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Le thé aux fleurs de cerisier [PV Aliyah]

 :: Le Quartier des Loisirs :: Le Chashitsu
Lun 31 Mar 2014 - 20:33
Habituée depuis son plus jeune âge à changer constamment d'itinéraire pour rentrer de l'école, du collège ou du lycée, afin de briser la monotonie du trajet de retour chez elle qui, lorsqu'elle habitait en périphérie de Kyoto, la faisait suivre une même longue route rectiligne en semaine à chaque fin de journée, Ayako n'avait pas renoncé à cette manie au moment de sortir d'Okazaki, le principal établissement scolaire d'Étiopia. Quelle que soit la météo - car elle n'était ni frileuse, ni si soucieuse de son apparence au point de craindre d'essuyer quelques gouttes d'eau -, elle se laissait ainsi aller à rêvasser par les rues et les chemins de la ville après les cours, ne cherchant absolument pas à rejoindre au plus court sa chambre en colocation, même lorsqu'elle avait quelque devoir ou tâche à y faire qui occupait déjà l'essentiel de ses pensées, mais la gardant au contraire en ligne de mire un peu à la façon dont les marins en mer se fixent un cap; se disant par exemple:

*"Voyons, puisque j'habite au nord du lycée, après le parterre de jonquille c'est plutôt à droite; ici près de la bibliothèque il faut prendre à gauche... tiens, voici le grand magasin! je suis donc sur la bonne voie..."*

Cette navigation à vue ne requérait pas beaucoup d'attention de sa part et lui permettait de se délasser de toute la concentration dont elle avait dû faire preuve en classe durant toute la journée. Ses pensées vagabondaient exactement de la même manière que ses pas, et en cette belle fin d'après-midi encore toute parcourue des derniers frimas de l'hiver, qui semblaient s'enfuir en tourbillons et courants d'airs face aux premières manifestations du renouveau printanier, sous un soleil rasant les toits d'une belle lumière douce-orangée, elles tournaient tout particulièrement autour des magnifiques motifs floraux qu'elle avait vu dans l'un des ouvrages dont elle se servait afin de trouver des modèles de motifs à tricoter, ouvrage qu'elle avait consultée de manière tout à fait illégale sur ses genoux pendant un cours d'histoire-géographie qu'elle avait cru ne jamais devoir se terminer.


*Bientôt, toutes ces fleurs se seront épanouies, et je pourrais les regarder directement ici... Et ce sera la saison des vêtements plus légers! Je devrais essayer d'acheter du tissu fin pour broder dessus...Hein? Mais quelle est cette odeur?*

La jeune fille fut brusquement ramenée à la réalité par un entêtant parfum de fleurs de cerisier, dont elle ne parvenait pas à s'expliquer la provenance. Elle regarda tout autour d'elle les arbres le long du trottoir: de vulgaires platanes, certes bourgeonnants à l'approche du printemps, mais rien qui ne puisse évoquer la grâce des fleurs blanches ou rosées d'un beau cerisier. Elle allait se remettre en marche, lorsqu'elle remarqua une légère fumée blanchâtre qui s'échappait de la petite ruelle sur sa droite: un salon de thé! Sans plus réfléchir à ses projets de broderie, Ayako tourna rapidement dans l'étroit passage, et se trouva bientôt face à une superbe maison traditionnelle aux panneaux de bois sombres et laqués, située au milieu d'un jardin d'arbres et de galets et à laquelle on accédait par une allée recouverte d'arcs de lierre, qui conférait à l'endroit à la fois un côté intimiste et en même temps un réelle solennité, typique des établissements de thé japonais. La jeunne fille, éblouie par cette découverte, ne pouvait cependant se laisser longtemps distraire de l'odeur qui l'avait attirée jusque là; elle traversait l'allée au pas de course, toujours plus enivrée par les vapeurs pleines d'arômes qu'elle devinait presque à portée de main. Presque inconsciemment, elle avait déjà décidé de goûter ce délicieux thé aux fleurs de cerisiers, quel que soit son prix; et le fait qu'elle n'avait en réalité jamais véritablement pénétré dans une maison de thé traditionnelle ne pouvait certainement pas l'arrêter. Elle déposa selon l'usage son manteau dans l'entrée, et se déchaussa avec une promptitude qui ne fut pas sans surprendre la serveuse chargée d'accueillir les clients; surprise qui redoubla lorsqu'Ayako se dirigea presque en transe jusqu'à la table basse la moins occupée de la salle, où ne se trouvait installée qu'une seule jeune femme face à une large théière, dont la lycéenne avait instantanément compris qu'elle était la source du parfum qui l'avait tant marqué. S'asseyant sur les genoux, comme le veut la tradition dans un salon de ce genre, Ayako prit place à la table à une distance respectueuse de l'inconnue, dont la silhouette à la fois très adulte et d'une finesse extrême l'intimidaient. Elle chuchota à la serveuse, comme si elle avait peur d'être entendue:

"S'il vous plaît, le même thé que celui de la dame qui est assise à cette table... avec les fleurs de cerisier! Merci beaucoup!"

Lorsqu'elle vit la serveuse s'éloigner après avoir pris sa commande, Ayako poussa un léger soupir de satisfaction; mais elle le retint aussitôt en remarquant soudain que sa voisine la fixait de ses deux profonds yeux couleur de mer. Un frémissement incontrôlable parcourut tout la longueur de son dos à demi courbé, tandis qu'elle tentait de bafouiller:


"Madame... mademoiselle, pardonnez-moi je vous prie! J'ai commandé le même thé que vous... il sent si bon! Vous avez si bon goût de l'avoir choisi! Veuillez... je veux dire, pardonnez-moi si j'ai été impolie!"
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Ayako Tsubasa
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Ayako Tsubasa
Mar 1 Avr 2014 - 16:14

On me dessine, on me façonne. Je vous fascine, ça vous étonne...

Cette ville, irréelle, si personne ne la connait, n'est-ce pas que c'est un lieu où tout le monde est mort ? Mes gestes me faisaient déjà tourner la tête sur Terre, à présent, ils me pesaient. Des mouvements bien difficiles, une compréhension étrange de la réalité qui m'encerclait. Pourquoi dans cet endroit tout semblait-il me comprendre, les infirmières savaient qui j'étais, on s'attendait même à ma venue en ce lieu. À peine eus-je le temps de soupirer que l'on m'apportait déjà des clés, celles de ma chambre, dans l’hôtel de la ville alors que je n'avais rien pour payer à part les billets que j'avais emportés avec moi. L'air diminuait à force de ma respiration de plus en plus accélérée, qu'attendait-il donc pour m'enfermer ? *Et si, si j'avais une deuxième chance ?* Cette pensée même me tambourinait dans le crâne, surtout lorsqu'on me donna une lettre signée par la maire de l'endroit. Les premiers mots me choquèrent d'une telle force que je compris que ma vie ne seraient plus anodine : « Je vous ai fais porter cette lettre, car je sais pertinemment que vous ne rentrerez pas à l'hôtel, vous irez vagabonder. Demandez donc à l'infirmière de changer votre monnaie contre la notre [...] Bienvenue. »

Ma sortie de l'endroit m'étonna encore plus, une grande place qui pouvait être fréquentée par quelques filles. Oui, un village uniquement de filles, c'est ce que j'avais lu dans la lettre, mais pourquoi ? Qui plus est, on m'avait à nouveau donné mes anti-dépresseurs alors qu'ils étaient tout ce qu'il y a de plus illégaux. Mais, étrangement, mes pas se faisaient plus doux et mon air lui aussi se modifiait face à ce monde. Face à moi, je découvrais un panneau, une ville tellement grande, avec des choses que je n'avais jamais vu malgré mon exile transformé en voyage et en découverte. Mes yeux se baladaient partout, allant de lieux naturels à des magasins attrayants, mon regard s'arrêta bien évidement sur le salon de thé typiquement japonais. C'était quelque chose qui m'apaisait, peut être car j'avais découvert ça autrefois quand j'allais encore bien...

Tout le chemin me paru extrêmement long, il m'arrivait de me perdre, de ne pas comprendre où j'allais et comment tout ceci pouvait exister, c'était vraiment la plus grande question pour moi. Le soleil trônait dans le ciel, mais pourtant je n'aurais pas su dire quelle heure était-il. La ruelle du salon fut quelque peu difficiles à trouver, je cheminais de mon mieux, et l'image de l'endroit me fit un électrochoc dans la poitrine, je savais que les salons se ressemblaient souvent, mais là, les détails me brulaient la peau tant je me rappelais de souvenirs. Mon entrée dans la maison me fit retrouver des réflexes que je pensais avoir perdus et je décidais de choisir la table centrale, proche du sol, comme on l'avait souvent fait. J'appelais la serveuse d'un signe doux de la main pour que l'on me servent un thé, aux fleurs de cerisiers plus particulièrement pour la signification de ces fleurs.

Ce thé me permettait de réfléchir, d'appréhender le monde autour de moi. Si nous avions vécu ici, l'histoire aurait-elle pu être différente ? Je n'en savais rien, qui plus est, mes seules études me permettaient d'enseigner, ce que l'on me demandait dans la lettre. Comment allais-je faire si je commettais la même erreur ? Serai-je exclue de ce lieu, ou emprisonnée ? Puis, si cet endroit n'était pas plutôt une punition pour mes péchés et que ce n'était que la suite de ma vie solitaire, je ne savais pas, je ne savais plus. Alors que je réfléchissais tant, mes yeux semblaient s'accrocher à une pseudo agitation, faisant gesticuler la même serveuse que j'avais interpelé.

Sortant de mes pensées, j'observai la demoiselle qui s'était assise fasse à moi. Mes airs de rêveries s'étaient changé en un regard perçant, la fixant comme si j'essayais de percer son âme, je l'identifiai, l'analysai. Sensiblement normale, pas de signes distinctifs ne traduisait sa personne, de longs cheveux bruns en accord avec ses yeux. Je ne savais quoi penser d'elle et de sa façon d'être puis, elle commença à parler, à bafouiller plutôt. Instantanément, je relâchai mon regard devenu bien trop insistant, et je me focalisai sur ce qu'elle me disait. Ses paroles ne reflétaient pas une méchanceté particulière et son attitude même semblait plutôt hésitante et curieuse, je pouvais donc me permettre de me montrer normalement.

Je retrouvais un regard adouci et je détendais mon corps qui s'était transformé en vrai ressort pour m'adresser à elle.

« Ne vous excusez pas, je suis l'unique fautive. J'ai réagi par un mouvement de renfermement, rien de très accueillant. Je suis heureuse que vous aillez commandé le même thé que moi, j'espère qu'il vous plaira. »

Lorsque la serveuse revint avec le thé de la demoiselle, je me permis de l'interpeler à mon tour, lui tendant un peu d'argent local en signe de paiement pour la jeune inconnue. Elle me semblait bien jeune malgré tout, bien qu'elle puisse s'occuper d'elle même, maintenant que j'allais travailler, je n'avais nullement besoin de cet argent.

« Je me présente, Aliyah Smark, vous pouvez m'appeler Liya si cela vous chante. Quel est votre nom ? »

J'espérais qu'elle ne me connaitrait pas, qu'elle ne connaisse pas mon crime et mon passé. Puis après quelques secondes, je réalisais qu'elle risquerait plutôt de me connaitre par le mot donné aux élèves de l'académie locale - au vu de l'âge qu'elle semblait avoir- disant que dès le lendemain, il y aurait un cours d'anglais littéraire pour tous les élèves afin qu'ils choisissent ou non la matière. Soudainement, je me sentais stupide et espérait que tout se passe bien.

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Aliyah Smark
Mer 2 Avr 2014 - 21:14
Ayako s'était sentie tressaillir jusqu'au plus profond d'elle-même lorsque la jeune femme l'avait fixée de ses yeux océaniques. C'était comme si l'on cherchait à scruter en un regard toute l'étendue de son âme; une sensation étrange, non pas tellement désagréable, mais plutôt poignante - une sorte de coup de poignard adressé à cet écorce d'apparence dont chacune peut se sentir obligé de se revêtir sitôt qu'elle paraît en société. Puis d'un seul coup cette étreinte visuelle s'était détendue, sans que la lycéenne n'ait vraiment eu le temps de réaliser ce qu'il venait de se passer.

"Ne vous excusez pas, je suis l'unique fautive. J'ai réagi par un mouvement de renfermement, rien de très accueillant. Je suis heureuse que vous aillez commandé le même thé que moi, j'espère qu'il vous plaira."

Ayako se serait presque pincée pour être sûre de croire à ce qu'elle venait d'entendre. Le changement d'attitude était si brusque, et surtout le reproche qu'elle s'adressait à elle-même s'avérait si précis et en même temps si violent - après tout, pour la jeune fille, c'était plutôt elle qui s'était montrée impolie en s'adressant à l'avenant à une cliente qui désirait vraisemblablement demeurer assise seule, et surtout en commandant le même thé qu'elle sans savoir véritablement de quoi il s'agissait - qu'elle se sentie toute ébranlée de l'intérieur, aux prises avec une forte émotion qu'elle avait du mal à contrôler. Ses parents à la campagne l'auraient peut-être battue pour avoir manqué ainsi à l'étiquette traditionnelle en présence d'une adulte; et voilà que l'adulte en question s'accusait elle-même dans ce cas précis, tout en exprimant sa satisfaction de voir la lycéenne avoir fait le même choix qu'elle.

"C'est pour les fleurs, leur odeur et ce symbole printannier..."


Ayako demeura un instant interdite. Elle avait vu son interlocutrice appeler la serveuse et payer pour elle; et bien qu'elle ne sache à nouveau pas véritablement comment interpréter ce geste subit, elle se sentit brusquement de nouveau mal à l'aise, tandis que la jeune femme déclinait son identité:

"Je me présente, Aliyah Smark, vous pouvez m'appeler Liya si cela vous chante. Quel est votre nom ?"


La nouvelle professeure d'anglais littéraire! Comme toutes les élèves de sa classe, Ayako avait été informée de son arrivée prochaine au lycée; et sa confusion redoubla de plus belle avec cette nouvelle pour le moins inattendue.

"Je... je suis Ayako Tsubasa. Vous... je veux dire, je suis l'une de vos futures élèves."

Ayako parlait d'une voix inégale, mais totalement dépourvue d'animosité. En fait, toute la scène lui semblait déjà se produire dans une sorte de rêve: d'abord ce parfum entêtant des fleurs de cerisier, puis la magnifique maison de thé aux panneaux de bois sombres, et à présent une professeure du lycée, qui plus est fine et élégante, se trouvait attablée auprès d'elle et l'invitait à prendre une tasse sur ses propres deniers... Il sembla à la jeune lycéenne qu'il serait absurde de protester, tant le risque paraissait grand de rompre subitement le sortilège qui l'avait conduite à tant de petits miracles en cette fin de journée. C'est pourquoi elle ajouta d'une voix timide:

"Je... je ne suis pas vraiment sûre de mériter ce thé que vous m'offrez avec tant de bonté... Je ne suis pas une très bonne élève, surtout en anglais! Même si j'aime entendre lire des poèmes... dans une langue étrangère, il est plus facile de faire attention au rythme des mots, comme dans une chanson, ou même une berceuse... c'est comme lorsque je brode au fond!"


S'apercevant soudain de son brusque enthousiasme au moment de parler de sa propre passion, Ayako rougit fortement et se couvrit à demi la bouche de sa petite main effilée.


"Pardonnez-moi... Je suis souvent une idée qui me passe par la tête, et j'en oublie d'être polie! Vous plaisez-vous à Étiopia? La nature sera si belle ici dans quelques jours! Tous les bourgeons vont éclore!"
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Ayako Tsubasa
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Ayako Tsubasa
Jeu 3 Avr 2014 - 0:15

Ainsi la jeune femme serait bien l'une de mes élèves, je ne m'étais pas trompée sur son âge. Son prénom, Ayako, surement une jeune femme d'origine asiatique, du moins je le présumais. Mais sa réponse me semblait chargée de malaise, ce n'était pas dur à sentir, en même temps, une élève était rarement à l'aise avec son professeur. Cependant ce malaise traduisait comme une pointe de timidité ce qui n'était pas pour me déplaire... À l'instant où j'eus cette pensée, je me sentis rougir et mourir de honte en repensant à mon passé. C'était une très belle jeune fille, mais ce devait être mon élève et donc, je devais juste écouter la raison de la vie qui ; je m'arrêtai à nouveau de penser en entendant tinter sa voix aiguë dans ma direction.

De la confusion, des excuses et des révélations. Un brin de légèreté et surtout une assurance involontaire au fil de son petit discours ce qui la rendait totalement charmante et intéressante. Ce devait être une fille très intelligente auparavant et bien plus maintenant, puisque ce village est censé être une sorte de refuge pour sauver des femmes, je me demandais ce que celle-ci avait pu subir. Ou faire subir, comme moi. Ce qu'elle dit me toucha particulièrement, elle parlait de poème, la chose que je préférai lire et faire étudier, car n'y a-t-il pas plus grande place à l'imagination qu'avec quelques vers et beaucoup de sous entendus ? Puis, elle continuait à parler, comme si une autre personne s’insufflait en elle, une femme sans gênes et pleine d'assurance. Ayako me parlait de couture à présent, comment ses yeux pouvaient pétiller, aimait-elle tant cette activité ?

Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire, pas moqueur, mais plutôt doux, compatissant, admiratif aussi, car elle semblait si passionnée. Au même instant, la demoiselle se recouvrait la bouche comme pour se faire taire et prenait une teinte légèrement plus rosée, était-elle gênée de me parler de cela ? Je ne comprenais pas, je me contentais donc d'écouter si elle avait encore des mots à me partager. Elle se confondrait presque en excuse pour si peu, pourquoi donc pouvait-on se taire lorsque ce que l'on dit nous rend bien plus beau, rayonnant même.

Je me levais doucement, prenant ma tasse, pour venir m'installer à côté d'Ayako. De la même façon que je m'étais redressée, je prenais mon temps pour m'asseoir, reposer mon thé délicatement, puis pour poser calmement ma main sur celle de la demoiselle en souriant.

« Est-ce impolie ce que je fais en ce moment d'où vous venez ? Je pense bien que oui, pourtant je ne trouve pas tant cela impolie. Ne vous excusez pas de ce que vous êtes et de ce que vous dites Ayako, j'aurais été ravie d'écouter ce que vous avez à me dire sur vos broderies. Ça m'a tout à fait l'air d'un sujet de discussion fort intéressant. »

Je retirais doucement ma main pour lui laisser sa propre liberté. Suite à ce mouvement, je me contentais de boire une gorgée de ma boisson, cherchant une réponse destinée à la question de cette charmante demoiselle, sans pour autant l'effrayer. Quand celle-ci me vint, je crois que j'attendais surtout de voir sa réaction, j'attendais de l'entendre me parler à nouveau avec un sourire et une liberté tout à fait normale.

« Pour ce que j'ai pu en voir, je pense que cet endroit va me plaire, sauf si ce n'est qu'un piège pour bloquer les âmes qui méritent d'être punies. Je suis arrivée hier, comme une gentille somnambule que je fus, tout ici est trop parfait. Un peu comme vous. »

Je lui décochais un clin d’œil amusé, n'attendant même pas de voir sa réaction pour savoir que ce serait certainement de la gêne. Autrefois, j'étais comme cela, voir même bien pire. Si j'avais du subir cela, je me serais transformer en une espèce de poupée de chiffon totalement flasque et incapable de me déplacée. Pourtant, la tentation de taquiner une demoiselle était là, elle ne m'en voulait pas comme tous ceux qui m'entouraient et cela me permettait de vivre, libérée.

Suite à cela, voulant la détendre à nouveau et écouter une autre de ses histoires, je repartais dans l'une de mes questions.

« Vous êtes donc couturière, cela fait longtemps ? Vous vous faites vos propres vêtements ? Si oui, j'aimerai tellement voir vos créations. Je... Tu sais quoi, on devrait se tutoyer, ce serait beaucoup plus agréable, puis on ne risque pas grand chose. Mise à part si on ne le fait pas ! On pourrait mourir de regrets ! »
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Aliyah Smark
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Aliyah Smark
Ven 4 Avr 2014 - 20:30
Lorsque Aliyah se leva pour venir s'asseoir auprès d'elle, toute la confusion qui habitait Ayako s'enfuit presque miraculeusement, tant était naturelle la façon dont la jeune femme avait accompli ce geste - sans ostentation et sans frémir, avec une grâce innée dont même le plus précis mouvement de danse classique ou moderne aurait eu du mal à se rapprocher. Tandis qu'elle reposait son thé devant elle, sa tasse tinta légèrement sur la table comme un métal ancien; et la jeune lycéenne fut à peine surprise de sentir sa belle main déliée venir se poser délicatement sur la sienne, avec une douceur apaisante qui dans le même temps semblait contredire la solennité frappante avec laquelle son interlocutrice l'avait tout d'abord dévisagée au moment de son arrivée. Et pendant que cette dernière la rassurait sur ce qu'elle avait cru dans un premier temps représenter un manquement grave à l'étiquette japonaise, particulièrement sévère dans sa manière de régir les rapports entre adultes et adolescents, qui plus est s'ils se trouvent dans une relation de maître à élève, Ayako, les joues en feu, se laissait peu à peu ravir par l'aura étrange et fascinante qui émanait de sa future professeure; comme si ses paroles, mêlées à la beauté du lieu dans lequel elles se trouvaient et au parfum entêtant des fleurs de cerisier, lui rappelaient un discours intérieur qu'elle se serait un jour elle-même tenu, un peu à la façon dont à l'écoute d'une musique qui émeut aussitôt, on peut avoir immédiatement l'impression de l'avoir toujours connue.

"Pour ce que j'ai pu en voir, je pense que cet endroit va me plaire, sauf si ce n'est qu'un piège pour bloquer les âmes qui méritent d'être punies. Je suis arrivée hier, comme une gentille somnambule que je fus, tout ici est trop parfait. Un peu comme vous."


La jeune lycéenne avait à peine saisi le sens de ces paroles, tant il lui semblait impossible qu'elles lui fussent véritablement adressées: c'est pourquoi elle les reçut exactement de la même manière que la subtile pression qui s'était un instant exercée sur sa main; c'était une familiarité douce, instinctive, qu'elle ne parvenait pas à s'expliquer, et qui rendait évidente cette manière plaisante de s'exprimer - de même qu'elle rendait lumineuse la gêne fascinée d'Ayako, tout entière suspendue à la voix souple et au sourire incroyable de son interlocutrice.

"Vous êtes donc couturière, cela fait longtemps ? Vous vous faites vos propres vêtements ? Si oui, j'aimerai tellement voir vos créations. Je... Tu sais quoi, on devrait se tutoyer, ce serait beaucoup plus agréable, puis on ne risque pas grand chose. Mise à part si on ne le fait pas ! On pourrait mourir de regrets !"


Ayako ouvrit la bouche pour répondre, mais à sa grande surprise, aucun son ne put parvenir à en sortir; prise de panique à l'idée de briser un aussi beau moment, dont elle ressentait l'ivresse au point presque d'en défaillir, elle avança instantanément sa main vers sa tasse de thé - mais alors qu'elle cherchait ainsi à se donner une contenance, le simple fait de regarder Aliyah droit dans les yeux lui fit oublier toutes ses craintes; et dans un grand éclat de rire, elle lui dit d'une voix presque chantante:

"Voilà l'effet de tant de compliments! Et mourir de regrets, je le veux surtout pas... en tout cas pas en ta compagnie, cela semble impossible!"


La jeune lycéenne sentit distinctement une véritable boule se nouer au creux de son ventre. Non seulement elle n'avait jamais parlé de la sorte à une adulte, mais en plus elle avait pris la très forte habitude depuis que des bruits avait commencé à courir sur ses préférences sentimentales dans son ancien lycée en périphérie de Kyoto de ne jamais exprimer si clairement ce qu'elle ressentait à l'égard et devant une autre fille ou femme, de peur de devoir subir pendant des semaines les ragots de ses camarades de classe, quand bien même de telles déclarations n'aurait rien que de très innocent. Et voici que face à Aliyah, et alors même qu'elle avait continué à observer cette règle à Étiopia, dans ce monde exclusivement féminin où les relations qui étaient considérées comme coupables dans ces lieux de son passé semblaient tolérées et même constituer la règle la plus partagée, ce réflexe brusquement tombait, et la laissait tout entière tout aussi euphorique que désemparée. Fouillant maladroitement dans son sac déposé à ses pieds, elle en tira deux fines mitaines en dentelle pâle, qu'elle avait agrémentées de broderies compliquées à la faveur de son ennui durant les heures de classe consacrées aux mathématiques et autres sciences exactes pour lesquelles elle se sentait à vrai dire assez mal disposée:

"Regarde, je les ai brodées pendant les heures de cl.. je veux dire, je viens de les terminer!"

Retrouvant brusquement une assurance presque professionnelle, Ayako déposa les mitaines le long des avants-bras d'Aliyah, de manière à les faire exactement coïncider avec la forme de ses mains et de ses doigts, le motif floral en dentelle venant s'enrouler autour de son poignet comme du lierre, avant de s'épanouir sur ses phalanges en longs pétales de rose entremêlés.

"C'est incroyable, elles sont exactement à ta taille... comme si je les avais faites pour toi, avant même de te rencontrer! Je te les offre!"

Tout à son enthousiasme, Ayako en avait presque oublié le statut de son interlocutrice; et c'est à nouveau en relevant ses yeux vers son beau visage entouré de mèches claires qu'elle fut soudain prise d'une peur panique d'avoir agi de manière déplacée:


"Je... je suis désolée si je suis aussi prompte, en général je ne réfléchis pas trop avant d'agir... Liya, c'est incroyable comme vous... comme tu es gracieuse dans le moindre de tes gestes... Ta manière de prendre cette tasse de thé par exemple, c'est exactement comme dans les cérémonies de l'ancien temps, plein de retenue et en même de temps d'assurance mêlée... Je ne crois pas que tu sois japonaise, mais tu le fais mieux que tous les japonais que je connais! Si seulement je pouvais tisser et tricoter avec autant de légèreté, je ferais les plus beaux modèles!"

La jeune lycéenne baissa les yeux en signe d'humilité, comme si son attitude ne pouvait faire autre chose que de confirmer ce que les mots seuls étaient impuissants à exprimer. Ses propres mains s'étaient rapprochées de sa poitrine, imperceptiblement.

"Lorsque je fais des vêtements, je ne pense au résultat que comme à un moyen d'approcher autre chose... quelque chose comme de la joie pure, une source qui seraient comme cachée dans le modèle à suivre et les gestes à accomplir... une source qui jamais ne tarit."

Elle était presque sur le point de pleurer lorsqu'elle ajouta:


"Je ne te connais pas encore, mais je suis sûre que tu peux me comprendre..."
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Ayako Tsubasa
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