Quand la cours se change en ring de boxe (PV Poly qui veux se mêler est la bienvenue)

Hiro était encore en retard. Enfin comme d'habitude en fait. Elle n'aimait pas le lycée, rester assise toute la journée à écouter une vieille déblatérer des conneries profondes. Par contre, elle avait été surprise de se rendre compte d'une part qu'Akane ne l'avait pas réveillé et d'autre part qu'elle n'avait pas fait de bruit en se préparant. Elle avait beaucoup de chance d'avoir une copine pareil, pour rien au monde elle ne changerait. Même pour une fille avec plus de seins... Quoi que...

L'image d'Akane avec un ou deux bonnet de plus restait présente dans son esprit pendant qu'elle poussait la porte avec une négligence qui lui était propre. La vie allait plutôt bien depuis qu'elle avait décidé d'ouvrir son coeur à nouveau et que la bonne personne s'y était tout de suite installer, comme si elle n'avait fait qu'attendre quelqu'un qui le méritait.

"Hoooo!Toi vite dégage!!!!"

Inutile de préciser qu'après une année passé dans la douceur d'Etiopia, Hiro avait perdu ses vieux réflexes et la prudence dont elle faisait preuve au début. En aucun cas elle ne s'était attendu à devoir faire prendre de rapidité et de réflexe. Avant, elle se serait retourné et aurait arrêté cette fille d'un coup de poing dans le ventre, et le choc ne lui aurait même pas fait faire un pas en arrière. Aujourd'hui, elle se prit la fille en plein dans la face et se retrouva à valser contre la porte qu'elle se prit dans un bruit assourdissant. Bien sûr, toute personne qui c'est déjà prit un mur ou une porte de manière violente sait que le bruit est trompeur et que ça ne fait pas mal tant qu'on ne s'est pas prit un coup de tête.

Hiro sentit un vieille ouragan se réveiller dans son plexus solaire. Cette fille avait oser lui rentrer dedans ? Et voilà qu'elle ne s'excusait même pas, pire, elle la qualifiait de lente. Hiro fit ce qu'elle faisait à chaque fois que quelqu'un l'exaspérer ou qu'elle était en colère : elle devenait froide comme la banquise. D'un geste calculer et rapide, exécuté des milliers de fois dans sa vie, Hiro prit la fille par les épaules et lui donna un magistrale coup de boule en plein dans le nez.

- Et toi, t'as pas trop mal ?

Il était grand temps que les gens arrêtent de la prendre pour un tigre aux dents et aux crocs limés.

Hiro voyait la colère monter en cette fille. Elle s'attendait à la voir pleurer sous peu et n'en ressentait aucune peine, aucune pitié ni quoi que ce soit. Après elle avouait être y aller un peu fort avec un coup dans le nez juste pour un accident, mais elle se justifiait en se disant que ce n'était pas sa journée et qu'on ne court pas quand on ne sait pas s'arrêter.

Le coup de poing lui dit faire un pas en arrière. Hiro arqua un sourcil. Le poings avait été puissant et bien donné, visiblement avec les os en prime. Mais Hiro n'avait pas mal, cette fille était assez stupide pour frapper en plein milieu du ventre, là où il n'y a rien. Si elle avait frappé partout ailleurs elle aurait pu faire très mal à la japonaise. Néanmoins, la puissance du coup du naître une idée en elle. Cette fille savait se battre, elle en avait dans le pantalon et ça se sentait dans ses coups. De ce fait, elle n'allait pas la laisser respirer plus longtemps. Elle s'était mise en position de combat, l'absence de structure lui disait qu'elle ne faisait pas de boxe et encore moins un art martial. Avait-elle apprit sur le fil ? Le mieux était encore de la tester.

Hiro s'élança et envoya son poings gauche vers le foie de la fille, sachant qu'il y avait une faille dans la garde gauche des droitier mais que le coup était facile à arrêter avec le bras. Ce coup n'était qu'une feinte pour qu'avec son autre bras elle envoie un coup violent en plein dans la mâchoire, les deux coups presque donné en même temps. Hiro s'écarta pour éviter une éventuelle contre attaque. Si cette fille savait vraiment se battre alors ce coup ne la mettrait pas k.o. Et si c'était le cas, alors la suite allait être bien plus amusante.

Donc, elle n'était pas tombé KO, c'était donc une fille de la rue ou une fille qui pratiquait un ou des sports de combat. Le mieux était encore se voir la manière dont elle allait contre attaquer. Et elle ne se fit pas prier pour lui foncer dessus. Ces attaques n'était pas judicieuse ni logique, c'était donc une fille de la rue qui avait apprit à se battre sur le tas. C'était le mieux, elle pourrait se servir de ses connaissances en Karaté pour prendre l'avantage. Hiro se laissa gentiment porter au sol, n'essayant même pas de parer le coup. A première vue c'était donc une tête brûlée sans technique, ses coups étaient assez fort mais pas non plus assommant comme certain garçon. Son avantage était sa spontanéité et l'incapacité totale de son adversaire à prévoir ses gouts. Son défaut était son manque de puissance et de garde. La preuve était qu'elle avait frappé tête la première.

Hiro se releva, maintenant qu'elle savait à qui elle avait à faire, il ne lui restait plus qu'à faire avec. Cette fille n'avait aucune chance face à elle qui avait fait partit d'un gang. Pour la deuxième fois depuis son arrivée, Hiro se maudit d'avoir oublié sa batte à l'entrée. Les effets sur un crâne humain étaient radicaux. La japonaise se mit en position, cette fille ne se ferrait pas avoir deux fois pas la même feinte, il allait falloir rusé... Ou alors jouer au plus con. Et Hiro était très doué à ce jeu. Elle prit son élan, se servant de la distance pour donner suffisamment de puissance à son corps et sauta au dernier moment pour y rajouter tout son poids, le coup était impossible à bloquer à cause de la carrure de la fille mais, évidemment, en faisant ça Hiro mettait tout son corps à sa merci. Son coup arriva dans sa pommette gauche, équilibrant le score pendant que le poing de Kiralee s'enfonça dans son foie malgré la contraction d'abdos d'Hiro. Hiro enchaina sur un coup de pied qui avait plus pour but d'éloigner son adversaire que de vraiment lui faire mal. Son abus d'alcool rendait les coups au foie encore plus douloureux mais ça en valait le prix. Elle avait dû assez l'énerver pour qu'elle recommence à lui foncer dessus. Cette fois ci elle comptait bien se défendre et en profiter pour essayer de la déséquilibrer.

Comme elle l'avait pensé, cette fille était imaginative. Hiro s'attendait à tout sauf à un crachat de sang dans les yeux. Elle ferma les yeux à temps mais c'était suffisant pour briser sa garde et lui administrer un coup bien placé dans le coup, le genre qui coupe la respiration une bonne seconde et perturbe tous les sens. Ca faisait un temps incalculable qu'elle ne s'était pas battu comme ça, en un contre un, sans arme. Elle se sentait comme une yankee dans les lycée japonais. Ca n'avait d'ailleurs rien d'un combat de fille comme on peut en voir parfois, elles ne s'attrapaient pas les cheveux en essayant de s'arracher les boucles d'oreilles et de se griffer le visage. C'était une épreuve de force et d'endurance, le genre qui pouvait emmener à l'hôpital ou à la morgue et dont on ressortait pourtant toujours entier.

Hiro reconnut sa technique à temps et la freina d'un coup de poing dans le nez, l'emmenant à terre. Elle allait enchainer avec un coup de pied mais celui ci fut esquivé. Toute une année à se réprimer, essayer de se défouler dans le sport passif, sans frapper personne ni se faire frapper, était en train de s'exprimer d'un coup, rendant les coups d'Hiro encore plus violent en méthodique. Le vieux démon qui sommeillait en elle était sortit, et il était désireux de sang et de souffrance, presque mort de faim. Le regard de la délinquante n'était plus froid comme au début, il avait un éclat de plus qui se marier à la perfection avec le sang de Kiralee qui coulait sur ses joues. Un mélange de sadisme et de haine, un regard de tueur. Un frisson la parcourut, son désir de mettre fin à ce divertissement commençait à devenir très présent dans son esprit. Elle allait y mettre un terme maintenant.

Les deux filles s'échangèrent encore quelques coups bien placés, Hiro se prit un coup dans l'oeil qui laissa présager la naissance d'un énorme bleu, leurs vêtements cachaient des marques rouges qui allaient virer aux bleues dans les heures à venir. Enfin, la délinquante japonaise retourna un coup de Kiralee pour la faire tomber en un balayage, elle se posa à cheval sur elle, ses mains trouvant leurs chemins jusqu'à sa gorge qu'elle serra avec force. Son désir de mort occupait maintenant toute sa conscience, elle aurait été incapable de dire son nom ou son age, elle plongea juste son regard dans les yeux étranges de cette fille, un bleu et un vert, elle n'en avait jamais vu des comme ça elle le savait. Par contre elle ne savait plus pourquoi elle était là, qu'est ce qui avait mené à cette position ? Qu'est ce que cette fille avait fait pour mériter la mort ? Plus Hiro se posait la question sans connaitre de réponse, plus ses mains resserrèrent leurs prises. Elle avait tué des dizaines de personne comme ça, elle savait qu'elle ne lâcherait pas, que cette fille était trop faible pour espérer la faire basculer.

De toute manière ce n'était pas elle qu'elle tenait entre ses doigts, c'était bien plus que ça. C'était ses parents qui l'avaient abandonnés, c'était la vie qui l'avait gâté à la naissance et lui avait tout volé, c'était le monde qui l'avait fait naître sans être près à l'accueillir, c'était cette ville où l'avenir n'existait pas, c'était tout ce qui lui avait fait du mal dans sa vie, c'était l'enfance qu'elle n'avait pas pu avoir. Et plus encore, c'était elle même, elle qui avait été si faible par le passé. C'était elle qu'elle était en train d'étrangler, elle la fille qui s'était tué au travail pour des parents qui ne le méritaient pas, elle qui s'était ensuite vendu pour espérer récupérer cette amour perdue, elle qui s'était laissé entrainé par sa haine et embrigader dans un gang. Elle qui avait ensuite fait mal à tellement de gens, qui avait tué. Finalement, elle qui était en train d'étrangler une inconnue qui ne le méritait pas. Étrange paradoxe qui tournait et tournait dans sa tête depuis un an. Tous ses sentiments traversant son corps comme un ouragan, la faisant trembler comme une feuille.

Hiro n'entendit en effet pas Akane. Ou plutôt ce nom ne lui disait rien alors elle l'ignora, tout comme elle ignorait tout ce qui se trouvait autour d'elle, plongeait dans un brouillard profond. Elle sentit néanmoins que quelqu'un la saisissait, essayer de la dégager. Elle se débattait, cambrant les muscles pour garder sa prise avec la même force que Kiralee s'accrochait à la vie. Il fallait être dans sa tête pour comprendre ce profond désir de tuer, aussi fort que le désir de vivre. Évidemment personne ne pouvait comprendre son geste. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, lorsqu'on se fait étrangler l'évanouissement précède la mort de plusieurs minutes. C'est le cerveau qui n'est plus assez irrigué en oxygène pour être conscient mais qui est bien loin d'être mort. L'asphyxie est très lente, chaque minute détruit de manière considérable la capacité intellectuel de la victime mais au moment de l'évanouissement la vie n'est pas mise en danger et les répercutions sur le long terme inexistantes.

Hiro sentit des gouttes tomber sur son coup, ça la déconcentra une seconde. Seconde qui lui permit d'entendre de nouveau.

- ...en supplie !

Son cerveau se reconnecta une seconde. Cette voix, elle la connaissait bien. Cette odeur douce perdu dans l'air ne lui était pas non plus inconnu. Qui était cette fille qu'elle reconnaissait sans la voir ? Hiro finit de reprendre conscience. Akane. Dès que ce nom lui revint en mémoire elle lâcha prise, Akane l'entraina dans son mouvement et l'écarta de Kiralee. Hiro avait le souffle court, elle sentait son coeur qui battait contre ses tempes avec autant de force que si elle avait courut un marathon. Ses sens s'éveillait tandis que son corps entier trembler. Que venait elle de faire ? Elle ne se souvenait même plus d'avoir réellement serrer la gorge de cette fille, c'était plus comme un rêve dont elle venait tout juste de se réveiller, un violent cauchemar. Un très vilain instinct qui avait prit le dessus alors qu'elle ne le soupçonnait même plus.

Enfin, l'esprit de la délinquante finit de se rassembler et elle pouvait voir plus claire, toute sa rage était partit, l'éclat sadique avait disparut de ses yeux. Et venait ensuite la réalité. Elle avait essayer de tuer cette fille. Hiro pria un Dieu inconnu pour qu'elle respire encore, qu'on l'ai arrêté à temps. Elle ne pourrait pas vivre avec un mort de plus sur la conscience, elle en avait déjà trop. Elle en avait tellement que son corps et ses mains agissaient tout seul.

Hiro sentit un poids se libérer de ses épaules en voyait Kiralee se relever, il n'y avait rien d'autre d'important pour elle. Cette fille respirait, son regard disait qu'elle n'avait en aucun cas était brisé par cet accident. Elle s'en remettrait, Hiro était juste soulagé. Et un peu plus que ça. La voir se lever, lancer ce regard provocateur au lieu de se mettre à pleurer en victime était presque impressionnant. Hiro sentit une vague de respect lui parcourir le corps. Cette fille avait une belle paire de couille, pour reprendre une vieille expression qu'elle n'avait pas eu l'occasion d'employer à Etiopia. Elle répondit au regard provocateur mais un autre du même cru.

Puis son attention se porta sur la prof, elle avait bien envie de l'envoyer boulet, elle ne comprenait visiblement rien à ce qui venait de se passer. Au moment où elle allait ouvrir la bouche, Akane la vendit purement et simplement, dévoilant son nom sans aucune hésitation. Hiro sentit l'intense brûlure de la trahison prendre le pied sur son sentiment de respect. Elle n'essaya pas de croiser le regard de son amie, préférant perdre son regard quelque part dans la terre qui servait de cours, à peut près à l'endroit où se trouvait Kiralee avait de partir. Hiro ne comprenait tout simplement pas. Elle sentit le contact douloureux d'un tissu sur son visage mais ne réagit pas, elle savait pas déduction que c'était pour essuyer le sang de son visage.

Maintenant Hiro avait peur. Qu'est ce qu'Akane entendait pas ce silence ? Ce "mais" qui laisse présager le pire. Est ce que ça signifiait qu'Akane pardonnait son passé mais ne pardonnerait pas son présent ? Hiro avait eu peur depuis le début qu'Akane rejette la personne qu'elle était en profondeur, ou en tout cas celle qu'elle avait été. Si elle avait toujours su montrer une tolérance hors du commun, Hiro avait peur d'avoir vider toute ses réserve de tolérance. Si Akane décidait de ne pas lui pardonner son geste, Hiro ne s'en remettrait pas. D'ailleurs, "elle aussi devra subir les conséquences de ses actes." signifiait bien que la délinquante allait payer. L'heure de la récolte avait sonner. Mais elle n'avait absolument pas peur de la punition officiel, juste que cette phrase pourrait signifier la fin de leur histoire.

- Fais la boire !

Hiro avait jeté ça tandis qu'Akane était déjà loin. Elle souhaitait son rétablissement autant qu'elle avait souhaité sa mort. La délinquante se releva et fixa la prof avec au lieu d'un air de défi, un regard d'adulte.

- Je m'excuse pour notre comportement à toutes les trois, on est un peu en train de saquer votre autorité. Je prends sur moi toute la responsabilité de cette bagarre. C'est moi qui l'ai cherché du début à la fin. J'attends à être traité en adulte.

Hiro avait pertinemment ce qu'elle risquait, elle s'en fichait. Elle savait que sur terre c'était la prison à vie dans des conditions exécrable. Car si aujourd'hui elle prendrait pour violence et tentative d’homicide, elle ne payerait jamais pour toutes les personnes qu'elle avait tué, innocent ou criminel. Ce serait au contraire bien plus juste que de lui pardonner, même dans le monde des bisounours.

[Bon aller, on va faire avancer tout ça !]

Yuki était l’assistante de Misa, ou plutôt sa secrétaire. Sa sœur Tina était son acolyte et ensemble elles veillaient en grande partie au calme administratif du village. Qu’elle n’a donc pas été sa stupeur quand Yuki reçut un appel du lycée pour dire qu’un incident avait eu lieu et qu’une élève avait faillit mourir. Elle ne prévint pas Misa tout de suite pour des raisons évidentes : rien ne sert d’allumer l’alarme quand on ne sait pas si elle est vraiment utile. La maire sera informée de l’histoire une fois qu’elle sera réglée. Yuki informa immédiatement sa sœur de la situation et ensemble elles allèrent au lycée, heureusement il se trouvait juste à côté de la mairie et le trajet ne fut pas long.

Les deux jumelles arrivèrent sur place alors que tout semblait déjà fini, ou en tout cas l’attroupement de lycéen était déjà en train de se disperser. Tant mieux, Yuki n’était pas assez imposante pour se frayer un chemin dans toute cette masse. Tina commençait déjà à hurler aux élèves d’aller voir ailleurs et de retourner en cours. Comme c’était elle qui accueillait la plupart des nouvelles au portail, son visage n’était pas inconnu et on la regardait. De son côté Yuki s’approcha du centre du regroupement. Les deux filles étaient jumelles mais son air masculin lui donnait une présence autoritaire que n’avait pas sa sœur. Même si c’était en réalité Tina qui piquait les colères les plus effrayantes.

Arrivé devant les perturbatrices, elle avait déjà compris une partie de la situation à travers les rumeurs et les voix qui s’élevaient. Quand à savoir qui était qui, elle connaissait déjà Hiro pour avoir étudié son cas de destruction d’un magasin de près et il n’y avait pas un million d’habitant avec les yeux de deux couleurs différentes. La troisième se présenta comme Akane Ayuzawa mais ce nom ne lui disait rien, elle devait être là depuis plusieurs mois. De toute façon elle les avait juste séparés à ses dires. Yuki fit signe à Tina de suivre Kiralee. Personne n’échapperait à sa sanction. Yuki s’adressa à Gretchen qu’elle savait être prof.

- Merci mais je prends la relève.

Yuki essaya de prendre sur elle pour paraître autoritaire mais du haut de ses 16 ans et malgré ses vêtements d’adulte très masculin et caractériel, elle avait beaucoup de mal à faire face à quelqu’un comme Hiro qui la dépassait d’une tête et quelqu’un de la prestance d’Akane. Son plan était de mélanger assurance et bluff, allié de pas mal de mensonge.

- Je m’appelle Yuki Boris, je suis la secrétaire de la maire. S’il existe un juge ici, c’est moi ! Je suis ici parce qu’on m’a appelé en raison d’un bagarre qui aurait dégénéré. Hiro ci présente aurait étranglé une élève, manquant de la tuer. Au vue des blessures je vois que c’est vrai. Je ne tolérerais pas qu’on trouble la tranquillité d’Etiopia. Misa se tue à vous construire ce halo de paix, respectez-le. Il n’existe que deux punitions à Etiopia, la mort et le bannissement. Visiblement, mademoiselle, on aime jouer avec le feu puisque c’est votre deuxième faute. Qu’est ce qui me retient de ne pas vous sanctionnez tout de suite ?

Yuki croisa les bras, le village n’avait encore jamais eu à faire à ce genre de cas. Ce qui la dérangeait était la tentative de meurtre, ce n’était pas quelque chose d’acceptable. Hiro n’avait pas le profil pour vivre à Etiopia, bientôt elle devra rendre des comptes à Misa. Et ce jour là il lui faudra plus qu’une belle parole. Il faudra monter un réel tribunal.
Tina suivit Kiralee qui monta jusqu’au toit, de suffisamment loin pour ne pas être repéré tout de suite. Ce qui était difficile à cause de ses talons. Arrivé sur place, elle resta cinq minutes à la regarder, préparant son discours. Sauf que celle-ci la repéra avant. Sa réponse laissait entendre un caractère de chien que Tina allait avoir du mal à apprivoiser. Tina était extrêmement douée pour les relations sociales, s’en était presque effrayant. Elle ne réagit pas à la remarque et lui tendit juste son déjeuner, qu’elle avait posé dans son sac. C’était un simple sandwich comme on en trouve partout.

- Pardon ce n’est pas le but. Je m’appelle Tina Boris. Je suis juste là pour discuter un peu avec toi. Enfin pas vraiment discuter, plutôt comprendre. Comprendre d’où te viens tes bleus.

Tina ne donna pas l’impression de lui parler comme à un abruti, comme le fond certain psy ou les profs. Elle ne lui parlait pas non plus en adulte. Elle lui parlait en égale, parce qu’elle était sincère dans ce qu’elle disait et souhaitait vraiment comprendre. Les marques sur le visage de Kiralee et les marques rouges sur son coup lui donnait des frissons, elle aurait été incapable de regarder cet Hiro dans les yeux.

Tina ne tint pas rigueur à Kiralee pour ne pas avoir mangé son déjeuner. En fait elle avait plus envie de la remercier. Mais la vue de son corps marqué par des bleus infâme lui donnait plus envie de vomir que de manger. La jeune fille avait du mal à imaginer la violence du combat pour arriver à un tel niveau, c’était juste horrible à regarder. Tina n’avait jamais compris l’engouement de certain pour la violence, c’est de la douleur gratuite. En même temps, elle savait que ça cachait souvent quelque chose de très profond et de difficile à extérioriser, une colère profonde voir une haine tenace. Elle avait entendu des tas d’histoire et savait les écouter. D’ailleurs, Kiralee se mit à parler d’elle-même, Tina se plaça à côté d’elle, fixant le vide pour ne pas la déranger. Elle fit juste non de la tête quand celle-ci parla de « coupable » et de « punition ».

Et elle avait parfaitement raison, les gens comme Tina ne peuvent pas comprendre cette souffrance. Par contre elle connaissait une fille un peu comme ça. L’image de Yuki lui vint immédiatement en mémoire, même si ce devait être un peu différent, l’idée restait le même. Tina avait beau avoir une sœur comme ça, elle ne ressentait pas cette souffrance et n’arrivait pas à la comprendre entièrement, ça ne l’empêchait pas de deviner ce qu’il se cachait derrière un acte. Tina s’assit à côté de Kiralee, maintenant qu’elle avait tout dit, il était peut probable qu’elle parle encore, c’était son unique chance de gagner une place derrière ses barrières.

- Tout d’abord, je ne suis pas là pour chercher un coupable ni pour punir l’une de vous. (pause) Etiopia est un village dont l’unique but est de calmer votre souffrance, il n’existe que pour votre bonheur. Alors quand ça ne marche pas et que des histoires comme ça ont lieu on essai de vous aider et pas juste de vous faire filer droit. Mais tu as raison, nous sommes des monstres. Nous sommes des monstres parce que nous refusons de voir votre souffrance quand elle empiète sur notre bonheur. (Tina leva la tête vers le ciel) Toi par contre tu n’en es pas un, tu es une victime du monde. Tu dis que tu as peur de toi, que tu es déçu de ne pas avoir changé dans la nuit. Mais pour qui changerais-tu ? Il n’y a que quelqu’un d’autre qui peut te redonner foi en toi-même. Moi je pense que tu es quelqu’un de bien, parce que celui qui est bon a toujours peur de faire du mal. Tu as peur de toi parce que tu as déjà fait du mal autour de toi, donc tu n’es pas un monstre, au contraire, tu es terriblement humain.

En disant cette dernière phrase, Tina avait regardé Kiralee. Elle ne doutait pas que quelqu’un souhaiterait son bonheur un jour, c’était peut être même le cas. Elle était même persuadée que ce jour là, elle se calmerait d’elle-même, elle arrêterait d’être déçu de sa conduite parce que quelqu’un la regardera avec ce doux regard amoureux. Et puis elle aura aussi des amis, des gens qui apprécieront et comprendront son comportement, qui l’aimeront pour ce qu’elle est et non malgré ce qu’elle est. Il faudra juste qu'elle vive avec son passé car elle ne pourra jamais effacer ce qu'elle a fait. Mais tant que l'avenir est sans nuage, peut importe la fardeau il devient facile à porter.