Sous le ciel étoilé. [PV : Linia & Ellundryl]

C'était une belle soirée. Une légère brise secouait lentement les branches du Grand Chêne. Au travers du feuillage dense, on pouvait apercevoir le ciel étoilé. J'avais souvent l'occasion de l'admirer. Pourtant, je ne m'en lassais pas. Allongée au sommet de l'arbre, j'observais ce fabuleux tableau. Mes longs cheveux blancs tombaient en cascade, se mêlant à la brume qui se baladait çà et là. Je pris une grande bouffée d'air frais, étendant les bras, comme pour essayer de toucher les étoiles. Petite, je rêvais de pouvoir m'approcher du ciel, pour apprivoiser les nuages, et m'approprier leurs rêves. Je savais qu'il existait des êtres qui vivaient là haut. Des sortes de "Dieux", comme les appelaient les humains. Je trouvais ce mot amusant. Et parfois, je me demandais si eux aussi rêvait d'avoir des contacts avec les humains. Où si ils pouvaient en avoir. Si c'était le cas, ils avaient beaucoup de chance ! Les humains étaient des êtres fascinants. Ils avaient le don de piquer ma curiosité à vif. Lorsqu'ils venaient se réfugier sous mes branches, je les écoutais. Inlassablement. C'était un peu comme "L'école" pour les enfants humains. J'apprenais beaucoup de choses en les écoutant. Des mots, des concepts. Moi, j'aimais ça. J'aime apprendre.

Brusquement, une étoile filante passa. Mon père m'avait raconté que lorsque l'on voit une étoile filer dans le ciel, il faut faire un voeu. Mais j'ignorais ce que je désirais de plus. J'avais déjà tout pour être heureuse. J'étais comblée par ma vie. Puis, je songeais que je n'aurais pas refusé un peu de compagnie humaine. Un vrai humain ! A qui je pourrais parler, qui saurait me voir. A cette pensée, mon Père secoua légèrement la branche sur laquelle j'étais, pour me faire comprendre que lui valait tous les humains du monde. Je souris. Il n'avait pas tort, cependant... Certes, sa compagnie m'étais précieuse. Mais je rêvais de pouvoir parler à une humaine. Rien que pour assouvir ma curiosité. Et entendre le son de ma voix. Depuis ma naissance, je n'avais pas eu l'occasion de parler. Je communiquais avec mon père par la pensée, avec la nature par le langage du corps. Et je n'avais jamais pensé à parler. Avec des mots. Comme les hommes. Ca m'était tout bonnement inutile. J'ouvris la bouche, en essayant d'articuler quelques choses. Et encore une fois, mes efforts furent vain. Mais je ne perdais pas confiance. Je savais que lorsque ce serait le moment, j'y arriverais.

C'était une belle soirée. Et dans mon coeur, j'avais toujours cet espoir fou de me faire un jour une amie. Même si je ne connaissais pas le sens exact du mot, ça me semblait important. D'avoir une amie. Une amie qui viendrait me parler, avec qui je pourrais partager des secrets. Une amie avec qui je pourrais rire. Qui me ferait connaitre sa vie. Et à qui j'enseignerais la mienne. Une fille qui aimerait passer du temps avec moi. Mais pas tout le temps quand même. Malgré tout, j'appréciai d'être seule, livrée à moi même. Enfin, seule... Entourée de mon Père, et du vent, des oiseaux et de la pluie. De la nature. Mais l'idée d'avoir une amie humaine s'imposait de plus en plus à moi. C'était stupide. Je me laissais submerger par des sentiments qui ne devraient appartenir qu'à des humains. Et je n'étais pas humaine. Même si au final, je n'en étais pas loin. Ma morphologie pouvait être aisément confondue avec celle humaine. Mais j'avais tout de même des différences majeures. Mes doigts, par exemple. J'ai bien observé, et aucune humaine ne semble en avoir des comme ça. Alors... Peut être était-ce le fait que je sois unique qui me poussait à me lier avec des êtres qui me ressemblait sensiblement ?

Je soupirais. Le jour où quelqu'un viendrait me parler ne semblait pas prés d'arriver. J'agrippais la branche sur laquelle j'étais allongée, et me laissais tomber de mon perchoir. Je me balançais quelques secondes à l'arbre avant de courber mon corps, pour me projeter dans les airs. Je perçais le couvert des branches quelques instants, et j'en profitais pour observer le village dans toute sa splendeur. Même tard le soir, il semblait plein de vie. Des lumières rayonnaient ça et là, illuminant la noirceur nocturne. Un jeune couple courait dans la prairie. Ah, l'amour. Encore un sentiment que j'aurais voulu connaitre, mais que j'étais persuadée de ne pouvoir jamais atteindre. J'effectuais une cabriole aérienne, et retombais quelques mètres plus bas, aussi silencieuse qu'une ombre. Et brusquement, je me figeais. Il y avait un bruit. Un bruit de pas. Ce n'était pas rare par ici. Les nouvelles arrivantes passaient souvent non loin d'ici. Mais là, c'était différent. Quelqu'un approchait. Et ce quelqu'un ne montrait pas l'ombre d'une hésitation. J'en fus immédiatement persuadée. Cette jeune fille, qui qu'elle soit, venait vers moi !