Nouveau départ [Monologue] {Terminé

" Tsssk. Regardez la se pavaner dans les rues comme si elle avait toujours vécue seule. Son pauvre père, dès qu'il meurt elle se débarasse de tout ce qu'il chérissait dans sa vie. Une enfant si peu honorable. Le pauvre Fujibayashi. Paix à son âme. "

Ce n'était pas la première fois que Tsukimi entendait cela depuis le décès de son père. Que
ce soit quand elle marchait dans la rue, au travail ou au marché - comme ça l'était en ce moment -, les vieilles dames du quartier ne se gênaient pas pour bruyamment commérer à propos de ce qu'elle avait fait en revenant d'Angleterre. Elles ne savaient rien. Elles ne comprenaient pas ce qu'elle avait vécu. La nipponne ne souhaitait qu'une chose. Partir d'ici. Aller loin. Avec l'argent de la collection de son père, elle pouvait amplement le faire si elle en avait envie. Mais où aller? Dans tout le Japon, on connaissait son père. Il avait fait sujet de plusieurs articles dans des revues historiques, des studios avaient parfois empruntés sa collection pour accessoiriser de grands succès du cinéma et dans tout les musées, il était reconnu pour sa persévérance et sa passion.

L'étranger alors? Certainement pas le Royaume-Uni en tout cas. Même si les chances de revoir son ex étaient minime, elle était effrayée à l'idée de devoir l'affronter. Elle n'avait jamais eu l'occasion de lui dire à quel point elle lui en voulait. Si elle n'était pas saine d'esprit, elle se serait probablement imaginée à plusieurs reprises en train de l'étrangler ou de l'étouffer avec une crème anglaise. Le cliquetis que la converse de légume qu'une dame venait de poser dans son panier la ramena à la réalité. Elle secoua la tête et poursuivit sa marche dans les allées du petit marché, raffermissant sa poigne sur le panier à main qu'elle avait saisit à son arrivée. Arrivant enfin au fond, elle prit le temps d'analyser les viandes et les poissons, prenant un paquet frais de ce dernier en se demandant comment l'accompagner, évitant les regards des gens. Elle poursuivit longtemps comme cela avant d'arriver à la caisse avec un panier plein dans une file beaucoup trop longue pour un rien. Fixant les produits dans l'allée d'importation, elle s'imagina au Mexique, en Inde, en Australie, un petit sourire au lèvre. Un homme derière elle lui fit signe d'avancer, ce qu'elle allait faire, mais alors qu'elle retourna sa tête, une étrange brume capta son attention. Confuse, elle se retourna en faisant quelques pas dans la file avec précaution.

Elle n'en crut pas ses yeux. Au milieux des produits étrangers se trouvait une énorme masse de fumée aux allures d'une porte. Un enfant passa au travers, comme si elle n'existait pas. Personne d'autre ne semblait la voir. Quand elle fonça dans le dos du vieillard devant elle, elle se retourna alors que ce dernier se plaignait. Confuse, elle continuait de jeter des coups d’œil vers l'énorme porte de brume, pensant qu'elle se faisait des idées, mais elle resta là.

" Pardon messieurs. ", marmonna-t-elle alors qu'elle se glissa entre l'homme agé et celui qui l'avait quasiment poussé dans ce dernier pour aller vers le portail.

Sans se poser de questions, elle le traversa, s'attendant à se retrouver plus loin dans l'allée des produits étrangers...après tout elle ne faisait que rêvasser. Peut-être était-ce le manque de sommeil qui lui faisait voir cela. À son grand étonnement, elle se retrouva dans un endroit complètement inconnu. Un petit cri de sursaut s'était échappé de ses lèvres alors qu'elle avait vu le magnifique lieu qui se trouvait devant elle. Le panier qu'elle tenait entre ses mains avait disparu. Malgré une certaine inquiétude, la jeune cuisinière continua d'avancer, se retrouvant vite en plein centre-ville ou plusieurs femmes se baladaient, se saluant les unes les autres et partageant des sourires. C'était quoi ce délire? Était-elle devenue folle? Une marchande, visiblement plus âgée que la moyenne des gens ici, lui saisit la manche, lui adressant gentiment la parole.

" Vous m'avez l'air perdue petite. Êtes vous nouvelle ici? "

Après qu'elle ait timidement hoché la tête, toujours perdue dans ses songes, la commerçante avait sorti un papier ou elle lui avait donné des directions de l'hôtel, le tout en lui disant que c'était normale d'être un peu perdue à l'arriver.

" Si vous avez besoin de quoi que ce soit, ne vous gênez pas pour venir me voir jeune fille. Ça fait plaisir d'aider les gens. Bienvenue à Étiopia! "
" M-merci. ", marmonna une Tsukimi toujours un peu nerveuse en prenant direction du dit hôtel.

À l’accueil, quand elle dit son nom, on lui donna ses clés comme si de rien d'était. Elle monta. Entra dans sa chambre et y trouva...ses choses. Son épée reposait sur la table de salon, ses achats de tout à l'heure était dans un sac en plastique avec une facture qu'elle ne se souvenait pas avoir payé et quand elle ouvrit les armoires, elle retrouva la vieille vaisselle de sa mère et ses vêtements rangés parfaitement. Sa nouvelle vie commençait. Elle n'avait plus aucune raison de regarder en arrière.