Due sorelle [PV Rosie]

C'est dingue ce que j'ai pu être sur les nerfs, ces derniers temps. Je ne savais même pas pourquoi... Pour essayer de me détendre, je suis allé aux sources chaudes, et ça a plutôt bien marché. Et puis de vieux démons ont resurgis du passé, et je suis allé picoler en discothèque comme je le faisais avant. J'ai compris au bout de quelques jours la possible source de cette anxiété. En effet, cela faisait plusieurs jours que je n'avais pas pu avoir de nouvelles de Rosie. J'ai essayé de refouler ça dans un coin de ma tête pour ne pas trop la coller, le temps qu'elle fasse le tri et qu'elle s'habitue à sa nouvelle vie sur la colline, et même à Etiopia, mais je ne pouvais m'empêcher d'être inquiète pour elle. J'ai donc décidé d'aller la chercher à l'improviste pour l'emmener manger un bout au restaurant et passer du temps en ville, histoire de discuter un peu avec elle. Ça ne peut pas lui faire de mal. Au contraire, la laisser isolée trop longtemps serait plutôt mauvais pour son équilibre. Je veux surtout pas laisser cette petite souffrir comme moi j'ai souffert dans mon enfance.
J'ai pensé que le restaurant italien, c'était bien pour un diner en tête à tête avec une petite puce de son âge. Ca m'a amusé, car la serveuse, en s'adressant à Rosie au moment de prendre les boissons, a fait une référence à moi comme étant sa soeur, et sur son visage cela se voyait qu'elle pensait vraiment que Rosie et moi étions de la même famille. Je n'ai rien dit pour réfuter, car j'ai trouvé ça amusant. Je me suis contenter de sourire, et la fille est partie nous chercher nos boissons. Je regarde la petite et lui pose alors la question qui me brûle les lèvres:

"Alors, tout se passe bien?"

Je penche la tête sur le côté, lui sourit, et puis je tapote doucement le haut de sa petite tête blonde avec le menu léger du restaurant.

"Tiens, regarde ce qu'ils servent et commande ce que tu veux..."

La petite fille s'était plus au moins rapidement fait à la vie d'Etiopia où très bizarrement il n'y avait aucun papa ici. Elle s'était montré forte comme elle l'avait promit à Félicia et n'avait pas beaucoup pleuré depuis. La fillette avait été prise en charge par une pédo-psychiatre qui l'aidait à faire son deuil et à lui expliquer pourquoi elle était ici.

Rosie jouait tranquillement avec les autres enfants et les éducatrices lorsqu'elle vit Félicia entrer, elle lui fit un grand sourire en lui bondissant dans les bras heureuse de la revoir. Elle l'a suivi volontiers hors de la garderie trop heureuse de pouvoir se balader avec la jeune femme qui lui avait sauvé la vie. Elles entrèrent dans un restaurant, Rosie avait l'habitude d'aller au restaurant avec ses parents et elle se tenait très bien à table.

La serveuse en question se baissa à sa hauteur pour lui dire "tu peux commander ce que tu veux mon petit chou...elle est mignonne, c'est votre petite sœur ? Elle vous ressemble!" Dit-elle attendrie par la petite fille qui plaçait d'or et déjà sa serviette sur ses genoux pour ne pas se tâcher.

Félicia lui posa une question, elle voulait savoir comment elle allait et la fillette répondit sincèrement " oui grande sœur, je vais bien je me suis faites des amies et les éducatrices sont gentilles et j'ai aussi des rendez-vous avec une pédophyshchiatre" la petite avait volontairement appelée Félicia grande sœur, mais n'arrivait pas du tout à dire l'intitulé qu'avait la femme qui l'aidait et elle ajouta "elle me fait peur, elle veut toujours tout savoir et elle m'a dit que j'étais trop gâtée et que je devais me débrouiller comme une grande!"

Rosie analysa le menu et lorsque la serveuse vint prendre les commandes elle l'informa de sa décision "je souhaiterais commander des pâtes à la Carbonara s'il vous plaît!" La petite était toujours polie envers tout le monde, c'est que ses parents l'avaient bien élevé.

Et vas-y que je te mette une petite serviette sur les genoux, et que je commande comme une grande mon plat en étant très polie avec la dame...C'est dingue ce qu'elle est bien élevée cette gamine. Je me rappelle que moi, à son âge, j'étais une petite sauvageonne. Je ne m'exprimais pas très bien, j'avais même un léger retard de langage. Quand je commandais au restaurant, je montrais du doigts le truc que j'avais mis 5 bonnes minutes à déchiffrer. C'est la classe, et c'est très flatteur, de trainer une gamine comme elle dans un restaurant. D'ailleurs c'est la première fois que je vois une gamine de son âge bien se tenir dans un restaurant.

J'ai commandé une pizza reine, et j'ai écouté son récit.
Elle a joué le jeu de la serveuse, et elle m'a appelé grande soeur. C'est encore plus valorisant pour moi. Je souris pour moi même, la regardant.
Si ma présence peut l'aider à remonter la pente plus facilement... Quelque part, elle aussi elle m'aide à sa façon. Elle est comme un grand bol d'air frais après dix neuf ans sous la pollution.

" oui grande sœur, je vais bien je me suis faites des amies et les éducatrices sont gentilles et j'ai aussi des rendez-vous avec une pédophyshchiatre"

Je hoche la tête, approuvant ce qu'elle me dit, même si honnêtement je n'accroche pas trop avec les psy et tout. Elle me fait pouffer de rire. Elle a du mal à dire le nom. Je le décortique pour le lui apprendre, patiemment:

"Pé-do-psy-chiatre."

Mais il s'avère que cette professionnelle ne m'inspire rien de bon d'entrée de jeu, et pas seulement à cause de tous les préjugés (vérifiables) que j'ai sur ces incompétents de psy-quoi-que-ce-soit.

"elle me fait peur, elle veut toujours tout savoir et elle m'a dit que j'étais trop gâtée et que je devais me débrouiller comme une grande!"

Je fronce les sourcils et lâche d'instinct:

"Elle est stupide et elle raconte des conneries. Si elle t'embête trop, tu me le dis, j'irais lui dire deux mots."

Je repense alors au petit truc que je lui avais promis et change donc de sujet.

"Oh, j'oubliais." je farfouille mon sac à dos et en sors une petite pochette rose avec un dessin de petits chatons dessus qui contient un téléphone portable. Je le lui tend.

"C'est pour toi. Dans le répertoire, il y a mon numéro pour que tu puisses m'appeler si jamais t'as besoin. Tu en prends soin, d'accord? Enfin, je te fais confiance, t'es une grande fille."

Je m'enfonce dans mon siège, regarde autour de nous.

"Tiens, tu sais quoi? J'ai trouvé du travail à Etiopia. Je suis infirmière maintenant. Tu pourras venir me trouver là aussi si c'est une urgence."

Cela éveille une question en moi.

"Tu sais ce que tu veux faire comme métier quand tu seras grande?"

La fillette posa ses grands yeux verts sur Félicia assise en face d'elle et répéta le mot qu'elle avait écorchée "Pédopsychiatre" elle voulait parler correctement, comme ses parents le lui avaient apprit. Hélas, le ton de Félicia n'était as très amical lorsqu'elle parla de la professionnelle qui avait prit en charge la petite fille. D'ailleurs, Rosie la regarda bouche-bée presque outrée par les mots qu'elle avait employé et elle dit en fronçant les sourcils "tu as dis des gros mots Félicia" Elle avait prononcé cette phrase en bougeant l'index de haut en bas comme l'aurait fait une grande personne pour faire comprendre à un jeune enfant qu'il ne devait pas avoir ce genre de langage malpoli.

Rosie regarda intéressée et curieuse Félicia qui semblait faire de grande recherche dans son sac. La fillette pensait que les adultes avaient toutes un grands sac pour y cacher de grosses surprises, elle était bien loin de s'imaginer que dans un sac de filles, il y avait plus souvent de tout et de rien que d'agréables surprises.

Rosie se saisit de la pochette rose avec deux adorables chatons qui font un câlin et demanda un peu surprise "c'est pour moi ? Pour toujours ?" La fillette étira ses lèvres roses dans un sourire heureux comme-ci ce qu'elle tenait au creux de ses mains avec autant de prudence était un présent magnifique et très rare, un cadeau si précieux qu'elle avait peur de le briser en morceau. Elle ouvrit avec bonheur la pochette pour découvrir un portable et hocha la tête en le regardant sous toutes les coutures en demanda "je dois appuyer où ?"

La serveuse arriva entre temps en posant leur assiette devant les deux filles et Rosie réagit positivement à l'annonce de sa grande "soeur" en s'exclamant d'une voix enjouée "super alors tu sauves des vies ? Une fois j'ai été à l'hôpital avec ma maîtresse de maternelle parce qu'un garçon m'avait poussé et que je m'étais ouverte le genoux, je pleurais après maman et une infirmière est venue me soigner et j'ai rien senti et même qu'elle a dit que j'étais une petite fille courageuse !"

Félicia lui demanda quel métier elle voudrait faire quand elle serait grande et la petite fille répondit "quand je serais grande je voudrais faire comme ma maman et avoir le plus beau métier du monde, je voudrais être maman ! J'irais chercher un papa et puis ensemble on irait dans le champs de rose pour choisir notre bébé !" Rosie était encore bien naïve et ce même si sa vie avait prit un tournant décisif elle ajouta une petite anecdote "ma maman, elle m'a raconté que papa et elle, ils avaient dû attendre longtemps avant de trouver la bonne rose et de me prendre parce que maman avait eu deux roses fanées avant que la mienne s'ouvre."

Rosie baissa la tête et ajouta "je suis triste parce que comme maman est montée au paradis, la rose de mon petit frère elle a fané puisque personne ira le chercher !"