Ce que l'on sème [Emily]

Que l'on soit claire sur un point, Hiro avait fait une liste impressionnante de connerie depuis son arrivée à Etiopia, et elle n'avait pas attendu l'arrivée d'une psychologue pour réfléchir aux conséquences de ses actes. En fait c'était même plutôt une aubaine qu'une telle personne soit arrivé et y ai ouvert un cabinet. Hiro ne serait pas venu si il avait été là à son arrivé, mais elle y serait allé beaucoup plus tôt. La situation dans laquelle elle se trouvait était complexe et elle n'en maitrisait pas grand chose. Là était justement le problème ; elle n'avait aucun contrôle sur elle même. Sa nature colérique rendait sa vie précaire, elle pouvait détruire tout ce qu'elle avait si durement construit en quelques secondes. Son altercation avec Kiralee où elle avait faillit la tuer en avait été la preuve évidente.

Personne ne l'avait forcé à venir. Si tel avait été le cas, elle ne serait pas venu juste pour le principe de rébellion. Elle faisait partit de ses personnes qui n'aiment pas être forcé et préfère prendre eux même les initiatives, même si le résultat et le même. En réalité elle avait trouvée le cabinet parce que, depuis qu'elle s'était mise en tête de devenir médecin, elle passait beaucoup de temps dans la clinique. Elle avait prit rendez vous sans en parler à personne, même pas à Akane avec qui elle partageait pourtant sa vie. C'était quelque chose qu'elle voulait régler seul, d'une certain manière son dernier combat.

Hiro toqua à la porte. Elle attendit d'entendre une voix et entra, sans vraiment avoir distinctement entendu un "entrez". Il était 17h et Hiro avait encore son sac de cours, elle n'avait même pas prit le temps d'aller poser son sac à l'hôtel. Tout ce qu'elle avait fait en sortant de classe c'était accompagner Akane à son travail de serveuse, dans le bâtiment juste en face de la clinique.

- Hiromushi honjô.

Depuis son arrivée, Emily n'avait eu qu'une seule et unique patiente qui était venue dans son cabinet, enfin qui avait été forcé de venir. Pourtant, les jeunes filles qui arrivent à Etiopia, si le portail s'ouvrent devant elle, c'est pour une bonne raison, que quelque chose ne va vraiment pas bien pour elles. Leur vie en danger , leur esprit troublé ou encore leur cœur au bord du gouffre. Elles avaient au moins toutes une petite raison de venir la voir, mais non, surement encore un coup des préjugés sur les psychologues, qui porte soi-disant plus d'intérêt à l'argent de leur patient, plus qu'à leur patient en question. C'est vrai que certains le sont, mais pas tous. Emily aime beaucoup l'argent, mais elle cherche quand même avant tout à aider ceux qui lui demandent de l'aide.

On était en fin d'après-midi et le soleil commençait petit à petit à disparaître. Comme elle en avait pris l'habitude à force de rester dans son cabinet sans que quelqu'un ne vienne pour une consultation, elle buvait tranquillement son thé, mais cette fois, elle ne lisait pas une revue de psychologie, non jouait tout simplement aux échec sur son ordinateur portable. "C'est chouette d'être payé à ne rien faire..." Soupira-t-elle, n'en pouvant plus de n'avoir rien à faire, il était quand même arrivé une ou deux fois qu'on lui demande de faire le suivi psychologique d'une personne hospitalisé, mais c'était tout. L'autre jour, elle avait décidé d'aller faire un tour dans les différents services pour voir si on n'avait pas besoin d'elle, mais non rien, elle rencontra juste une jeune fille intrigante, qui apparemment faisait des recherches dans l'hôpital, mais que tout le monde avait l'air de ne pas trop apprécier. Mais Emily la trouva très intéressante et lui proposa ses services si elle avait besoin d'aide ou autre.

Soudain, une personne frappa à la porte. Pour son plus grand bonheur, quelqu'un s'était enfin décidé à venir la consulter. "J'arrive !". Elle ferma son ordinateur et le mit de côté, puis, elle se précipita dans la salle d'attente, sa future patiente était entrée et quelle surprise cela fut quand elle découvrit de qui il s'agissait. C'était Hiromushi Hônjo. Elle lui tendit la main pour lui dire bonjour. "Bonjour, Hiromushi Hônjo." Puis elle l'invita à entrer dans son bureau. "Asseyez vous je vous en prie." Elle alla à son tour s'assoir dans son fauteuil pour que la séance puisse commencer. "Qu'est-ce qui vous amène ici ?"

Hiro cacha au mieux ses émotions, elle ne voulait pas paraître déplacé ni vexer Emily. Mais quand elle l'avait vu, une intense envie de se frapper le front en maudissant le ciel l'avait soudainement prit et refusait de la quitter. Etiopia avait beau être plus petit que la terre, ce hasard était tout de même troublant. Qu'elle tombe sur une des rares personnes avec qui elle avait un jour parlait tenait du miracle. Enfin mirable, à tenter que ce le soit, Hiro se sentait un peu timide à l'idée de parler à quelqu'un qu'elle connaissait.

Ce n'est qu'une fois assise, lui ayant serrer la main par réflexe qu'Hiro se dit que ce n'était peut être pas une si mauvaise chose. Emily Mortimer n'était plus la fille de son père et n'était qu'une fille parmi tant d'autre ici. Mais elle l'avait été et c'était donc la personne la plus à même de comprendre la psyché d'une fille comme Hiro, qui à une époque avait été une riche héritière aussi. Le fait est que, même si elle reprenait confiance, elle ne savait pas par quoi commencer. Hiro croisa les jambes et joua avec ses doigts, en faisant craquer les jointures du même coup.

- Et bien je... Je ne sais pas trop par quoi commencer, l'histoire de l'oeuf ou de la poule. En gros j'ai beaucoup de colère en moi et je n'arrive pas à me calmer. Ca me rend très impulsive, un peu dangereuse et instable.

Hiro était tenté de raconter l'épisode avec Kiralee mais ce n'était pas ça le problème. Sa colère était bien plus vieille, elle avait plusieurs années, sa colère l'avait conduit dans la rue où la violence fait loi, et non l'inverse ce n'était pas la rue qui avait fait d'elle une boule de nerf. Ce qui lui posait problème aujourd'hui était qu'elle n'arrivait pas à se calmer, malgré ses efforts et sa situation quasi idyllique. Quand elle ne la sentait plus, un petit événement la faisait revenir au galop comme si elle ne faisait que dormir.

Hiromushi semblait un peu perturbée par le fait que ce soit Emily qui se trouve en face d'elle. Mais entre la Emily qu'elle avait rencontré il y a quelques jours et la Emily en mode travail, il y avait une grande différence. Déjà dans la tenue. Elle avait une allure plus adulte, elle faisait vraiment son âge dans ses vêtement de travail et ses lunettes lui donnaient un air plus sérieux. Ses cheveux attachés, un petit air stricte. Et dans sa tête, celle qu'elle avait en face d'elle était passé d'une connaissance à une complète inconnue, c'était sa patiente et ça s'arrêtait là.

D'ailleurs, sa patient en question, ne savait pas par où commencer. Elle avait fait ses doigts, apparemment elle était assez nerveuse. Puis, elle avait déclaré avoir beaucoup de colère en elle et se sentir dans l'incapacité de se calmer. Elle se qualifié elle-même d'impulsive, de dangereuse et d'instable. Pour essayer de la rassurer un peu et de la mettre en confiance, Emily tenta quelques mots positifs. "Vous avez l'air d'être venue de votre plein gré. C'est une bonne chose déjà, ça prouve que vous êtes prête à changer et tout le monde ne peut pas en dire autant." Elle s'arrêta quelques secondes pour observer sa réaction et pose deux simple question, auxquelles il n'était pas forcément facile de répondre. "Cette colère, elle vient de vous ou ce sont les autres qui la provoque ? Vous la dirigez vers vous ou les autres ?" C'était peut-être osé et un peu directe, mais la jeune fille en face d'elle semblait prête à travailler sur elle-même et à aller de l'avant.

[De toi à moi, Hiro n'est pas un vrai patient et je suis clémente sur les réponses. Tout vas bien xD]

Hiro laissa son regard se perdre dans le vide. Si il y a quelques secondes encore elle était sur le point de rire de la remarque d'Emily qui la trouvait "prête à changer", elle se trouvait maintenant plongé en elle même, dans un état presque méditatif.

- La colère vient de moi et elle se répercute sur tout mon environnement. Ce que je vais dire est un peu stupide, mais je me suis fait tirer les cartes par une vieille femme dans la forêt. Je ne suis pas quelqu'un de superstitieux mais elle m'a dit quelque chose comme ... "Ne laisse pas le fruit pourrir car sinon il serra vraiment trop tard".

Hiro réfléchissait tendis qu'elle parlait. Elle savait qu'elle devait en dire plus, beaucoup plus. En fait elle devait presque tout dire de A à Z. Par pudeur elle essayait de trier le plus pertinent pour ne pas avoir à tout raconter. En même temps elle repensait à la vieille Eva et à toutes les personnes qui lui avaient tendu une perche pour l'aider à s'en sortir. Eva, Nagisa et bien sûr Akane.

- Euuuh... Je n'ai pas toujours été comme ça. En colère je veux dire. Je n'arrive pas très bien à me souvenir de quand ça a commencé mais ça a prit une part très importante dans ma vie. Je ... J'ai commencé par vouloir tout détruire matériellement autour de moi, puis j'ai du m'enfuir de chez moi pour ne pas subir les conséquences de mes conneries. Du coup dans la rue toute cette colère a été nourrie, j'ai finis par détruire des vies... Beaucoup de gens. Et puis j'ai atterrit ici. Hmmm ... Depuis je me suis pas mal calmé, certaine personne ont su être là pour moi.

L'heure était venu de conclure son discours, elle regarda finalement Emily droit dans les yeux, ayant déjà les idées bien plus rangées.

- Je suis ici parce que malgré toute l'aide qu'on m'a donné et mes efforts personnelles, je n'arrive pas à me sentir mieux. Il y a encore quelque chose qui me ronge.

Hiro avait répondu à ses questions comme Emily l'avait espéré. Elle était allé plus long qu'un simple oui ou non. Cela apportait donc à notre psychologue des informations intéressantes. Hiro avait donc conscience que cette colère venait d'elle et qu'elle l'exprimait sur ce qui l'entourait. Apparemment, sa rencontre avec une diseuse de bonne aventure lui avait donné matière à réfléchir et c'était surement une des raisons qui l'avait poussé à venir consulter. Puis, Hiro lui expliqua qu'avant elle n'était pas comme ça et qu'à un moment, elle a commencé à vouloir tout détruire, pour fuir certaines choses chez elle. Elle disait ne pas savoir quand cela avait commencé, mais en réalité, ne refuse-t-elle pas de le savoir ? Se voilait-elle la face sur quelque chose de particulier ?

En tout cas, il était clair qu'elle n'était pas là pour rien, une dernière chose semblait la bloquer, mais elle n'arrivait pas à lui faire face. Emily essaya de choisir au mieux ses mots. "Si j'ai bien compris, cela fait un moment maintenant que vous avez cette colère en vous. Elle s'est amplifiée avec le temps et ce jusqu'à ce que vous arriviez ici et que vous rencontriez certaines personnes ?" Hiro acquiesça de la tête. "Donc, la source de cette colère vient d'avant que vous vous soyez enfuie de chez vous ?" Un peu hésitante, Hiro acquiesça une fois de plus. Mais cette fois, Emily ne rajouta pas d'autres questions, elle voulait que sa patiente réfléchisse d'elle-même à ça et qu'elle se livre sans qu'on l'y contraigne.

[Bon tant pis, j'attends pas la fin du parfum mais je vais quand même l'ignorer pour des raisons de logique (hiro ne peut pas être partout en même temps)]

Hiro leva les yeux aux ciels, fouillant comme une damnée dans sa mémoire. Sartre avait dit quelque part que l'inconscient n'était qu'une forme mauvaise foi, parce qu'au fond on connaissait tous le pourquoi du comment, elle ne se souvenait pas du texte exact mais ce qui était sûr, c'est qu'il ne niait pas le courage nécessaire pour y arriver. Ce qu'il voulait dire par là ressemblait plus à "ne te cache pas derrière une puissance caché comme on se cache derrière Dieu". Hiro savait au fond d'elle pourquoi elle était en colère, ce qu'elle ne savait plus c'est quand la honte et la frustration avaient finit par exploser en quelque chose de plus grand. Ce qu'elle ne savait pas non plus c'était comment faire la paix avec son passé. Ses parents n'étaient plus à porté de main, elle avait des milliers de chose à prouver au monde mais aucun moyen pour le faire, parce que maintenant elle était à Etiopia. Elle ne savait même pas si elle manquait finalement à ses parents ou s'ils l'avaient vraiment rayé de leurs vies.

- Oui, j'étais très en colère contre mes parents, ils m'avaient mis une pression monstre et à cause d'une minuscule ... faille dans mon caractère...Enfin, je n'étais pas en colère, j'étais bien plus que ça. J'étais déçu, humilié et triste, je trouvais ça injuste...
Bref, je n'étais pas parfaite, je n'étais pas le robot de fille qu'ils voulaient, alors ils m'ont banni du japon. Et malgré tous mes efforts pour changer, je n'ai pas pu ignorer que j'aimais les femmes beaucoup plus que les hommes. Pour eux c'était trop alors ils m'ont rayer de leurs vies définitivement, me laissant une maison de vacances par devoir. Mais même à ce moment là, je n'étais pas vraiment en colère... J'étais amer. On m'avait trompé et traité comme un objet qu'on achète et qu'on jette quand il ne nous plait plut.

Le visage d'Hiro s'était refermé, ses sourcils n'étaient pas particulièrement froncés, aucune colère ne dégageait d'elle. Pourtant à l'intérieur elle sentait cette fameuse colère se réveiller doucement, comme une bête endormit qui va se déchainer. Tout ce qu'elle avait sacrifié pour ceux qui lui avait donné la vie, une maison et une identité n'avait permis que de récolter du mépris et de l'ignorance.