Triste arrivée [Libre]

La fillette inconsciente avait encore du mal à respirer, elle profitait encore de la chaleur de sa mère, allongée inerte sur le sol. Une femme très belle, de longs cheveux dorés ondulés qui recouvrait partiellement la fillette. Rosie était cachée par e corps de sa mère, petit à petit elle reprenait vie et conscience.

Il neigeait très fort et il faisait très froid, la neige avait tout recouvert sur le sol. La petite fille s'éveilla petit à petit pour regarder autour d'elle et finalement voir sa mère. Rosie se mit debout et cria bien fort "papaaaa! Papa où tu es?" Aucune réponse ne vint et elle détourna son attention vers sa maman toujours allongée sur le sol. La petite fille s'approcha ne comprenant pas vraiment ce qui lui arrivait ni où elle était.

"Maman, viens! Arrête de dormir! Réveilles-toi" Rosie secoua avec toute sa force le corps de sa mère qui n'avait toujours pas de réaction, la main de la jeune femme était froide et durcie. La fillette sentait bien que quelque-chose n'allait pas, le manteau de sa mère sur elle la protégeait de tout. Elle avait peur et elle se mit à pleurer en appelant sa mère toute seule dans le froid.

Personne ne venait et elle se sentait abandonnée, elle ne savait pas quoi faire ni où aller. Alors elle se coucha à côté de sa maman et remonta le manteau sur elle pour qu'il la cache complètement. Il n'y avait que ses cheveux qui sortaient de sa cachette et se mêlaient à ceux de sa mère. Il n'y paraissait que des sanglots étouffés par la fausse fourrure du manteau de la jeune femme. Une petite voix à peine audible "maman, papa."

"Maman, viens! Arrête de dormir! Réveilles-toi"

J'ouvre les yeux. Tout à l'heure, j'errais dans les environs du portail en quête d'une autre vérité. Une vérité qui existait en dehors de celle qu'on m'avait annoncé, cette vérité absurde que je refuse d'écouter... Pas si tôt. Il est hors de question d'accepter que je ne suis plus sur terre, et que je vais devoir côtoyer des nanas jusqu'à la fin de mes jours...Si toutefois il y a une fin de prévue à mes jours, ici. Pour le moment, je erre dans un lieu où la raison semble absente, et on s'en tient là.
Bref, je errais, et je me suis aperçu que je n'étais pas seule dans un sursaut, en ouvrant les yeux, en entendant un cri de désespoir qui tranchait l'air glacé. Je me retourne, et je vois une petite fille en larme. Elle appelle son père et sa mère. Je la fixe longuement, impuissante, et puisqu'elle ne m'a pas encore remarqué je pense à fuir la scène discrètement pour échapper à de vieux démons qui me guettent et qu'elle semble éveiller de ses cris apeurés,mais finalement, je serre les poings et avance d'un pas incertain jusqu'à elle.
C'était un spectacle à te fendre le coeur. Et c'est moi qui dit ça, moi la nana réputée insensible. Elle s'était enroulé dans la fourrure, près de ce qu'il me semble être un cadavre, celui de sa mère, et elle chialait tout ce qu'elle avait dans le corps en répétant comme une foutue litanie:

"maman, papa."

Franchement, ça me faisait mal pour elle.
Je n'ai jamais vraiment un père ou une mère, et j'ignore si j'aurais pleuré aussi fort si j'en avais eu.
J'arrive tout près d'elle, et je sais pas quoi dire. Je me contente d'un:

"Hey, petite..." un peu maladroit.

Et puis je fais la moue, et lance encore une fois, dans une sorte d'excès de sociabilité:

"Ca va?..."

Et d'ailleurs c'est très Petit scarabée comme phrase. Bien sûr que ça va pas. Quelle cruche je fais.
Je ferais mieux d'arrêter d'être sociable si c'est pour être neuneu comme ça. Je me rattrape en posant ma main avec délicatesse sur ce qu'il me semble être son épaule et je dis d'une voix douce :

"Reste pas là... Tu vas attraper froid...Viens."

Rosie s'accrochait de toutes ses forces au cadavre de sa mère et elle sursauta lorsqu'elle entendit une voix derrière elle. Elle regarda, ses yeux verts remplit de désespoir, de tristesse et de larmes qui débordaient et venaient couler sur ses joues. Elle avait tellement pleuré et pleurait tellement encore qu'elle en avait les yeux boursouflés et son petit nez avait rougit.

Elle s'était levée et elle avait froid "au secours, maman…ma maman est endormie!"La petite s'était remise à pleurer et cette jeune femme s'était accroupie devant elle pour poser une main sur son épaule et lui demander de la suivre "et maman? Et mon papa, il faut le retrouver, je veux mon papa" Rosie était éplorée.

La fillette retourna au corps de sa mère "maman réveilles-toi!" La petite fille ne s'arrêtait pas d'essayer de réveiller sa mère qui ne bougeait plus et devenait de plus en plus glacée. Elle était loin de s'imaginer la triste vérité, elle ne reverrait plus jamais son père et sa mère l'avait quittée également.

Elle se sentait seule et perdue et elle se frottait les yeux alors qu'ils lui piquaient affreusement. Elle regarda la jeune femme "il faut sauver maman". Sa mère, n'ouvrirait plus jamais les yeux, il était trop tard. Le blizzard était fort et ses pleurs se faisaient à peine entendre, elle avait beau crier, appeler sa mère et demander de l'aide tout semblait s'être arrêté.

Les derniers souvenirs se bousculaient dans sa petite tête, elle ne comprenait pas pourquoi elle était ici alors qu'il y avait quelques heures, elle était entre ses deux parents dans un avion et s'envolait pour un autre pays. Elle était heureuse et c'était comme-ci tout avait disparu, elle était incapable de décrire ce qui s'était passé. Elle tremblait de peur et de froid, les émotions se mélangeaient et elle ne semblait plus s'arrêter de pleurer encore et encore.

La petite s'était retourné, et j'ai pu voir son petit visage innocent rempli de grosses larmes et rougi par la tristesse et le froid. Ça m'a fait encore plus mal. J'ai compris à cet instant là dans quelle galère je m'étais foutue, en essayant de porter secours à une gamine comme ça.
La petite s'est levée, et je voyais qu'elle avait froid car elle tremblait. L’émotion jouait aussi dessus. Je n'avais jamais vu autant de détresse dans les yeux de quelqu'un. Peut être parce que jusque là, si ce n'est dans les yeux de R, je n'avais jamais pris la peine de plonger mes yeux dans ceux des autres. Peut être tout simplement parce que je ne me suis jamais interessée aux autres avant, et j'ignore ce qu'il m'a pris de m'y mettre ce jour là.

"au secours, maman…ma maman est endormie!"

Bordel...Elle croit que sa mère dort? Les gosses de cet âge n'ont jamais fait d'expérience de la mort?...C'est bien ma veine tiens...Je me maudissais intérieurement pour mon sursaut de bonté si étranger de mon comportement habituel qui m'avait fichu dans ce pétrin monumental...
Et voilà qu'elle pleure encore, alors que je lui demande de me suivre, et qu'elle enchaine presque sans reprendre son souffle:

"et maman? Et mon papa, il faut le retrouver, je veux mon papa"

Et elle s'en retourne au corps de sa mère presque aussitôt, et je la regarde en serrant les poings. Je ressens une telle violence en moi. Je ressens...de l'injustice. Ouais. De l'injustice. Pourquoi? Pourquoi moi qui ai toujours voulu voir mon père et ma mère crever je me retrouve à me sentir coupable devant une gamine qui voudrait que ses deux parents soient en vie? J'aimerais lui sacrifier mon salopard de père et ma nunuche de mère et qu'elle rentre chez elle avec ses deux parents, avoir l'honneur de la voir heureuse grâce à moi, de faire disparaître ces larmes sur son visage, les transformer en un sourire...
Pourquoi je m'adoucis comme ça moi, au contact de cette fille?

"maman réveilles-toi!"
e
Comment lui dire? Comment lui expliquer? C'est quoi le mieux? Je sais pas moi! J'ai jamais du m'occuper de gosses, encore moins dans ce genre de situations critiques! Et pour arranger le tout, elle se tourne vers moi et elle me demande :

"il faut sauver maman"

Sauver maman.

Je fais quoi, moi?

Je prend sa main, me mordant la lèvre avec rage. C'est pas juste. Mais...On y peut rien, c'est la vie, elle le saura bien un jour.

[i]"Maman...Ne reviendra plus. Maman t'aime très fort, mais tu dois apprendre à vivre sans elle et Papa. Ils sont parti danser au ciel avec les anges, avec tous les autres adultes...Mais t'es pas seule, ok?..." je m'empresse d'ajouter, puis relance "T'es pas seule...Je suis là...Maman m'a dit de faire attention à toi..."

Rosie regarde cette jeune femme qui semble aussi perdue qu'elle, elle sent sa main chaude prendre la sienne et recouvrir sa petite main glacée et légèrement bleuie par le froid intense. Rosie l'écoutait lui parler calmement et elle regarda sa maman.

Elle ouvrit de grands-yeux larmoyants toujours occupée à pleurer et sanglota un "pourquoi? Maman elle m'a abandonné?" Demanda-t-elle avec une petite voix brisée et fatiguée d'avoir tellement pleuré. Si sa maman n'était plus là, alors pourquoi son corps l'était-il toujours? Ses parents lui avaient toujours dis qu'ils l'aimaient plus que tout dans l'univers et qu'elle était leur raison de vivre alors pourquoi eux n'étaient pas présent.

Elle avait froid, elle était fatiguée, mais elle ne voulait pas abandonner sa maman. Aussi, lorsque des sirènes retentirent, la fillette prit peur et se recroquevilla sur elle pour coller ses mains sur ses oreilles. Elle avait tellement peur et ces sirènes continuaient de se rapprocher et bientôt un véhicule arriva. Une ambulance d'où sortit deux dames équipées qui se mirent à examiner sa mère avant de l'enfermer dans un espèce de sac plastique et de l'embarquer en laissant Rosie seule.

"Maman…où vous l'emmenez? Maman" La petite tentait de courir après, mais ses jambes lâchèrent prises et elle s'étala de tous son long dans la neige s'écorchant son genou. Le collant qu'elle avait se déchira et le sang qui coulait de son genou imbiba le tissu. Rosie avait énormément peur et elle s'avança finalement vers la jeune femme.

Elle se disait que si maman lui avait dit cela, c'est qu'elle était gentille. Peut-être que sa maman allait aller là où l'on soignait les gens et qu'elle sortirait bientôt. Rosie pensait que si elle était sage, sa maman reviendrait vite a chercher et ils iraient chercher son papa. Rosie saisit deux des doigts de la jeune femme avec sa petite main toujours froide . Elle s'essuya ses yeux qui lui faisaient toujours mal avec l'un de ses poings se les frottant comme un petit hamster chétif.

"Tu es une amie de maman et papa?" Demanda-t-elle avec innocence. Elle n'avait toujours pas comprit ce qui se passait,mais elle était persuadée que tout s'arrangerait si elle priait très fort et qu'elle demandait à dieu de réveiller sa maman et de retrouver son papa. Elle ne croyait pas qu'ils dansaient avec les anges, pourquoi l'auraient-ils fait alors qu'ils l'aimaient? Alors, elle suivait la jeune fille toujours agrippée à sa main et en boitant à cause de son genou ensanglanté.

Je suis vraiment pas douée avec les gosses, alors j'ai franchement un mal de chien à me faire comprendre d'elle... De toute façon, il n'existe pas de  façons de dire ce genre de choses à quelqu'un sans le blesser, sans devoir affronter ses larmes... Mais c'est qu'une gamine, bon sang! Ce genre de choses ne devraient pas exister.

"pourquoi? Maman elle m'a abandonné?"

Je soupire tristement.

"Plus ou moins... Elle ne l'a pas fait exprès... Elle voulait pas, tu vois...Mais on fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie...C'était la meilleure chose à faire...Elle voulait te protéger...Tu comprendras en grandissant, et en étant une gentille fille, d'accord?"


La petite avait froid, ça se voyait rien qu'à ses mains. J'ignorais si elle se rendait compte de l'état dans lequel elle était. Elle était sans doute trop exténuée pour ça. Ca se comprend. Elle est aussi dépassée que moi par tout ça. Franchement, je sais pas ce qui m'a pris de vouloir traîner dans le coin... Mais c'est pas plus mal après tout. Si moi je n'étais pas passé, qui se serait occupé d'elle? Est-ce qu'elle aurait affronter tout ça toute seule, ou bien est ce qu'elle se serait laissé mourir de froid en attendant que sa mère se réveille? Je n'osais même pas y penser, et encore moins l'envisager.
Une ambulance est arrivée, et sans plus de considérations pour la petite qui les appelaient, ils ont embarquer la mère. Je sais pas si ils se rendent compte que cet endroit est déjà assez flippant comme ça. Je sais pas si ils se rendent compte du traumatisme que ça représente pour une gamine de son âge.
Se retrouver seule, sans repère...Je connais ça, et je ne le souhaite à personne, et encore moins si jeune.

"Maman…où vous l'emmenez? Maman"

Je n'avais pas prévu qu'elle ferait ça, mais elle s'est mise à courir à vive allure. J'ai réagi un peu tard, lui courant après, me rendant compte que je ne connaissais même pas son prénom en l'appelant gauchement:

"H...Hey! Attend! Petite!"

Trop tard, elle est tombée par terre. J'arrive vers elle et l'aide à se relever maladroitement.

"Bon sang mais fais attention un peu!..." je ne l'engueule pas vraiment. Je n'ai franchement pas le coeur à ça. Et elle, elle a pas besoin que j'en rajoute à sa souffrance, elle a eu son quota pour quelques mois au moins.

"Tu es une amie de maman et papa?"

Elle demande ça avec innocence. Cela dit, avec le peu d'informations que je lui ai donné, c'est bien tout ce qu'elle pouvait déduire.  Elle tenait ma main avec ses petits doigts, et j'ai fixé nos mains enlacés pendant un long moment avant de répondre.

"Ouais..."

Elle boîte à cause de sa blessure. J'ai pas envie qu'elle se fasse plus mal encore, alors je l'attrape par la taille et la hisse sur mes épaules pour la porter.

"Bon, viens par là, on va se débrouiller toutes les deux. Comme des grandes. Ok?"

Elle est au moins aussi paumée que moi ici... Pour commencer, je vais l'amener dans ma chambre et je vais désinfecter sa blessure, et après on improvisera. Je sais vraiment pas dans quoi je me suis lancée...
Mais faudrait peut être que je lui demande, ça sera plus pratique...

"Tu t'appelles comment?"

Bien-sûr que Rosie sera une gentille petite fille en attendant que sa maman revienne la chercher. La fillette hocha la tête en répondant d'une petite voix "oui". Elle regarda 'endroit où sa maman se trouvait quelques secondes avant et  ensuite la jeune fille à qui elle tenait la main. Elle avait essayé de faire cesser  ses larmes de couler sur ses joues, mais c'était en vain, les perles d'eaux salées continuaient de rouler sur sa joue avant de venir s'écraser sur le sol formant de petits trous dans la neige.

Rosie reçu une information courte de la part de l'autre jeune femme, elle ne l'avait jamais vu avec sa maman ni son papa alors comment pouvait-elle les connaître. Peut-être était-ce une vieille amie qui habitait loin? La fillette n'avait pas très bien comprit ce qui lui était arrivée, elle était trop fatiguée et manquait cruellement d'informations pour déduire quelque-chose d'aussi compliqué.

Rosie fut soulevée par la taille et installée sur les épaules de cette jeune femme qui lui expliqua qu'elles allaient se débrouillées comme deux grandes et elle répondit de sa petite voix fragile et tremblotante "d'accord". Elle n'avait pas pour habitude de suivre les inconnues, sa maman le lui avait toujours interdit. Pourtant, comme elle connaissait sa maman ce n'était pas une inconnue à proprement parler.

Rosie posa ses petites mains sur le dessus de la tête de la jeune fille et elle répondit à la question que venait de lui poser la jeune fille "je m'appelle Rosie Fields, c'est maman qui m'a donné ce prénom parce que sa grand-mère s'appelait comme ça et qu'elle était très jolie et très courageuse" Expliqua-t-elle. Rosie n'était pas très lourde et elle avait l'impression de s'envoler à chacun des pas de Félicia. Elle lui demanda "et tu t'appelles comment toi?"

Bientôt elles arrivèrent jusqu'à 'hôtel et elles passèrent la porte  pour se rendre jusqu'à l'ascenseur ou Rosie fut déposée sur le sol puisqu'il n'y avait pas assez de hauteur pour entrer dans l'ascenseur si elle était restée sur les épaules de Félicia. Elle se mit à côté d'elle et attendit avant de marcher dans le couloir en lui tenant la main.

Elle entra à la suite de Felicia dans une petite chambre où il y avait deux lits "c'est ici ta maison?" Rosie s'installa calmement sur une chaise et attendit calmement que Félicia la soigne. Elle se rappela de la façon dont sa maman avait été emmenée loin d'elle et elle ajouta "pourquoi ils ont enfermé maman dans un sac plastique c'est pour la réchauffer ? Est-ce que je vais aller la voir bientôt ?" Rosie renifla un bon coup n'ayant pas de mouchoir sous la main.

Heureusement qu'elle était encore trop sonnée et fatiguée pour continuer de m'assommer de questions plus embarrassantes les unes que les autres. Elle est toute légère en plus, légère comme une plume, c'est à peine si je la sens sur mes épaules.

"je m'appelle Rosie Fields, c'est maman qui m'a donné ce prénom parce que sa grand-mère s'appelait comme ça et qu'elle était très jolie et très courageuse"

J'en doute pas un seconde. Elle a ça dans les veines, on peut le dire.

"Rosie, hein..." Je souris un peu, et ça me prend très rarement "C'est un très joli prénom. Je suis sûre que toi aussi tu seras très jolie et courageuse plus tard.

-et tu t'appelles comment toi?

-Moi j'm'appelle Félicia."

Mais je n'ai pas la moindre idée de pourquoi mes parents -plutôt ma mère je suppose, m'ont donné ce nom. C'est à peine si ça m’intéresse de le savoir, d'ailleurs... J'ai un dégoût, une désillusion totale et absolue de ce qui me tient lieu de parents... Si on peut vraiment appeler ça des parents, d'ailleurs.

On a débarqué à l'hôtel. Elle est descendue de mes épaules et on a pris l'ascenseur toutes les deux, et enfin on est entré dans ma chambre. Par chance, cette sale bourrique d'Elara n'y était pas. Tant que je suis loin d'elle et de sa tronche de cake, je jubile.

"c'est ici ta maison?

-Faut croire, ouais. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit quand je suis arrivé...y a quelques jours."


Je retire ma veste et l'accroche au porte-manteau, puis je farfouille dans mes affaires à la recherche de ma trousse de soin. Je suis rassurée en la retrouvant.
Rosie s'est mise à m'attendre sagement sur une chaise, sans faire de bruit. Cette gosse est un ange. C'est pas ce genre de gosses qui devrait perdre leurs parents. C'est les sales teignes qui savent même pas être reconnaissant envers leurs parents et qui leur mènent la vie dure. Ça leur apprendrait la vie, tiens.
Alors que je m'accroche d'elle avec quelques cotons imbibés d'alcool et une boite de gros pansements, elle recommence à me questionner.

"pourquoi ils ont enfermé maman dans un sac plastique c'est pour la réchauffer ? Est-ce que je vais aller la voir bientôt ?"

Ça devient compliqué d'expliquer les choses, là... Françoise Dolto, viens moi en aide...

"Non... Elle est..."

J'ai vraiment pas le courage de lui dire ça... Mais pourtant il le faut bien.

"Ta maman est... Eh bien elle est...morte, Rosie...Elle ne reviendra plus... Mais tu dois être forte, pour qu'elle sois fière de toi là haut. Elle est toujours dans ton coeur, elle le restera toujours."


Comme elle renifle, je lui tend quelques mouchoirs.

"Renifle pas, mouche toi."

Je me met à genoux face à elle.

"Ca va faire un peu mal, ma grande." Je lui tend ma main libre. "Serre ma main si ça fait trop mal. Tu peux même la mordre en cas extrème."

J'applique par petits coups délicats l'alcool sur la blessure pour la désinfecter bien comme il faut. Une fois cela fait, je lui met un gros pansement, et me relève pour lui faire un calin réconfortant. Après une journée pareille, c'est la moindre des choses. Pauvre gosse...

"Voilà. C'est fini. Tu veux boire ou manger quelque chose?"