Loin des murs en blanc [ PV Sofia ! ]

Tii rentra dans le bus. Elle venait tout droit de l'hopital et était habillée en chemisette de malade, une tenue peu appropriée pour fuguer. Ainsi quand elle tendit de l'argent, essouflée, à la conductrice, celle ci la regarda de travers, l'air de dire "Tu viens d'où toi, avec une tenue pareille???".

Tii ne prit pas compte de ce regard et attendit. Puis la conductrice lui fit signe.

-C'est ok, mademoiselle.

Tii la remercia, acquiesça en souriant l'air de rien et alla s'asseoir. Il y avait du monde mais elle resta silencieuse, ne connaissant personne. Tii n'était pas hostile, tant qu'on ne l'empêchait pas de mener sa route comme bon lui semblait.

Tii avait une volonté farouche de recommencer. Une fois qu'elle saurait grimper elle retournerait chercher Adrianna et lui montrerait ses progrès. Cependant après cet acte de fuite, celle-ci lui ferait sans doute la tête.

Eh bien quoi, Tii réfléchit tellement qu'il faut toujours se méfier de ce qui peut lui passer par la tête. Souvent ce sont des idées incongrues au yeux des autres, absurdes, mais relevant défi et extrêmement sérieuses.

Mais toujours, oui, toujours, il en ressortirait du visage de Tii un sourire, comme pour signifier "Ce n'est pas grave, ne fais pas attention" même si dans son inconscient, Tii, comme n'importe qui, désirait qu'on lui prête de l'attention. Mais à la différence du trou, elle se reclusait d'abord, en attendant qu'on lui tende la main. Et si jamais elle menaçait de sombrer dans les ténêbres au creux desquelles elle s'enfouissait, il y aurait elle-même.

En souriant elle regarda autour d'elle, espérant à la fois être tranquille et qu'on lui aborde la parole. Un sentiment étrange, omniprésent, mais surtout inexprimable, qu'elle même ne comprendrait jamais.

Sofia était perdue dans ses pensées, bercée par le bus qui la ramenait à l'hôtel. Depuis que sa chambre avait été libérée par ses camarades, il y avait un silence pesant là bas, et rentrer l'enchantait guère, elle n'avait qu'une envie c'est de retourner à ses fringues et des dessins de haute couture. Elle était fière de ses travaux, de fort belles oeuvres avaient d'ores et déjà été acquises par ces demoiselles.

A un des arrêts, son attention fut attirée par une petite fille qui était bizarrement vêtue. Elle reconnut immédiatement l'habit de malade de l'hopital. Elle se mit alors à rechercher une éventuelle mère, avant de réaliser qu'à Etiopia, il n'y en avait peut être pas. Elle haussa les épaules. Après tout, elle était en sécurité dans le village. Elle lui fit alors un petit signe de la main et un sourire, espérant être remarquée.

Mine de rien, l'ingénue avait une frimousse amusante et sa manière de regarder partout autour d'elle montrait une certaine vivacité. Ou alors la crainte de se faire choper, ce qui était à la fois contrariant et amusant. Sofia n'étant pas d'humeur à dénoncer, elle ne craignait pas grand chose, mais ça, Tii ne le sait pas forcément ... une telle défiance, un peu plus et l'artiste imaginerait déjà des costumes d'aventurière, la figurant au sommet d'une montagne ou perchée au dessus d'un ours gigantesque ! Mais soyons raisonnables, elle a encore plein de temps devant elle. Et sans doute des objectifs bien différents ...

La couturière jeta rapidement un coup d'oeil dehors, en attendant une réaction. C'était tout de même une belle journée, le climat ne la dérangeait absolument pas, de toutes façons elle était toujours habillée impeccable en fonction des circonstances. Ici par exemple, elle avait une jupe longue et un petit pull à rayures et à col roulé, suffisamment épais pour se parer du vent et pas assez pour crever de chaud au cas où un rayon de soleil reviendrait. Ses bottes lui remontaient jusqu'aux genoux, ce qui la gênait un peu quand elle croisait ses jambes, mais heureusement le bus était spacieux.

Tii vit qu'elle avait été repérée. Mais aucun danger puisqu'elle n'avait pas été dénoncée. Dés que quelqu'un posait son regard sur Tii, un frisson la parcourait. Etait-ce du stress? De la gène?

La jeune fille lui fit un signe discret et Tii esquissa un sourire avant de répondre. Puis elle s'assura que la jeune fille avait vu son geste, avant de lui demander par des signes de la rejoindre.

Puis Tii décida de se dégourdir un peu les jambes et de laisser un peu sa timidité pour aller la rejoindre elle même.

-Bonjour ! Excusez moi, euh je m'appelle Tii. Tii Kaiko. Et...je... je suis un peu perdue, bégaya t-elle, rouge.

Tii baissa les yeux. Dur d'avouer qu'elle sortait tout droit d'un hôpital. Elle avait un peu peur de faire un "retour à la case départ" ou à la "case prison" comme au monopoly. Et dans ce cas là, elle ne serait qu'un pion. Ce jeu là Tii l'adorait et le craignait. Elle connaissait par coeur chacune de ses rues et des ses recoins. Mais à tous les coups elle se ruinait.

-Désolée de me présenter ainsi. Je sais que ce n'est pas une tenue. Où allez vous?

Tii parlait sans savoir pourquoi. Peut être allait elle se faire rembarrer... ou pas. Enfin bon ça ne l'aurait pas étonné si la jeune inconnue lui avait demandé de se taire ou de la laisser car, par le passé, dans des bus, sur Terre, Tii a essayé bien des fois de parler à d'autres filles. En vain. C'était toujours des échecs cuisants qui mettaient à Tii le moral à zéro. On la connaissait dans son école comme "l'étrange solitaire". Néanmoins, une fois Tii s'isolait, une autre fois Tii se risquait de nouveau, pour se prendre un coup de marteau.

Mais tout ce qu'elle cherchait, c'était un peu de compagnie. Et cette fille là lui paraissait fort sympathique et intrigante.

Ils auraient pu te refiler du rechange tout de même. Ces vêtements se déchirent facilement, tu sais.

C'était avec un grand naturel que Sofia avait répondu. Puis, enchainant toujours avec la même aisance elle continua: Je m'appelle Sofia. Martinsen. Le bus se dirige vers le centre ville, il y a encore 2 stations, si je ne me trompe pas. Je me rends à l'hôtel, j'ai fini de travailler. C'était une journée gratifiante. Et toi ? pas trop chahutée ? Vous êtes pleines de vie à cet âge.

Ouais bon, la couturière avait un peu oublié comment s'adresser aux enfants, à moins qu'elle n'aie pas trop su. C'était donc sans réfléchir qu'elle lui avait parlé comme le ferait un genre de mamie. En réalisant soudainement cela Sofia rougit un peu de honte et se reprit: A ce rythme je vais finir sénile ! Je ne t'embête pas plus. Tu voulais te rendre à un endroit particulier ? Les jardins sont sympathiques à cette heure de la journée mais il va commencer à faire un peu froid pour toi je pense. C'est dommage, si j'avais su j'aurais emmené quelques vêtements avec moi, d'habitude j'emmène toujours des travaux à la maison ... enfin à l'hôtel je veux dire ! rit elle.

Elle venait un bref instant de se rappeler d'anciens moments. De brefs instants, qui lui semblaient lointains et guères importants, alors pourquoi s'en souvenir ? Sans doute parce que ça faisait partie de soi, après tout, le passé ne peux pas qu'être mauvais. Elle soupira et regarda la fillette avec un air aimable. Elle espéra que sa présence ici n'était pas due à un traumatisme important. Les raisons de venir à Etiopia n'étaient pas vraiment roses, donc il fallait espérer qu'elle aille mieux.

Tu t'assieds ? Ca sera plus pratique pour discuter.

Pendant ce temps le bus approchait l'arrêt suivant. On entendit un nom auquel la couturière ne fit guère attention, l'habitude sans doute.

Ils auraient pu te refiler du rechange tout de même. Ces vêtements se déchirent facilement, tu sais.

Tii rigola.

-Eh oui. Fuguer à la va vite n'a jamais été pratique puisque ça signifie ne pas prendre de temps pour prendre le nécessaire !

Eh oui. Triste réalité quand on est de caractère impulsif...

-Je m'appelle Sofia. Martinsen. Le bus se dirige vers le centre ville, il y a encore 2 stations, si je ne me trompe pas. Je me rends à l'hôtel, j'ai fini de travailler. C'était une journée gratifiante. Et toi ? pas trop chahutée ? Vous êtes pleines de vie à cet âge.

-Chahutée... ? ... Pleines de vie ? Ah oui euh je suis encore jeune... J'ai dix-sept ans.

Tii se contempla dans le reflet de la vitre. Elle en paraissait plutôt treize. Et son caractère puéril rajoutait à cette illusion faussée un peu de vrai.

-A ce rythme je vais finir sénile ! Je ne t'embête pas plus. Tu voulais te rendre à un endroit particulier ? Les jardins sont sympathiques à cette heure de la journée mais il va commencer à faire un peu froid pour toi je pense. C'est dommage, si j'avais su j'aurais emmené quelques vêtements avec moi, d'habitude j'emmène toujours des travaux à la maison ... enfin à l'hôtel je veux dire !

-Je ne sais pas trop où je vais. Enfin si ! A la forêt de bambous ! Mais ce n'est pas la bonne direction et puis en fin de compte, tout ce que je souhaite c'est ne plus avoir affaire aux docteurs de l'hôpital d'étiopia.

Elle poussa un râle. Elle détestait les médecins, les traitements et les médicaments. Elle détestait l'idée de dépendre physiquement d'un adulte, ou de paraître faible aux autres.

-Vous savez je supporte plutôt bien le froid ! sur Terre, au lycée, des fois je me rendais au CDI et on me renvoyait à l'infirmerie car c'était l'hiver et je portais des robes légères!

-Tu t'assieds ? Ca sera plus pratique pour discuter.

Elle acquiesça et vint se placer confortablement assise à côté de Sofia.

Sofia regarda Tii et sourit à son tour alors que la fillette prit place à ses côtés.

Ah. Dis donc tu es vachement directe toi, tu n'as pas peur ? J'espère que tu n'as pas quelque chose de grave, ils doivent s'inquiéter pour toi, tu sais. Enfin bon c'est pas mes oignons. Chacun sa vie à Etiopia ...

Elle soupire

17 ans ... effectivement tu as encore plein de choses à découvrir, et tout sera tellement différent plus tard, tout change si vite à ton âge. Pour le meilleur parfois.

Son regard se perdit dans le vide, puis elle continua

Je refais ma sénile, haha ! La forêt de bambous ... effectivement c'est pas vraiment par là. Tu cherches des pandas peut être ? Ca me rappelle une fois, je suis tombé sur une cosplayeuse qui voulait habiller son frère en panda, et ... enfin bref. C'était nuuuuuuul ! Ca ne lui allait pas du tout.

Tu devrais passer au magasin un de ces quatre. Je fais des promotions. Bon ok, déformation professionnelle, mais quand je te vois, je me dis qu'il y a tellement de robes qui t'iraient, c'en est à perdre la tête. Tiens, par exemple, ça me fait penser au couple que j'ai habillé l'autre fois. Rohh, les tourtereaux, c'est mignon comme tout. Et la robe dos nu lui allait si bien. Fantastique. J'espère qu'elles repasseront, il faut d'ores et déjà que je repense à un modèle, je verrais bien un thème fantastique, genre les 1000 et une nuits ... avec des morceaux détachables et plusieurs couches ... oh là là il faut que j'arrête d'y penser je vais rater l'arrêt de bus. Et puis je dois t'ennuyer en plus !

Tu as beaucoup visité le coin sinon ? On pourrait faire un tour d'horizon pour te changer les idées. Ca te changera des bouquins du CDI également !

Termina t elle sur un clin d'oeil. Sofia ne savait pas trop si il fallait la ramener, mais en attendant elle pourrait aider un peu à la sortir de sa prison blanche. En espérant qu'il n'y aie pas de conséquences fâcheuses.

-Eh bien, tu m'as l'air passionnée toi !

Elle regarda Sofia et réfléchit. Finalement, Tii peut attendre pour aller à la forêt de bambous, car la compagnie de cette fille lui plaît bien.

Puis elle apprend dans les phrases suivantes que Sofia est couturière et tient une boutique à Etiopia. En tout cas, l'est bien bavarde celle là !

Tu devrais passer au magasin un de ces quatre. Je fais des promotions. Bon ok, déformation professionnelle, mais quand je te vois, je me dis qu'il y a tellement de robes qui t'iraient, c'en est à perdre la tête. Tiens, par exemple, ça me fait penser au couple que j'ai habillé l'autre fois. Rohh, les tourtereaux, c'est mignon comme tout. Et la robe dos nu lui allait si bien. Fantastique. J'espère qu'elles repasseront, il faut d'ores et déjà que je repense à un modèle, je verrais bien un thème fantastique, genre les 1000 et une nuits ... avec des morceaux détachables et plusieurs couches ... oh là là il faut que j'arrête d'y penser je vais rater l'arrêt de bus. Et puis je dois t'ennuyer en plus !

-Non, tu ne m'ennuies pas. Au contraire, t'es sympa ! Où tu vas, là? A ta boutique? Si oui, je veux bien venir voir. J'adore les robes... et...

Tii baisse les yeux. Si elle veut plaire à quelqu'un à Étiopia elle aura forcément besoin, tôt ou tard, d'une robe. Alors Tii ferme les yeux quelques instants et s'imagine drapée de blanc ou de rose, toute resplendissante, les épaules nues...

-J'aimerais bien conquérir le coeur d'une fille et, pour celà, il me faut me faire belle. Mais tu sais, les livres et la littérature, je ne m'en passerai jamais.

Distraction ou tentative de persuasion ? Toujours est il que la redite de Tii amusa Sofia, elle répondit donc simplement, sur un ton qui se voulait simple et cordial. Je rentre chez moi, car j'ai fini ma journée. Mais si tu passes demain, je te ferai une visite ... allez, je peux même me permettre une ristourne vu que c'est pour trouver une conquète. Exceptionnelle, hein.

Ajouta t elle dans un clin d'oeil. Puis elle enchaina: Tu aimes les robes donc ... intéressant ! Je ferai un inventaire, si t'es toujours intéressée, je pourrai même en garder de côté. Tu permets ?

Elle fit un rectangle avec 2 doigts de chaque main pour cadrer Tii dans son champ de vision, puis hocha de la tête. Elle venait en un coup d'oeil de prendre les mesures de l'ingénue. Déformation professionnelle ! Y'a pas à dire, ils devraient me consulter pour modifier le design des robes d'hôpital ... ça craint ! Y'a même pas de quoi faire des ourlets. Enfin bon, ça doit être du jetable ...

Soupir

Un jour, j'exposerai mes créations dans le hall de la Mairie ... ça serait chouette !

...

Tu sais ... on arrive toujours grosso merder à concilier ses devoirs et ses passions. Je suis persuadée que tu arriveras. Je ne sais pas comment ni dans combien de temps, mais on finit toujours par y arriver, surtout dans une ville et une vie comme celle là.

Elle lui prit la main et la fixa du regard: Tu me crois ?

Sa voix se voulait apaisante, bien que Tii ne semblait pas craintive, Sofia voulait lui donner du baume au coeur dans ses objectifs, partager sa vivacité.

-Je rentre chez moi, car j'ai fini ma journée. Mais si tu passes demain, je te ferai une visite ... allez, je peux même me permettre une ristourne vu que c'est pour trouver une conquête. Exceptionnelle, hein.

Tii la regarda avec de grands yeux

-Vous... Tu, excuse moi, tu ferais ça pour moi? Alors je passerai ! C'est promis !

La réponse fut un clin d'oeil de Sofia. Tii sourit.

-Vraiment merci ! s'écria Tii en s'inclinant légèrement, pour exprimer à Sofia sa gratitude.

-Y'a pas à dire, ils devraient me consulter pour modifier le design des robes d'hôpital ... ça craint ! Y'a même pas de quoi faire des ourlets. Enfin bon, ça doit être du jetable ...

Sofia l'examinait, ou plutôt, détaillait du regard son vêtement d'hôpital blanc.

-Jetable? Mouais, je e comprends pas trop à quoi ça leur sert. C'est pas joli joli leurs vêtements... C'est pas assez coloré et joyeux. De toute façon, les habits d'un hôpital, je crois pas que ce soit leur préoccupation. Les principaux hôpitaux dans lesquels je suis passée tout au long de ma jeunesse n'avait que pour objectif économise un maximum d'argent.

Sofia poussa un soupir à la surprise de Tii. Bon, elle devait être tout simplement fatiguée par sa journée. Et Tii, rentrant à peine dans la vie active, avait du mal à s'imaginer ce qu'une seule de ces journées de travail assidu représentait.

-Tu sais ... on arrive toujours grosso merder à concilier ses devoirs et ses passions. Je suis persuadée que tu arriveras. Je ne sais pas comment ni dans combien de temps, mais on finit toujours par y arriver, surtout dans une ville et une vie comme celle là.

Puis Sofia se pencha sur elle, prit ses mains et demanda...

-Tu me crois ?

-Oui, bien sûr. Je comprends parfaitement ! Vous savez, bientôt je dirigerai le bar d'étiopia. A chaque robe que j'achèterai, vous aurez le droit à une tournée. D'accord?

Et elle fit une tape à l'épaule de Sofia en riant de bon coeur.

-C'est parce que c'est vous ! Parce que vous m'avez l'air d'être une adulte vraiment sympathique. Dites, je voudrais savoir, donneriez vous des cours de couture. Si oui, je serais intéressée.

En effet, dans son enfance Tii avait de nombreuses fois tenté de coudre, avec des échecs répétitifs. Mais celà restait pour elle malgré tout un sujet passionnant !

Sofia sourit à la requête de Tii.

Pas de problème. Et tu peux même passer me voir travailler, ça me dérange pas. On pourrait même organiser des travaux de soir à l'occasion. Par contre je te préviens, ça ne vient pas en quelques jours. Sans vouloir te décourager, il faut des mois de pratique pour avoir quelque chose d'acceptable. Et bien plus pour se vendre ... mais bon, si tu arrives à confectionner quelque chose qui te tient à coeur, alors le sentiment sera partagé par celle à qui tu l'offriras.

Elle disait ça avec un ton convaincu. Ses yeux brillants et ses mimiques donnaient l'impression qu'elle avait carrément oublié qu'elles étaient dans un bus.

Pour répondre à ta remarque sur les hôpitaux sinon, je pense que ces vêtements là n'ont pas d'âme. Elles doivent se dire: "ça va être jeté demain, alors pourquoi y mettre de l'ardeur ? Cela doit être fonctionnel avant tout. Et économique." C'est dommage, car même l'éphémère sait se rendre beau malgré sa courte durée de vie. L'important, c'est que ça marque suffisamment les gens. Les hôpitaux seraient franchement plus agréables si ils ressemblaient moins à une série de murs blancs et d'éléments jetables non ? Je suis persuadée que l'on peut avoir quelque chose à la fois d'élégant et recyclable. Mais je m'emballe ...

Elle rit

J'ai hâte de te voir à la tête de ce bar. D'ici là, porte toi bien d'accord ? J'espère que ce que tu as n'est pas trop grave.

La couturière regardait l'enfant avec compassion.


(HJ: je suis affreusement en retard ! *court partout avec une montre en main et disperse des cartes*)

(HRP: désolée d'être aussi tardive. Je songe à chaque fois à répondre mais n'y arrive pas. Je crois que c'est parce que tu fais des dialogues énormes... A chaque fois que Sofia prend la parole, ça fait un paragraphe. Décidément, t'es une grande bavarde ^^)

J'ai hâte de te voir à la tête de ce bar. D'ici là, porte toi bien d'accord ? J'espère que ce que tu as n'est pas trop grave.

-Je ne sais pas trop. Mais je ne retournerai plus jamais dans un hopital !

Elle avait dit celà avec colère, farouchement, et détourna le regard en s'apercevant qu'elle s'était emportée. Toujours, les hôpitaux lui faisaient peur...

-Quand je suis dans ces endroits, j'ai l'impression d'être la plus faible du monde, et que mon corps se laisse aller... je déteste les hôpitaux... Vraiment... lâcha t-elle tout bas

Tii et Sofia bavardaillaient quand le portable de Tii se mit à sonner. Tii fouilla ses poches avant d'en extirpé l'objet, lança à Sofia "Désolée, on dirait que je dois répondre" et décrocha.

-Oui, allô bonjour?

Tii sembla à la suite plongée dans son appel, qui dura quelques minutes. Elle hochait la tête de temps à autre.

-D... D'accord... bégaya t-elle à la fin. Merci de m'avoir appelée pour me prévenir !

Lorsque Tii raccrocha, elle lança un regard soucieux à Sofia, avant de déclarer d'un ton empli d'amertume.

-On dirait que finalement, c'est raté pour le bar. Il ont trouvé une autre dirigeante. Qui serait mieux que moi. A croire que je serais une ratée...

Elle regarda le sol. L'espoir qu'elle avait de trouver un job venait de s'évanouir.

-C'est pas la première fois que ça m'arrive, m'enfin bon... Je trouverai mieux, j'espère.

Tout d'un coup, il y eut une drôle d'odeur...

Sofia décida de ne pas insister plus sur ce maudit hôpital, qui portait tous les malheurs de Sophie ... euh de Tii Kaiko. Il importait à présent à ce que Tii se sente bien dans son nouveau job, et puis la couturière se rendit compte qu'elle avait sans doute trop insisté sur cette conversation, ce qui la gêna quelque peu.

Elle la regardait tranquillement, en dodelinant la tête, tandis que la jeune fille semblait concentrée sur son interlocuteur à l'autre bout du portable, quand soudain elle remarqua un changement dans l'attitude de l'enfant. Visiblement la conversation se termina mal. Une vague odeur flottait dans l'air et Sofia commença à perdre patience. C'est vrai quoi, quelle geignarde celle là !

Ca m'étonne pas, toutes les mêmes, je te foutrais une bombe là dedans moi. Tu veux être mon apprentie ? Ou mieux, je démissionne, je vends mes possessions pour acheter des armes, ensuite on va à l'hôpital, on casse la figure au personnel soignant et ensuite on fait un putsch pour prendre le contrôle de la ville en prenant en otage la Mairesse. A commencer par ce bus, je vais aller péter la figure à la conductrice ! Ca lui apprendra à ne pas nous laisser aller où l'on veut, et puis quoi encore ?

Elle se lève d'un coup et prend un air résigné.

Eh toi, grognasse ! Lache ce volant tout de suite !

Et de se diriger vers l'avant du véhicule avec une démarche quasi militaire ... mais quelle mouche l'a piquée ?

Tout allait bien. Sauf Sofia qui venait de changer du tout au tout devant les yeux de Tii !

-Ça m'étonne pas, toutes les mêmes, je te foutrais une bombe là dedans moi. Tu veux être mon apprentie ? Ou mieux, je démissionne, je vends mes possessions pour acheter des armes, ensuite on va à l'hôpital, on casse la figure au personnel soignant et ensuite on fait un putsch pour prendre le contrôle de la ville en prenant en otage la Mairesse. A commencer par ce bus, je vais aller péter la figure à la conductrice ! Ca lui apprendra à ne pas nous laisser aller où l'on veut, et puis quoi encore ?

Apprentie couturière, ça disait bien à Tii, en plus de ses dessins. Mais dans le cas présent, la proposition de Sofia sonnait à l'oreille de Tii comme s'il s'agissait de devenir "apprentie-terroriste", et ça, non merci! Tii aimait bien la religion, du moment qu'on ne s'en servait pas à tort et à travers. D'ailleurs, elle n'avait rien vu relevant de la religion à Etiopia. Il devait pourtant y'avoir quelques croyantes?

Revenons à Sofia, Tii la regarde avec un air bizarre. Le côté soudain de ce changement chez Sofia aurait pu indiquer une simple saute d'humeur. Mais là.... Tii n'en était pas convaincue. Et puis quoi?! Elle avait rien fait la conductrice !

Tii, bien sûr, elle a pas un odorat très très fin. Alors elle n'est pas touchée. Pourtant si elle ne retient pas Sofia, il va y avoir un drame, elle le sent. Elle se précipite sur Sofia, tête baissée pour la frapper dans le dos avec son crâne. Le tout est de l’assommer, pour que Sofia oublie. Tii ne voit pas d'autre solution. Son crâne percute violemment la colonne vertébrale de Sofia, qui se retrouve propulsée en avant.

Mais enfin, Tii dénote un changement dans l'air. Tout d'un coup, ses yeux lui piquent. Il lui semble que des souvenirs par milliers défilent dans sa tête. C'est un peu trop pour elle, malheureusement. Très vite, elle sature, elle tombe sur le sol de l'autobus, et y déverse toutes ses larmes. Ça lui fait un bien fou. Ça n'a rien d'extraordinaire, et pourtant ça fait bien des années qu'elle n'a pas versé une seule larme. Elle avait fait un barrage solide mentalement contre les inondations, mais voilà la rivière qui détruit cette immense muraille et l'envahit de chagrin.

Une chose est sûre, quand elle s'arrêtera de pleurer, elle n'aura plus de force.

Sofia ainsi catapultée en avant voit ses plans de conquête du monde fortement compromis. Elle tombe la tête la première, manque de s'assommer contre une des barres de maintient dans le bus. Si près du but ... ou plutôt si loin, vu qu'elle n'avait fait que quelque pas. D'un point de vue extérieur la scène avait tout l'air d'une fille alcoolique qui injuriait les gens et n'avais pas conservé l'équilibre. Au détail près qu'elle avait été violemment poussée. Mais bon, Tii n'est pas une géante non plus.

Qui a osé se mettre au travers de mon chemin ? Quelle greluche a tenté d'avorter mon putsch si mûrement réfléchi et préparé ?

La couturière anarchiste poussa un juron et voulu se relever, quand elle fut interrompue par une diversion incongrue: Tiii pleurait, bruyamment en plus. Déstabilisée par un tel revirement de situation, la raison une fois de plus lui échappa en des circonstances si particulières. Elle fut persuadée que sa chute et les pleurs de l'enfant étaient dûs à un agresseur extérieur. Elle finit par se relever, se massant le dos engourdi par le choc, puis se retourna d'un coup à la recherche d'une cible à abattre. Monumentale erreur ...

AIIIIIIEEEEEE !!!

Ben ouais. Elle vient de se bloquer les vertèbres. C'est une couturière en vrille et endolorie qui fait ainsi face debout à la scène, dans une posture peu confortable. Seule solution, la retraite stratégique.

Quoi ? Qu'est ce que vous avez à me regarder comme ça ? Vous voulez ma photo ? Tii, arrête donc de chialer, tu n'as rien. Moi on vient de me frapper avec une barre à mine. Il faut qu'on se casse avant qu'elles ne reviennent !

Sofia en mode commando estropiée ...

Sofia éternue ... et regarde autour d'elle avec un air bizarre.

Beuh ...

qu'est ce que je fais par terre moi ? Tiens, t'es là toi ? Tu sais ce qu'il s'est passé ? J'ai mal au crâne ...

Elle regarde autour d'elle, un peu inquiète. Les gens doivent probablement la regarder avec un sale air d'ailleurs, et pas que Tii. Elle rougit de façon cramoisie et enchaine sur un ton hésitant:

On se rassoit ?


(HJ: mes excuses pour le double post, que je fais en conséquence court. Voyez y une tentative timide de ma part de montrer que je suis encore là. ^^)