunettes qui occupent jalousement la moitié de son visage... Elle porte une blouse qui ressemble à celles des médecins, à la seule différence qu'elle n'est pas blanche. Elle est multicolore. Son prénom ? Maryvette.

Maryvette est avachie sur un bureau, appuyée sur son bras gauche, essayant de rattraper comme elle le peut les nombreuses heures de sommeil qui lui ont été dérobées. Son bras droit, lui, est étendue devant elle, sur le bois terne. Son index suit mollement les mouvements capricieux du stylo avec lequel elle joue. Mais peut être a-t-elle frappé trop fort, ou peut être le stylo en a-t-il eu marre d'être ainsi mal-mené. Quoi qu'il en soit, le torturé fut projeté dans les airs, et termina sa course sur le sol qui n'avait pas été foulé depuis des heures.

Le bruit sec sorti la jeune femme de son demi-sommeil. Elle jeta un coup d’œil furtif sur la pendule accrochée en face de son bureau. Presque quatre heures s'étaient écoulées sans qu'il n'y ait la moindre visite de la part des villageoises. Alors c'est peut être l'ennuie, ou bien la conviction que personne n'aurait besoin d'aide à la clinique qui lui fit quitter l'endroit. Notre étrange protagoniste avait décidé d'aller faire un tour dans le village, - pas trop loin non plus, pour qu'on puisse la contacter en cas d'urgence - histoire de se dégourdir les jambes. Comme elle ne se séparait jamais de son sac, qui contenait de quoi pallier aux urgences, elle l'empoigna d'une main ferme avant de se diriger vers la porte en verre.

L'air frais vint planter ses épines acérées dans sa peau laiteuse. Ce que ça faisait du bien ! Un sourire naquit sur le visage de la jeune femme aux milles couleurs. Le champ des possibles s'ouvraient à elle. Où allait-elle ? Faire un tour dans la zone commerciale ? Ou bien vers la mairie ? Pourquoi ne pas aller vers le portail ? Ou simplement à l'ombre du grand chêne ? Les choix étaient multiples, elle avait du mal à se décider. Cependant, elle n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage.

- A L’AIDE !

Un mélange de joie et d'appréhension l'envahit. Elle adorait son métier, mais d'une certaine manière, le détestait tout autant. Elle était sans cesse dans le doute, obligée de jouer d'un instrument qu'elle connaissait mieux qu'elle même, avec une partition qui n'avait de cesse de changer. Il n'était pas rare que Maryvette traite une dizaine de cas différents dans une même journée. Et bien souvent, malgré sa grande efficacité, elle était débordée. Il fallait se rendre à l'évidence ; Il n'y avait pas assez de médecin dans le village.

C'est d'un pas assuré et pressé qu'elle se dirigea vers la source de cet appel au secours. Au détour d'un bâtiment, la femme médecin tomba nez à nez avec une jeune fille qui avait l'air totalement paniquée. Sans un mot elle la contourna, et aperçut une silhouette au sol, baignant dans une flaque de sang. La première chose qui l'interpella fut le pistolet posé juste à côté d'elle. Son regard se durcit, comme à chaque fois que le cas clinique était... Délicat. C'est pourtant d'une voix calme qu'elle s'adressa à la demoiselle tétanisée, qui était restée un peu en retrait.

- Que s'est-il passé ?

Son regard resté figé sur le corps inanimé. La blessée peinait à respirer. Sans un mot elle déchira son tee-shirt. La peau était violacée au niveau des côtes, et enflée. Impossible de dire si elles étaient brisées. Cependant, il y avait un important risque de volet costale. Son bras, quant à lui, était dans une position improbable. Son état de semi-conscience laissait soupçonner un traumatisme cranien. Cela ne pouvait en aucun cas être dû au pistolet. Et comme seules les agents de sécurités en possédaient dans le village, elle supposa que la fille encore consciente en faisait parti.

Lorsqu'elle remarqua le garot sur le bras, un juron pour le moins disgracieux s'échappa de ses lèvres pincées. Elle nota dans un coin de son cerveau qu'il faudrait faire la remarque lorsque le moment serait propice. Maryvette, déjà agenouillée au côté de la nouvelle arrivante, ôta le garot de fortune d'une main experte, envoyant le bout de tissu valser à plusieurs mètres de là. De son autre main, elle ouvrait déjà son sac et en tirait de quoi immobilisé son bras et diminuer la douleur.

- Viens m'aider, ordonna-t-elle à l'agent de sécurité.

Sam 1 Mar 2014 - 23:17

A peine Meryl avait-elle crié qu’elle avait vu débarquer une jeune femme à l’air déterminé, un sac à ses côtés. Meryl cligna des yeux devant l’avalanche de couleurs qui venait vers elle. La nouvelle arrivante était haute en couleurs, si on pouvait le dire. Pas une fois du noir ou du blanc dans sa tenue, mais comme un arc-en-ciel qui prenait ses aises sur la blouse et les cheveux de la femme. Un peu étonnée, Meryl resta coite.
La jeune femme, attirée par le corps en sang, la contourna ; Meryl crut voir son air se durcir quand elle mesura l’étendue des dégâts. Son regard semblait à la fois dur et familier à ce genre de scène, comme si elle avait déjà soigné trop de monde.

- Que s'est-il passé ?

Meryl sursauta et se rendit compte que c’était à elle qu’on parlait. Légèrement intimidée par la femme et son assurance, elle bafouilla et essaya de reprendre un peu contenance.

- Je… je suis sortie du portail et elle gisait sur le sol… J’ai fait mon possible pour empêcher le sang de se répandre, mais… je n’ai pas l’habitude de donner les premiers soins.

Pendant qu’elle parlait, elle se rapprocha du corps et observa la femme-arc-en-ciel examiner les dégâts. D’un coup sec, elle avait déchiré le T-shirt de la blessée, qui découvrit les côtés violacées ce celle-ci. Meryl serra les dents et empêcha ses jambes de trembler devant le spectacle. Il fallait qu’elle soit forte. Après tout si elle voulait toujours devenir soldat ou même médecin, il fallait qu’elle soit préparée à voir des blessures bien pires que celle-là.

Laissant son regard s’égarer des mains de la femme qui était venue les secourir à sa blouse multicolore, elle remarqua que sur la blouse se trouvait un badge. Maryvette. Quel nom étrange, pensa-elle. Puis son pied tapa dans son pistolet, et elle se rappela soudain qu’elle l’avait laissé traîner par terre.
Se réprimandant intérieurement, elle s’en empara et le déchargea, puis le rangea dans le ceinturon qui pendait à sa taille. Plus question de se faire des frayeurs en tirant sur quelqu’un, ou si ça se trouvait elle allait encore atterrir dans un monde parallèle et cela allait faire des histoires.

La guérisseuse avait jeté son ruban avec un juron et Meryl fronça les sourcils. Est-ce qu’elle n’avait pas fait les choses assez bien ? Un sentiment de culpabilité l’envahit. Si cette femme mourrait, ce serait à cause d’elle. Elle se mordit la lèvre inférieure tandis que l’autre femme dégageait le bras de la blessée.
Alors que Meryl allait demander si elle pouvait faire quelque chose, Maryvette l’interpella :

- Viens m'aider.

Aussitôt, elle se pencha sur le corps, observant la guérisseuse sortir de quoi faire une attelle. Elle prit une inspiration et suivit ses mouvements, essayant de l’imiter afin d’immobiliser son bras. Mais une question restait sans réponse dans son esprit :

- Ne risque-on pas d’aggraver ses blessures si on la déplace ?

Son ton avait été plus assuré que la question précédente ; elle se sentait d’humeur à courir un marathon pour porter de l’aider à la femme. Pas question qu’on la tienne responsable d’une morte.
Elle jeta un coup d’œil à la guérisseuse, et devint soudain plus hésitante : la peur du jugement avait repris le dessus. Elle craignait de faire une gaffe, elle savait que la première impression était la plus importante, et apparemment elle avait l’air d’une novice.

Elle prit une inspiration et souffla, rassemblant son peu de courage, puis attendit d’autres instructions ce celle qui semblait être bel et bien une guérisseuse.