Triste arrivée la suite [PV Felicia] TERMINE

Rosie ouvrit de grands yeux lorsque Félicia l'informa de la mort de sa maman. Rosie se souvenait que sa grand-mère était décédée quand elle était toute petite et que sa maman était très triste, elle lui avait expliqué que les vieilles personnes partaient rejoindre le paradis. Pourtant, sa maman n'était pas vieille ni malade et les yeux de la petite lui faisaient mal.

Rosie baissa la tête, elle était triste, mais ne pleurait pas. Elle avait mal à a tête et elle était fatiguée  Lorsque la compresse imbibée de solution désinfectante vint tamponner la plaie de son genou, elle grimaça et serra les dents en laissant sortir un petit cri étouffé. Elle devait être forte, c'est ce que Félicia venait de lui dire.

Elle serra ses bras autour du cou de la jeune femme pour un câlin et elle demanda "je comprends pas, je comprends pas, maman est pas vieille et elle était pas malade, j'aurais jamais dû me retrouver ici, on était dans un avion avec papa et l'avion tremblait fort, tout le monde criait et j'avais du mal à respirer, maman m'a serré dans ses bras et elle m'a dit qu'elle m'aimait et que tout allait bien se passer " Rosie parlait d'une voix remplie de chagrin En ce moment, elle était plus courageuse que certains adultes et tentait d'affronter ça comme elle le pouvait.

"Ils l'ont emmené à l'hôpital, ce n'est pas là qu'on emmène les gens pour les soigner ? Qu'est-ce qu'on va faire d'elle ? Mon papa…mon papa aussi il est mort ?" Demanda-t-elle tandis que ses larmes revenaient et qu'elle enfonçait son visage pour le poser sur l'épaule de la jeune femme. Enfin elle lui dit "j'ai un peu mal à la tête!" Rosie avait de la difficulté à croire tout ça, c'était tellement terrible qu'elle ne pouvait pas encore y croire.

La petite s'est pas mal crispée quand je l'ai désinfectée, mais en dehors de ça elle ne s'est pas plainte, elle n'a pas fait de bruit. Elle a enduré en silence, le temps que je la remette en état.
Alors que je la câlinais, elle m'entoura de ses bras fins et me demanda:

"je comprends pas, je comprends pas, maman est pas vieille et elle était pas malade, j'aurais jamais dû me retrouver ici, on était dans un avion avec papa et l'avion tremblait fort, tout le monde criait et j'avais du mal à respirer, maman m'a serré dans ses bras et elle m'a dit qu'elle m'aimait et que tout allait bien se passer "

Wow... C'est vraiment étrange cette histoire. Cependant je comprend mieux les conditions de la mort de sa mère, c'est déjà ça.

"Apparemment, vous avez eu un accident d'avion. Quand les gens ont des accidents, ils meurent plus tôt. C'est triste, c'est même horrible, mais les personnes qui sont toujours en vie après un accident aussi spectaculaire doivent chérir leur vie encore plus fort, par respect pour les autres...Tu comprends? Ta maman et ton papa ne voudraient pas savoir que tu vas passer le restant de tes jours à être malheureuse à cause de leur disparition. C'est pour ça qu'elle t'a dit qu'elle t'aimait... Elle voulait pas que tu sois inquiète et triste à cause d'elle. Elle voulait que tu sois forte."

Je sens que petit à petit l'idée de la mort de ses parents fait le chemin dans sa tête. Elle a l'air de vouloir encore espérer qu'on lui ramènera sa mère. Faudrait pas qu'elle se fasse des illusions, quand même, vu qu'ils l'ont déjà foutu dans une enveloppe et tout, ça veut dire que c'est vraiment fichu pour elle... Quant à son daron, ça m'étonnerait qu'elle le retrouve ici dans tous les cas, puisque ce village semble s'être fait une spécialité dans les nanas.

"Ils l'ont emmené à l'hôpital, ce n'est pas là qu'on emmène les gens pour les soigner ? Qu'est-ce qu'on va faire d'elle ? Mon papa…mon papa aussi il est mort ?

-Pas toujours...Quand il y a plus rien à faire, bah..." je hausse les épaules d'un air vain "Je pense que ton Papa aussi, ma grande...Désolée..."

Je caresse ses épaules et ses cheveux en la serrant contre moi un long moment pour la consoler un minimum.

"j'ai un peu mal à la tête!"

Lorsqu'elle dit ça, je me détache d'elle.

"Bouge pas alors, je t'emmène ce qu'il faut."

J'embrasse délicatement son front blanc, puis vais lui préparer un aspirine. Je lui emmène le verre d'eau effervescent, le lui tend.

"Bois ça. C'est pas super bon mais ça devrait calmer ton mal de tête."

Rosie ne dit plus rien, elle venait d'apprendre que son papa et sa maman était morts tous les deux à cause d'un accident. Elle aurait voulu que ça ne soit jamais arrivé, mais sa maman lui avait déjà dit que lorsqu'on mourrait on ne pouvait plus revenir même en priant aussi fort qu'on le pouvait. La fillette devait se montrer forte comme le lui avait dit Félicia parce que maintenant elle était seule.

Rosie prit le verre et dit "merci" un peu d'eau pétillante ne lui ferait aucun mal, mais lorsqu'elle avala la première gorgée de ce qu'elle pensait être de l'eau gazeuse, elle grimaça et toussa "ce n'est pas bon ça!" Dit-elle en faisant une grimace de dégoût. Pourtant, elle le bu d'une traite en fermant très fort ses yeux et en se bouchant le nez.

Elle demanda ensuite "je suis orpheline alors ? Je n'aurais plus jamais de maman et de papa, et toi?" Rosie ajouta quelques seconde plus tard avec une voix sérieuse "tu m'as dit que maman t'avais dit de prendre soin de moi, est-ce que tu fais partie de ma famille ?" Il fallait qu'elle soit sage et courageuse, mais c'était tellement difficile. Rosie se sentait en ce moment très seule et incomprise et elle n'avait toujours pas quitté le manteau de sa mère qui la recouvrait presque entièrement. Il portait encore son parfum et était tout doux.

Soudain, le téléphone retentit faisant sursauter la petite fille. Rosie regarda Felicia décrocher et s'approcha peut-être qu'il s'agissait de sa maman qui était revenue à la vie. La fillette regardait Félicia avec ses yeux brillant d'espoir lorsqu'elle comprit qu'il ne s'agissait pas de quelqu'un qu'elle connaissait. Apparemment, c'était l'hôpital de la ville et ils demandaient si quelqu'un allait se charger des funérailles où si ils devaient la mettre dans un caveau commun. Rosie, n'avait pas très bien comprit puisqu'elle n'écoutait que des bribes de conversation, mais ce n'était pas une bonne nouvelle.

Sa réaction me fit franchement rire. Elle était toute drôle, sa trogne grimaçante, quand elle a bu son médoc... C'est bien les gosses, ça...

"ce n'est pas bon ça!

-Ouais, je sais...Mais normalement ça devrait te faire au moins un peu de bien!"

Dans un registre moins drôle, elle m'interroge de sa petite voix.

"je suis orpheline alors ? Je n'aurais plus jamais de maman et de papa, et toi?"

Moi? C'est assez compliqué. J'ai toujours mes parents, moi, mais mon père n'a jamais été là. Quand il était là, il faisait souffrir ma mère, il me rabaissait plus bas que terre, et puis il a passer du temps à participer à des rassemblements barbares avec ses copains. Il a fait de la taule pendant un temps, et puis il n'est jamais revenu. J'ai appris plus tard qu'il avait fondé une autre famille ailleurs, et qu'il s'en occupait de celle-ci. Ça m'a fait mal. J'aurais voulu avoir un vrai père, qui s'occupe de moi et qui me protège comme il protégeait sa nouvelle fille, la seule qu'il reconnaissait. Quant à ce qui est de ma mère, mon père l'a rendu trop barjo pour qu'elle soit apte à s'occuper de moi.

"Oui...Orpheline...Moi aussi je n'avais plus de parents à ton âge. Les miens s'occupaient pas de moi du tout, et mon père m'a abandonné. Dis toi que tu as eu la chance d'avoir eu une famille qui t'aime jusque là.

-tu m'as dit que maman t'avais dit de prendre soin de moi, est-ce que tu fais partie de ma famille ?"

Je réfléchis un court instant, levant les yeux sur le plafond, et déclare.

"Non, je ne suis pas de ta famille. Je n'ai pas vraiment connu ta maman.Elle m'a juste demandé de m'occuper de toi pour que tu sois pas toute seule..."

Le téléphone se mit à sonner, et ça me surprit autant qu'elle. Je le fixe un court instant, et pendant ce court instant les pensées les plus folles me passent par la tête. Et si c'était R? Je me précipite donc pour répondre. En fait, c'était juste l'hosto. Ils me demandaient ce qu'ils devaient faire du cadavre de la mère de la petite. Je soupire tristement et annonce d'une voix morne:

"C'est bon, je m'en chargerais."

Quitte à devoir me farcir les frais d'enterrement pour quelqu'un d'autre...La pauvre gamine, elle a pas de quoi se ruiner dans ce genre de choses, et sa mère mérite tout de même mieux que d'être jetée dans un trou au pif faute de mieux.
C'est sûrement mon jour de bonté aujourd'hui.
Je raccroche et me tourne vers elle. J'arrive pas vraiment à sourire, mais je lui caresse les cheveux.

"Bon..."

Ce que je pense: Mais qu'est ce qu'on va faire de toi, maintenant, ma grande?...
Ce que je dis? Rien. Y a rien à dire, cette situation est vraiment trop particulière et embêtante pour elle comme pour moi. Elle a nul part où aller, je sais pas trop comment me débrouiller avec elle. Je puise dans mes ressources très maigres de sociabilité et lui demande.

"Tu veux rester là ou tu veux aller quelque part?...Tu voudrais peut être te reposer un peu, nan?"

Rosie se rendait compte que ce qui se passait aujourd'hui la suivrait jusqu'à la fin de sa vie, parce que personne ne remplacerait ses parents. La fillette se sentit triste pour Félicia et elle s'approcha près d'elle pour lui faire un câlin tout doux comme-ci il s'agissait d'une peluche. Elle lui frotta alors le dos comme pour la consoler, ça avait surtout le but de se consoler elle-même. Rosie avait toujours été très câline et toujours très proche de sa mère.

Elle entendit Félicia dire qu'elle allait se charger de quelque-chose, mais Rosie ne demanda pas quoi. Elle savait que ce n'était pas bien de se mêler des affaires des grandes personnes. Félicia lui demanda si elle ne voulait pas se reposer et Rosie se frotta les yeux en baillant avant de répondre "oui, je suis un peu fatiguée, mais je n'ai pas de pyjama!" Dit-elle en faisant une moue d'enfant tout simplement.

La petite trouva la parade et elle se déshabilla se trouvant en chemisette et petite culotte rose avec des petits chats dessus, elle portait encore ses chaussettes à dentelles. Elle grimpa dans le lit et se mit dans les couvertures, elle était fatiguée.

Elle se tourna la tête vers félicia et lui demanda "est-ce que tu veux bien me raconter une histoire? " La fillette lui demanda cela avant de se coucher confortablement, la tête sur l'oreiller et elle l'écouta et finalement s'endormit profondément. Durant quelques heures du moins, parce qu'elle fit un horrible cauchemars et se mit à sangloter durant la nuit avant d'appeler au secours auprès de ses parents. "Maaaaammmaaaaan! Paaaappppaaaaaa! A l'aide!" [i]Les larmes ruisselantes sur ses joues rougie et le front en sueur. Elle regarda autour d'elle paniquée, se souvenant douloureusement que sa mère était plus là pour elle et que son père non plus. Rosie se laissa retomber sur l'oreiller et enfonça sa petite tête à l'intérieur pour pleurer"je veux ma man et mon papa" répétait-elle d'une petite voix tremblante.

La petite s'est approchée, et elle m'a fait un calin. J'ai pensé qu'elle avait besoin d'un peu de réconfort, alors j'ai fait de mon mieux pour me montrer aimante, j'ai fait quelques caresses affectueuses sur ses épaules fines et sur ses cheveux.

"Ça va le faire, t'inquiète pas..."

Oui, je me doute bien que c'est pas super convainquant...

Lorsque je lui ai proposé de se reposer, elle m'a répondu tout simplement, avec une innocence déconcertante:

"oui, je suis un peu fatiguée, mais je n'ai pas de pyjama!"

Mais je n'ai même pas eu le temps de lui répliquer la démarche à suivre dans ces cas là parce qu'elle s'est déshabiller d'elle même.Bon.
Elle se hisse sur mon lit et se glisse sous la couette. Je la borde soigneusement, caresse son front. Il est un peu chaud.
Tandis que je suis penchée sur elle, elle se tourne vers moi et me demande:

"est-ce que tu veux bien me raconter une histoire? "

Ma foi, est ce qu'on peut décemment dire non à un si adorable petit ange? Je lui ai raconté un conte parmi les rares histoires qu'il me reste encore dans les histoires de mon enfance. Un truc très basique en vérité : le petit chaperon rouge. C'est l'histoire la plus soft et reposante que j'avais en tête, et ça a pas trop mal marché puisqu'elle a bien vite piqué du nez... Ce qui est tout à fait légitime après une telle journée, chargée en émotion...

Pendant tout le temps où elle s'est trouvée dans le pays des rêves, j'ai observé le silence -façon polie de dire que je me suis fait ch*er un paquet de temps avant de trouver quelque chose à faire, et puis j'ai relu un vieux bouquin à moi qui m'a suivi jusqu'ici par magie. Cependant, elle s'est réveillée dans un sursaut et elle a pleurer très fort à cause d'une saleté de cauchemar...
Elle a appelé ses parents encore une fois, et puis elle a réalisé, et elle s'est mise à pleurer encore une fois en cachant sa tête dans son oreiller. Ça m'a briser le coeur de voir un tel spectacle. Comme une litanie, elle les a réclamer, encore et encore, inlassablement.
J'ai posé mon bouquin, et je me suis allongé près d'elle, la serrant contre moi.

"Pleure un bon coup... Ça fait du bien...Un jour, tout ira mieux pour toi, petite puce..."

Rosie avait l'impression d'être perdue et elle l'était Elle se retrouvait dans un endroit qu'elle ne connaissait pas et avec une personne étrangère et ce même si elle avait été gentille avec elle Elle avait perdu ses parents si brusquement que la petite fille se demandait encore si il s'agissait d'un cauchemar et dans ce cas espérait se réveiller vite. En quelques minutes sont mode de vie avait complètement changé et tout ce qu'elle connaissait disparus.

Elle se colla contre Félicia profitant de sa tendresse et pleura encore un moment jusqu'à ce qu'elle finisse par se calmer d'elle-même rassurée et elle supplia d'une petite voix "je ne veux pas aller à l'orphelinat et être seule!" La fillette finit par s'endormir épuisée par toutes ses larmes qu'elle avait versées. Elle restait néanmoins accrochée fermement au haut de Félicia comme on s'accroche à une bouée de secours pour ne pas couler.

Le reste de sa nuit passa comme pour rien et lorsqu'elle s'éveilla à cause d'un besoin naturel qui lui tiraillait le ventre littéralement. Rosie frotta ses yeux et se rendit à la salle de bain pour se soulager et ensuite pour passer un peu d'eau sur son visage. La petite n'était pas sans reste et elle se saisit de vieux annuaires entassés dans un coin comme d'un rehausseur pour atteindre l'évier. Elle se débarbouilla comme elle put.

La fillette bailla et s'étira en revenant dans la pièce principale et s'habilla avant de chercher des yeux Félicia. Elle ne la voyait pas et elle se sentit paniquée d'un coup et si Félicia était morte aussi ? La respiration de la petite s'intensifia alors que ses muscles se contractaient et qu'elle commença une crise d'angoisse. Soudain, la fillette remarqua la valise à roulette rouge bordeaux que sa mère avait l'habitude d'utiliser pour mettre leurs affaires à elles deux lorsqu'elles partaient en voyage.
Rosie s'approcha d'abord perplexe de la valise, elle lut à haute voix puisqu'elle commençait à lire depuis peu de temps "Lilas et Rosie Fields…maman" la petite fille plaque la valise sur le sol et l'ouvrit révélant le contenus. Il y avait des affaires à elle d'un côté et ceux de sa mère de l'autre, Rosie s'installa assise par terre pour regarder. Elle trouva avec joie et sourire son petit compagnon tellement réconfortant, son doudou un lapin en peluche noir et elle le colla contre sa poitrine respirant son parfum. Elle dégagea aussi quelques bricoles de sa mère comme des lunettes de lecture dans un écrin, quelques livres, un carnet de dessins qu'elle faisait chaque jour.
Rosie savait bien que sa mère était morte, mais toutes ces affaires la faisaient revivre et Rosie avait l'impression que sa maman était encore là et que d'une minute à l'autre elle allait passer la porte et venir la chercher.

Rosie tourna donc un regard remplit d'étoiles lorsque la porte s'ouvrit, une joie non-dissimulée sur son visage qui finit par disparaître petit à petit lorsqu'elle remarqua Félicia."Bonjour Félicia" Articula-t-elle d'une petite voix encore légèrement ensommeillée.

Ca m'avait fait mal au coeur, de l'entendre dire qu'elle voulait pas aller à l'orphelinat et être seule. J'avais épuisé toutes mes réserves d'optimisme. Je n'avais pas son innocence. La vie est dure, je le savais déjà. Je suis passé par des stades de tristesse et de désespoir qu'elle ne connait pas, et que je lui souhaite de ne jamais connaitre. Je l'ai simplement serrer contre moi et j'ai laissé le temps passer, jusqu'à m'endormir en supposant qu'elle le fera de même. C'est une toute petite fille, elle s'endormira forcément à un moment. Elle avait accroché sa petite main à mon haut, comme de peur que je m'envole comme ses parents dans un ciel inaccessible. Cette gamine est vraiment émouvante. J'ai pas envie qu'elle se retrouve seule et triste. J'ai pas envie qu'elle soit perdue comme moi. Il doit bien y avoir une solution à ses malheurs. Personne ne peut rester éternellement triste, pas vrai? Moi, j'ai bien trouvé R, et même si on me l'a enlevé, les moments que j'ai passé avec lui resteront pour moi la preuve que le bonheur existe et que chacun a droit à sa part, même les cas les plus désespérés...

Je me suis réveillée avant elle. Elle avait un peu désserer son étreinte, heureusement, et j'ai pu me lever, quitter le lit sans la réveiller -D'ailleurs, elle est où l'autre débile d'Elara? Comment ça se fait qu'elle a pas passer la nuit ici? Oh, et puis j'm'en fous après tout, je suis pas sa baby-sitter, et tant mieux d'ailleurs si elle n'était pas là, ça me faisait des vacances. Je me suis changée, et puis je suis sorti en ville. Déjà, à l'hopital, pour régler les trucs par rapport à sa mère. Je me suis arrangé avec l'hôpital pour l'enterrement de sa mère. Ça va être dur pour Rosie, vraiment très dur. Mais ça lui permettra de tourner la page, aussi. Je leur ai demandé comment elle allait faire, où est-ce qu'elle allait vivre. Elles m'ont parlé d'un endroit, sur la colline, où vivent les plus jeunes du village. Au moins, il y avait bien un lieu pour l'accueillir... Même si je n'étais qu'à moitié rassurée.
Je me suis dit que je m'occuperais de la surveiller de loin, et de lui rendre régulièrement visite. Au moins, elle serait pas tout à fait livrer à elle-même.

J'ai acheté des petites viennoiseries avant de rentrer au bercail, histoire qu'elle se glisse quelque chose sous la dent pour la matinée. Quand je rentre, je la vois pencher au dessus d'une valise, qui jusque là...n'était pas dans ma chambre. Je ne comprend vraiment rien à cet endroit. Les aliens, je vous le dis, c'est des aliens...

En me voyant, son joli sourire s'est évanoui. Je me doute bien que mon arrivée n'est pas aussi cool que si il s'agissait de celle de sa mère, et j'en suis navrée. C'est quelque chose qui mettra du temps avant de disparaître en elle. Moi, parfois, même dans ma vie récente, je me rappelle avoir eu souvent le coeur battant en croyant reconnaître mon père, qui venait vers moi. A chaque fois, j'étais assaillie par cette sensation mordante de déception quand je reconnaissais un inconnu.

"Bonjour Félicia

-Bonjour, Rosie."

Je pose le petit sac de viennoiseries sur mon lit.

"J'ai acheté des trucs pour le petit-déj. Goinfre t-en autant que tu veux. J'ai pris de tout, et y en aura largement assez."

Je vois qu'elle a un doudou dans les bras. Je lui touche le nez, l'air amusé, et lui demande.

"Qui c'est celui-là? On n'a pas été présentés."

Rosie n'est pas aussi heureuse de voir Félicia que si il s'agissait de sa propre mère, mais savoir qu'un petit déjeuner l'attends lui fait plaisir. Il est vrai qu'elle ressentait un petit peu la faim l'assaillir en ce début de journée, elle n'avait pas eu l'occasion de beaucoup manger depuis la veille. Elle regarda Félicia avec un sourire léger sur son visage avant de répondre à sa question "c'est Pabou" le présenta-t-elle à Félicia. Elle le regarda d'un air mécontent et lui dit d'un ton plein de mécontentement "non, ce n'est pas poli! On dit bonjour au gens! Ecoute-moi sinon tu iras au coin tout seul!" Elle regarda ensuite Félicia et murmura à son intention "il est un peu timide"

L'enfance et tous ses jeux d'imagination, que c'est beau d'être innocent ou tout du moins de le paraître. La fillette pas contraignante pour un sous s'installa à table pour manger en compagnie de Félicia. Elle attendit qu'elle soit aussi assise et savoura son unique petit pain avec un bo de cacao tiède. Pourtant, la petite semble absente, elle réfléchit, elle pense à tout ce qui se passa et à ce que sa maman lui a inculqué. Elle releva alors la tête vers Félicia et osa lui demander d'une petite voix pleine de maturité pour son âge "je voudrais que tu ailles voir maman avec moi, je dois lui rapporter ses lunettes parce que sinon elle pourra pas lire d'histoire aux enfants qui sont au ciel!"

Elle demanda à sa bonne samaritaine "est-ce que je vais habiter avec toi ?"

Au moins, l'idée du petit déjeuner semble l'avoir enchantée! Elle m'a même fait un petit sourire, avant de me présenter à son petit collègue en peluche.
"c'est Pabou"

Et puis, autoritaire, elle lui fait la leçon en fronçant les sourcils, ce qui m'amuse.

"non, ce n'est pas poli! On dit bonjour au gens! Ecoute-moi sinon tu iras au coin tout seul!"

Elle m'explique alors en chuchotant, pour que Pabou ne nous entende pas.

"il est un peu timide"

Je lui souris, hoche la tête d'un air compréhensif en posant mon index tendu sur mes lèvres pour lui faire comprendre que je garderais le secret. J'ébouriffe ensuite les cheveux blonds de la petite.

Elle s'est ensuite mise à table pour prendre son petit déjeuner, attendant poliment que je me sois assise avec elle à table pour commencer à manger. C'est qu'elle a été bien élevée en plus. Je commençais à me demander si cette petite avait des défauts...  
Elle m'a un peu surprise, alors que je buvais tranquillement ma tasse de café matinale. Elle me dit de façon très mature, et pourtant avec des propos encore très innocents:

"je voudrais que tu ailles voir maman avec moi, je dois lui rapporter ses lunettes parce que sinon elle pourra pas lire d'histoire aux enfants qui sont au ciel!"

Je lui souris un peu. Je me sens toujours un peu triste pour sa situation.

"Bien sûr. Je devais t'en parler, justement... J'ai parlé avec les dames de l’hôpital, et on va devoir enterrer ta Maman aujourd'hui... Tu pourras lui dire au revoir, lui redonner ses lunettes... Elle sera au Jardin des âmes. Tu pourras lui rendre visite de temps en temps, même si tu ne pourras plus la voir physiquement, son âme sera toujours dans le coin..."

Elle aborde ensuite le deuxième sujet que je devais mentionner avec elle.

"Pas vraiment. Il y a un endroit, sur la colline, où vivent les autres enfants. Tu vivras avec eux la plupart du temps, mais je te prendrais de temps en temps à dormir chez moi. Ça te dit, comme ça? Et bien sûr si tu as des petits problèmes , tu sais où me trouver."

Je réfléchis un peu, puis ajoute.

"Oh, et je pense que je vais t'acheter un téléphone portable. Normalement t'es trop petite pour ça, mais je sais que t'es une grande fille et que tu n'en abuseras pas. Comme ça, si tu as besoin de me parler un peu, bah...Tu me passeras un petit coup de fil."

Je termine ma tasse de café, me lève et m'étire un peu, soupirant. Encore une dure journée qui s'annonce.

"Quand tu auras fini de manger, tu te feras toute belle et on ira acheter des fleurs et dire au revoir à Maman. D'accord?"

Rosie baissa son regard une lueur triste dans ses yeux verts. Elle savait qu'elle devait être courageuse et sage, mais elle avait encore besoin de ses parents et elle ressentait un mélange de tristesse, de colère et d'incompréhension qui étaient très difficile à gérer pour la fillette de 7 ans. Rosie fit un signe positif de la tête, elle comprenait bien qu'il allait falloir rendre sa maman aux anges et qu'à partir de maintenant elle devait se débrouiller seule comme une grande. La morsure douloureuse de l'injustice venait de la frapper en plein cœur, elle s'était toujours efforcée d'être gentille et obéissante alors pourquoi on lui avait reprit sa maman et son papa ?

Félicia lui expliqua que dorénavant elle allait devoir vivre avec les enfants de son âge dans une garderie et la petite demanda "les autres enfants aussi ils n'ont plus de parent ?" Elle ajouta d'une petite voix "d'accord Félicia, merci"

La fillette s'habilla avec l'aide de Félicia qui lui trouva des vêtements adéqua et brossa ses cheveux. Elles se rendirent jusqu'à la boutique de fleurs pour acheter un beau bouquet de Lys blancs, de muguets et de jasmins les trois fleurs préférées de la mère de la petite.

L'hôpital était très grand et très impressionnant, une odeur forte de désinfectant gifla le visage de la petite lorsqu'elle entra. Elles se rendirent jusqu'à la morgue et la petite pu voir sa mère habillée par une très belle robe noir et maquillée comme lorsqu'elle sortait avec son papa. Elle s'approcha, la couleur de la peau de sa mère était très laiteuse.

Rosie avait envie de pleurer en voyant sa mère comme-ça parce qu'elle avait l'impression que celle-ci allait d'une seconde à l'autre ouvrir ses yeux et la prendre dans ses bras. Rosie espérait toujours malgré le verdict des médecins, un espoir vain qui au final ne faisait que retourner le couteau dans la plaie. Elle se tourna vers Félicia "elle est belle hein? Ma maman, quand je serais grande je voudrais être belle comme-elle!" Avoua-t-elle d'une voix qui se voulait pourtant joyeuse, mais qui tonna avec une expression de désespoir.

La petite fille ajouta les lunettes dans le cercueil fait de bois noirs et son précieux Pabou également disant à l'attention du cadavre de sa maman "je te confie Pabou comme-ça tu ne seras pas toute seule, je t'aime maman tu diras à papa que je l'aime aussi.."

Elles assistèrent à un enterrement bien malheureux, il n'y avait qu'elles deux puisque personnes ne connaissaient sa maman ici. Une personne se présenta à Rosie comme étant habilitée à l'aidée à faire son deuil. Rosie se montra très forte et ne versa aucune larme, non pas qu'elle n'en avait pas envie, mais plutôt qu'elle ne voulait plus être une petite. Elle se tourna vers Félicia et lui annonça"on peut rentrer ? Je veux aller à la garderie..."

"les autres enfants aussi ils n'ont plus de parent ?"

Je hoche positivement la tête.

"D'après ce que j'ai compris, oui."

Elle me remercia. Au fond, elle avait beau me remercier, je me rendais bien compte que tous les gestes que je faisais pour elle était bien loin d'être à la hauteur de ce qui pourrait mettre fin à sa tristesse. Bien sûr, je ne le pourrais en aucun cas. Il s'agit pour elle d'un long travail qui l'attend avant de sortir la tête de l'eau, et personne ne peut le faire à sa place hélas.

Je l'ai habillé, j'ai brosser ses cheveux avec soin, car ils sont très long et je prenais garde à ne pas trop tirer dessus pour ne pas lui faire mal, pas tout à fait comme une maman mais plutôt comme une sorte de grande soeur, ou d'amie. Une fois Rosie toute belle -enfin, plus encore que d'habitude, c'est déjà un petit coeur plein de charme au naturel, on a acheté un beau bouquet de Lys à la boutique de fleur.

A la morgue, c'était encore plus gênant que devant le portail, et pourtant c'était déjà pas de la tarte. Je me sentais angoissée à la vue d'un cadavre aussi bien préparé. C'est morbide. Vraiment morbide. On dirait qu'elle a rendez vous. Rendez vous avec le fossoyeur? Ça me fout les chocotes cette histoire...

"elle est belle hein? Ma maman, quand je serais grande je voudrais être belle comme-elle!"

Je me penche vers elle, et chuchote à son oreille:

"Tu lui ressembles déjà beaucoup. Tu seras aussi belle qu'elle, quand tu seras grande, si ce n'est plus encore..."

Je ponctue ma phrase d'un baiser dans sa chevelure blonde et une petite caresse sur les épaules.

J'ai été très surprise de voir qu'elle confiait son petit compagnon à sa Maman, mais je me suis tue. J'étais déjà très mal à l'aise, je voulais pas trop la perturber. Elle avait l'air si sûre d'elle. Qui sait? Peut être que cette tragédie va la faire grandir carrément précocement...


"on peut rentrer ? Je veux aller à la garderie..."

Encore une fois, je hoche la tête. Elle sait ce qu'elle veut, et c'est bien. Elle ira loin dans la vie, j'en suis sûre. Je suis prête à l'aider si il le faut.
Je prend sa petite main dans la mienne et on traverse ce qu'il nous reste du jardin des âmes jusqu'à la colline isolée où se trouve la petite garderie.
Je m'arrête devant la porte, glisse mes mains dans mes poches, hausse les épaules tristement.

"On y est..." je lâche en soupirant.

Je lui souris timidement, ébouriffe encore sa crinière blonde.

"T'es une vraie battante... Tu vas y arriver. Tout ira bien pour toi maintenant."

Je lui embrasse doucement le front.

"A bientôt, petite Rosie. Je passerais te voir de temps en temps. Promis."