Tropico ~ [PV : Akira Kiryu] [TERMINE]

Il était neuf heures. Un parfum doux et envoûtant s’échappait de la salle de bain. La longue chevelure d’Erelinn semblait être un vin profond se déversant sur ses épaules. Elle avait pris l’habitude d’être dans la pénombre lorsqu’elle se préparait dans sa salle de bain. Quelques bougies éparses autour de son lavabo et sur le meuble de rangement suffisaient à créer une atmosphère relaxante et mystique dans laquelle elle se complaisait. Des musiques celtes passaient en boucle dans sa chambre, résonnance lointaine délivrant son esprit du stress quotidien. C’était une bonne journée qui s’annonçait là. Après tout, nous étions vendredi, le jour de son rendez-vous avec Akira. Elles n’avaient pas échangés leurs numéros, alors la parfumeuse n’avait aucune idée de la suite des événements. La musicienne pourrait avoir un empêchement. Cependant le colibri n’y songeait pas même un instant. Au fond d’elle, elle savait que la jeune louve était aussi enthousiaste qu’elle à l’idée de se revoir. En y repensant, elle eût un sourire serein.

La nuit précédente, elle avait préparé l’essentiel de son « plan » profitant de l'absence de ses colocataires. Un pique-nique maison dans un endroit particulier, en retrait de la ville et des gens bruyants. Deux boîtes de bentô à étage, un tupperware, un thermos et quelques canettes de soda et de jus de fruits, deux bières…Des heures de travail dans la cuisine, autant pour la préparation que pour le dressage des bentô. Erelinn pensait avoir fait de son mieux pour satisfaire son amie. Néanmoins une petite appréhension lui restait concernant les plats. Il était vrai qu’elle ne connaissait pas encore les goûts de la yankee. Mais au vu de la quantité et de la diversité, la métisse était sûre d’une chose ; l’élégante camarade qu’elle s’était faite trouverait forcément de quoi ravir ses papilles. Cela réconfortait Miss Hummingbird.

Décidément de bonne humeur, la jeune femme à la taille de guêpe sortit de sa baignoire enveloppée d’un peignoir, avant de se maquiller avec précaution. Sa peau pâle faisait ressortir le liner noir qui habillait son regard mordoré. Ses longs cils volumineux étaient parés de noir profond, renforçant l’intensité de ses iris. Une touche argentée très légère avait été déposée sur le coin interne de sa paupière. Ses lèvres étaient soignées, douces et parées d’un baume goût chocolat incolore. En se regardant dans le miroir, la photographe prit un air sévère.

*Maaaaah pour le maquillage de pin-up sur les yeux ça va, mais pour le reste ce n’est pas encore ça ! Allez ma p’tite tu peux faire mieux !*

Décidée, elle attacha ses cheveux lissés en une queue de cheval haute, sa frange gonflée, ramenée en arrière. Le rendu lui donnait un petit côté rock qui lui allait à ravir. Son regard se posa sur ses cuisses qui la faisaient toujours complexer. Une moue boudeuse sur le visage, Erelinn se résigna à enfiler un mini short en jean déchiré malgré tout. Il faisait bien trop chaud dehors pour qu’elle supporte de porter un pantalon.

Ouvrant sa penderie, elle attrapa un haut en dentelle blanche s’arrêtant au-dessus du nombril et une veste kimono aux imprimés ethniques noirs et blancs finie par des fines franges. Une fois habillée, la jeune femme enfila des compensées d’été puis s’élança sur son baluchon de pique-nique, rangeant le tout dans son grand sac de plage.

Prenant une grande inspiration, Miss Hummingbird ouvrit la porte de sa demeure avant de descendre les escaliers avec attention. Une fois arrivée dehors, elle se posta à l’ombre, levant le nez pour humer l’air tout en souriant. Les minutes passaient et l’heure du rendez-vous arriva. Erelinn scrutait l’horizon à la recherche d’une tête aux cheveux d’argent. Les rues étaient envahies d’une bonne odeur de crêpes à la fleur d’oranger. La renarde n’avait que sa louve à l’esprit, se demandant si elle avait pu se libérer pour ce rendez-vous, la mine inquiète sur les marches de la résidence.

Le temps lui avait parût tellement long ces derniers jours mais le pire était ces dernières heures. Dans quelques heures, elle retrouverait Erelinn. Cette matinée était plus que lassante. Akira n’avait qu’un rendez-vous prévu, une fille voulait un petit tatouage qui ne prendrait que 2 heures. Elle le réalisa rapidement sans grand enthousiasme et une fois terminé, il lui restait encore un bon moment avant l’heure fatidique.

Prenant de l’avance sur ses prochains tatouages, elle n’avait qu’une chose à l’esprit. Elle avait fait en sorte de réserver tout son après-midi pour la rousse. Où iraient-elles ? Que feraient-elles ? Tant de questions qui restaient en suspens. Elle était encore plus ailleurs qu’à l’ordinaire ce qui n’échappa à ses collègues. Celles-ci ne purent s’empêcher de venir la charrier.

"Ba alors Akira, tu penses à quoi ? Laisse-moi deviner, une fille ?

- Oui Akira dis-nous ! Une fille a retenu ton attention ? Elle est comment ? C’est qui ? Tu l’as rencontrée où ? C'est laquelle? Il me semble qu'il y en avait deux non? "

Elles ne pouvaient s’en empêcher. Après tout elles avaient assisté à de nombreuses reprises aux rejets qu’Akira faisait subir aux clientes qui la draguaient. Elles avaient aussi assisté aux évènements de la boite. De ce fait la possibilité qu’une femme soit la cause de son état était plus qu'intrigant. Il était toutefois hors de question qu’elles soient au courant pour Erelinn. Dans le cas contraire, elles risqueraient d’harceler la Yakuza à longueur de journée. Et puis actuellement, Erelinn était… Eh bien… Qu’était-elle en fait ? Pourrait-on dire qu’elle était une…  Amie ?

Chassant ses questions de son esprit elle se tourna vers ses collègues. Leur assurant froidement, comme à son habitude, qu’il n’y avait rien du tout. Ce qui était totalement faux. Ne tenant plus et ayant fini tout son travail, elle rangea son poste avant de sortir. Elle enfourcha sa moto et se dirigea vers la résidence. Elle était en avance.
Se garant à l’ombre d’un arbre elle descendit. S’allumant une cigarette en s’appuyant sur sa Harley. Cette Harley était un bijou qu’elle tenait de son père. Elle l’avait fait rénover à sa majorité. Elle était couverte de peinture japonaise semblable à des estampes. Erelinn viendrait-elle ou ne viendrait-elle pas ? Quelle question ! C’était elle qui avait convenu de ce rendez-vous.

La chaleur se faisait sentir.
Akira se maudissait quelque peu d’avoir mis un jean sombre orné de chaines ainsi que des boots noires. Heureusement elle portait un débardeur blanc c’était déjà ça, même si celui-ci était plutôt moulant. Ses colliers d’argents tombant sur son buste. Le tatouage de son dos était partiellement révélé, ses bagues et ses bracelets en argents brillaient sous les quelques rayons du soleil qui traversés l’ombre de l’arbre sous lequel elle s’était garée.

La brise qui caressait sa peau était agréable, c’est alors qu’elle sentit un changement dans l’air. Elle reconnue ce parfum tout de suite. Levant la tête, elle aperçue la belle amazone sur les marches. Elle ne put s’empêcher de la détailler de la tête aux pieds. C’était un tout autre style vestimentaire que la dernière fois. Elle était superbe. La Yakuza ne pouvait la quitter des yeux un sourire aux lèvres. Elle leva le bras pour attirer son attention avant de s’approcher d’elle.

"Tu es superbe… "

Ses yeux, éteints depuis qu’elles s’étaient quittées la nuit dernière, s’étaient de nouveau ravivés. Le regard plus doux que d’ordinaire. Erelinn avait vraiment un effet étrange sur le glacier. Auprès d’elle, elle voulait se faire moins dure. Elle lui tendit alors le bras en signe d’invitation.

"Quelle sera donc notre destination ? "

Quel serait donc le choix de l’amazone ? Intérieurement la louve priait pour que ce soit un endroit sans trop de monde. De plus, elle ne s’était pas posé la question mais la sulfureuse n’aurait-elle aucun problème avec la moto ? Elle l’escorta doucement jusqu’au véhicule. Elle lui tendit tranquillement un casque tout en lui souriant.

Les rayons filtraient entre les branches de l'arbre proche de la résidence. En dessous du pommier se trouvait une moto. On devinait facilement à sa forme une Harley, ce qui fit sourire Erelinn.

*Je ne reconnais plus persoooonne en Harley Davidsoooon..~* chantonnait-elle dans sa tête avec entrain.

Akira s'avançait vers elle, une cigarette à la main. Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait, la renarde disséquait du regard sa tenue vestimentaire, plus décontractée qu'à leur rencontre. Elle esquissa un sourire. Alors la violoniste était du genre à porter des boots ? Tant mieux, car la photographe adorait en porter aussi. Au moins, elle savait que cela ne la choquerait pas. Cette fois elle pouvait constater que la louve d'argent était légèrement plus féminine, son débardeur moulant mettant en valeur sa poitrine. Ce détail fit sourire une fois de plus la rousse.

Des colliers réfléchissaient la lumière dans ses yeux, ce qui la fit détourner le regard un instant, quelque peu gênée par tant de luminosité. Après tout, ses yeux supportaient mal les journées ensoleillées. Néanmoins, lorsqu'elle daigna tourner la tête en direction de son amie, Erelinn remarqua qu'elle arborait un air doux, plus doux que la fois précédente. Le bras tendu vers elle l'attira immédiatement, l'attrapant avec enthousiasme. Il lui avait semblé avoir reçu un compliment de la part de la motarde. Aussi, elle ne manqua pas d'y répondre, le ton chaleureux suivant.

"Oh, mais toi aussi ! Et c'est agréable de voir ton sourire de sitôt ! ~ Beau bijou cette moto. " Finit-elle en levant le menton pour la désigner.

Des estampes étaient dessinées sur la carrosserie, ce qui lui donnait un air particulier, insolite, hors du commun. L'aventurière ayant un goût certain pour la moto et les estampes, elle tomba sous le charme du véhicule instantanément. Sa main se referma sur le casque qu'Akira lui donna, tout sourire. Lui rendant avec un air enjoué, Erelinn répondit à la question concernant leur destination.

"Nous allons dans un endroit peu fréquenté, car je suis allergique au peuple semble-t-il et rien de tel qu'un pique-nique au bord d'une cascade pour se ressourcer en profitant de la nature. J'espère que cette idée te plait autant qu'à moi !" dit-elle sur un ton joyeux.

Elle était décidemment de bonne humeur. Enfilant son casque pour se placer à l'arrière de la moto, elle donna son sac de plage à Akira ne sachant pas trop quoi en faire. Leur repas se trouvait à l'intérieur, dans des boîtes bentô en bois laqué précieux.

Assise sur la belle Harley d'Akira, on pouvait détailler un serpent bleu lagon aux yeux rubis s'enroulant autour de sa cuisse gauche, de même style que la carrosserie du cyclomoteur. On pouvait aussi apercevoir d'autres de ses tatouages, comme le Vivre Amour en calligraphie à la naissance de sa nuque ou encore en regardant bien ; le kanji du plaisir sexuel sur sa cheville droite. Si la yankee l'avait regardée de dos, elle aurait remarqué le début d'un bas du dos en tribal noir qui sublimait ses courbes.

Erelinn était visiblement enjouée ce qui rassura la motarde. Elle l’avait complimenté à son tour et avait fait remarquer son sourire ce qui la perturba quelque peu. La rousse appréciait donc l’engin et était même heureuse de monter dessus. Elle avait enfilé son casque avant de lui donner leur destination. Un endroit isolé donc, quel soulagement.

"La cascade donc, je t’avoue que ça me soulage que ce soit un endroit isolé. Je n’aime pas non plus le peuple comme tu dis. Cette idée est juste parfaite " dit-elle toujours le sourire aux lèvres.

Elle observa l’amazone chevaucher la moto. Le tableau qui se peignait devant elle était divin. Elle ne put s’empêcher de détailler tous les tatouages de la jeune femme. Après tout c’était son métier. Ils sublimaient ses courbes, et quelles courbes... Elle remarqua notamment le petit kanji à sa cheville ce qui lui esquissa un sourire en coin. Prenant son sac elle alla l’attacher à l’arrière du véhicule ayant une vue plongeante sur le bas du dos de la rousse. Elle vint ensuite s’installer aux commandes.

"Tiens-toi bien à moi."

Elle démarra et prit le chemin qui menait à la cascade. Le paysage d’effilait, c’était une belle journée, idéale pour un rendez-vous. Comment cela se passerait-il ? Que feraient-elles ? Akira ne cessait de se poser des questions. Qu’il était agréable de sentir l’étreinte d’Erelinn, elle la sentait dans son dos. Inévitablement elle sentait également sa poitrine. Heureusement que la rousse ne pouvait voir son visage, une teinte rosée avait couvert ses pommettes.

*Qu’est-ce qui t’arrive ? Ce n’est pas la première fois que ça arrive. Pourquoi ? Pourquoi je stresse comme ça ? Pourquoi ça me fait ça ? Je comprends rien.*

Après un long trajet, la cascade était enfin en vue. Akira analysa l’endroit afin de choisir le meilleur emplacement. Quitte à être à la cascade, autant être juste à côté. Elle alla donc se garer sous un arbre à quelques mètres à peine du point d’eau. Retirant son casque elle descendit.

" La balade t’as plu ? "  

Elle prit le sac d’Erelinn, et l’aida à installer leur coin. L’air était doux et le point d’eau le rendait moins lourd. Akira décida de retirer ses boots, il était agréable d’être pieds nus dans l’herbe fraîche. Elle s’allongea tranquillement sur la couverture qu’elles venaient d’installer. Tournée vers Erelinn, la tête appuyée sur sa main. Elle était comme hypnotisée par ces émeraudes et ce sourire.

Quelle serait la suite des évènements ? Akira était curieuse, d’autant plus que l’amazone avait préparé tout un repas. Une cuisinière en plus décidément la liste de ses qualités ne cessait d’augmenter.

Akira trouvait son idée parfaite. La renarde ne put s'empêcher de rougir légèrement, infiniment soulagée que le choix de l'endroit enchante son amie. Elle avait noté le sourire discret de cette dernière lorsqu'elle avait jeté un coup d'oeil sur son kanji à la cheville.

*Mmmh...coquine Akira ! Haha ~ * riant intérieurement.

Les bras bien serrés autour de la taille fine mais musclée de la yankee, Erelinn pouvait sentir ses abdos sous ses mains pâles. Elle y aurait bien goûté à cet instant. Tandis que le moteur couvrait le bruit de la nature sur leur chemin, l'amazone profitait du paysage sur le trajet, après tout il n'y avait pas de raison de ne pas admirer le cadre de cette nouvelle planète. Collée contre le dos de la motarde, la rousse resserra son étreinte un instant, comme pour mieux savourer ce rapprochement.

*J'espère qu'elle aimera l'endroit...et mes plats...* pensait-elle.

Le spot secret de leur rendez-vous était juste devant elles. Alors la louve d'argent les arrêta sous un arbre afin de ne pas trop crâmer au soleil, ayant prit soin de choisir un coin proche de l'eau par la même occasion. Le son de la cascade hypnotisait déjà Erelinn. Elle avait retiré son casque, posé sur la moto. La chevelure de feu au vent, elle s'ennivrait de tous les parfums boisés et fleuris, sentant l'humidité légère sur sa peau. C'était rafraîchissant, au propre comme au figuré.

- « La balade t’as plu ? »
-"Pour sûr oui ! Cela faisait un moment que je n'étais pas montée sur une belle Harley haha !" répondit-elle avec le sourire, l'air apaisée et serein.

Cependant quand Akira prit son sac pour installer la nappe de pique-nique avec son aide, la femme aux yeux mordorés se souvint de son inquiétude concernant le repas. Juste en suivant la musicienne ôta ses rangers pour gambader pieds nus dans l'herbe bien verte. Cette vision arracha un sourire emplit de tendresse à la métisse qui commença alors à disposer les deux bentôs et le tupperware ainsi que des couverts sur le tissu. Les orbes adamantium d'Akira étaient absorbées par les iris d'Erelinn. La marginale était allongée sur la nappe, attendant la suite des événements sans doute. Ainsi, le petit colibri décida d'ouvrir le premier bentô afin qu'elles picorent un peu avant le vrai plat. Il y avait de beaux onigiris en forme de tête de chat, fourrés au boeuf épicé et des beignets de crevette ainsi que quelques tranches de tomates et du maïs dans un compartiment.

Elle sorti les boissons, les regroupant au centre de la nappe de pique-nique dans un geste consciencieux. Il ne fallait pas trop remuer les bières ! Une pour chacune au cas où son amie ait l'envie de trinquer un coup. Il y avait aussi des canettes de sodas et de jus de fruits divers car la jeune photographe voulait être certaine qu'il y ait quelque chose qui plaise à la violoniste.
"J'espère que tu aimeras ce que j'ai préparé ! J'y ai mis du temps et de la passion." assura-t-elle d'une voix douce, teintée d'une certaine appréhension.

Quelques libellules se perdaient dans les airs alentour. Une légère brume au pied de la cascade créait un minuscule arc-en-ciel en croisant les rayons du soleil. Tout était si calme, presque empreint d'une atmosphère féérique. Les deux personnages paraissaient sortis d'un conte, une romance imaginaire, dont chaque lecteur connaît le dénouement. Mais les concernées, elles, n'étaient pas encore conscientes de ce qui se jouait là. Humant l'air, Erelinn attrapa un onigiri avant de questionner Akira. Une question la taraudait cependant elle n'avait toujours pas demandé...

"Dis-moi Akira, tu as un travail non ? Si oui, je veux savoir ce qu'il en est ! " dit-elle toute curieuse avant de croquer dans son onigiri.

La balade avait donc été au goût d’Erelinn. Pendant celle-ci, elle avait resserré son étreinte ce qui avait fait rosir le teint de la louve de plus belle. Cette sensation était des plus agréables, elle aurait voulu en profiter plus encore. Heureusement à leur arrivée son teint avait retrouvé la normale. L’amazone avait sorti tous les mets qu’elle avait préparés et les avait disposés sur la couverture.

Akira était émerveillée devant tout ceci. La rousse s’était visiblement donné beaucoup de mal. Au son de sa voix la louve devina son appréhension. Son regard se fit tendre, Erelinn était adorable. Il fallait dire que jamais personne ne s’était donné autant de mal pour elle, à part sa mère bien sûr. C’était plutôt touchant et perturbant à la fois.

"C’est vraiment joliment fait et je ne doute pas que ce soit délicieux."

Akira attendit que la sulfureuse commence avant de prendre à son tour un onigiri. C’était somptueux, elle aurait été seule, elle aurait tout engouffré d’un coup. Erelinn était véritablement une très bonne cuisinière.

"Sugoi ! C’est vraiment super bon ! Tu es vraiment douée !" Dit-elle des étoiles dans les yeux.

La Yakuza et la nourriture, c’était une véritable histoire d’amour. Là elle était conquise et retrouvait légèrement une âme d’enfant. C’est alors que l’amazone la questionna sur sa profession. Akira était un peu étonnée mais en même temps pour se connaître il fallait bien commencer quelque part. Continuant de déguster le repas elle était plus décontractée.

"Eh bien ce n’est pas vraiment palpitant… Je suis tatoueuse."

Même si elle aimait ce travail on ne pouvait pas considérer que ce soit une profession extraordinaire. La plupart du temps les clientes ne désiraient que de petites pièces et des motifs parfois ridicules… Ce n’était pas souvent qu’on lui demandait un travail vraiment intéressant. Erelinn la trouverait peut-être ennuyeuse ou trouverait-elle qu’elle exerçait une profession de bas étage. Au Japon les tatoueurs n’étaient pas bien vus. Que penserait-elle de cela ? Et de même, quelle était sa profession ? La jeune femme était vraiment douée en cuisine mais quelque chose faisait penser que ce n’était pas là son métier.

"Ahem… Et toi que fais-tu dans la vie ?"

Akira essayait d’être des plus détendues mais au fond un petit stress l’habitait. Cela lui faisait tout drôle, il était rare qu’elle soit comme ça avec une femme. Erelinn la trouverait peut-être beaucoup moins intéressante. Remarquant les canettes, elle avait bien besoin d’une bière pour se détendre. Attrapant les cannettes elle en tendit d’abord une à la jeune femme.

"Bière ? Ou bien jus de fruit ?"

La Yakuza l’observait, à la lumière du jour la beauté de la sulfureuse était encore plus sublime. Son sourire attendrissant, ses yeux pétillant, plus le temps passait plus Akira baissait sa garde. Qu’était-il en train d’arriver au glacier ?

Une libellule se posa dans les cheveux argentés d’Akira. Doucement, la renarde posa une main sur l’appareil dans son sac afin d’immortaliser cet instant. Un sourire aux lèvres, elle agita le polaroid quelques secondes avant de le déposer sur la nappe, attendant que la photo apparaisse. Pendant ce temps, elle se contenta de répondre aux compliments réconfortants de son amie. Un sourire apparut de nouveau sur ses lèvres, laissant deviner combien elle était touchée. Après avoir fini son onigiri elle tint à la remercier pour ces paroles.

« Merci beaucoup !! Si je peux te confier une chose, j’avais peur que tu n’aimes pas. Enfin, il y a encore beaucoup d’autres mets. J’espère que tu aimeras autant haha ! » Répondit-elle en riant.

Alors comme ça Akira était tatoueuse. La jeune femme aux yeux poison aimait beaucoup les tatouages, après tout elle en avait déjà quelques-uns et d’autres projets hantaient sa petite tête rousse. Néanmoins, la belle louve avait l’air de trouver son métier peu intéressant. Peut-être trouvait-elle qu’il n’y avait aucun prestige là-dedans ?

« Tatoueuse ? Je trouve cela intéressant ! J’ai quelques projets à te soumettre à l’avenir alors ! Je sais bien que cette profession ne laisse pas toujours énormément de liberté dans son art…Mais j’aime beaucoup cet art et je le trouve noble. Ne te sens pas inférieure à cause de ça ! Je le vois bien à ton expression quelque peu déstabilisée… Je trouve même ça sexy à vrai dire. Mais chut ! C’est un secret ~ » plaisanta-t-elle finalement en lui adressant un clin d’œil.

Evidemment, Miss Hummingbird n’échappa pas à la question elle aussi et puisque cela s’imposait pour mieux se connaître et approfondir leur relation, il valait mieux jouer franc-jeu même si la belle yakuza la prendrait sans doute pour une gosse de riche ou on ne sait trop quoi. Préférant prendre une canette de jus de litchi, elle remercia encore une fois l’artiste avant de répondre.

« Ce que je fais dans la vie ? C’est bien vaste. Disons que j’ai une passion comme tu as pu le constater : pour la photographie. Mais c’est uniquement une passion, tout comme l’écriture. Mon métier est assez peu commun je dois dire et il est plutôt réservé aux grandes maisons. Mais je me suis démarquée en utilisant des produits naturels, des odeurs insolites et enivrantes. Je suis créatrice de parfums. Ou encore « nez » comme ils disaient à l’époque. Sur Terre j’avais une enseigne et j’étais connue mondialement, mon succès étant récent. Hummingbird était le nom de ma marque. Ici je dois tout reprendre de zéro…» soupira-t-elle.

Il était vrai qu’ici la seule chose qui lui restait était quelques personnes transférées depuis la Terre qui connaissaient ses créations et son nom, cependant elle n’avait pas perdu de vue le trésor qui se dévoilait sous ses yeux. Une nouvelle planète signifiait de nouvelles senteurs et les découvrir serait un plaisir. Il faudrait composer, tisser la toile de son nouveau chef d’œuvre. Elle avait déjà fait fort avec le premier parfum qu’elle avait créé autrefois. A ce jour encore, sa meilleure vente. Un cocktail détonnant de pastèque et de fraise des bois, soulignés par un trait subtil de phéromones. La fragrance parfaite pour les amours d’été. Elle l’avait nommé « Cœur Granité », comme un code secret que personne n’arrivait à comprendre, à déchiffrer. Et pour cause, les phéromones venaient de ses propres larmes. Ce qui expliquait le label édition limitée.
On pouvait dire qu’elle aimait donner d’elle-même.
Erelinn continua à grignoter tout en buvant quelques gorgées entre. Puis elle s’adressa de nouveau à Akira.

« Tu aimes les yakitoris ? J’en ai préparé dans l’autre bentô si tu veux ! J’espère que je ne t’ai pas refroidie avec cette histoire de parfums… »

Elle était quelque peu préoccupée. Akira serait peut-être intimidée ou déçue de savoir qu’elle était célèbre… Malgré tout, la sulfureuse jeune femme ne changeait pas de comportement, elle resterait elle-même jusqu’au bout, prête à démontrer qu’une profession ne signifiait pas grand-chose. Une idée lui traversa finalement l’esprit. Discrètement elle se rapprocha du bord de l’eau, plongeant sa main dans l’eau claire et fraîche avant d’éclabousser malicieusement Akira, en lui tirant la langue. Son humeur était au beau fixe semblait-il.

Encore une photo volée, encore une confession dévoilée, tout ceci avec un sourire ravissant. Des projets de tatouages ? Seraient-ils intéressant ? Un art qu’elle trouvait noble, elle était donc connaisseuse. Qui plus est, elle le trouvait sexy. Révélation à laquelle Akira ne put s’empêcher de sourire. Le clin d’œil qui suivit ne fit que le maintenir. Ainsi l’intérêt de la jeune femme pour elle ne s’était pas dissipé.

"J’aime beaucoup tu n’as pas à avoir peur et je ne doute pas qu’il en soit de même pour le reste. Des projets vraiment ? Avant de me demander il vaudrait mieux que tu prennes connaissance de mon travail, je peux très bien ne pas te convenir, dit-elle doucement avant de poursuivre. Cet art est trop mal compris des gens, mais je retiens le compliment."

La photographie était donc une de ses passions, cela n’était pas vraiment compliqué à deviner tout comme l’écriture. Créatrice de parfums voilà qui n’était pas courant, cette beauté mystérieuse avait tout de fascinant. Ce métier dans un sens lui allait comme un gant, Akira avait d’ores et déjà remarqué son parfum envoutant. Ainsi donc sur Terre elle était célèbre, la yakuza n’était pas vraiment du genre à faire attention à ce genre de chose et ne connaissait pas du tout les marques.

"Un métier hors du commun pour une femme hors du commun. Je suis navrée je ne connais pas, je n’étais pas vraiment le genre à faire attention à ces choses sur Terre… Tu devrais te réjouir, dans ce monde tu vas sans doute découvrir des senteurs qui t’étais totalement inconnues."

Les yakuza ne côtoient la plupart du temps que la senteur de la mort. On ne peut pas dire que les cadavres en décomposition soient des fragrances très exquises. Etre en la présence d’Erelinn la changeait énormément. Buvant sa bière doucement elle n’arrivait pas à détacher son regard d’elle. Des yakitoris le rêve, c’était un des mets préférés d’Akira.

"Décidément tu es parfaite, les yakitoris c’est la vie, dit-elle en souriant. Refroidie ? Pourquoi donc ? Et puis il est difficile de refroidir un glacier."

Elle ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire. La refroidir ? Elle qui était éternellement glaciale ? Elle était sur le point de s’allumer une cigarette quand la sulfureuse commença à l’éclabousser tout en lui tirant la langue. Rentrant alors dans son jeu la louve se leva d’un coup laissant ses affaires sur la couverture.

"Ah tu veux jouer à ça ? Tu es sure ?"

Elle souleva la rousse sans prévenir et vint la mettre au-dessus de l’eau un petit sourire joueur aux lèvres. Erelinn était si légère et sa peau si douce. Cela la perturba un tant soit peu. De plus, dans cette position impossible d’ignorer les courbes de la demoiselle. Akira la ramena sur la terre ferme amusée.

"Ne me tente pas…"

En réalité, par sexy, Erelinn voulait aussi subtilement signifier que ce métier l’avait sans doute plusieurs fois amenée à de multiples histoires sans lendemain. Soit. La plupart des gens ont comme qui dirait un vécu après tout. Mais l’idée qu’Akira soit une coureuse ne l’enchantait guère. Néanmoins elle fit son possible pour ne rien laisser paraître de son embarras.

« Prendre connaissance de ton travail ? Avec un esprit pareil et des mains pleines de dextérité comme les tiennes je ne me fais aucun souci. » souligna-t-elle en lui adressant un clin d’œil.

Ainsi la jeune louve ne connaissait pas sa marque ? Tant mieux. Au moins une personne qui ne voudrait pas passer son temps avec elle juste à cause de son compte en banque. Cependant Miss Hummingbird ne répondit rien à cela, préférant le silence en guise d’acquiescement.

Le regard qu’elle soutenait semblait tout aussi intense que le sien. Celui-ci semblait s’adoucir au fur et à mesure qu’elle parlait. Akira avait une passion cachée pour les yakitori mh ?

« Haha je ne suis pas parfaite voyons ! Les yakitori ça déboîte ! » dit-elle en riant, s’accordant sur un ton plus détaché pour une fois.

Visiblement elles se détendaient ensemble. Pourtant, le mot « glacier » chiffonnait la renarde. Voulait-elle dire par là qu’elle serait toujours insensible face à elle ? Balayant ses pensées moroses pour taquiner son amie, Erelinn répondit à la menace d’Akira rapidement. Cette dernière l’avait portée au-dessus de l’eau pour se venger de quelques éclaboussures. Alors comme une princesse dans les bras de la tatoueuse, la parfumeuse admira un instant le tableau. Les bras plein d’assurance qui la portaient, les iris métalliques pourtant si chaudes d’un seul coup, fixées sur elle. Le sourire joueur sur les lèvres si douces qui l’appelait aux baisers... Ne pas la tenter mh ?

*Erelinn, ça va mal finir ton histoire !*

« Moi ? Jamais voyons ! »

Elle fit quelques pas en avant, faisant mine d’aller chercher sa canette de jus de fruits avant de pousser d’un seul coup Akira dans l’eau, lui donnant un coup avec son postérieur. Mais avant même qu’elle ne puisse s’enfuir, elle se sentit embarquée en arrière.

*NOOOOOOON*

« AKIRAAAAAAA » cria-t-elle en riant plus qu’en l’engueulant.

Ses vêtements étaient trempés et son haut devenait transparent, laissant un aperçu conséquent sur son soutien-gorge. Erelinn rougit quelque peu, déstabilisée. Elle n’avait pas vraiment pensé à l’éventualité de cette situation. Dans sa chute elle s’était agrippée à la yakuza, admirant à présent les gouttes d’eau perlant sur son visage immaculé. Elle était si sauvage et attachante à cet instant. Un vrai petit louveteau !
Un sourire s’empara de son visage, amusée par la scène.

« Tu es encore plus sexy trempée haha ! ~ » plaisanta-t-elle pour la taquiner.

Peu importe comment elle prendrait cette phrase, Erelinn était complètement à l’aise, tellement qu’elle en avait oublié son haut transparent et le fait qu’elle enlaçait toujours la nuque d’Akira.

Erelinn semblait sûre d’elle et ne doutait absolument pas du talent de la louve d’argent. Akira ne put retenir un petit sourire au commentaire sur sa dextérité. Elle ne croyait pas si bien dire. La belle amazone était rafraichissante, comme un bol d’air frais. Elle avait un côté sombre mais aussi une grande part de lumière et à cet instant elle en emplissait les lieux.

Elle était joueuse, et provoquait sans retenue la yakuza. Elle jouait et allait bientôt être prise dans son propre piège. Quand celle-ci fit mine de s’éloigner, elle poussa Akira. Ce qu’elle n’avait pas prévu c’est que la louve l’attrapa directement. Elles tombèrent toutes les deux dans l’eau. Le débardeur blanc d’Akira ne cachait plus grand-chose, collant à sa peau et laissant voir son soutien-gorge. L’eau perlait sur sa chevelure venant tomber sur son visage.

Le sourire de la rousse était plus que charmant. Akira ne put s’empêcher de descendre les yeux sur la scène qui se jouait devant elle. Elle s’était agrippée au cou de la louve, son haut était devenu transparent laissant voir sa lingerie pourpre, de plus elle rougissait. Ses mots ne laissèrent pas Akira indifférente. Elle la trouvait donc sexy. Mais à cet instant c’était elle qui était terriblement sexy. Sa chevelure de feu dansant dans l’eau, son sourire, ses yeux étincelant.

Akira se perdait dans son regard. Qu’arrivait-il ? Les yeux de la louve devinrent doux et comme hypnotisés. Elle passa la main délicatement sur la joue de la jeune femme. Que se passait-il ? Un magnétisme s’emparait d’elle. Quelque chose la poussait vers Erelinn. Elle s’approcha d’elle, lentement. Elle n’était plus maîtresse de son corps, il bougeait sans qu’elle y fasse attention.

*Non qu’est-ce que tu fous arrête, fais pas ça non non, NON !!!!!!!!!!*

Elle ne pouvait plus se retenir. Elle rapprochait de plus en plus son visage de celui de l’amazone. Elle ne pouvait plus se stopper. Emprisonnant alors les lèvres de celle-ci des siennes avec une douceur extrême. Une douceur dont elle n’avait jamais fait preuve. Erelinn saisirait-elle le sens de ce baiser ? Le sens de cette douceur ?

Akira resserra légèrement son étreinte. L’amazone la repousserai-telle ? La frapperait-elle ? Peu importe. Peut-être aurait-elle dû s’abstenir mais à présent c’était trop tard. Comment Erelinn réagirait-elle ?

L’effervescence d’un moment d’insouciance partagé. Comme un havre secret de paix juste pour elles deux. Akira avait ouvert une voie, une voie qu’Erelinn n’avait jamais empruntée. Dans leur faux esclandre teinté d’humour et de compassion, quelque chose s’était libérée. La complicité qu’elles atteignaient en un temps record dépassait l’entendement.

Les cheveux en cascade sur la peau pâle d’Erelinn semblaient être des sillons de sang. Ses mèches flirtaient avec ses clavicules, ondulant au gré du doux remous de l’eau. On aurait pu croire qu’elle sortait d’un Burton comme cela. Quelle paire qu’elles formaient ! Akira quant à elle avait subi le même sort que la renarde, son haut laissant une large vision de son sous-vêtement noir. A la grande surprise de notre parfumeuse, sa lingerie semblait raffinée, ce qui démontrait un côté féminin plus prononcé qu’elle ne souhaitait le montrer. Ce détail séduit plus encore Erelinn qui ne pouvait réprimer son envie d’admirer le tableau.

Une goutte vint se loger sur la lèvre supérieure délicate de la louve d’argent, narguant la renarde qui ne cillait plus malgré la proximité de leurs corps. Et quelle proximité ! Puisqu’Akira commença à se rapprocher dangereusement de son visage…son regard était une caresse dans laquelle la métisse voulait s’envelopper. Et sans même pouvoir réagir, leurs lèvres s’unirent en un baiser transcendant, faisant d’elles l’allégorie même de la douceur, une fragilité cristalline, qui les menait dans le subtil, l’éthéré.

Si bien qu’Erelinn se laissa aller à cette pulsion délicate, passionnée. Ses bras étreignant plus fort encore, ses paupières se fermant dans une confiance aveugle au bord de la décence. Aucun baiser ne pouvait surpasser celui-ci. Car il surpassait lui-même sa condition. Levant les barrières qui leur résistaient. Comme si cet instant avait duré une éternité, la jeune femme au grain de beauté n’eût pas même la force d’y mettre un terme.

Au contraire, elle passa sa langue délicatement sur les lèvres d’Akira sans interrompre leur étreinte, afin de supplier un peu plus d’intensité. Afin d’être toujours plus proche de son corps, de tout son être. Le baiser se transforma en baiser langoureux, presque fougueux. Si elles avaient pu fusionner à cette seconde, Erelinn aurait relevé le défi sans y réfléchir. Mais il ne fallait pas abuser de ce qui revêt un caractère sacré. Miss Hummingbird était aventurière et donc une inconditionnelle intrépide, elle avait appris à ne pas abuser des bonnes choses sous peine qu’elles deviennent lassantes. Pourtant, une part d’elle avait la conviction absolue qu’elle ne se lasserait jamais d’Akira ni de ses baisers. Se retirant sans heurt de leur embrassade, ses yeux se rouvrirent, une étincelle d’or y brillant intensément. Elle fixait la tatoueuse, sans dire mot. Cet acte signifiait beaucoup, dans sa simplicité nue. La photographe savait lire entre les lignes. Sans doute s’étaient-elles avoué quelque chose au-delà des mots.
Après quelques secondes de silence presque embarrassant, sa langue se délia une nouvelle fois, mais pour parler.

« Aki-chan…tes yakitoris vont refroidir… » dit-elle les joues rouges, quelque peu maladroitement.

Briser le silence après cette action n’était pas chose facile. Aussi, si le colibri avait fait allusion à la nourriture alors qu’elle n’en avait cure au fond, c’était pour mieux les mettre à l’aise. Il ne valait mieux pas aborder le sujet tout de suite et si elle comptait pour la motarde, alors cette dernière saurait puiser dans sa patience et son élégance encore une fois. Pas question de s’engager précipitamment. Mais pour les beaux yeux adamantium d’Akira, Erelinn pouvait bien se damner.

Douce surprise, l’amazone ne la repoussa point bien au contraire. Son étreinte se fit plus forte autour du cou de la louve. Akira en fit de même la surélevant légèrement une main dans sa chevelure de sang, l’autre enlaçant sa fine cambrure. Les yeux clos elle se laissa entrainer dans la passion de la walkyrie.

Elle sentit la langue de celle-ci sur ses lèvres et y répondit en laissant la sienne venir la caresser. Voilà que la fièvre se fit inviter. Erelinn était douce et violente à la fois. Le glacier se fit brasier. Akira ne voulait la libérer, le temps était comme suspendu. Elle ressentait quelque chose, enfin. Le vide se comblait peu à peu. Mais par quoi ? Elle l’ignorait totalement. Etait-ce de nouveau un espoir éphémère qui s’évanouirait dans un éclair incandescent ? Elle ne voulait pas y penser.

Erelinn rompit le baiser, rougissante. Elle était surprise de cet élan, surprise de la situation. En était-elle gênée ? Ses dires semblaient avoir pour but que de détendre l’atmosphère, briser un silence qui se voulait embarrassant. Prétextant un quelconque refroidissement. Akira n’était pas insensible à cette attention. Lui souriant come pour la rassurer.

"Tu as raison, peut-être vaudrait-il mieux sortir de là."

Elle souleva la jeune femme la sortant doucement de l’eau pour l’asseoir sur le bord. Se maudissant intérieurement de ce geste. En effet, la vision qui s’offrait à elle était plus que perturbante. Elle pouvait voir dans les moindres détails la lingerie de celle-ci tout comme son anatomie. Et quelle anatomie… Le décolleté qu’elle possédait était plus que généreux, voluptueux. Une teinte rosée vint alors orner son visage.

Détournant les yeux, elle sortit de l’eau à son tour. Trempée, elle retira son débardeur pour l’essorer. Laissant alors un accès total à son buste. L’eau coulait le long de son dos faisant prendre vie à l’immense carpe koi qui y était tatouée. Elle secoua sa chevelure, éparpillant autour d’elle nombre de gouttes, avant de passer sa main pour la faire venir en arrière. N’étant absolument pas pudique elle retira son pantalon pour l’essorer à son tour.

Portant un boxer masculin ce pouvait être considéré comme une sorte de maillot. Le bas du tatouage de sa carpe dépassait de celui-ci sur ses cuisses. Heureusement le soleil n’était pas près de s’éteindre, elle pourrait donc sécher très vite. Etendant son pantalon sur le guidon de sa moto elle renfila son haut. Il était humide mais plus trempé. La louve revint s’étendre sur la couverture s’allumant une cigarette avant de relever son regard. Erelinn était sublime.

"Ça rafraichit, dit-elle avec humour, et entre nous, ce n’est pas moi qui suit la plus séduisante trempée de la sorte."

Se détendre oui, oublier ce qui venait de se passer certainement pas. Akira ne pouvait occulter cet instant. L’amazone en était encore plus envoutante. Elle voulait d’ores et déjà s’emparer de nouveau de ses lèvres. Toutefois il était plus sage de ne rien faire. Il valait mieux laisser la jeune femme venir d’elle-même.

La louve reprit alors des yakitoris. Peut-être que faire comme s’il ne s’était rien passé apaiserait la rousse.

Il vaudrait mieux sortir de là. Oui sans doute. Tout ça n’était peut-être qu’une confession non-assumée, un « je t’ouvre mon cœur » inaudible. Un message crypté. Erelinn aurait voulu plus encore, mais rien ne servait de presser son amie. Seulement pour une fois, elle se sentait heureuse.
En y repensant, à bien y regarder toutes ses relations n’avaient servi qu’à libérer la tension sexuelle en elle. Aucun attachement, aucun problème. Si bien sûr, on oubliait le fait qu’elle avait toujours été possessive malgré elle. Quelque chose qui pouvait être considéré comme un vilain défaut, cependant Miss Hummingbird ne laissait jamais transparaître ce côté de sa personnalité. On aurait donc pu ne jamais percer ce secret mais avec une gueule d’ange pareille, Akira devait faire chavirer des cœurs et tourner des têtes, ce qui risquait fort de déplaire à notre renarde.

La caresse encore dans la mémoire tactile de sa langue, Erelinn se laissa porter jusqu’à la berge. Elle passa un index sur ses lèvres, silencieuse. Son regard se porta sur la belle louve quand elle se rendit compte que cette dernière louchait sur son décolleté, le visage rougissant à vue d’œil.

*Non mais !! Perv d’Akira va !!*

Pensa-t-elle tandis que son visage renvoyait une expression quelque peu indignée. Faussement indignée bien sûr, puisqu’au fond, elle trouvait ça plutôt flatteur et agréable que la violoniste admire sa plastique. Et à vrai dire, quand celle-ci décida de se débarrasser de son haut et de son pantalon, la photographe s’empressa de faire de même. Difficile de résister en la voyant en sous-vêtement, sans aucune pudeur sous ses yeux. Elle suivit le trajet des gouttelettes sur son dos, la peau brillante et blanche l’envoûtant sans s’en rendre compte. Cette fois elle pouvait voir sa carpe koi en entier, ce même tatouage qu’elle avait aperçu dès leur première échange. Les carpes avaient une forte signification dans le folklore japonais. Aussi, Erelinn préféra ne pas poser de question trop intrusive, considérant qu’elles s’étaient déjà considérablement rapprochées. D’autres tatouages étaient visibles par la même occasion, tous très soignés. Soudain, plusieurs gouttes éclaboussèrent le visage de la parfumeuse, qui secoua sa tête en essuyant doucement ses yeux.

« Sauvage va ! Tu pourrais faire attention avant de te secouer comme un loup !! » dit-elle sur le ton de la plaisanterie.

La chevelure argent en arrière allait à ravir à la yakuza et Erelinn aurait voulu la bombarder avec son appareil à cet instant. Ce naturel sauvage, c’était un beau souvenir gravé dans sa mémoire. Pour sûr elle se souviendrait de chaque étape de cette journée. Enfin, surtout du baiser, cela va de soi !

Pendant qu’Akira était occupée à étendre son linge comme qui dirait, Erelinn préféra se poser en tailleur sur la nappe de pique-nique et grignoter un yakitori comme si sa tension allait retomber miraculeusement. Belle illusion mh ? Rien n’y faisait bien entendu. Et quand la motarde qui perlait encore d’eau en débardeur se posa à son tour près d’elle, la rousse ne put s’empêcher de la fixer intensément, passionnément. Comme hypnotisée, magnétisée. Ce magnétisme la poussait aussi à fixer par intervalle ses lèvres. Un signe qui ne trompait pas. Mais une chose la déstabilisa.

« Hein ? Euh…M…Merci ?! »

Elle ne savait quoi répondre. Dire merci lui paraissait tellement ridicule. Alors elle se vengea sur son yakitori, nerveusement.

*bulle mais t’es con ma pauv’ fille !! Elle va penser que t’es débile maintenant…*

Ouais. Un truc du genre, le type de phrase que tu te répètes sans cesse quand tu développes quelque chose envers quelqu’un. Comment ça des sentiments ? Pff. Erelinn était ailleurs, sur un nuage de barbe à papa. Ou peut-être était-elle ici, aspirée dans les iris d’Akira. Dans tous les cas, elle perdait pied.

« Je ne savais pas que tu me trouvais séduisante tiens. »

Cela sonnait maintenant comme une invitation. Décidemment, la sulfureuse écrivaine n’avait pas de juste milieu. Elle avait fini sa brochette et à présent c’était son amie qu’elle désirait dévorer. Non. Ne pressons pas les choses. Oui, mais juste, une dernière fois ?!

*Erelinn, tu te mets dans une situation périlleuse ma p’tite.*

Sans doute était-elle en péril, éprise d’une femme qu’elle savait torturée par son passé et poursuivie par les groupies. Mais goûter à l’Enfer était si doux et intense à la fois pour une aventurière. Encore un peu plus, savourer ce moment…tentation alléchante qu’était cette bouche qui ; elle le savait ; s’offrirait à elle si elle le voulait. Et comme disait Oscar Wilde, il fallait succomber à la tentation.

« Akira… » commença-t-elle en posant son jus de fruit. « J’aimerai qu’on réfléchisse plus tard, après ce rendez-vous à ce que cela signifie si tu veux bien. Pas tout de suite. Là, tout de suite, j’ai envie de t’embrasser. »

Et sur ses mots elle poussa Akira sur le tissu imprimé pour la surplomber, l’embrassant avec passion, laissant ses jambes nues caresser les siennes et ses mèches rougeoyantes taquiner son décolleté. Il allait être ardu de se défaire des bras de la séduisante yakuza, aussi Erelinn préféra se faire rouler sur le côté sans rompre leur baiser, laissant la liberté à sa protégée de prendre le dessus de la situation ou non. Peu lui importait. Il n’y avait rien d’autre qui comptait que ce parfum dont elle s’enivrait, cette peau contre la sienne, cette bouche divine qui s’unissait à la sienne. Dans son élan, elle griffa légèrement la nuque d’Akira, tout en relevant la cuisse le long de la sienne. Elle avait une envie irrépressible de s’en foutre. Tout cela restait entre elles. Ces secrets, ces non-dits, ces arabesques de joie qui s’insinuaient en elles. Et ce doux gémissement qui lui échappa un moment.
Au diable le repas.

Oh non, voilà que la sulfureuse se déshabillait à son tour. Elle était en train d’enlever son haut. Ça, Akira ne l’avait pas prévu. Elle essaya tant bien que mal de ne pas la regarder. Essayer alors. Oui, en entendant sa voix la louve se retourna vers elle et admira la vision qui lui était donnée. Erelinn était terriblement sexy, terriblement désirable. Difficile de passer outre.

"Oups, excuse-moi, je suis une vraie sauvage." répondit-elle en lui souriant.

La rousse s’était installée sur la couverture. En la rejoignant Akira ne put la quitter des yeux. Hypnotique, toute droite sortie d’un sublime songe. Une vision enchanteresse. La louve remarqua bien évidemment ce regard fuyant sur ses lèvres. Erelinn sembla ébranlée l’espace d’un instant suite aux dires de la yakuza. Akira ne put retenir un sourire, la jeune femme était craquante ainsi.

"Comment ne pas te trouver séduisante ?"

Charmeuse, séductrice, la louve ne pouvait s’en empêcher. Comment ne pas l’être face à une telle créature ? Réfléchir ? À quoi ? Ah en effet. La rousse était directe et son envie plus que partagée. Un baiser, cette fois intense. Tendre et fougueux à la fois. Comment résister ? Son corps surplombant celui de la tatoueuse avant de la faire venir sur elle. Akira se laissait emporter, oubliant tout ce qui pouvait la tourmenter. Il n’y avait plus qu’Erelinn qui comptait. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Quelle était cette sensation inconnue ? Cela ne ressemblait à rien de connu.

Une griffure, sa cuisse caressant la sienne et ce doux gémissement. Akira avait envie d’elle mais pas comme à son habitude. Non, il y avait autre chose, mais quoi ? Erelinn l’envoutait, qu’était-elle en train de faire au glacier ? Akira lui rendait son baiser tout en venant caresser délicatement sa cuisse. Et voilà qu’au lieu de devenir sauvage elle se fit tendre. Elle rompit doucement le baiser, caressant la joue de la rousse.

"Tu es divine…" Lui chuchota-t-elle.

Les yeux bicolores de la louve ne lâchant pas ceux d’Erelinn. Son regard, trahissant une chose que même Akira ignorait. Elle se tenait au-dessus d’elle se faisant comme protectrice. C’était comme si l’amazone s’emparait d’elle peu à peu. Jamais Akira n’avait ressenti une telle chose. Aucune femme ne lui avait fait un tel effet. Le glacier était-il en train de fondre ?

"Qu’es-tu en train de me faire ?"

Elle avait murmuré cette question plus pour elle-même que pour la demoiselle. Akira ne comprenait vraiment pas. Inconsciemment elle se sentait liée à la rousse. Caressant sa peau, elle vint déposer un baiser dans le creux de son cou. Son parfum était vraiment ensorcelant. Elle revint doucement à elle, craquant totalement elle emprisonna de nouveau ses lèvres. Ses baisers devenaient drogue pour la yakuza. Elle se sentait partir vers un autre monde. Laissant Erelinn l’emmener où elle le désirerait. Akira n’avait qu’une envie, laisser faire l’amazone, quels que soient ses désirs.

Dans un paysage digne d’un Monet, Akira était en train de changer. Erelinn avait amorcé ce changement sans même s’en rendre compte. Mais quel était-il vraiment ? Elles étaient là, enlacées. Et certes la louve avait envie d’elle, mais pas seulement. Elle n’avait pas seulement des envies charnelles, il y avait bien plus. Pas un simple coup comme à son habitude, non. Si elle s’emparait de l’amazone se serait pour lui faire l’amour tendrement et sauvagement à la fois.

Akira la trouvait donc sincèrement séduisante. Cela fit sourire l’amazone. Il était agréable de se savoir désirée. Erelinn pouvait sentir leurs deux cœurs battre à tout rompre pendant leur étreinte. Qu’il était bon de sentir son palpitant se fondre en elle, à l’unisson. Les caresses de la belle motarde avaient quelque chose d’étonnamment doux. Lorsque ses doigts caressèrent la joue de la rousse, cette dernière rougit du compliment adorable que la tatoueuse lui adressait. Divine ? C’était bien trop d’honneur. Puis d’elles deux, c’était Akira qui semblait le plus descendre des cieux. Le soleil sur ses cheveux d’argent lui créait comme une auréole arc-en-ciel. Erelinn ne pouvait s’empêcher d’admirer chaque changement, chaque expression sur son amie aux yeux vairons. Et quels yeux. D’aussi près, elle pouvait détailler les petits canaux dans ses iris, qui se changeaient peu à peu en une prairie verte. Si Erelinn s’y plongeait encore, elle pouvait détailler des océans, des montagnes…Le monde résidait dans ses deux orbes brillants. Il se passait quelque chose. Quelque chose d’un autre univers.

Une main légèrement tremblante, Miss Hummingbird décida d’enlacer le cou de la louve d’argent. Il fallait qu’elle soit plus proche de son corps. Toujours plus proche. Il y avait comme une soif jamais assouvie de contact. Un sortilège qui la ramenait contre sa peau, tel deux aimants.

Qu’était-elle en train de lui faire ? Erelinn n’en savait rien, elle n’avait aucune idée de ce qui se jouait en Akira, bien qu’elle sache que tout cela était intense. Que pouvait-elle ressentir ? Avait-elle aussi des papillons plein le ventre ? Avait-elle envie de ne plus jamais la lâcher ? Avait-elle peur soudainement de la perdre ? Doucement, l’aventurière qu’elle était répondit, le regard poison braqué sur celui de la yakuza. Perdue quelques secondes dans les récifs de ses yeux, elle secoua la tête pour mieux se concentrer.

« Je n’en sais rien. Tout ce que je peux affirmer, c’est que je ne te fais aucun mal. »

Aucun mal non. Elles étaient liées, entourées d’une forteresse imprenable, comme si elles avaient fermé la porte au reste de la planète. Il y avait cet endroit, cet endroit immatériel, intouchable où leurs esprits et leurs cœurs résidaient à présent. Personne ne pouvait salir ce havre de paix. Personne ne pouvait profaner ces lieux sacrés.

Ce baiser dans son cou lui arracha quelques frissons, bien qu’elle déploya sa peau blanchâtre en invitation. Il n’y avait pas de mal à se laisser aller à la tendresse. Tout cela était loin d’être déplaisant. Encore moins une fois que ses lèvres se retrouvèrent de nouveau emprisonnées. Ainsi la redoutable marginale devenait douceur et passion. L’écrivaine ne put faire autrement qu’y répondre de plus belle, se faisant d’une délicatesse sans pareille. Ses baisers devenaient de plus en plus passionnés, comme s’ils parlaient à la place des mots. Il y avait quelques instants où ils se stoppaient, pour mieux reprendre, dans une sorte de spirale infinie d’amour. Amour …?

Il était trop tôt pour en être sûre. Erelinn ne voulait pas être une conquête de plus, sachant la louve charmeuse et quelque peu collectionneuse. Il fallait qu’elle ait la preuve qu’elle ne se trompait pas sur son compte. La preuve d’une réciprocité, d’un lien au-delà de l’affection primaire et du désir charnel. Elle ne comptait pas tout dévoiler et tout donner à Akira si rapidement. Pas question de lui prémâcher le travail. Si elle la désirait, alors elle devrait le prouver, elle devrait se battre pour ça.

Néanmoins, en ce moment-même, Erelinn était incapable de se défaire du magnétisme de sa protectrice. Sans vraiment réfléchir, elle se laissait aller à leurs élans. Les dernières gouttes dans les cheveux d’Akira lui tombaient dessus, juste entre les seins. Il était vrai qu’elle s’était retrouvée en soutien-gorge, ce qui était inhabituel chez elle. Peut-être était-ce aussi qu’elle se sentait à l’aise avec sa violoniste préférée. Esquissant un sourire, l’air rêveur, la métisse caressa du bout des doigts le long de la colonne de cette dernière, son autre main caressant le visage et la chevelure humide de la jolie prédatrice.

« C’est toi qui es divine. Dis-moi que tu ne m’oublieras pas… » lui glissa-t-elle à l’oreille avant de s’écarter un peu, pour mieux l’admirer. Son regard brillait de mille feux, l’étincelle de vie en elle n’ayant jamais autant resplendit.

Les doigts d’Erelinn allèrent chercher ceux d’Akira, timidement, pour s’enlacer affectueusement. Un geste presque inconscient qui montrait son attachement.

Rougissante de nouveau, la jeune femme était d’une telle beauté à cet instant. Akira était complétement captivée, il y aurait pu avoir un astéroïde se crachant à côté d’elle, qu’elle ne le remarquerait même pas. Ne pas lui faire de mal ? Non en effet à cet instant, elle ne s’en doutait pas, mais la belle amazone était en train de ressusciter quelque chose au fond de la louve.

"Non en effet, tu ne me fais aucun mal au contraire…"

Elle lui souriait, la louve était comme apaisée dans ses bras. Elles s’embrassèrent de plus belle. Aucune des deux ne voulait lâcher l’autre visiblement. Les caresses d’Erelinn étaient des plus agréables. Ce qu’elle lui dit ensuite la surprit. L’oublier ? Comment ceci pourrait être possible ou même imaginable ? Doucement elle approcha son visage de celui-ci d’Erelinn.

"Je ne le pourrais jamais…"

Ses paroles ressemblaient à une sorte de confession. Erelinn venait de se graver en Akira. Elle venait de se frayer un chemin au-delà de la glace et il serait à présent ardu de la déloger. Alors l’oublier il ne fallait pas même y songer. Akira sentit les doigts d’Erelinn venir chercher les siens. Elle les entrelaça, resserrant sa prise sans pour autant lui broyer la main. Juste ce qu’il fallait pour lui signifier qu’elle ne voulait pas la lâcher.

Elles avaient passé tout l’après-midi ainsi. Restant dans cette position elles avaient parlé de tout et de rien pour s’embrasser de plus belle. Akira ne pouvait cesser de l’embrasser, la garder dans ses bras. Toutefois il commençait à se faire tard. Le soleil avait disparu sans qu’elles s’en rendent compte. La louve remarqua cette soudaine baisse de luminosité.

"On devrait peut-être rentrer, même si je préférerais rester ainsi avec toi"

Elle lui souriait tout en caressant sa chevelure. Elle l’embrassa doucement avant de se relever et de relever la demoiselle. Leurs affaires étaient sèches depuis bien longtemps. Akira remit alors son pantalon tranquillement avant d’aider Erelinn à ranger. Tout étant prêt elle tendit le casque de moto à l’amazone.

"Prête ?"

A ses mots elles prirent la route. Akira n’avait vraiment pas envie de rentrer et de se séparer d’elle. Sans s’en rendre compte elle conduisait moins vite. Mais moins vite ou pas elles arrivèrent quand même. Akira la raccompagna jusqu’à sa porte tout en portant ses affaires. Arrivée devant celle-ci elle déposa les affaires de la jeune femme au sol. Elle regrettait déjà d’être rentrée. La louve s’empara de la main d’Erelinn la ramenant doucement contre elle.

"Quand pourrais-je te revoir ?"

Elle ne l’avait pas encore quittée qu’elle voulait déjà la revoir. Très inhabituel pour le lycan. Quand serait-ce possible ? Le plus tôt serait le mieux. Elle attendrait avec impatience de pouvoir la retrouver. Pensant sans relâche à elle, oubliant tout le reste. Elle plongea ses yeux dans les siens, elle ne s’en lassait pas. Elle l’embrassa intensément, la serrant contre elle afin qu’elle sente à quel point elle ne voulait pas être séparée d’elle.

Elle ne pourrait pas l’oublier. Erelinn avait envie de croire en ses paroles. Un peu d’espoir s’était immiscé en elle, soudainement. C’était la première fois que la renarde éprouvait cela. C’était la première fois qu’elle tombait amoureuse. Elle avait eu le coup de foudre à leur rencontre, mais n’avait pas encore compris l’étendue de ses sentiments envers Akira. La main de celle-ci ne voulait pas quitter la sienne d’ailleurs, resserrant leurs doigts, Erelinn suivant le mouvement sans réfléchir.
Le temps avait passé. Elles avaient choisi de s’embrasser plus que de se nourrir. Dommage que les baisers ne remplissent pas l’estomac. Tant pis, elle mettrait tout ça au frigo et déposerait un bentô devant la porte de la violoniste dans la soirée. Son instinct lui disait qu’elle ne devait pas être du genre à avoir la foi de cuisiner tous les jours et sans doute qu’un repas maison lui offrirait un peu de chaleur le soir. Elle lui laisserait sans doute un petit mot avec et le tour serait joué.

« Je préférerai aussi. Mais n’abusons pas des bonnes choses. »

Oui, elles avaient tout leur temps et Erelinn avait peur que passer plus de moments ensemble en si peu de jours ne lasse Akira ou ne lui donne le sentiment d’étouffer. Finalement, il valait mieux se voir de temps en temps et laisser se faire les choses. Si son amie tenait véritablement à approfondir leur relation, elle saurait l’exprimer elle-même.

Cette main dans sa chevelure la réconfortait. Un baiser, encore. Une douceur qui la faisait rêver. Lorsqu’Akira l’embrassait ainsi, la renarde se sentait comme une princesse, vénérée et adorée. Comme si le monde de la violoniste ne tournait qu’autour d’elle. Erelinn était sous le charme.

Se libérant alors une fois relevée, elle remit son haut qui avait séché et commença à ranger avec l’aide de son amie aux yeux vairons. Elles finirent rapidement donc, se préparant ensuite pour reprendre la route.

« Prête. » répondit-elle.

Le paysage défila de nouveau. Mais cette fois la photographe préférait regarder le dos et la nuque d’Akira. Evidemment, la belle yakuza était devenu son paysage favori, définitivement. Elle remarqua cependant que le trajet durait plus longtemps qu’au départ et elle répondit à cette attention en resserrant son étreinte autour d’Akira. Une de ses mains passa sous le haut de cette dernière, caressant du bout des doigts ses abdos. Erelinn posa sa tête contre le dos de sa protectrice, fermant les paupières, sereine.

Quand elles arrivèrent devant le bâtiment résidentiel, la tatoueuse prit soin de la raccompagner jusqu’à sa porte, faisant preuve de galanterie en portant ses affaires. Décidément elle avait le don de la bichonner ! Erelinn aurait voulu sourire face à tant d’attentions mais quelque chose la chiffonnait encore. Il fallait se dire au revoir. Le sac à terre, plantées toutes les deux devant la porte de chambre d’Erelinn ; elles avaient l’air fines. Soudain Akira prit sa main, l’attirant contre son corps.
La chaleur du corps sculpté de la louve était agréable. Se revoir ? Quand ? Miss Hummingbird tentait d’y réfléchir mais dès que ses yeux se posaient sur Akira, elle oubliait tout, jusqu’à comment réfléchir.

*Gaaah Akira tu fais paître…Concentratioooon.*

La rousse décida de fermer les yeux pour réussir à répondre.

« Je… » échappa-t-elle de manière presque inaudible.

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que déjà la belle marginale s’empara de ses lèvres, l’embrassant avec une intensité d’une autre planète. Mais ce qui toucha encore plus la sulfureuse créatrice, ce fut sa manière de la serrer contre son être, comme si elle souhaitait ne faire qu’un avec elle. Comme si elle ne survivrait pas à cette séparation de courte durée.

« Je te promets que l’on se reverra vite » dit-elle à moitié étouffée dans le creux de son cou.

Elle pouvait bien se tuer en bloquant sa respiration cela n’avait pas d’importance. Elle était dans SES bras. Blottie contre SON corps. Et bien sûr, elle ne voulait pas que cela cesse. Mais il le fallait. Il le fallait, pour mieux savourer leurs retrouvailles. Sur ces mots elle poussa de son pied le sac derrière sa porte en l’ouvrant, restant sur le pas de porte pour ne pas s’éloigner d’Akira. Doucement elle passa sa main sur la joue de la louve d’argent, avant de la passer dans quelques mèches de ses cheveux, frôlant ses lèvres des siennes, laissant son souffle chaud caresser celles-ci avant de l’embrasser délicatement, puis passionnément. Elle rompit le baiser en levant ses yeux émeraude sur elle, son regard parlant à sa place.

« A très bientôt Aki-chan. Merci pour cette merveilleuse journée. Cela demeurera un de mes plus beaux souvenirs…Oh et surveille ton pas de porte dans la soirée. » glissa-t-elle en s’esquivant avec douceur, tenant encore sa main du bout des doigts.

Elle lui adressa un sourire des plus tendres avant de finalement lâcher sa main, refermant sa porte de chambre à contrecœur. Erelinn resta un moment contre la fichue porte, à écouter s’éloigner Akira, le cœur battant encore à pleine vitesse. Lentement, elle se laissa glisser le long de celle-ci, soupirant, quelque peu bouleversée de sa journée. Mais son sourire ne partait plus, flottant sur un nuage d’insouciance.