Mais voilà vous me posez un sérieux problème (*) (PV Anita)

Jeu 2 Fév 2012 - 8:03

[à l'hôtel]

14h28.. Il était encore tôt.. Keyah regardait l'horloge continuellement. Décidément elle ne se reconnaissait pas elle-même. Elle qui avait toujours vécu les rendez-vous avec les filles de manière décontractée, et pour tout dire assez frivole même, voilà qu'elle appréhendait de revoir Anita.

14h34.. Jamais elle n'avait regardé autant l'heure depuis son arrivée sur Etiopia. Mais comment était-ce possible? Elle se remémora la soirée au cinéma, deux jours avant. Cette entente immédiate entre elle et sa voisine, et bien qu'au début elle avait pensé rentrer chez elle après le film, elle avait fini par accompagner la demoiselle boire un verre.. Un verre.. même plusieurs!
Et Anita lui plaisait. Elle était différente. Elle était hétéro pour commencer, ou en tout cas se targuait de l'être, même si Keyah avait noté quelques indices qui laissait à penser que tout n'était peut-être pas perdu. Et puis elle savait. Elle connaissait la réalité dans laquelle Keyah avait grandi, même si c'était ailleurs, et d'une façon différente, elle comprenait.

[sortie de l'hôtel, dans les rues]

14h40 .. Elle n'y tint plus et sortit. À ce rythme elle serait en avance, puisque le salon de thé n'était pas si loin de l'hôtel, mais tant pis. Elle attendrait. Une image lui revient, de la veille. Elle avait été surprise de voir Anita comme assistante de la prof de LSF. Elle avait envie d'en savoir plus sur ce qui l'avait amené là. elle pressa le pas.

Plus elle s'en approchait, et plus son trouble augmentait. Comment allait-elle saluer la jeune femme? Lui serrer la main, lui faire la bise? Et puis dans un salon de thé, il faudrait parler.. Pour d'obscures raisons, Keyah craignait de manquer de conversation. Chose étonnante puisqu'elle s'était justement trouvée très à l'aise pour parler avec Anita l'autre soir, même de choses sérieuses et personnelles. Mais quand le trac s'installe, il est difficile d'avoir des pensées cohérentes.
Elle jeta un coup d'oeil sur la salle d'arcade en passant devant. Avec quelques années de moins, elles auraient pu s'y retrouver. Cela aurait été certainement plus simple, les activités n'y manquaient pas, variées, et qui donc donnaient quelque chose à faire. Ceci dit, pour faire connaissance réellement, ce n'était pas l'endroit idéal.
Elle soupira, tout était bien plus simple quand elle était plus jeune.

[devant le salon de thé]

14h50, lu sur une horloge sur le mur d'en face.. Et voilà, elle avait 10 minutes d'avance. Elle jeta un coup d'oeil à l'intérieur. Anita ne semblait pas y être. Elle décida donc de l'attendre dehors. Et de profiter de ce moment pour se calmer. Pourquoi diable cette fille lui faisait-elle cet effet-là?! Keyah n'avait pas l'habitude d'être aussi troublée, ça ne lui ressemblait pas. Lorsqu'une fille lui plaisait elle était même plutôt sûre d'elle. Elle se concentra. Avec un peu de chance, cet excès de trouble s'estomperait avec l'arrivée de la jeune femme. Après tout, c'était probablement l'attente qui causait tout ça.

( * "Au Conditionnel" - Matmatah)

Jeu 2 Fév 2012 - 15:31

Ces derniers jours avaient été riches en émotion pour Anita. Première journée de cours en tant qu'assistante de Fleur, une rencontre fort agréable avec Keyah. Et la journée qui arrivait promettait aussi d'être bien remplie. Anita se leva de bonne heure, depuis qu'elle était à Etiopia elle pouvait profiter de bonnes nuits de sommeil et ne ressentait plus le besoin de faire de grasse matinée. Après un petit déjeuner rapide, elle alla faire un footing, il ne fallait pas perdre les bonnes habitudes, et prit une douche en rentrant de son footing. Elle se planta ensuite devant sa garde robe.

- Anita Anita ... faudrait vraiment que tu revois tes fringues ! s'exclama-t-elle face à son armoire.

Elle en sortit un jean noir et une chemise bleue ciel. Ce n'était pas très sexy mais c'est ce qu'elle avait de plus présentable ou classe pour un rendez-vous. Ses joues s'empourprèrent lorsqu'elle réalisa que c'était un rendez-vous. Pourquoi angoisser alors que c'était elle qui l'avait proposé ? Justement parce que c'était elle-même qui l'avait proposé. Peut être que finalement Keyah ne serait pas là, et peut être qu'Anita serait furieuse si elle ne venait pas ?

- Argh ! Arrêtes de réfléchir ... Il faut que je me laisse porter par les évènements.

Les heures passèrent et quand elle regarda sa montre Anita vit que son rendez vous était dans quelques minutes. Le centre du village n'était pas bien grand mais elle ferait surement mieux de partir. Elle enfila une veste assez épaisse par dessus sa chemise et une fois chaussée de ses bottes noires elle quitta l'hôtel à la recherche du salon de thé. Comme elle le pensait il n'était pas très loin, et il était tout juste 14h58. Elle reconnut la silhouette à Keyah devant la porte et se sentit soulagée, soulagée qu'on ne lui ait pas posé un lapin.

- Bonjour Keyah, lança-t-elle simplement en s'avançant, j'espère que vous n'avez pas attendu trop longtemps. Rentrons au chaud !

Anita ouvrit la porte du salon de thé et passa la première. Elle se demanda si la galanterie existait entre femmes, en fait laisser passer une personne avant soi c'était avant tout de la politesse, mais Anita n'y avait toujours vu qu'un excès de galanterie de la part de certains hommes. Pour adoucir ce qui pouvait passer pour de l'impolitesse elle prit soin de tenir la porte pour qu'elle ne se referme pas sur Keyah. Une serveuse leur indiqua une table près d'une fenêtre. Anita s'y dirigea.

Ven 3 Fév 2012 - 8:10

14h56.. Mais pourquoi cette maudite horloge était-elle là, sur ce mur? Le temps serait passé bien plus vite si Keyah n'avait pas pu regarder l'heure. C'est qu'il ne faisait un peu froid. Elle regretta de n'avoir pas mis une veste plus adaptée.

Mais voilà qu'enfin elle aperçu Anita qui arrivait. Elle la gratifia d'un grand sourire et lui répondit tout simplement

Bonjour Anita, je viens juste d'arriver, allons-y.

Et de lui emboîter le pas pour rentrer. Bien sûr qu'elle avait attendu, mais c'était de sa faute, elle était arrivée trop en avance. Elle appréciait d'ailleurs la ponctualité d'Anita. Qui a dit que les filles hétéro se faisaient toujours attendre? Ou alors la jeune femme n'était pas si hétéro que ça.. Cette pensée la fit sourire alors que la porte se refermait derrière elle.
Elle suivit Anita jusqu'à la table indiquée par la serveuse et s'y installa, en face d'elle après avoir accroché sa veste à un porte-manteau pas loin. Elle avait mis un pantalon gris clair, une chemise blanche avec par-dessus un léger pull mauve avec un col en V . Elle n'y avait pas trop pensé à vrai dire, elle ne se souciait que rarement de son habillement, mais on lui avait dit que le mauve lui allait bien au teint.

Elle étaient à peine assises que la serveuse posa deux cartes sur la table et s'en alla aussitôt. Keyah les prit et en tendit une à Anita.

Tenez. C'est la première fois que je viens ici.. Que je viens dans un salon de thé quel qu'il soit, d'ailleurs. Ma mère aurait aimé ce genre d'endroit..

Hm.. ça se fait de parler de sa mère pendant un rendez-vous? Oh et puis tant pis, maintenant elle l'a dit. Comme elle l'avait pensé, le stress s'était envolé. Elle voulait donc en profiter et surtout ne pas se poser de questions sur ce qui se dit ou pas, ce qui se fait ou pas. Être le plus naturel possible.

Elles firent leur choix, que la serveuse vint relever bien vite, décidément, le service était très efficace dans cet endroit.

Alors, vous me racontez comment vous vous êtes retrouvée assistante pour un cours de langue des signes?

Légèrement penchée en avant, le regard vif planté dans celui d'Anita, toute l'attitude de Keyah montrait l'intérêt réel qu'elle portait à ce que la jeune femme lui aurait répondu.

Lun 6 Fév 2012 - 9:36

Tenez. C'est la première fois que je viens ici.. Que je viens dans un salon de thé quel qu'il soit, d'ailleurs. Ma mère aurait aimé ce genre d'endroit..

Anita saisit la carte et commença à regarder ce qu'on servait ici, ou même tout simplement ce qu'on servait dans un salon de thé. Elle avait proposé le salon de thé sans même savoir à quoi ressembler un salon de thé. C'était surement plus rassurant pour elle, un restaurant ça installait directement un rendez-vous romantique, un salon de thé c'était plus simple.

- C'est également la première fois que je mets les pieds ici.

Alors que la serveuse venait de prendre leur commande, Keyah l'interrogea sur le pourquoi de sa présence au cours de langue des signes.

- C'est une longue histoire ... enfin pas si longue que ça remarquez. J'ai trouvé Fleur au portail et je me suis occupée d'elle. Elle était blessée, pas seulement physiquement, et je pouvais pas la laisser toute seule. Seulement je parlais pas un mot, enfin si on peut dire, de langue des signes. Alors elle m'a appris quelques trucs et de fil en aiguille je lui ai dit qu'elle devrait devenir prof. Et je me suis retrouvée assistante. Et vous pourquoi cet intérêt pour la langue des signes ?

Alors qu'elle parlait, Anita remarqua que la serveuse arrivait à la commande. Elle avait hâte de goûter au flan pâtissier et au chocolat chaud - oui le thé ça n'était pas sa tasse de thé justement - en fait elle avait hâte de manger. Elle avait l'estomac noué depuis qu'elle s'était levée, surement à cause du stress, mais maintenant qu'elle était là elle sentait la faim arrivait.

Jeu 9 Fév 2012 - 11:28

La serveuse arrivait. Keyah la laissa donc leur servir ce qu'elles avaient pris avant de répondre à Anita. Flan pâtissier et chocolat chaud pour l'américaine, et quant à elle, elle avait choisi une infusion d'épices cacao et cannelle qui l'intriguait et un "cannolo" sicilien qu'elle avait été surprise de pouvoir trouver ici.

Elle rajouta du sucre dans l'infusion et mélangea doucement avec la cuillère, de façon aussi à la faire refroidir un peu.

Alors la langue des signes, j'avais commencé à l'apprendre chez moi. La version italienne bien sûr, la LIS. Un jour j'ai remarqué un petit garçon qui portait des appareils auditifs pour mal-entendants. Il était vraiment petit, et il signait déjà. Je me suis rendue compte que c'était plus naturel pour lui ainsi. Et que donc si je voulais faire un vrai travail avec ces enfants, tous les enfants, je devais connaître les meilleurs moyens de communiquer avec eux, et je me suis inscrite à un cours.
Hélas je n'ai pas pu le fréquenter bien longtemps..

Enfin voilà, et puis j'ai su par hasard du cours de LSF ici.. Je n'ai pas tant de bases en LIS que ça, alors recommencer à zéro avec la version française de la langue ne me pose pas de problème.

Elle attrapa son cannolo, et vit qu'Anita attaquait elle-aussi.

Bon appétit !

Hm.. c'était vraiment un régal. Keyah se sentait comme lorsqu'elle était encore sur terre et qu'elle s'accordait une petite gourmandise comme celle-ci. Comment était-ce possible d'avoir ici sur Etiopia un cannolo aussi bon??! Mystère..

Elle en mangea un peu, but un peu de l'infusion, un goût particulier mais très bon, et puis ça réchauffait de l'intérieur. Elle allait continuer à manger lorsqu'elle pensa qu'Anita, américaine, n'avait peut-être jamais goûté à cette spécialité sicilienne, ou au moins pas à une version si bonne, égale à l'originale.

Elle fit un léger signe vers elle en le lui proposant.

Vous voulez en goûter? C'est vraiment un délice, et cela me rappelle là où j'ai grandi.

Echange de saveurs, mais d'émotions aussi..

Jeu 9 Fév 2012 - 17:41

Anita écouta l’explication de Keyah quant à sa présence au cours de Fleur. C’était beaucoup plus logique que sa propre explication, mais que voulez-vous, on a pas tous la même histoire.

Vous voulez en goûter? C'est vraiment un délice, et cela me rappelle là où j'ai grandi.

Oh eh bien pourquoi pas. Je connais pas du tout, en fait … en fait je connais pas grand-chose en pâtisserie, je mangeais souvent des sandwiches faute de temps, et mes petits déjeuners étaient composés à 100% de café !

Anita coupa délicatement un morceau. Elle le goûta, c’était plutôt bon, croustillant à l’extérieur et crémeux à l’intérieur. Elle se fit la réflexion qu’elle aurait pu être présentatrice d’émission culinaire avec ce genre de commentaire.

Ma mère, elle était d’origine mexicaine, elle faisait souvent des enchiladas, quand elle est morte, j’ai arrêté d’en manger, mon père n’était pas un cuisiner de génie et sa nouvelle femme était plus choucroute. Un jour j’étais sur une aire d’autoroute au sud des Etats-Unis et il y avait un type qui préparait des enchiladas et d’autres plats mexicains dans une petite cabane pas très reluisante. J’en ai remangé à ce moment-là et même si elles étaient très bonnes, ça m’a rappelé pourquoi j’en mangeais plus. Ce plat, aussi stupide que ça puisse paraître, était rattaché aux souvenirs de ma mère, et il pouvait pas être aussi bon que quand elle le cuisinait, parce que je me rappelle que c’était une vraie cérémonie, je la regardais faire, elle était fière d’étaler son savoir culinaire et ses origines. C’est dingue tous les souvenirs qu’on attache à la nourriture, ça dépasse le goût … Hum désolée, je sais pas pourquoi je me suis mise à parler de ça. Bravo Anita tu pourris l’ambiance !

Après cette tirade nostalgique, Anita baissa les yeux vers son flan et son chocolat. Elle mangea une nouvelle cuillère de flan et but une nouvelle gorgée de chocolat. Depuis qu’elle était à Etiopia et à plus forte raison depuis qu’elle avait rencontré Keyah, une question lui trottait dans la tête. Le moment était surement mal choisi pour la poser, mais elle avait besoin de la poser. Elle releva brusquement la tête et plongea son regard azur dans celui de Keyah.

Keyah … hum je suis désolée si ma question peut paraître stupide ou peut-être offensante mais, comme vous le savez, je suis … enfin je suis hétéro, et je me demandais … est-ce qu’il y a un moment où on se rend compte qu’on a peut-être pris la mauvaise route ? Je veux dire, on se réveille pas un jour en se disant qu’on est homosexuelle ou hétéro ça serait stupide, mais … comment on sait ? Est-ce qu’on risque pas de faire souffrir des gens dans le processus de recherche de soi ? Je suis consciente de l’absurdité de ces questions mais … ça me trotte dans la tête depuis quelques temps. Les choses étaient simples pour moi avant, et alors que tout est censé devenir encore plus simple ici, je me mets à me poser toutes ces questions sur moi.

Anita saisit sa tasse de chocolat et descendit l’intégralité d’un trait. Ce n’était peut-être pas la meilleure chose à faire mais il fallait qu’elle le fasse, comme pour faire disparaître au fond d’elle-même les questions qu’elle venait de poser. Elle n’avait pas pu les poser à Fleur ces questions-là puisque Fleur était dans la même situation qu’elle, et elle ne connaissait personne suffisamment pour en parler.

Jeu 9 Fév 2012 - 22:23

Sans qu'elle le veuille vraiment, le regard de Keyah s'était arrêté sur les lèvres d'Anita alors qu'elles se refermaient sur le morceau de cannolo.
Les pensées qui découlaient naturellement de ce regard n'eurent pas le temps de germer dans son esprit et Anita s'était mise à évoquer des souvenirs. Sa mère. Keyah aussi avait perdu sa mère. Faudrait-il que leurs points en communs soient si négatifs? La mafia, la perte de leur mère.. Keyah l'écoutait, comprenant parfaitement ce qu'elle disait.

Oh ne pensez pas cela! Je préfère partager vos émotions plutôt que de parler du temps qu'il fait. Et puis.. Je comprends. Ma mère cuisinait des plats ivoiriens, je n'en ai jamais plus mangé depuis..

Et comme Anita, elle mangea un peu puis but de son infusion aux épices. Elle reposa la tasse lorsque la jeune femme reprit à lui parler. Bien lui en prit, elle se serait certainement étranglé avec le liquide lorsqu'elle comprit ce qu'elle voulait dire. Elle se retint de lui dire qu'elle était volontaire pour lui servi de cobaye. C'était sérieux. Et elle méritait une réponse sérieuse.

Oui mais... Que devait-elle répondre? C'était un argument compliqué.. Et en plus il semblait avoir servi à Anita une bonne dose de courage pour lui poser ces questions. La vitesse avec laquelle elle avait enchaîné les phrases trahissait un certain embarras, ainsi que cette façon de finir son chocolat chaud d'un coup.
Keyah sentit qu'elle devrait choisir ses mots avec attention, en espérant que le traducteur magique n'en déforme pas trop le sens. C'était important.
Elle n'arrivait cependant pas à arrêter la petite voix dans sa tête, comme une petite marionnette qui exécutait bien trop tôt une sorte de "danse de la victoire" en répétant "elle n'est pas hétéro, elle n'est pas hétéro". Alors pour la faire taire, Keyah avala elle aussi le reste de son infusion, comme ça, d'un coup.

Et bien.. C'est un argument compliqué..

Ah mais oui, continue comme ça vas-y Keyah, t'es bien lancée pour dire des banalités..

Alors euh.. Comment sait-on.. Mais plus simplement, je pense qu'il faut avant tout se débarrasser de nos étiquettes. Après tout, hétéro, homo.. même bi.. ce ne sont que des catégories qui servent aux autres pour nous classer dans des cases.
Mais tout n'est pas si absolu dans la vie.. Je veux dire.. Si un jour je rencontrais un homme qui me plaisait.. Peu probable voire impossible maintenant vous allez me dire.. Mais admettons.. je le rencontre, il me plait. Serais-je moins lesbienne pour autant? Un seul homme suffirait-il à me faire passer dans la catégorie bi? Et si ce n'est pas un, alors combien? 5? 10? Plus?
Les personnes nous plaisent pour ce qu'elles sont. J'ai naturellement plus tendance à être charmée par des personnes qui se trouvent être des femmes, mais cela ne signifie pas qu'aucun homme sur terre ne peut me plaire, c'est seulement improbable..

Tu tournes au discours philosophique ma fille.. Reprends-toi..

Dans votre cas, c'est un peu plus compliqué.. Vous pourriez.. Et je ne dis pas que c'est le cas - mais tu l'espères n'est-ce pas? - Vous pourriez avoir des capacités à aimer les femmes que vous n'avez jamais exploré auparavant.. Par manque d'occasion, par facilité aussi.. Cela ne voudrait pas dire que vous vous êtes "trompée", que vous avez pris la mauvaise route.. Notre route à chacun change de décor, et nos capacités d'adaptations sont mises à l'épreuve. D'ailleurs nous le savons bien, puisque notre décor est devenu Etiopia comme ça d'un jour à l'autre.

Après, pour ce qu'il en est du risque de blesser quelqu'un durant la recherche de soi.. Disons que la sincérité est le meilleur moyen de se préserver. Et puis, les sentiments appartiennent à celui qui les éprouve, et non pas à celui qui les inspire.

Keyah sourit. Elle ne s'en était pas si mal sortie finalement, enfin, selon elle, il faudrait maintenant savoir ce qu'Anita en pensait.. Elle croqua dans le dernier morceau de cannolo qui lui restait et l'avala.

Seuls les gens intelligents se remettent en question.. Mais ce n'est que mon avis.

Dim 12 Fév 2012 - 11:45

Anita écouta le discours de Keyah. Elle était rassurée que celle-ci ne se soit pas sentie vexée par sa question. Elle se mit à réfléchir. Jusqu'ici elle n'avait été qu'avec des hommes, aussi s'était-elle définie comme hétérosexuelle, mais au final, Keyah avait raison. Ce n'était qu'une étiquette de plus, femme, homme, hétéro, homo, bi, grande, petite, blonde, brune. Tout ceci servait à ranger les gens dans des cases. Mais Etiopia n'était pas un endroit où les gens pouvaient entrer dans des cases, il n'y avait que des femmes, qui aimaient des femmes. Ou alors Etiopia était une énorme boite. Anita secoua la tête.

Les personnes nous plaisent pour ce qu'elles sont.

"Vous me plaisez pour ce que vous êtes" voilà ce qu'Anita voulut rajouter, mais elle n'était pas prête à se l'avouer tout de suite. Mais rien n'était plus vrai, elle avait apprécié passer du temps à discuter avec Keyah, elles avaient évoqués des souvenirs, des sentiments, que peu de personnes peuvent comprendre. La violence, la tristesse, la colère. Anita avait trouvé une personne en qui elle pouvait déverser ses plus noirs secrets.

Vous pourriez avoir des capacités à aimer les femmes que vous n'avez jamais exploré auparavant.. Par manque d'occasion, par facilité aussi.

Il y avait surement du vrai. La vie était faite pour qu'une fille tombe amoureuse d'un garçon et réciproquement. Mais sa vie maintenant était différente, ici si elle tombait amoureuse, alors ce serait d'une femme. "Et pourquoi pas de vous" furent encore des mots qui résonnèrent dans l'esprit d'Anita.

Après, pour ce qu'il en est du risque de blesser quelqu'un durant la recherche de soi.. Disons que la sincérité est le meilleur moyen de se préserver. Et puis, les sentiments appartiennent à celui qui les éprouve, et non pas à celui qui les inspire.

Au final, ça ne faisait pas grande différence lorsqu'il s'agissait d'amour que les personnes en jeu soient hommes ou femmes. Il y avait toujours un risque, de blesser ou d'être blessé. Il fallait être sincère. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Etre sincère c'était risqué de perdre la personne qu'on ne voulait pas perdre. Mais ce n'était pas en mentant qu'on augmentait nos chances, ça c'était sur et certain.

Seuls les gens intelligents se remettent en question.. Mais ce n'est que mon avis.

Je le partage, même si je l'aurais tourné différemment, commença Anita en souriant.

Elle repassa dans son esprit le discours de Keyah, leur discussion l'autre soir, l'angoisse qu'elle avait ressentie avant d'arriver à ce rendez-vous. Il y avait un risque à prendre. Elle pouvait renoncer à découvrir si oui ou non elle pouvait aimer une femme comme elle avait aimé certains hommes et ainsi prendre le risque de finir seule. Perspective pas très réjouissante, même pour elle. Ou alors elle pouvait prendre le risque d'aimer une femme. Si ça ne se passait pas bien, elle finirait seule. Au final, les deux solutions risquaient d'arriver à la même conclusion, mais dans l'une il y avait tout de même une chance qu'elle réussisse à être heureuse. "Il n'y a que les abrutis qui ne changent pas d'avis." Willie sortait souvent cette expression, il n'était pas très futé, mais il avait le mérite d'être ouvert à tout, s'évitant ainsi le qualificatif d'abruti. Anita regarda Keyah. Si elle voulait prendre ce risque, le sujet d'expérimentation était plutôt de choix. Une jeune femme charmante, intelligente et cultivée. Keyah correspondait à ce qu'Anita recherchait chez un homme. Peut-être que ça pourrait marcher. Si ça ne marchait pas, elle aurait au moins gagné une amie.

Je sais pas du tout comment les choses vont évoluer, je peux pas vous promettre qu'elles évolueront comme vous le voudriez, mais ... j'apprécie le temps passé avec vous, c'est enrichissant pour l'esprit. Et pour le corps si on prend en compte le fait qu'on se retrouve encore autour d'un truc à boire ou à manger. C'est agréable d'avoir quelqu'un à qui parler. Est-ce que vous aurez la patience nécessaire pour courtiser Anita Zeeman ? Beaucoup s'y sont cassés les dents mais ...

"J'aimerai que vous ayez cette patience." Ces mots restèrent coincés quelque part entre son cerveau et sa bouche alors qu'elle attendait à son tour de savoir ce que Keyah pensait de cette situation.

Mar 14 Fév 2012 - 1:02

(wow, j'ai eu du mal à l'écrire celui-là, et la chanson de Matmatah qui m'a inspiré le titre me résonne dans la tête et m'embrouille les idées! )

Keyah ne put réprimer un sourire en coin en entendant les paroles d'Anita. Ainsi venait-elle de gagner l'autorisation de la courtiser.. JACKPOT hurlait la petite marionnette dans sa tête, en reprenant sa "danse de la victoire".

Mais.. Il y avait un mais, bien sûr, il y a toujours un mais. Keyah aimait courtiser les demoiselles, les séduire.. Mais d'habitude, c'était juste quelqu'un qui était à son goût, qu'elle trouvait intéressante. Ce qui n'était pas le cas d'Anita. Elle, elle était autrement plus.. Dangereuse. N'ayons pas peur des mots. Keyah n'était pas une adepte de l'engagement. Loin de là. Elle n'était jamais "tombée amoureuse" au sens exclusif où l'entendent les gens d'habitude. Non, elle avait toujours gardé sa liberté, et laissé la leur à ses compagnes, quand elle avait eu des relations plus ou moins suivies.
Anita la touchait profondément. Ce lien entre elles qui s'était créé ne demandait qu'à se renforcer. Keyah le sentait, et cela lui faisait un peu peur. C'était un risque, un grand risque.

Keyah plongea le regard dans celui d'Anita.

Et vous ?

Et hop, retour à l'envoyeur. Bon, elle aurait voulu dire plus, une phrase plus recherchée, plus jolie, plus.. charmeuse.. Oui mais l'inspiration lui manque, elle se perd dans les yeux bleus d'Anita, ça la trouble, plus qu'elle n'en a l'habitude.
Elle rougit. Heureusement, c'est peu visible sur sa peau, mais elle sent ses joues en feu. Non, ça ne lui ressemble pas de réagir comme ça.

Je veux dire... La séduction est un jeu qui se joue à deux... Enfin non pas un jeu..

Keyah la grande séductrice serait-elle embarrassée? On dirait bien..

Bref, il est clair que je suis loin d'être indifférente à votre charme, et que j'aurais bien entendu cette patience.. Aurez-vous la même avec moi ? Pour être sincère, je.. n'avais jamais envisagé l'idée d'avoir une relation.. exclusive. Peut-être parce que je n'avais jamais rencontré une personne qui m'inspirait cette idée.

"Jamais jusqu'à maintenant.." mais les mots ne franchirent pas la barrière de ses lèvres.

Je ne suis pas une adepte de l'engagement, je comprends le risque que vous prenez, sachez que j'en prends un aussi.

Malédiction, rien à manger, rien à boire, aucune alternative.. Quel désastre.. Si après ça Anita ne partait pas en courant..

Mar 14 Fév 2012 - 16:19

Et vous ?

Anita fut prise au dépourvu et dut ouvrir de grands yeux surpris. Est-ce qu’elle était prête à être courtisée ? Elle n’en avait pas la moindre idée, c’était plutôt agréable surtout si l’attirance était un minimum réciproque. Mais malgré la situation, Anita ne semblait pas être la plus gênée des deux. Elle aurait cru que Keyah aurait fait preuve d’une assurance à toute épreuve après sa déclaration et pourtant c’était elle qui semblait la plus perturbée des deux.

Bref, il est clair que je suis loin d’être indifférente à votre charme, et que j’aurais bien entendu cette patience … Aurez-vous la même avec moi ? Pour être sincère, je … n’avais jamais envisagé l’idée d’avoir une relation … exclusive. Peut-être parce que je n’avais jamais rencontré une personne qui m’inspirait cette idée. Je ne suis pas une adepte de l’engagement, je comprends le risque que vous prenez, sachez que j’en prends un aussi.

Phobique de l’engagement ? De là à dire que c’était un point commun, Anita n’était pas une grande fan de l’exclusivité ou plutôt elle n’aimait pas se sentir prisonnière, et paradoxalement elle était assez jalouse. Elle avait tenté par le passé de vivre un couple de façon libre, mais tout c’était soldé par un échec, des deux prétendants, elle n’avait choisi personne et avait préféré la solitude, moins de prise de tête. Elle n’était peut-être pas prête à une relation stable et durable, mais il fallait bien commencer quelque part.

Eh bien … je suppose que je peux avoir cette patience. Mais rassurez-vous, il n’y a pas de demande en mariage prévue pour l’instant, dit Anita en riant, il faut laisser le temps faire son œuvre et voir où cela nous mènera. Pas de pression.

En parlant de pression, Anita aurait bien commandé une bière, mais il était fort peu probable qu’on serve des bières dans un salon de thé, aussi opta-t-elle pour un café. Rien de tel qu’un café en période de réflexion … en fait, rien de tel qu’un café peu importe le moment.

Un café ? demanda-t-elle à Keyah en souriant, ou autre chose, c'est moi qui offre.

Sam 18 Fév 2012 - 1:43

Ah ben non, malgré sa surprise, Anita ne semblait pas vouloir partir en courant. Keyah respira un bon coup pour reprendre ses esprits. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle avait eu cette réaction qui ne lui ressemblait tellement pas.
Bon, elle était troublée plus que de coutume, d'accord. Et alors?

Eh bien … je suppose que je peux avoir cette patience. Mais rassurez-vous, il n’y a pas de demande en mariage prévue pour l’instant, il faut laisser le temps faire son œuvre et voir où cela nous mènera. Pas de pression.

Keyah rit aussi, doucement. Elle sentait qu'elle reprenait le contrôle d'elle-même. Tant mieux. Elle n'était pas bien sûr qu'Anita ait bien compris le sens de son "et vous", mais de la part d'une hétéro cela ne la surprenait guère.

Un café ? Ou autre chose, c'est moi qui offre.

Un café oui, excellente idée. Je vous laisse command...

Arrêt sur image. Keyah, t'es sérieuse, laisser une américaine commander un café pour toi? Tu veux t'empoisonner?

Ou plutôt.. Avez-vous déjà bu un expresso, un vrai, italien? À mon avis ils ont cela ici, vu la qualité de leurs cannoli. Mais si vous préférez le café américain, long...

Et elle se retint de dire ce qu'elle pensait du café américain, ce serait fort peu courtois.

Remarquez, nous pourrions aussi échanger.. Je dois dire que mes idées sur le café américain ne sont que des préjugés sur la base de ce que l'on m'a raconté. Peut-être sauriez-vous me faire changer d'avis..

Mar 21 Fév 2012 - 15:12

Un café oui, excellente idée. Je vous laisse command...

Anita haussa un sourcil face à l'hésitation de Keyah. Elle sentait poindre une différence culturelle. Mais surement rien n'insurmontable.

Ou plutôt.. Avez-vous déjà bu un expresso, un vrai, italien? À mon avis ils ont cela ici, vu la qualité de leurs cannoli. Mais si vous préférez le café américain, long...

C'était donc ça, Keyah faisait partie de ces gens qui considérait le café à l'américaine comme une sous catégorie, et il est vrai que par certains côtés, Anita elle-même le considérait comme un faux café par moment. Mais il n'était pas si horrible que ça, non ?

Remarquez, nous pourrions aussi échanger.. Je dois dire que mes idées sur le café américain ne sont que des préjugés sur la base de ce que l'on m'a raconté. Peut-être sauriez-vous me faire changer d'avis..

Eh bien j'ai déjà eu l'occasion de goûter un "vrai" expresso. Je suis une grande amatrice de café, une grande consommatrice également, du moins je l'étais par la force des choses. Vous n'imaginez pas combien d'heures de sommeil un bon café a remplacé lorsque j'étais débordée de travail. J'avais une magnifique cafetière chez moi et une machine à moudre le café. En fait je ne consommais que rarement des cafés achetés dans des bars ou des snacks au coin de la rue. J'aime le café, mais surtout le bon café. Enfin tout ça pour dire, peut-être que si je vous préparais un café, allongé à l'américaine, mais à ma façon avec de bons grains de café, vous apprécieriez un peu plus. Mais en attendant, laissons nous tenter par un expresso, même s'il m'en faudra surement plus d'un pour atteindre ma dose de caféine journalière.

Ne pas trop préjuger de ces forces ? C'était pour les faibles ... ou les idiots. Anita savait que les expresso étaient pour la plupart bien corsés mais il fallait bien qu'elle fasse un peu la maline, qu'elle tente de redorer le blason pas très reluisant des américains en matière de café.

Sinon Keyah dites moi, vous êtes artiste de rue si ma mémoire est bonne. Vous occupez toute vos journées à ça ? Enfin je ne juge pas, je suis supposée être journaliste mais pour l'instant je n'ai pas trouvé grand chose à raconter dans cette ville. Il faut dire que je racontais plutôt le dernier règlement de compte entre gangs des quartiers malfamés que la dernière exposition féline des quartiers chics.

La serveuse arriva avec deux tasses, deux petites tasses. Anita les regarda d'un air curieux et admirateur. Curieuse parce qu'elle se demandait quel goût aurait ce café. Admiratrice parce que même le plus mauvais des cafés était une bénédiction pour elle. Alors qu'elle versait du sucre dans son café, elle se demanda quand elle reverrait Keyah et surtout comment les choses allaient se passer maintenant qu'elles avaient parlé plus ouvertement. Si Keyah avait été un homme, Anita ne se serait pas posé la question, elle savait que tôt ou tard la situation prendrait la même direction, mais elle ne savait pas exactement comment. Toutes les barrières de sa pudeur et de sa retenue n'étaient pas encore tombées et elles l'empêchait de réaliser vraiment ce que pourrait donner cette relation.

Mer 29 Fév 2012 - 13:23

... J'aime le café, mais surtout le bon café.

Voilà une réponse qui séduit immédiatement Keyah. Patrimoine culturel sans doute, mais l'amour pour le bon café, comme les plaisirs de la table en général, c'était quelque chose qui lui inspirait plutôt confiance. Raisonnement complètement dénué de sens logique bien sûr, mais les émotions n'obéissent pas toujours à la logique.

Enfin tout ça pour dire, peut-être que si je vous préparais un café, allongé à l'américaine, mais à ma façon avec de bons grains de café, vous apprécieriez un peu plus. Mais en attendant, laissons nous tenter par un expresso, même s'il m'en faudra surement plus d'un pour atteindre ma dose de caféine journalière.

Sourire.

Bien, mais j'espère avoir donc l'occasion un jour de goûter un café préparé par vous-même..

Nouveau sourire, un peu plus malicieux peut-être, il faut dire que Keyah imaginait cette occasion, pourquoi pas un matin après avoir passé une nuit ensemble. Elle se retint de le dire, et tenta d'éloigner cette idée.. Le naturel revenait au galop, c'était le cas de le dire, dès son trouble passé, voilà la tendance à partir "en chasse" qui reprenait le dessus.

Sinon Keyah dites moi, vous êtes artiste de rue si ma mémoire est bonne. Vous occupez toute vos journées à ça ? Enfin je ne juge pas, je suis supposée être journaliste mais pour l'instant je n'ai pas trouvé grand chose à raconter dans cette ville. Il faut dire que je racontais plutôt le dernier règlement de compte entre gangs des quartiers malfamés que la dernière exposition féline des quartiers chics.

Et pourtant, j'ai toujours pensé que les expositions félines regorgeaient de personnages pour le moins inquiétants. Peut-être même plus que les mafieux.. Eux au moins, je doute rarement de leur santé mentale.. Mais il faut être un peu fêlé pour traiter des animaux, des êtres vivants, comme des oeuvres d'art alors qu'ils seraient bien mieux à courir dans la nature ou bien à ronronner couchés au chaud à la maison..

La serveuse amena les tasses. À en juger par l'odeur, le café semblait prometteur.

Pour répondre à votre question sinon, je suis artiste de rue en effet, et non, je n'occupe pas toutes mes journées à ça. Je préfère avoir du public, donc, je cible, les sorties de classes, les marchés.. Le reste du temps, je me balade, je vais au cinéma, mais ça vous le savez.. Je dois dire que je dors beaucoup aussi, j'en profite, je crois n'avoir jamais pris de vraies vacances, et la grasse matinée n'était pas du tout dans mes habitudes.. J'avoue que ce serait plus agréable en douce compagnie...

Anita avait sucré son café, et Keyah avait attendu, car elle, elle ne le sucrait jamais. Laissant sa réponse en suspens volontairement, elle but donc une gorgée, lentement. Bon, vraiment. Digne des meilleurs bars de Napoli.

Enfin, il y a plein de choses qui seraient mieux en compagnie, comme le parc d'attraction, qui me parait la chose la plus mouvementée que l'on puisse trouver par ici.. C'est dire si tout est trop calme. Je n'ai rien contre la tranquillité hein, simplement, je n'y suis pas très habituée.

Nouvelle gorgée, presque en fermant les yeux pour en savourer mieux le goût amer .

Vous aimez? Pour ma part.. Je crois que seul celui de mon père était meilleur. Mais c'est sans doute aussi sentimental.

Bon, il fallait trouver un moyen, un prétexte, pour décrocher un autre rendez-vous. Quelque chose de différent..

Et vous, vous les occupez comment vos journée?

Mer 29 Fév 2012 - 20:51

Bien, mais j'espère avoir donc l'occasion un jour de goûter un café préparé par vous-même..

"Seul l'avenir détient la réponse à cette question" pensa Anita en répondant timidement au sourire de Keyah.

Et pourtant, j'ai toujours pensé que les expositions félines regorgeaient de personnages pour le moins inquiétants. Peut-être même plus que les mafieux.. Eux au moins, je doute rarement de leur santé mentale.. Mais il faut être un peu fêlé pour traiter des animaux, des êtres vivants, comme des oeuvres d'art alors qu'ils seraient bien mieux à courir dans la nature ou bien à ronronner couchés au chaud à la maison..

Anita fit un léger hochement de tête, à peine perceptible, tout en buvant son café. Il était bon, très bon même. Elle aussi s'était souvent fait la réflexion que les gens qui présentaient des animaux à des concours devaient avoir un sacré grain, un peu comme les parents qui font concourir leurs filles dans des concours de beauté. Les femmes étaient déjà suffisamment objetisées sans que les petites filles subissent la même situation. Oui, il y avait au fond d'Anita une féministe, une du genre qui ne supporte pas qu'on lui ouvre la porte ou qu'on lui donne le bras.

Pour répondre à votre question sinon, je suis artiste de rue en effet, et non, je n'occupe pas toutes mes journées à ça. Je préfère avoir du public, donc, je cible, les sorties de classes, les marchés.. Le reste du temps, je me balade, je vais au cinéma, mais ça vous le savez.. Je dois dire que je dors beaucoup aussi, j'en profite, je crois n'avoir jamais pris de vraies vacances, et la grasse matinée n'était pas du tout dans mes habitudes.. J'avoue que ce serait plus agréable en douce compagnie...

Les joues d'Anita s'empourprèrent légèrement mais pas assez pour qu'elle sente la chaleur monter à ses joues. Et puis elle se dit qu'au moins elle n'était pas la seule à ne pas être hyper active. D'ailleurs les journées de Keyah résumaient assez bien les siennes. Anita sourit à la remarque sur le parc d'attraction. Elle n'avait jamais mis les pieds dans un part d'attraction donc elle n'était pas sure que d'aimer mais elle ne voulait pas mourir idiote, et surtout elle ne voulait pas rater le seul endroit palpitant du village. Peut-être qu'elle pourrait y amener Fleur, une sortie de ce genre serait surement bonne pour son moral, même si celui-ci avait l'air de s'être grandement amélioré en quelques jours.

Vous aimez? Pour ma part.. Je crois que seul celui de mon père était meilleur. Mais c'est sans doute aussi sentimental.

Il est plutôt pas mal. Je prends note et reviendrai surement, vous pourrez m'accompagner si le coeur vous en dit ... Les souvenirs que nous gardons des êtres qui nous sont chers ... Tel ou tel film était surement très drôle en compagnie d'une personne et le sera beaucoup moins seule devant notre télé. Je me dis parfois que ce ne sont pas tellement les choses que nous voyons, faisons, mangeons ou buvons qui nous marquent mais les sentiments et souvenirs d'une personne rattachée à ces choses ... Désolée je me laisse emporter.

Et vous, vous les occupez comment vos journée?

Oh un peu de ci, un peu de ça, et beaucoup de rien. J'aide Fleur à passer le temps, je découvre le village, je dors, j'avoue profiter aussi de ces vacances improvisées. Mais j'ai du mal à concevoir une vie future de ce type là, j'ai toujours été très active et j'ai peur de dépérir dans cette atmosphère. Il faut que je trouve de quoi occuper mes journées ... si vous voulez, nous pourrons nous occuper ensemble, à deux on aura surement plus d'idées ... Enfin je veux dire, vous connaissez surement plus cette ville que moi alors ...

"Bien Anita, continue comme ça et tu passeras pour une midinette ..." pensa-t-elle. Cette situation la mettait très mal à l'aise, et pourtant elle en savourait chaque instant. Stupide chimie du corps humain !

Jeu 1 Mar 2012 - 13:14

... Désolée je me laisse emporter.

"Mais laissez-vous donc emporter", aurait voulu lui répondre Keyah. C'était une idée intéressante.. Keyah n'y avait jamais vraiment songé, mais pendant qu'Anita parlait, tout lui semblait juste et évident. Une fois encore elle songea qu'il était bien agréable de pouvoir discuter avec quelqu'un qui avait de la conversation, qui raisonnait et qui apparemment avait réfléchi sur la vie et le sens des choses.

Elle sourit. Avant tout parce qu'elle avait la confirmation de ce qu'elle avait supposé, Anita était comme elle, du genre à apprécier la tranquillité pourvu qu'elle ne dure pas trop longtemps. Et puis elle sourit aussi pour cette proposition de trouver quelque chose à faire ensemble.
Oh si Anita n'avait pas été hétéro, elle n'aurait pas hésité à donner une réponse pleine de sous-entendus concernant une très belle activité à faire ensemble, avec humour bien sûr. Mais voilà, Anita était justement hétéro, en tout cas jusqu'à preuve concrète du contraire. Alors Keyah se retint, parce que même si c'était de l'humour, ça pourrait paraître insistant, lourd, et peut-être la mettre dans l'embarras.

Si je connais mieux la ville.. Je ne sais pas! Et puis comme vous disiez, les choses sont différentes suivant la personne avec laquelle on les fait.. Le monde reste donc perpétuellement un endroit à découvrir, plein de nouvelles opportunités.
Reste à savoir si on veut profiter des occasions ou pas. Vous savez, une chose que je tiens de ma mère.. Elle me disait toujours "Keyah, n'oublie jamais que le bonheur, c'est un choix".. Et Dieu sait si elle n'a pas eu une vie facile.. Mais elle me disait que si on ne peut pas toujours choisir ce qui nous arrive, on peut choisir la façon dont on veut réagir et affronter les situations. Je l'ai toujours admirée ma mère.. à sa place je ne suis pas sûre que j'aurais supporté ce qu'elle a enduré.

Malgré l'évocation de ces souvenirs pas spécialement roses, Keyah souriait en parlant de sa mère. Elle lui manquait encore même après 13 ans.. Elle lui manquerait certainement toute sa vie. Mais elle faisait un trésor de ces petites choses qu'elle lui avait transmis, une façon de l'avoir encore avec elle.

Et pendant qu'elle parlait, dans un autre coin de ses pensées, ça bouillonnait. Que proposer à Anita? Un restau? Banal, terriblement banal. Une sortie en boîte? Pas question, ce n'était pas un lieu pour les rendez-vous. Une ballade au crépuscule à l'étang? Trop romantique, elles n'en étaient pas là, et puis c'était d'un cliché.. Le centre commercial? Trop "amical" comme sortie, et puis elle n'aimait pas spécialement le shopping..
Il lui revint soudain à l'esprit une conversation de deux étudiantes alors qu'elle rangeait son matériel après un spectacle.. Oui.. Peut-être que cela pouvait être une idée.. peut-être pas bonne mais au moins originale.

Dites, vous êtes déjà allée à la neige? Parce que j'ai entendu parler d'une station de ski.. Enfin, je ne sais pas skier, ni rien, pour tout dire, je n'ai jamais vraiment vu la neige. Deux centimètres qui fondaient en journée, tout au plus. Mais j'ai toujours été fascinée par les photos ou vidéos que j'ai pu en voir.. Vous voudriez.. m'accompagner découvrir ça?

Ven 9 Mar 2012 - 7:44

Vous savez, une chose que je tiens de ma mère.. Elle me disait toujours "Keyah, n'oublie jamais que le bonheur, c'est un choix".. Et Dieu sait si elle n'a pas eu une vie facile.. Mais elle me disait que si on ne peut pas toujours choisir ce qui nous arrive, on peut choisir la façon dont on veut réagir et affronter les situations. Je l'ai toujours admirée ma mère.. à sa place je ne suis pas sûre que j'aurais supporté ce qu'elle a enduré.

Anita ne put qu'acquiescer intérieurement, elle avait vu trop de personnes s'engouffrer dans des périodes sombres parce qu'elles n'avaient pas pu ou n'avait pas su relever la tête quand il l'avait fallu. Faire le choix d'être heureuse après un drame n'était pas donné à tout le monde, il fallait accepter la merditude de notre condition pour pouvoir décider de s'en affranchir et d'avancer. Cette pensée fit sourire Anita, c'était un peu ce qu'elle faisait à Etiopia, bien sur, elle n'était pas dans une mauvaise passe, mais la vie ne ressemblait pas à ce qu'elle aurait du ressembler de son point de vue et pourtant elle avait décidé d'avancer au lieu de ruminer.

Dites, vous êtes déjà allée à la neige? Parce que j'ai entendu parler d'une station de ski.. Enfin, je ne sais pas skier, ni rien, pour tout dire, je n'ai jamais vraiment vu la neige. Deux centimètres qui fondaient en journée, tout au plus. Mais j'ai toujours été fascinée par les photos ou vidéos que j'ai pu en voir.. Vous voudriez.. m'accompagner découvrir ça?

Hum et bien ... j'ai déjà vu la neige car il neigeait de temps en temps à Saint Louis mais j'étais plutôt habituée aux étés chauds, humides et pesants. D'ailleurs c'est à ce demander pourquoi je n'ai pas déménager dans une autre partie du continent pour en finir avec ce climat ... Hum toujours est-il que non je n'ai jamais mis les pieds sur des skis et si vous n'avez pas peur du ridicule alors je veux bien vous accompagner.

Bien sur, Anita avait été légèrement étonnée d'apprendre la présence d'une station de ski à Etiopia mais après tout pourquoi pas. Ce village tout en étant petit accueillait énormément d'habitantes, on y trouvait tout ce qu'on voulait et même des choses qui faisaient défaut à certaines parties du monde. Bref, une station de ski n'était au final pas si étonnante que ça. Le point le plus étonnant était, outre l'invitation, la réponse qu'Anita y avait donné. Mais elle avait fait le choix d'être heureuse ou au moins d'essayer.

Vous savez comment fonctionne cette station ? Je suppose qu'il faut réserver un minimum ... enfin je suppose, je ne sais déjà pas très bien comment fonctionnent les stations de ski dans le "vrai monde".

Sam 21 Avr 2012 - 15:39

(...) Hum toujours est-il que non je n'ai jamais mis les pieds sur des skis et si vous n'avez pas peur du ridicule alors je veux bien vous accompagner.

Keyah sourit, et fit un geste de la main, un de ceux pour dédramatiser la chose.

Pour faire l'artiste de rue, ne plus craindre le ridicule c'est la première chose que j'ai appris !

Vous savez comment fonctionne cette station ? Je suppose qu'il faut réserver un minimum ... enfin je suppose, je ne sais déjà pas très bien comment fonctionnent les stations de ski dans le "vrai monde".

Je n'en ai aucune idée.. Je ne suis pas trop du genre à organiser, prévoir, réserver.. Mon idée de voyage idéal serait presque de partir avec un sac-à-dos, une tente, faire de l'auto-stop...

Alors qu'elle parlait, quelqu'un entra dans le salon de thé. Un courant d'air s'engouffra dans la salle, Et l'air s'emplit soudainement d'un parfum étrange, léger, qui se dissipa aussitôt. Keyah laissa sa phrase en suspens en sentant l'air frais la frôler, et il lui sembla distinguer cette odeur, qui fut immédiatement remplacée par celle du thé qui régnait habituellement dans le salon.

... vous avez senti....

Non, elle avait du rêver. Elle reprit donc à parler de ses idées de voyage à l'aventure et de la station de ski. Pendant ce temps, sans le savoir, elle continuait d'inhaler cette substance étrange dont elle avait senti le parfum un instant. Cette substance qui, par ces poumons, passait dans son sang et rejoignant le système nerveux central, commençait à modifier son comportement.

Enfin, si vous préférez, je vais essayer de m'informer, pour ne pas arriver là sans savoir quoi faire.

Sans s'en rendre vraiment compte, elle commença à bouger nerveusement sa jambe. L'idée d'aller essayer les sports d'hiver se voyait lentement bousculée et remplacée par tant d'autres qu'elle n'arrivait pas vraiment à en suivre une.

Il ne devrait pas y avoir que du ski de toute façon. Parce que si on y réfléchit bien le ski après tout ça n'a pas l'air si facile que ça à apprendre, et ça doit demander du temps certainement.

Sa patience s'amenuisait, c'étaient ses doigts qui maintenant battaient en rythme sur la table.

Alors que le patin à glace par exemple.. j'en ai fait une fois, même si la patinoire n'était certainement pas de vraie glace. C'est qu'il fait assez chaud chez moi en Italie, même si ma mère me disait toujours que là où elle a grandi, elle, c'était bien pire et que je n'avais pas à me plaindre.

Enfin on pourrait aussi faire tout autre chose, peut-être que les sports d'hiver finalement.. Après tout les beaux jours vont vite revenir.

Elle se leva soudain. Impossible de rester en place.

Et si nous sortions faire un tour? Saut si vous voulez prendre autre chose.. Dans ce cas je me charge d'aller le commander directement, pour ne pas avoir à attendre.

Elle regarda Anita. Cette jeune femme lui plaisait assurément, mais soudain l'idée de devoir prendre son temps pour la courtiser, de devoir, là encore, attendre, lui semblait dénuée de sens. Pourquoi attendre? Il suffirait de l'emmener dans un endroit un peu moins public, de l'embrasser, et puis voilà, au moins elle saurait si cela valait la peine ou non.

Heureusement, cette idée-là aussi fut bien vite supplantée par une autre. Mais, peut-être reviendrait-elle. Plus aucune patience. Déjà les deux secondes passées depuis la fin de sa proposition lui semblaient un temps infini.

Dim 22 Avr 2012 - 12:48

Quelqu'un ouvrit la porte et Anita sentit un courant d'air frais entrer dans le salon. Elle perdit un instant le fil de sa discussion avec Keyah puis reporta son attention sur son rendez-vous qui semblait nerveuse, ou du moins pressée même si Anita ignorait pour quelle raison.

Enfin, si vous préférez, je vais essayer de m'informer, pour ne pas arriver là sans savoir quoi faire.

Anita voulut répondre mais Keyah enchaîna avec une réflexion sur le ski et les sports d'hiver en général ou même de glisse. Elle allait lui demander si tout allait bien quand Keyah se leva et lui demanda si elle voulait aller faire un tour ou boire un autre verre. Keyah la regardait fixement.

Keyah ... vous allez bien ?

Anita voulut se lever pour s'approcher d'elle et faire mine de toucher son front pour vérifier qu'elle n'avait pas de fièvre mais sans comprendre comment ses pieds se prirent dans les barreaux de la chaise et elle s'étala au sol dans un bruit sourd. "Merde !" pesta-t-elle intérieurement. Un coup d'oeil alentour lui permit de voir que toutes les personnes dans le salon de thé agissaient bizarrement. Sortir était peut-être une bonne idée. Elle se releva, épousseta son pantalon et se dirigea vers Keyah. Elle la prit par le bras et l'entraina à l'extérieur.

Vous avez besoin de prendre l'air, non ?

Un sourire s'afficha sur le visage d'Anita même si elle se demandait ce qui pouvait bien passer par la tête à Keyah vu son attitude. Elle était peut-être claustrophobe, ou bien elle s'ennuyait en sa compagnie mais elle n'avait pas eu l'air de détester parler avec elle jusque là. Il fallait faire quelque chose, débloquer cette situation même si Anita ne voyait pas vraiment de blocage.

J'ai une idée, on se donne deux jours pour préparer un sac à dos et régler nos emplois du temps respectifs et puis on part. Vous me ferez la surprise entre la mer et la montagne, le ski nautique et le ski tout court. Pas de pression, juste un séjour pour décompresser.

Décompresser de quoi ? Telle était la question. Anita se sentait bizarre, fragile, maladroite, et très émotive. Sa main était toujours posée sur le bras de Keyah et elle avait envie de s'y accrocher pour ne jamais la laisser repartir. Elle se sentait comme une jeune lycéenne prête à fuir un monde injuste au bras de sa belle.

Lun 23 Avr 2012 - 19:54

Keyah ... vous allez bien ?

Bien sûr qu'elle allait bien.. Ou qu'elle le pensait du moins, sans se rendre compte que cette agitation, cette instabilité qui régnait en elle était tout sauf normale. Elle ouvrit la bouche pour répondre mais déjà Anita se levait, et tombait. Keyah voulut se précipiter auprès d'elle mais fut bousculée par une fille qui sortait en courant, l'air effrayée. La jeune américaine se redressant déjà, Keyah regarda autour d'elle. Les gens avaient un comportement plus qu'étrange.

Il fallait sortir, oui. Et justement Anita lui prenait le bras et l'entraînait dehors.

Elle prit le temps de respirer calmement quelques secondes. En y repensant, elle se dit qu'elle avait effectivement eu un moment de nervosité excessive. Cela allait mieux en respirant de l'air frais.

Enfin.. c'est ce qu'elle pensait. En effet, l'air extérieur étant saturé de cette substance mystérieuse, l'effet continuait et menaçait d'empirer.

Elle regarda Anita qui souriait, la tenant toujours pas le bras. Elle eut soudainement envie de l'embrasser. Mais celle-ci commença à parler et ainsi son attention fut déviée.

J'ai une idée, on se donne deux jours pour préparer un sac à dos et régler nos emplois du temps respectifs et puis on part. Vous me ferez la surprise entre la mer et la montagne, le ski nautique et le ski tout court. Pas de pression, juste un séjour pour décompresser.

Deux jours ..!

C'était sorti tout seul.. Deux jours, mais c'était un temps infini. Alors que dans son état normal, elle aurait défini un départ sous deux jours "un coup de tête", en ce moment précis cela lui semblait une épreuve à laquelle sa patience ne résisterait pas.

Et si nous partions demain plutôt?

Mais où? Mer? Montagne? Autre? Mer? Montagne? Mer peut-être.. Ou bien montagne! Oui la montagne semblait mieux.. Ou la mer.. Ou bien ailleurs? Mais où?
En l'espace de quelques secondes, Keyah avait déjà changé d'avis une bonne dizaine de fois.

Son impulsivité, d'ordinaire sous contrôle, ne cessait d'amplifier. Elle regarda la main d'Anita posée sur son bras, encore. Elle releva les yeux vers son regard, et, lui prenant la main dans la sienne, murmura

Pourquoi attendre? Partons maintenant..

S'efforçant de présenter un projet qui tenait la route un minimum, elle ajouta aussitôt

Le temps de passer à l'hôtel prendre quelques affaires et nous prenons l'étiobus, il parait qu'il va partout, choisissons au hasard, disons... le 17ème arrêt.

Le numéro 17 en Italie portait soit-disant malheur, ou bonheur. Tel le 13 ailleurs. Keyah, d'un naturel optimiste et surtout anti-superstition, trouvait que c'était un très bon choix.

Anita.. Viens avec moi..

Elle l'avait tutoyée, oui.. Se demandant si Anita entendrait la différence.. Pour ce qu'elle en savait, en anglais cela n'existait pas.

Mar 24 Avr 2012 - 11:26

Et si nous partions demain plutôt?

Demain ? Mais ...

Pourquoi attendre? Partons maintenant..

Maintenant ?! Mais enfin je ... c'est si inattendu ... je n'ai pas de sac, pas de vêtements de rechange ...

Le coeur d'Anita bâtait à tout rompre. L'attitude de Keyah était pour le moins étrange comparée à ce qu'elle était quelques minutes plus tôt, mais la réaction d'Anita l'était tout aussi. Elle qui détestait l'imprévu, elle qui aimait prévoir, planifier, organiser, au moins un minimum s'apprêtait à répondre ...

D'accord ! Partons ! Passons à l'hôtel et prenons le bus pour aller jusqu'à l'arrêt 17 ... Vous savez ce qu'il y a à l'arrêt 17 ?

Autour d'elles l'air était toujours aussi irrespirable, les habitantes continuaient leur manège stupide à danser, à chanter, à tenter de voler comme des oiseaux. L'une d'elles trébucha en essayant de s'envoler et percuta Anita qui se retrouva collée à Keyah. Ses joues devinrent plus rouge que rouge et son coeur se mit à battre encore plus vite. "Réagis Anita, fais quelque chose !" lui hurlait une petite voix du fond de son esprit. Faire quelque chose, oui mais quoi ? "Se reculer, il fallait se reculer, ne pas précipiter les choses, reculer lentement." Voilà ce que la petite voix lui intimait de faire. Mais cette voix était peu à peu remplacée par le battement sourd de son coeur. Un éclair de folie, emportée par cet instant étrange, Anita s'avança et embrassa Keyah, un simple baiser, chaste et innocent, avant de se reculer et de regarder ses pieds.

Je ... euh ... nous devrions y aller. Il pourrait y avoir du monde dans les rues et dans le bus et puis il faut que je prépare une petite valise et ...

"Bien joué Anita !" Cette fois, la voix hurlait, morte de honte, pétrifiée par l'action si irraisonnée de son enveloppe charnelle qu'elle n'arrivait plus à contrôler. Du monde dans les rues ? Elle aurait pu trouver mieux comme excuse mais son cerveau refusait de fonctionner normalement, comme ses pieds plus tôt à l'intérieur du salon de thé.

Mar 24 Avr 2012 - 14:34

Maintenant ?! Mais enfin je ... c'est si inattendu ... je n'ai pas de sac, pas de vêtements de rechange ...

Voilà que l'impatience enserrait de nouveau les pensées de Keyah. Alors que la situation était digne d'un film à l'eau de rose, romantique à souhait, elle, elle s'impatientait, trouvant qu'Anita ne se décidait pas assez vite.

Elle allait même lui en faire la remarque, tiens, mais alors qu'elle ouvrait la bouche, la jeune femme lui répondait.

D'accord ! Partons ! Passons à l'hôtel et prenons le bus pour aller jusqu'à l'arrêt 17 ... Vous savez ce qu'il y a à l'arrêt 17 ?

Non mais est-ce qu'elle l'avait écoutée? Au hasard, elle avait dit au hasard...
Keyah esquissa un sourire un brin forcé.

Bien sûr que non je ne sais pas, je l'ai dit au hasard, j'aurais tout aussi bien pu dire 14 ou bien 5. D'ailleurs le 17 est peut-être même trop loin, attendre tout ce temps ne rime à rien.

Keyah murmurait à moitié sa phrase, effarée par le spectacle d'un groupe de filles derrière Anita qui semblaient avoir pris la rue pour une plage et s'étaient installées là pour prendre le soleil. Non mais les gens n'avaient vraiment rien de mieux à faire de leur vie qu'à perdre leur temps?
L'italienne aurait voulu leur crier de se bouger, qu'il était inconcevable de traîner ainsi! Mais à ce moment Anita lui tombait littéralement dans les bras.

Si elle avait cru reprendre un peu le contrôle d'elle-même en sortant du salon de thé, ce n'était qu'une simple phase d'adaptation, mais l'air extérieur était tellement saturé que les effets reprenaient de plus belle. Il lui semblait que tout se passait au ralenti.. Anita qui rougissait qui s'avançait et déposait ce baiser sur ses lèvres. Baiser auquel Keyah répondit presque machinalement, ne pouvant s'empêcher de penser que si l'américaine semblait si mal à l'aise pour un simple baiser de ce genre, elle n'était pas sortie de l'auberge.

Tout au fond d'elle cependant, une prise de conscience commençait à s'effectuer.. Une petite voix, une pensée qui allait à l'encontre des autres.. "Keyah !!! Elle t'a embrassée, cazzo! Tu te rends compte?? "
Mais, non, elle ne se rendait pas compte, la petite voix était trop seule face à toute cette agitation.
Allons bon, voilà qu'Anita parlait encore, mais qu'est-ce qu'il pouvait y avoir à dire, il fallait partir, partir tout de suite!

Je ... euh ... nous devrions y aller. Il pourrait y avoir du monde dans les rues et dans le bus et puis il faut que je prépare une petite valise et ...

Mais Keyah sourit. Voilà un raisonnement qui lui plaisait, enfin. Elle attrapa la main d'Anita et l'entraîna subitement derrière elle direction l'hôtel. Elle marchait vite, tout autant qu'elle parlait.

Absolument ! Du monde dans le bus, c'est vrai, mais pourquoi n'y-a t'il pas de taxi sur ce monde ? Non mais je vous le dis moi, tout pour perdre du temps. Vous croyez qu'il est possible de trouver une moto?

La petite voix dans sa tête était devenue celle de sa mère, qui lui répétait, comme quand elle était petite, "Une petite impatience ruine un grand projet." (*)
Mais elle n'écoutait pas.. Les secondes passaient inexorablement et elle ne pouvait s'y résoudre.. Il aurait pourtant mieux valu.. Elle commençait à avoir des idées dangereuses, si on tenait compte du fait que dans sa vie, elle avait tout au plus conduit une vespa..

(*) Confucius

Lun 14 Mai 2012 - 11:51

Une moto ? Anita dut faire une mine surprise. Cette proposition était certes alléchante, mais elle craignait un petit peu pour sa vie, sa maman lui avait appris qu’il ne fallait pas monter en voiture avec des inconnus et son papa avait ajouté que la règle s’appliquait aussi aux motos. Mais jusqu’ici elle ne s’était jamais soucié de cette règle, alors pourquoi maintenant ? Et puis, elle n’était pas certaine qu’on puisse trouver une moto à Etiopia. Elle n’arrivait même pas à se rappeler si elle avait déjà vu ou non une voiture.

Keyah, peut-être que la moto n’est pas très sure … je n’ai pas envie de finir dans la rubrique nécrologique du journal … Journal ? Journal ! Ce serait une occasion en or d’écrire un article dans cette ville où il ne se passe rien. Quand tout sera terminé, je réfléchirai à l’écriture d’un article qui me vaudrait le prix Pulitzer si on était encore dans un monde où il existe. Ecoutez, allons à l’hôtel et puis nous aviserons ensuite pour le bus.

L’hôtel se dressait maintenant face aux deux jeunes femmes, tout semblait calme par ici. Elles entrèrent dans le hall de la réception, il n’y avait personne. La chambre d’Anita était au deuxième étage, celle de Keyah au cinquième. Elles commenceraient donc par les affaires d’Anita. Un sac à dos, deux tshirts, un pantalon et une jupe, quelques culottes et soutien gorges et hop ! Le tour est joué. De toute manière vu qu’elle ne savait pas où elle allait, Anita se dit que prévoir certains types de vêtements était inutile, si elle prenait des vêtements chauds il allait faire trop chaud pour les porter et si elle prévoyait des vêtements légers alors elle courrait le risque de se peler.

Nous pouvons passer par votre chambre si vous voulez. Vous êtes au cinquième … c’est haut … Mais ça fait longtemps que je n’ai pas fait de sport, allons-y !

Après trois étages et un certain nombre de marches qu’Anita ne prit pas la peine de compter, elles arrivèrent devant la porte de la chambre de Keyah. Anita l’attendit dehors pendant qu’elle prenait des affaires de rechange pour leur escapade voire leur aventure. Plein de questions se bousculaient dans sa tête, elle se demandait où elles allaient atterrir, ce qu'elles allaient faire. Elle se demandait si cela allait bien se passer, elle espérait que cela allait bien se passer.