Arrivée en catastrophe [Monologue]

Lorsque, paniquée, Meryl s’élança en direction du novice qui était sur la trajectoire de sa balle, elle ne s’attendait pas à débarquer sur cette place. Elle pensait plutôt avoir tué quelqu’un, par simple accident, par simple bêtise et négligence. Elle avait été submergée par l’appréhension, la culpabilité, l’horreur de son geste, la honte, une grande tristesse, et surtout par la terreur.
La Terreur, cette grande et forte princesse, cette mesquine et lourde araignée qui vous dévorait de part en part, avait installé son nid en Meryl en une fraction de secondes et prenait déjà ses aises.

Quand elle traversa le portail vers Etiopia, elle savait que sa vie était déjà fichue.
Quelle blague, avait-elle pensé. Dix-huit ans et j’ai ruiné ce qu’il me restait à vivre.

Mais derrière elle, les portes de fer du portail se refermaient déjà, et il y eut un bruit d’impact sur un pauvre banc qui n’avait sûrement rien demandé. Envahie par un soudain sentiment de sérénité, elle prit une bouffée d’un air différent, qui sentait bon le renouveau et la seconde chance. Peut-être qu’elle pourrait essayer de vivre correctement cette fois-ci. Ne pas faire d’erreurs, trouver quelque chose en quoi croire.

Elle fit un pas symbolique devant elle et se cassa la figure. Elle se releva péniblement en frottant ses mains écorchées et pesta contre l’escalier sur lequel elle se trouvait. Franchement, pour un premier jour, est-ce que dames Circonstances, dans leur grande bonté, n’auraient pas pu être plus miséricordieuses ? Apparemment non, et l’escalier semblait toujours lui en vouloir autant.

Ce n’est qu’en fusillant du regard les marches qu’elle se rendit compte de ce qui était là devant ses yeux depuis pourtant une ou deux bonnes minutes. Un cadavre. Enfin, ce qui en avait l'air.