Ascension aquatique [PV Nadeshiko] [Abandonné]

Mar 1 Avr 2014 - 22:58

Véronique ouvrit les yeux et se releva. Le portail était derrière elle et on pouvait encore voir l'eau de l'autre côté avant qu'il ne devienne intangible. La jeune femme était trempée mais pas de façon excessive ce qui la rendait frigorifiée mais pas indécente. Vu de l'extérieur on pouvait aisément penser qu'elle était tombée à l'eau de façon accidentelle, qu'elle n'avait pas tenté un acte désespéré. Et pourtant c'était le cas et l'envie d'en finir n'avait pas totalement quitté son esprit.

La rescapée essaya de repenser à ce qu'il venait de se passer mais était tout embrouillée. Qu'avait-elle fait exactement ? Elle toussa un peu pour rejeter par réflexe de l'eau qu'elle aurait avaler, mais cela n'arriva pas car elle n'en avait pas besoin. Encore plus intriguée elle avisa autour d'elle à la recherche de repères, mais tout lui parut irréel et elle en déduit qu'elle était réellement arrivée au Paradis. Que ce portail était en réalité un tunnel ou un truc du genre, comme raconté dans les films ou les magazines.

Euh ... il y a quelqu'un ? demanda-t-elle timidement au cas où.

Elle commença alors à avancer lentement, sans destination particulière. De plus en plus réceptive à son environnement la survivante se mit à penser qu'elle se plairait bien en cet endroit, bien qu'elle n'attendit plus rien de son avenir. Elle était totalement ignorante de la particularité de l'île, mais quelque part en elle Véronique se mit à ressentir une sensation d'apaisement étrange. Comme si elle n'était pas si morte en fait. Elle se mit même à espérer de nouveau, à croire que tout fut possible. Restait plus qu'à faire des rencontres !

Mer 2 Avr 2014 - 11:17

Troisième jour à Etiopia. Sur la place centrale, tout était calme. Les oiseaux chantaient le printemps et le vent soufflait à travers le feuillage des arbres. Une mélodie très naturelle... agrémentée de divers bruits métalliques, pas particulièrement forts, mais clairement audibles dans ce lieu paisible.

Aujourd'hui était un dimanche, jour de repos pour la plupart des habitantes d'Etiopia qui en profitaient certainement pour se détendre et s'amuser. Nadeshiko, elle, avait préféré consacrer son dimanche à la réparation de son van qui était toujours sur la place centrale, près du platane où il s'était écrasé, deux jours plus tôt (il en avait été délogé depuis). Après une inspection minutieuse, le véhicule s'était avéré un peu moins amoché que le pensait sa propriétaire. Hormis quelques pièces à remplacer, le moteur était globalement intact. Le plus gros des réparations concernait la carrosserie, en particulier à l'avant. Bref, rien que Nadeshiko ne pouvait arranger. Se procurer les pièces et l'équipement nécessaire avait été étonnamment facile, et ce coin de la place centrale avait tôt fait de se transformer en garage provisoire en plein air. Très rapidement, Nadeshiko avait retrouvé une apparence plus fidèle à elle-même: la peau et les vêtements couverts de taches de cambouis.

*Splash!*

Splash?! Nadeshiko sortit la tête de sous le capot de son van pour regarder en direction de ce bruit. Elle vit alors le portail ouvert sur... un mur d'eau?... ainsi que quelques poissons nageant dedans. La vision ne dura qu'un instant avant que le portail ne se referme. À quelques pas devant lui, au milieu d'une grosse flaque d'eau se tenait une femme aux cheveux noirs, visiblement toute trempée, toussant comme si elle avait manqué de se noyer. Une nouvelle arrivante au village. Nadeshiko alla à sa rencontre au moment où celle-ci appelait à l'aide.

« Ça va aller?» demanda-t-elle par réflexe avant de se rendre compte que la pauvre femme tremblotait de froid. « Ah, on dirait que non. Venez, on va vous réchauffer un peu. » l'invita-t-elle en la dirigeant vers le van pour l'asseoir sur son plancher. Elle alla ensuite fouiller dans un compartiment du véhicule et revint avec une couverture qu'elle enveloppa autour de l'autre jeune femme. « Tenez. Ce n'est pas vraiment un temps pour faire trempette, surtout toute habillée. » dit-elle en lui frottant vigoureusement les bras pour la réchauffer un peu plus.

Jeu 10 Avr 2014 - 22:44

Véronique fut étonnée de trouver aussi rapidement une forme de vie dans les parages. La jeune femme qui alla à sa rencontre ressemblait à un genre de sauvageonne, avec des habits un peu sales. Rassemblant ses esprits elle réalisa qu'elle devait être un genre de mécano car il s'agissait de tâches de cambouis. Ou d'essence, elle ne savait pas trop.

Euh, bonjour. répondit-elle maladroitement. Le portail était déjà loin derrière elle dans ses souvenirs, submergée par les informations contradictoires que lui envoyaient son esprit: morte ? Pas morte ? Humaine ? Poisson ? Délire à cause de la noyade ? Mais elle n'eut pas le loisir de réfléchir plus longtemps car une vive toux soudaine la sortit de sa réflexion de façon fort désagréable. C'est donc avec un regard qui en disait long sur sa reconnaissance qu'elle accepta l'aide de l'inconnue.

Je m'appelle Véronique ... poursuit-elle tout en la suivant à l'intérieur du véhicule. Elle prit ensuite la couverture tout en continuant de détailler Nadeshiko. Ainsi réchauffée elle se sentit un peu plus à l'aise pour répondre aux questions. Je n'ai pas vraiment réfléchi ...

Véronique croisa brièvement le regard de sa secouriste. Craignant d'y transmettre sa détresse elle se détourna immédiatement. Etait-ce réellement utile de lui dire ? Il ne fallait pas donner une mauvaise impression. Elle se força à sourire et compléta donc sa phrase: Merci infiniment. L'eau était plus profonde et remplie de surprises, je ne m'y attendais pas du tout. Quel est cet endroit ? Un parc souterrain ? J'ai traversé un dôme, c'est ça ?

Ses yeux croisèrent de nouveau la réparatrice. Non, elle ne pouvait être qu'humaine et réelle. C'était une excellente nouvelle. Ce n'était peut être pas le Paradis, mais elle était là pour une raison. Un léger pincement au cœur lui rappela pourquoi elle en était rendue là. Mais ce lieu lui offrait peut être la chance de redémarrer une nouvelle vie, elle le ressentait de plus en plus.

Sam 12 Avr 2014 - 8:06

La précédente remarque de Nadeshiko avait été dite sur le ton de la plaisanterie, histoire de détendre un peu cette jeune femme. Si cela avait marché, Véronique, comme elle affirmait s'appeler, n'en montra aucun signe. Elle avoua ne pas avoir réfléchi avant d'avoir plongé dans cette eau. Pendant une fraction de seconde, une paire d'yeux couleur émeraude firent face à ceux de Nadeshiko, avant de se détourner à la hâte. Il y avait certainement une histoire derrière ce plongeon, mais la demoiselle n'avait visiblement pas envie d'en parler, affichant un sourire forcé... Bon, après tout, chacune avait ses raisons en arrivant ici, alors Nadeshiko n'insista pas davantage.

Pendant qu'elle allait à l'avant du véhicule pour y récupérer un mug isotherme, Véronique exprima sa surprise de s'être retrouvée dans cet endroit alors qu'elle était précédemment dans un milieu aquatique. Elle chercha d'ailleurs à savoir ce qu'était exactement cet endroit, lançant une ou deux hypothèses. « Ni l'un, ni l'autre. Nous sommes dans un village appelé Etiopia, » annonça-t-elle tout en revenant vers Véronique pour lui tendre le mug maintenant ouvert et à moitié rempli de café noir (sans sucre) encore chaud. Elle continua ensuite son explication: « Mais, je ne sais pas grand chose de ce village. Je suis arrivée il y a seulement deux jours, alors je découvre encore. Tout ce que je sais pour l'instant, c'est que ce portail peut apparaître n'importe où sur Terre, même sous l'eau ou dans les airs, et emmène des personnes ayant besoin d'un nouveau départ. Uniquement des femmes et des filles. Pas un seul, membre de la gente masculine. »

Nadeshiko marqua un temps d'arrêt, juste le temps à Véronique d'assimiler ce flot d'informations. Bon, en fait pas vraiment: c'était juste pour reprendre son souffle. Oui, Nadeshiko était très loquace, mais même elle ne pouvait pas parler indéfiniment. Elle reprit finalement: « Je sais aussi que l'on ne peut pas repartir d'ici, non pas que j'ai essayé. Cela dit, les femmes qui arrivent ici n'ont, à priori, aucune raison de vouloir repartir. Bref, vous êtes coincée ici. Mais n'ayez crainte: du peu que j'ai pu voir jusqu'à présent, Etiopia est un endroit très sympa et il y a tout ce qu'il faut ici pour vivre confortablement. » Nadeshiko accompagna sa dernière affirmation d'un sourire confiant.

Puis une pensée lui traversa l'esprit. « Avec tout ça, j'en oublie mes manières. Je m'appelle Nadeshiko. Minamoto Nadeshiko, pour vous servir, » se présenta-t-elle en s'inclinant brièvement. « En tout cas, c'est surprenant: vous parlez japonais à la perfection. Vous avez vécu au Japon? » demanda-t-elle à Véronique.

Mer 16 Avr 2014 - 21:50

Nadeshiko avait la délicatesse de ne pas essayer de comprendre ce qui avait poussé Véronique à plonger. Bien que ce fut involontaire, le fait de ne pas comprendre la blague avait visiblement contribué à un certain malaise contagieux qui avait permis ainsi d'épargner à la jeune femme des explications douloureuses pour le moment.

Cela n'empêchait toutefois pas la rescapée de montrer des signes de reconnaissance, en particulier pour la couverture, qu'elle tint contre elle de façon assez serrée. Pendant qu'elle acceptait le mug offert par la mécanicienne, Véronique écoutait attentivement les réponses qui lui étaient fournies. Un genre de village magique, c'est ça ? Curieux qu'elle refuse les hommes, quelqu'un, enfin je veux dire, quelqu'une connait les raisons ?

Elle prit une gorgée du café. Il était un peu fort mais ne voulut pas le montrer, elle se força donc un peu, quitte à réprimer une grimace. Heureusement il n'était pas trop chaud donc ça ne vira pas à la double épreuve. Elle jeta un oeil de nouveau vers Nadeshiko. Elle était un peu petite, du genre suractive et plutôt attentionnée et son discours bien qu'un peu bizarre au vu de son contenu arriva à rassurer quelque peu son interlocutrice. D'accord, je vois. Par contre je me permets de corriger: je parle Hongrois, pas japonais, j'avoue être également surprise, est ce que c'est un aspect aussi de ce lieu ? En tous cas ça change pas mal mes plans, pour tout t'avouer ... d'ailleurs, je peux te tutoyer ? Moi, je m'appelle Véronique Fink.

Véronique se surprit à être d'un seul coup aussi loquace. Elle sourit et reprit machinalement une gorgée. Encore merci. Je ne sais pas ce que je serais devenue sans toi ... tu disais tout à l'heure qu'il y avait d'autres habitantes, nous sommes nombreuses ?

Elle s'allongea un peu, posant délicatement la tasse sur un rebord, sans la lâcher de la main droite, tandis qu'elle se recoiffa de la gauche en frottant un peu son visage encore un peu humide. Je dois être dans un sacré état ... en cherchant bien j'ai même peut être des algues de rivière dans les cheveux ! Enfin, ça vaut toujours mieux que de mourir noyée, je suppose. Elle fit un clin d'oeil, se voulant humoristique, mais en réalité elle était plus amère qu'autre chose. Ainsi ce lieu s'appelait Etiopia et visait les femmes en détresse. Pourvu que ça ne soit pas un rêve. Pourvu qu'elle ne soit pas en train d'halluciner à cause de la noyade. Elle se pinça la joue.

Aie !

Elle se sentit un peu bête et haussa les épaules. A priori, ça avait l'air réel, elle se demanda pourquoi elle avait encore douté un instant, tellement que tout lui apparaissait de plus en plus naturel.