Un nouveau départ et une nouvelle vie.[libre] [terminé]

Sofia revenait d'une de ses nombreuses et intéressantes balades en dehors du village. Il n'était pas très tard, aujourd'hui était un jour férié et cette pause était plus que bienvenue en raison des soldes qui avaient fortement occupé la vendeuse. Elle se prit même à ne plus penser à son travail, la tête dans les nuages à écouter chaque bruit, observer chaque détail dans le ciel, ...

Bref, c'était le panard.

Ce fut donc presque un miracle qu'elle aperçut soudain une nouvelle qui plus est dans une forme pas des plus olympiques. Au début ne se doutant point de la situation, Sofia se contenta de la saluer d'un geste de loin, avenante et presque insouciante. Bien que se rapprochant elle ne réalisait pas encore la détresse, il n'y avait aucune raison d'accélérer le pas et encore moins de s'inquiéter. La couturière se remit par conséquent à ses flâneries, mais une fois quasi à sa hauteur certains détails la perturbèrent. Telle une alarme, cela fit résonner une mise en garde dans son esprit et elle observa plus précisément l'arrivante: décidément quelque chose n'allait pas, ça avait même l'air grave.

Se rapprochant d'un pas mesuré en direction de l'arbre, la couturière au début ne sut pas trop comment aborder la question: peut être qu'elle même était dans une situation embarrassante, peut être qu'elle ne voulait pas être dérangée ? En tous cas ça ne ressemblait pas à un réveil mouvementé de sieste au pied de l'arbre. Au début elle songea à une simple chute, elle s'apprêtait alors à la taquiner un peu: Sofia aussi était tombée plusieurs fois, malgré des précautions parfois un peu exagérées. Puis l'explication lui vint et était bien plus funeste. La couturière qui d'habitude était radieuse, devint soudain pâle comme un linge. Elle s'exprima avec une hésitation prononcée et un peu bête:

Bonjour, vous vous êtes fait mal ?

Sofia était comme tétanisée, perdue, et elle se mit à craindre que le ton employé  paraisse comme une moquerie. Elle aurait aimé être contente d'avoir résolu une énigme et de découvrir une nouvelle tête. En réalité elle venait de trouver quelqu'un peut être à l'artique de la mort. La plaie sur le côté saignait abondamment. Elle regarda alors vers la cime du chêne, cherchant la source de la blessure. Etait ce une branche ? Ou pire, une arme ? Vous ... êtes ici depuis longtemps ? continua t elle avec un air de plus en plus horrifié.

Sofia lui tendit la main. Il fallait inspirer confiance malgré tout, essayer de ne pas céder à la panique. Mais comment ? Elle aurait aimé que le fait que Hilde soit blessée ne l'affecte pas, elle aurait voulu déposer une couverture, avoir une trousse de premiers soins ... mais elle n'avait qu'elle, rien dans la tête, rien dans les poches ! Elle voulait cependant à tout prix rassurer la blessée. Puis soudain elle eut une idée: penser à la couture pour regagner confiance.

En effet, autant de sang c'est mauvais pour les vêtements ! On se soigne facilement de petits bobos -ne regarde pas la grosse blessure Sofia, relève la tête-, alors qu'un vêtement tâché est perdu, donc aux yeux d'une professionnelle il fallait absolument arrêter ce massacre -relève la tête, je te dis !-. Et puis bon, c'est vrai que les blessures ce n'est pas très agréable non plus -surtout de cette taille ... relève la tête bon sang ! Du SANG AAAAHHHH-.

Sofia s'était brusquement détournée pour reprendre son souffle. Ca ne marchait pas.

Sofia n'avait pas eu de sérieuse blessure dans sa vie, ni même une blessure moyenne, depuis tellement longtemps qu'elle en venait parfois à en oublier la sensation. Difficile de savoir si cela était dû à Etiopia ou si c'était un choix de sa part. Alors voir une autre dans un tel état lui inspirait une panique grandissante. Se vider l'esprit ... Il y a une boite à pharmacie à la mairie. Au fait, je m'appelle Sofia, enchantée. enchaina elle, tandis qu'elle continuait de détourner le regard, honteuse de ne pas savoir gérer une telle situation.

La dernière image qui lui venait à l’esprit était celle d’une prote fermée et du son bruyant d’une arme à feu. Astrid avait crié avec force le surnom de sa sœur jumelle dans un élan complètement désespéré. Elle la croyait vraiment morte de la main de leur père saoul et tyrannique. Mais un miracle coupa court à l’horrible scène. Une espèce de portail s’ouvrit de nulle part, droit dans son chemin, et l’emporta ailleurs. Où exactement ? Elle ne saurait le dire. L’instant d’après, la jeune scandinave laissa ses yeux s’habituer au nouvel éclairage et son odorat s’habituer au parfum du bois et des feuilles. Car oui, elle ouvrit son regard sur un tout nouveau monde. Plus de maison, plus de père malveillant, plus de bruit horrible. Il n’y avait que le doux et tiède vent ainsi que le feuillage frottant ses jambes nues. Astrid tourna la tête alentour. Elle ne savait pas comment cela pu être possible. Mais naïvement, elle en concluait que ce serait l’œuvre des dieux protégeant leurs précieuses Valkyries.

L’image de sa sœur en détresse la fit se relever bien raide. Aussi magnifique que soit cet endroit, une Astrid en sous-vêtement commença à chercher dans les environs pour quelque chose. Humain ou bâtiment, la demoiselle voulait trouver de l’aide. Haletante, elle écouta et suivit la piste des sons les plus inhabituels. Puis, elle remarqua les branches brisées pendant à la verticale. Elle entendit des voix humaines. C’est alors qu’elle s’arrêta, les mains sur sa bouche et dans un état de choc. Hilde était là, vivante mais grièvement blessée. Son magnifique sourire ne présageait rien de bon, car on dirait qu’elle avait fait la paix avant de partir. Astrid se jeta sur sa sœur et l’enlaça avec prudence. Sa voix n’osait plus crier de nouveau.

- Val...Val, réveille-toi. Je ne veux pas que tu meures. Tu m’entends ? Ne meurt pas !

Elle remarqua la plaie de l'arme à feu et y ajouta sa main pour garder la pression contre l'hémorragie. Sa fixation sur Hilde était certes une belle preuve de fidélité et d’affection. Toutefois, elle en oubliait la présence de la tierce personne pendant un long moment. Une autre jeune demoiselle visiblement tout aussi émue par la scène. Savait-elle où trouver de l’aide ? Astrid avait bien entendu d’une pharmacie et lui rétorqua d’un ton suppliant :

- Ma sœur a besoin de soins d’urgence. Nous ignorons où nous nous trouvons. Vous êtes notre seul espoir.

Astrid telle une tornade arriva au chevet de son ainée, suppliant pour de l'aide et visiblement dans une hâte telle qu'elle n'avais pas beaucoup de vêtements. Sofia ne savait pas quoi dire. Elle finit par répondre maladroitement: La Mairie ... se trouve au centre ville. Vous la connaissez ? Votre soeur ?

Elle observa l'arrivante qui était à raison paniquée. La situation était grave et embrouillait le raisonnement de la couturière, qui n'avait jamais eu à prendre de décision dans de pareilles circonstances.

Il faudrait la transporter jusque là bas, ou trouver un hôpital, un truc du genre. Je n'en sais guère plus, je suis désolée.

Elle esquissa un sourire gêné, rejettant un oeil à la blessure qui n'augurait rien de bon. Soudain elle réalisa que l'arrivante devait avoir froid et être également en état de choc. Que s'est il passé ? Vous ne devriez pas rester ainsi, vous risquez d'attraper une mauvaise grippe.

Elle se rapprocha un peu du groupe, évitant toujours de trop regarder le sang. Elle avisa autour d'elle et lança: Je ne sais pas si on peut la transporter. Se tournant vers la blessée elle demanda: Vous sauriez marcher, si on vous aide ? Il y a quelques centaines de mètres à faire, nous ne sommes pas très loin.

Sofia espéra qu'effectivement elle serait en état car rien autour d'elle ne permettrait de faire un brancard et elle se voyait mal de la trimbaler comme un sac de patates. A moins qu'elle ne parte chercher plus de secours au risque de les laisser seuls, essayer de faire marcher Hilde était la seule alternative. Pourvu que la blessure ne soit pas trop grave ! La couturière n'avait pas de notion de médecine et n'avait aucune idée de la gravité de la blessure ni la nature de l'arme. Le sang l'effrayait de plus en plus mais les vêtements cachaient l'ampleur réelle des dégats.

Hilde était quasiment inconsciente. Elle voulait fermer les yeux, ne plus sentir la forte douleur dans son torse. Malgré la voix qu'elle entendait sa conscience s'évanouissait jusqu'à ce qu'elle entende une nouvelle voix. Celle-ci était différente, celle-ci la faisait réagir car c'était celle de sa soeur.

La nordique ouvrit un peu plus les yeux et tourna son regard vers sa jumelle et lui fit un petit sourire épuisée.


"Je.. je savais bien... que... tu étais.. un ange.. Astrid.." Fit-elle avec peu de force.

Sa douleur revenait en même temps que la pression de sa sœur sur sa blessure provoquant une émergence de sa conscience qui lui permit d'entendre la voix de l'autre jeune femme à ses côtés. La boxeuse prit une grande inspiration et fit un oui en tentant de se relever en prenant un peu, beaucoup, appuie sur sa jumelle.

Hilde ne se rendait pas bien compte de son état, mais elle voyait bien que sa soeur était morte de peur, ainsi elle sourit de nouveau pour la rassurer.

"Tu... tu as.. intérêt à prendre.. une douche.. après..." Fit-elle en souriant faiblement pour la rassurer. Hilde était certes épuisée et blessée, mais elle tenait à la vie et avec sa bien aimée rien ne pourrait l'arrêter.

[HRP: Je suis vraiment vraiment vraiment désolée pour tout le retard... Au pire la prochaine fois si je réponds pas, sautez mon tour car de toute façon Hilde est K.O ou presque donc voilà !]

La couturière hocha la tête en silence et rejeta un oeil à Hilde.

Sofia ne savait pas vraiment quoi faire. La sœur de la blessée semblait encore plus paniquée. Observant la blessure il semblait peu probable qu'elle résiste au transport sans faire un minimum de choses. La couturière n'était pas secouriste mais elle souvint de choses qu'elle avait vus à la TV, il y a longtemps ... il fallait du tissu. Elle avait plusieurs vêtements dans son sac, elle avait mal au cœur en songeant à ce qui semblait le plus évident à faire. Après une légère hésitation elle sortie une chemisette jaune pale et commença à la mettre en lambeaux. Elle trépigna intérieurement mais mit ses états d'âme de côté assez rapidement au vu de la situation.

Aidez moi, je vais essayer un pansement de fortune. Il faut la soulever pendant que je passe par en dessous, délicatement. Si je m'applique ça la fera tenir plus longtemps. Sofia n'avait aucune idée si ça pouvait marcher mais elle espérait lui redonner courage.

Une fois les bandelette faites tant bien que mal, elle aida Astrid à allonger sa sœur au sol, puis délicatement elle entoura la blessure. Elle se mettait du sang partout et le tissu n'avait pas l'air vraiment de contenir; finalement au bout de plusieurs tours et d'un deuxième vêtement sacrifié cela semblait se stabiliser. Du moins en apparence, il ne fallait pas trainer ! La vendeuse se tourna vers Astrid et lui demanda avec un air grave: Il va falloir la transporter à nous deux, auras tu la force ? Une fois à la mairie nous pourrons avoir de l'aide complémentaire, notamment appeler une ambulance. Si tu ne t'en sens pas la force, essayons au moins de la déposer sur un endroit propre, près de l'entrée du village.

Elle attendit son approbation, puis commença à la soulever délicatement par les épaules. Elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre mais espéra que la prise tienne et que les bandages ne se retirent pas au moins sur la petite distance à venir. C'était tout ce qu'elle pouvait faire avec ses capacités. Si jamais cela devait échouer elle devrait aller chercher les secours elle même et prier pour que ça ne soit pas trop tard.