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Un univers particulier...

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Dim 30 Oct 2011 - 22:08
Adrianna avait apprécié la confiance silencieuse d'Elleynah. Elle s'était en très peu de temps, prise d'affection pour cette jeune fille timide et réservée. Peut-être parce qu'elle semblait avoir une profondeur qui l'intriguait. Elle donnait l'impression d'avoir un univers bien à elle. Un côté à la fois sombre et lumineux. La brésilienne avait envie de savoir lequel des deux primait sur l'autre. Elle aimait également les défis et Elleynah en était un. Elle avait envie de l'apprivoiser en quelque sorte. De lui apporter, peut-être, un aperçu différent de la vie pour voir enfin l'espoir prendre la place de la tristesse qu'elle dégageait.

Un léger sourire errait sur ses lèvres alors que la jeune fille serrait de plus en plus sa main, comme perturbée, stressée, en la menant jusque chez elle. Que craignait-elle donc? Elle eut un début de réponse en arrivant au niveau du cimetière et en réalisant qu'elles allaient vers le manoir. Celui que l'on disait hanté. Depuis plus d'un an qu'elle était à Etiopia, elle s'était souvent interrogée sur les habitants du manoir. Elle savait aussi ce que les ér=tiopiennes en disaient à mots couverts. Mais elle n'était pas du genre à s'arrêter sur si peu. Elle croyait aux esprits, aux âmes errantes. Mais elle croyait aussi que ces âmes n'étaient pas si différentes de celles des vivants. Cela ne l'effrayait donc pas, pas plus que le cimetière qui tira une réflexion à Elleynah.

"Je me doute en effet que ces voisins là ne doivent pas trop déranger le silence..." rétorqua-t-elle amusée mais nullement impressionnée par les lieux.

Si elle avait sentit la nervosité d'Elleynah, jusque là, celle-ci sembla atteindre son paroxysme alors qu'elles arrivaient au manoir. Elle décida de la rassurer immédiatement.

"Ainsi donc, c'est là que tu habites. J'ai toujours été curieuse de savoir qui y vivait. Je n'aurai juste pas imaginé qu'il puisse détenir une si jolie princesse en son sein!"

La légèreté de ses mots, appuyés par son sourire réconfortant, étaient là pour la détendre et lui montrer qu'elle n'était nullement anxieuse de découvrir l'impressionnant bâtiment. Elle pénétrèrent dans les lieux sans qu'Elleynah n'ait ajouté un mot. La bâtisse était certes, empreinte d'une atmosphère peu joyeuse, même presque solennelle à première vue, mais il semblait aussi y avoir autre chose de plus serein derrière tout ça. Peut-être était-ce lié à la présence d'Elleynah dans les murs. Après tout elle y était chez elle et être chez soit est quelque chose de chaleureux et rassurant. On devait se sentir bien seule ici, toutefois, sans véritable compagnie. Elle observa autour d'elle. Tout y était magnifiquement ancien. Les tentures, les bois, la pierre... Le manoir valait le détour assurément.

"C'est vraiment très beau... Mais tu dois souvent te sentir isolée ici. C'est dommage... C'est un endroit qui pourrait être plus vivant, je pense, et qui ne mérite pas sa réputation. "

Elle se tourna vers Elleynah et plongea son regard bleu dans le sien qu'elle trouvait toujours aussi superbe.

"Tu me fais visiter où tu préfères me montrer ta musique tout de suite?" puis elle ajouta "Si tu as peur que je m'effraie de certaines pièces, ne t'inquiètes pas. On m'a parlé de la salle de torture par exemple et je vois seulement cela comme une curiosité. Ce manoir.. cet endroit... Ca reste un mystère pour beaucoup et je suis comme tout le monde. Il m'intrigue presqu'autant que toi!"

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Sam 5 Nov 2011 - 12:39
- Ainsi donc, c'est là que tu habites. J'ai toujours été curieuse de savoir qui y vivait. Je n'aurai juste pas imaginé qu'il puisse détenir une si jolie princesse en son sein!

A ces mots, Elleynah la regarda, surprise. Elle ne s'attendait pas du tout à ce que la jeune femme réagisse aussi bien! A moitié rassurée, elle lui offrit un sourire timide. Le manoir était un sujet de discussion courant à Etiopia. Les plus courageuses se risquaient parfois à entrer dans la demeure, que les légendes disaient hantée. Même les filles les plus courageuses ne restaient pas bien longtemps dans l'atmosphère sordide de l'endroit. Pourtant, Elleynah s'y sentait en sécurité. C'était, d'après elle, le meilleur endroit qu'elle aurait pu trouver pour être au calme. Elle avait par ailleurs entendu des filles parler d'une fête, du nom de Hall... Halla... Halloween. Enfin, quelque chose du genre. Elle ignorait ce que c'était, mais certaines filles avaient parlé de visiter le manoir... Alors depuis, elle fermait toujours sa chambre à double tour, et gardait la clé attachée autour du cou. Il était tout bonnement hors de questions que qui que ce soit ai accès à ses trésors. Sauf si elle le décidait.

Une fois à l'intérieur du manoir, Elleynah ôta ses chaussures, qu'elle avait exceptionnellement mises, et les glissa dans un coin de la pièce. Un feu brûlait dans la grande cheminée, et un parfum enivrant s'échappait de la cuisine, dont la porte était entrouverte. Bien que l'endroit en lui même ne fut guère rassurant, il planait une légèreté qui le rendait agréable. Comme à son habitude, le rocking-chair prés du feu se balançait lentement. Il sembla s'arrêter quelques instants, avant de reprendre ses mouvements réguliers. La jeune fille se tourna alors vers Adrianna, qui avait l'air totalement subjuguée.

- C'est vraiment très beau... Mais tu dois souvent te sentir isolée ici. C'est dommage... C'est un endroit qui pourrait être plus vivant, je pense, et qui ne mérite pas sa réputation.

A vrai dire, Elleynah n'avait jamais connu autre chose que la solitude. Elle se sentait incroyablement bien, dans la chaleur protectrice du manoir. Elle n'avait jamais songé à y vivre avec d'autres personnes. C'était peut être égoïste de sa part. Mais elle savait qu'elle ne supporterait pas d'être sans cesse en contact avec des gens. Encore vivant du moins. Et puis, ici au moins, elle pouvait s'exprimer, musicalement parlant, quand elle le voulait, sans risquer de déranger qui que ce soit. A vrai dire, elle se sentait libre. Rien ne l'obligeait à se plier aux ordres de qui que ce soit. Elle n'avait pas besoin de se préoccuper d'autres personnes qu'elle même. En y réfléchissant bien, ce n'était pas de l'égoïsme. Durant les premières années de sa vie, elle avait était prisonnière, comme mise en cage, obligée de se plier à la volonté d'hommes. Aujourd'hui, tout ça était fini. Derrière elle, comme un simple cauchemar.

- Tu me fais visiter où tu préfères me montrer ta musique tout de suite? Si tu as peur que je m'effraie de certaines pièces, ne t'inquiètes pas. On m'a parlé de la salle de torture par exemple et je vois seulement cela comme une curiosité. Ce manoir.. cet endroit... Ca reste un mystère pour beaucoup et je suis comme tout le monde. Il m'intrigue presqu'autant que toi!

Elleynah fit une moue, tout en réfléchissant. Il était compréhensible que la jeune femme aie envie de visiter le manoir. Mais avant tout...

- Mmmh... Je te fais écouter ma musique, te montre ma chambre par la même occasion, et après je te fais visiter le manoir, dans les moindres détails!

Sans attendre de réponses de la part de la jeune femme, elle l'a prit par la main, et l'entraîna à sa suite dans les grands escaliers en bois. Parfois, des grincements sinistres se faisaient entendre, mais Elleynah n'y prêtait guère attention. Quand elles arrivèrent au second étage, elle se tourna vers Adrianna. Celle-ci avait les yeux qui brillaient, ce qui arracha un sourire à la jeune fille. Elle lui lâcha la main, et se dirigea vers une porte au bout du couloir sombre et mal éclairé, par quelques bougies dont la flamme vacillait. Elleynah détacha la clé de son cou, et la glissa dans la serrure. Elle dû s'y reprendre à trois fois avant de réussir à ouvrir la porte. La jeune fille ouvrit donc la porte en grand, faisant signe à Adrianna d'entrer. Puis, elle remit la clé autour de son cou, et pénétra dans la pièce à son tour.

- Voilà ma chambre! Dit-elle, enjouée.

La pièce était spacieuse, lumineuse, contrairement au reste du manoir. Les deux fenêtres, immenses, dispensaient une douce lumière qui envoyait des éclats de couleurs sur les murs. Tout dans la chambre rappelait les merveilles d'un conte de fée. Au milieu de la pièce, se dressait son piano, sur lequel était posé des objets divers et variés. Des feuilles de papiers jonchaient le sol et le lit défait, comme si Elleynah avait tout laissé en plan. Il y avait des instruments de partout. Deux guitares étaient appuyées contre le mur, une harpe se dressait fièrement dans un coin de la pièce,... Elleynah se tourna vers Adrianna, gênée.

- Heu... Excuses-moi, ce n'est pas très bien rangé...
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Sam 5 Nov 2011 - 13:37
Il y régnait vraiment une atmosphère particulière dans ce manoir. Cela faisait penser à d'autres temps plus reculés. Il y faisait bon aussi, là où brûlait le feu et une douce odeur provenait de la cuisine. En fait, elle trouva l'endroit agréable d'emblée, même si le rocking-chair, seul en mouvement, laissait à imaginer volontiers que le fantôme d'une grand-mère s'y balançait. C'était d'ailleurs peut-être le cas, mais la brésilienne avait un immense respect pour les esprit... Et puis l'esprit d'une mamie sur sa chaise, ça ne pouvait pas être bien méchant. C'était même comme si elle avait veillé sur l'endroit, avec bienveillance.

Elle suivi Elleynah, curieuse de découvrir l'endroit qui lui était dédié. Les grincement de l'escalier qui paraissait plus froid que le reste la mirent quelques secondes mal à l'aise mais elle n'en dit rien. Le couloir sombre et à peine éclairé était un peu lourd aussi. Elles arrivèrent enfin devant la porte que son amie mit quelques secondes à ouvrir puis elle entra, suivi d'Elleynah. La pièce n'avait vraiment rien à voir avec le reste. Elle était bien vivante, elle. Lumineuse, spacieuse, dans un décor d'adolescente vivant dans de perpétuels contes de fées. Adrianna sourit. Même si le désordre y régnait un eu, l'univers d'Elleynah était bien là. Avec les instruments de toute sorte et le piano, surtout, en bonne place.

"Ce n'est pas grave qu'il y ait de l'ordre. Moins j'aime assez les pièces en désordre quand ça montre que l'endroit est plein de vie. J'aime bien ta chambre!"

Curieuse, elle se promena à travers la pièce, effleurant le piano au passage mais ne touchant rien d'autre, hormis avec les yeux, par respect pour Elleynah.

"Je vois que tu passes ton temps à faire de la musique. C'est aussi indissociable de toi que la danse ou la Capoeira pour moi je crois. C'est bien... Je plains toujours ceux qui n'ont pas de passion à eux, rien qui leur donne envie de se lever le matin et de se dépasser, de se plonger dans quelque chose qui n'appartient qu'à eux. Tu es plus cérébrale que je ne le suis car, moi, ce sont des sensations physiques, même s'il y a aussi dans la danse une partie musicale et donc une dimension spirituelle, mais je crois que c'est très comparable, sur le fond."

Elle revint vers le piano et fit un grand sourire à Elleynah.

"Allez! Montre moi... J'ai hâte de découvrir ta musique!"

Elle chercha une place, hésitante. Il n'y a avait guère d'endroit où s'asseoir en fait en dehors du lit encombré ou du fauteuil du piano et une chaise débordant de partitions.

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Sam 5 Nov 2011 - 15:54
- Ce n'est pas grave qu'il y ait de l'ordre. Moins j'aime assez les pièces en désordre quand ça montre que l'endroit est plein de vie. J'aime bien ta chambre!

Elleynah était parfaitement du même avis que la jeune femme. Mais à vrai dire, elle n'avait jamais eu l'idée de ranger sa chambre. Elle la trouvait fonctionnelle à souhait. Tous les objets avaient leur place, et lorsqu'elle devait trouver quelque chose, elle n'avait aucun mal à mettre la main dessus. Parfois, lorsqu'elle se trouvait dans un certain état d'esprit, qu'elle laissait ses émotions l'envahir, il lui arrivait de prendre une feuille, et de noter des notes à la suite. Plus tard, quand elle les jouait, elle avait l'impression de sentir les émotions, les sentiments qu'elle même avait eu en créant la musique. Et son souhait le plus cher, était que quelqu'un arrive à ressentir ça...

- Je vois que tu passes ton temps à faire de la musique. C'est aussi indissociable de toi que la danse ou la Capoeira pour moi je crois. C'est bien... Je plains toujours ceux qui n'ont pas de passion à eux, rien qui leur donne envie de se lever le matin et de se dépasser, de se plonger dans quelque chose qui n'appartient qu'à eux. Tu es plus cérébrale que je ne le suis car, moi, ce sont des sensations physiques, même s'il y a aussi dans la danse une partie musicale et donc une dimension spirituelle, mais je crois que c'est très comparable, sur le fond.

Elleynah comprenait ce que la jeune femme voulait dire. Elle sembla réfléchir quelques instants. Avoir une passion, c'est un moyen d'expression, un moyen de dire aux autres ce qu'on a ancré au plus profond de soit, sans avoir à poser des mots sur l'inconcret, ou à nommer l’innommable. La musique était tout pour elle. Tout ce dont elle avait besoin pour vivre. Lorsqu'elle se levait le matin, il n'y avait que ça qui la motivait réellement. Quand elle était tentée de mettre fin à ses jours chez son oncle, la musique revenait à elle, au même rythme effréné que les battements de son coeur meurtri. Alors elle allait s'asseoir devant son piano, et elle jouait. Bien sûr, il n'y avait personne pour la comprendre, mais au moins, elle se sentait libérée. Lorsqu'elle était petite, et que son père l'enfermait dans l'obscurité de la cave, elle se mettait à chanter, tout doucement, au même rythme que le "ploc" persistant des gouttelettes. Au final, ça créait une musique, si belle qu'elle réussissait à arracher un sourire à Elleynah. Depuis, elle n'imaginait plus vivre dans le silence. Elle trouvait toujours quelque chose pour faire du bruit, la bercer ou la rassurer.

- Allez! Montre moi... J'ai hâte de découvrir ta musique!

Elleynah lui sourit, les yeux brillants, et s'avança vers le lit, repoussant les feuilles pour qu'elle puisse s'y asseoir. Puis, elle se dirigea vers le piano, et s'installa sur le siège avec grâce. Elle ferma les yeux, inspira profondément, comme si elle se préparait à se laisser envahir par la musique. Lentement, ses doigts se posèrent sur le clavier, et elle commença à jouer. Les notes s'élevaient, dans une harmonie absolument parfaite. Les doigts d'Elleynah couraient à une vitesse folle sur les touches, créant une musique aussi belle qu'envoûtante. Les yeux de la jeune fille étaient toujours fermés, et l'on pouvait apercevoir une perle argentée qui roulait sur sa joue. Mise à part sa musique, plus rien ne bougeait, tout s'était tut. Plus personne ne semblait respirer, comme s'ils avaient peur de rompre la symbiose qu'Elleynah avait créé. Elle joua longtemps. Très longtemps. Si longtemps que lorsqu'elle arrêta, la nuit était tombée depuis longtemps déjà. Mais, pour ceux qui l'avaient écouté, ça n'avait semblé durer qu'une poignée de secondes. A la fin du morceau, Elleynah rouvrit des yeux plus pétillants que jamais, et un sourire radieux apparut sur son visage d'ange.
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Sam 5 Nov 2011 - 19:07
Elleynah vint à la rescousse de la brésilienne en libérant le lit et la danseuse y prit place, attendant qu'elle se mette au piano. Dés les premières notes, Adrianna sentit la magie s'emparer d'elle. C'était magnifique... Enfin non... C'était beaucoup plus que ça. Elleynah avait un univers bien à elle capable de vous transporter dans sa douceur et ce besoin d'amour qu'on ressentait chez elle.

Voilà... C'était tout à fait ça. Une soif de partage et d'amour qui vous prenait le cœur et l'esprit pour vous emporter au plus haut des nues. On y devinait sa sensibilité, sa passion aussi sous la réserve et qui ne demandait qu'à s'échapper. Qui s'échappait d'ailleurs dans des envolées lyriques absolument sublimes. Comme un cœur qui bat, se gonfle, explose puis s'arrête, repart calmement et recommence sa danse vers le ciel. Elle était à ce point sous le charme qu'elle n'avait même pas remarqué que la nuit tombait. Elle aurait pu restée ainsi des heures encore, dans les méandres d'émotions d'une pureté incroyable, que ce soit la joie, le chagrin aussi, la peur, l'angoisse ou l'espoir... Tout y était. Tout...

Quand Elleynah s'arrêta, elle avait la sensation d'avoir touché le divin du doigt et qu'on le lui arrachait. Elle était bouleversée. Elle resta silencieuse, ne sachant comment exprimer tout ce qu'elle avait ressentit. Son regard vint se perdre dans celui d'Elleynah et elle se leva, doucement, comme pour éviter de faire du bruit car seul le silence semblait être le point d'orgue à une telle beauté. Elle pris place juste à côté d'elle sur le banc du piano et lui caressa doucement le visage en souriant avant de lui prendre la main.

"Merci..." murmura-telle en se penchant pour l'embrasser sur la joue.

Elle regarda autour d'elle en se rendant, enfin, compte que la lumière avait changée. Changé quand même au point que rien n'était allumé et seule la lumière de la lune les éclairaient. Elle la regarda de nouveau en souriant.

"Tu as figé le temps..."

Elle la contempla encore hésitante mais pourtant, elle avait envie de lui dire ce qu'elle avait ressentit. Ces yeux, d'ailleurs, brillaient encore de toutes ces émotions. Alors, elle parla, mais elle ne lui parla pas de sa musique mais en parla d'elle. Car ce qu'elle avait offert, c'était une part de ce qu'était Elleynah dans le fond de son cœur. C'était son identité.

"Tu es belle Elleynah. Tu rayonnes de l'intérieur et c'est magique. Tu donnes tellement de choses de toi quand tu joues.. C'est... au delà des mots. Je crois que je n'ai jamais rien entendu qui me touche autant."

Elle ignorait si Elleynah comprenait ce qu'elle essayait de lui dire. Mais parfois, même les mots ne peuvent décrire l'émotion comme le fait la musique.
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Sam 26 Nov 2011 - 13:12
Elleynah se frotta les yeux. A chaque fois qu'elle jouait, elle avait l'impression de s'endormir, pour ne se réveiller que longtemps après. Pendant longtemps, elle n'avait désiré qu'une seule chose : Trouver quelqu'un qui soit assez ouvert pour partager sa transe. Et il lui semblait qu'elle avait enfin trouvé. Alors, elle avait envie de pleurer, de sauter au plafond, de s'envoler et de hurler sa joie. Toutes ses années de souffrance et de silence semblaient enfin récompensées, et ce grâce à une personne. Elle se tourna vers Adrianna, sans dire un mot. C'était à elle de la remercier. Elle voulait la remercier pour l'avoir écoutée, la remercier pour l'avoir comprise, et la remercier pour l'avoir libérée. Oui, elle était libre à présent, libérée de cette crainte d'être folle, libérée de cette peur de rester à jamais incomprise par les autres. Longtemps, son oncle lui avait répété qu'elle serait toujours seule face à elle même, face à ses sentiments. Elle n'avait plus peur de la solitude depuis bien longtemps. Mais elle avait fini par le croire, et se sentir incomprise. Tout le temps. Un poids s'était alors posé sur ses épaules fragiles, et elle avait eu l'impression qu'il devenait plus lourd, au fil de ses échecs. Tellement lourd, que ces derniers temps, elle avait dû se traîner lamentablement sur le sol pour réussir à progresser de quelques centimètres seulement sur son chemin.

Et lorsque Adrianna vint poser un baiser sur sa joue, elle sentit son visage pâle s'empourprer. Elle n'était toujours pas habituée à ces marques de tendresse. Elle qui au cours de sa vie n'avait reçu que des coups, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être effrayer à chaque fois que quelqu'un s'approcher d'elle, comme si elle pensait qu'on allait encore la frapper. Elle ne voulait pas, elle ne voulait plus. Elle qui avait fait tant d'efforts, dans l'espoir de vivre, elle qui se battait chaque jour, elle qui était allée jusqu'à narguer la mort. Elle ne voulait plus. Elleynah savait qu'elle ne pourrait plus supporter tout ce qu'elle avait déjà subi. Et de toutes façons, elle ne se laisserait plus faire. Aujourd'hui, elle avait envie d'apprendre, de voir, de découvrir et de connaître.

- Tu es belle Elleynah. Tu rayonnes de l'intérieur et c'est magique. Tu donnes tellement de choses de toi quand tu joues.. C'est... au delà des mots. Je crois que je n'ai jamais rien entendu qui me touche autant.

Elleynah sursauta. Elle n'avait jamais entendu quelqu'un dire quelque chose de si gentil à son propos, et pendant quelques instants, elle se demanda si ça lui était réellement destiné, ou si elle avait rêvé ces mots. Alors elle regarda la jeune femme, au plus profond de ses yeux, et un sourire se dessina sur son visage. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma bien vite. Elle n'avait pas besoin de parler pour qu'Adrianna sache qu'elle avait compris, et qu'elle lui en était reconnaissante.

Elle restèrent un moment immobiles, sans trop savoir quoi dire, puis, Elleynah prit la main de la jeune femme. Elle l'ouvrit, et la regarda un instant. Elle la posa ensuite sur le clavier, sans la lâcher, et plaça ses doigts sur les touches. Adrianna ne semblait pas vouloir arracher sa main à l'emprise de celle de la jeune musicienne. Alors, Elleynah, concentrée, prit le contrôle de ses doigts, et commença à appuyer sur des notes, les unes après les autres, en veillant à ce qu'Adrianna puisse bien voir tout ce qu'elle faisait. Les bougies sur le piano s'étaient allumées. Et à leur lueur, les notes s'élevaient encore. Mais cette fois, c'était Adrianna qui jouait. Elleynah lui montrait sur la partition les notes qu'elle jouait à chaque fois, avec l'espoir que la jeune femme réussisse à s'abandonner totalement à la musique. A leur musique. Parfois, elle lui murmurait des conseils, si bas qu'il aurait été impossible pour d'autres d'entendre.

- Là, appuie mon fort, plus de légèreté.

Sa voix, si douce et calme, était comme envoûtante. Son regard gris/bleu était enclin d'une bienveillance très peu commune. Tout en elle respirait le calme et la douceur, comme si elle ne connaissait pas la violence, et comme si elle était née dans l'unique but d'être heureuse.
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Elleynah Den Adel
Sam 26 Nov 2011 - 15:45
Parfois, il y a des moments qui tiennent de la magie dans une vie. De ces moments qui resterons dans la mémoire comme un pur bonheur. De ces instants qu'on a pas envie de briser et qu'on laisse le plus possible au silence ou à la douceur. Adrianna ressentait de cette magie là dans la musique d'Elleynah, dans ce qu'elle dégageait aussi. Car elle faisait corps avec son piano. C'était un peu d'elle qui s'envolait à chaque note qui résonnait dans la pièce. Le pouvoir d'une âme pure qui a trouvé le moyen d'exprimer ses émotions, de les partager.

Alors, peut-être Adrianna, dans sa manière de considérer les autres, les émotions, l'énergie de chacun, était plus réceptive que la majorité à l'être profond d'Elleynah mais elle avait été littéralement transportée. Et elle avait éprouvé le besoin de la remercier. Elle avait également ressenti une part de sa peur, de sa méfiance, quand elle l'avait doucement embrassée sur la joue. Quelque part, elle en avait éprouvé une sorte de tristesse, comme si il n'était pas concevable, pour elle, qu'on puisse avoir fait un jour du mal à une âme aussi belle. Elleynah était un ange, pour elle. Du moins, telle qu'elle le ressentait et la voyait. Et on ne peut qu'aimer les anges, n'est-ce pas? Aussi était telle touchée au plus profond d'elle même par ce qui touchait la jeune fille. Comme si elles étaient amies depuis trop longtemps pour qu'elle ne soit pas sensible à ce qu'elle ressentait. Peut-être aussi le côté maternel d'Adrianna lui donnait-il envie de veiller sur elle?

Quoi qu'il en soit, quand la musicienne lui prit la main avec douceur, elle se laissa faire. Ses doigts obéirent aux siens, sans résistance, sur les touches du piano, comme si sa main se fondait à la sienne et tentait de réagir avec la même émotion, dans le même geste. Elle suivait chacune de ses paroles, concentrée uniquement sur les notes, et leur ligne mélodique, son toucher et sa voix. C'était étrange et doux. Troublant aussi. La brésilienne s'abandonnait confiante, suivant pas à pas les désirs d'Elleynah. Un peu comme une sorte de communion spirituelle. Son regard croisa le sien un instant et faillit s'y perdre tellement il semblait envoûtant. La brésilienne s'étonnait encore qu'un tel trésor vive isolé des autres et ne se livre à personne. C'était presqu'un crime en un sens.

Une dernière note résonna dans le silence. Aucune des deux femmes n'avaient dit un mot et le silence régna encore un long moment. Les mots sont parfois superflus dans ce genre de circonstances. Doucement , Adrianna libéra sa main de celle d'Elleynah et la remplaça par l'autre, mêlant ses doigts aux siens avec tendresse. Son bras libre vint l'enserrer avec précaution autour de la taille et elle la serra contre elle. Elle y mettait de la délicatesse et de la douceur, consciente , après sa réaction à son baiser sur la joue, qu'elle était comme un papillon qui s'effraie d'un rien. Sa main remonta de sa taille à son visage qu'elle caressa doucement et elle embrassa délicatement son front. Elle murmura alors, de sa voix chantante qui sembla flotter dans le silence sans le briser vraiment.

"Petite fille, tu es un ange qui ne demande qu'à voler..."

Ses paroles là avait un sens pour elle, même si elle ignorait si Elleynah les comprendrait. La jeune fille avait encore en elle un peu de cette enfant apeurée et solitaire qu'elle avait été. Sa musique lui permettait de s'exprimer, certes, mais il lui restait encore à prendre son élan pour réellement s'envoler et devenir une adulte heureuse et pleinement vivante. Et pour cela, il lui faudrait prendre confiance, apprivoiser ce monde qui lui semblait encore dangereux, découvrir que ceux qui l'entouraient pouvaient aussi l'aimer telle qu'elle était sans lui vouloir de mal. Adrianna se prenait à vouloir l'aider, ne serait-ce que parce qu'elle la touchait, immensément.
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Mer 11 Jan 2012 - 15:42
- Petite fille, tu es un ange qui ne demande qu'à voler...

Un soupire. Comme un souffle angélique qui vient rompre la magie du silence. Un sourire. La beauté révélée à son état pure. Un geste. Calculé? Non. Guidé par son instinct, porté par le divin. Le divin existe-t-il vraiment? Les dieux veillent sur elle. Son coeur, qui bat à un rythme régulier en est la preuve. Un soupire. Et une voix rieuse qui s'élève, comme si rien ne pouvait l'arrêter. Tel un oiseau qui s'envole, partageant sa majesté avec les yeux uniques des humains, qui lèvent la tête, désireux de s'approprier la lumière du soleil. Le soleil, reflet des rires des anges. Les anges perdus au milieu de l'humanité. Ceux qui ont survécu, et qui sont là pour apporter la lumière à ceux qui sont depuis toujours dans l'ombre. Et les étoiles brillants dans leur regard, reflet de la beauté de leur âme. Cette beauté qu'ils expriment à travers des rires, des mots, des gestes... A travers la musique, le dessin. Ces anges que l'on croit disparu, et qui pourtant veille sur nous pour toujours. Ces anges qui sont là, et qui nous accompagnent à travers les épreuves que la vie met en travers de nos routes. Ceux qui ont souffert, et qui pourtant semble être les êtres les plus heureux au monde. La solitude. Elle n'existe pas. Jamais personne n'est seul, lorsqu'il sait que ceux que l'on a aimé restent éternellement avec nous... Mais qui avait aimé Elleynah? Et qui avait-elle réellement aimé avant d'arriver dans le village? Avait-elle déjà eu la sensation d'être importante aux yeux de quelqu'un? Non. Sa vie avait été vide. Creuse. Parsemée d'une souffrance dont elle n'arrivait plus à se délester. Un ange ne pouvait connaître la solitude. Elleynah n'était pas un ange. Et elle savait que ses tentatives pour s'envoler seraient de toute façon vouées à un crash certain. Elle n'était pas spécialement défaitiste, loin de là. Mais à force de vouloir lui arracher les ailes, on avait réussi à la clouer au sol. Bien sûr qu'elle ne demandait qu'à voler! Elle ne rêvait même que de ça. Elle savait qu'il y avait en elle des choses qu'elle souhaitait partager, apprendre, donner. Comme la musique. C'était la plus belle chose qu'elle possédait. Et ce qu'elle avait le plus envie d'offrir. Comme un cadeau, fabriqué au plus profond de son coeur. Tous le monde aimait recevoir des cadeaux. Mais peu de gens savaient les apprécier à leur juste valeur. Adrianna savait apprécier le modeste présent qu'Elleynah, déjà adulte, bien que toujours petite fille, lui avait fait. Petite fille. L'avait-elle réellement été un jour? Depuis quand avait elle perdue son innocence? Il lui semblait que ça remontait à sa naissance. Ou peut être était-ce la première fois que son père l'avait battue. Lorsqu'elle avait deux ans. Ce genre de souvenirs reste gravé dans les mémoires pour l'éternité. Elleynah ne pourrait jamais oublier l'expression sur le visage de son père, lorsqu'il avait levé la main sur elle, sans que sa mère ne s'y interpose. Comme si la battre lui faisait éprouver une sorte de jouissance. Un bonheur, une puissance qu'il ne pouvait avoir autrement. Oui... Son père était assoiffé de pouvoir. Et d'alcool. Et de... Non. Elle essayait de se persuader qu'il la battait sous l'emprise d'une quelconque drogue. Mais elle savait que c'était faux. Son oncle lui avait souvent proposé des drogues. Ou des joints. Des cigarettes. Ce genre de chose, pour lesquelles son propre père l'aurait tuée. Alors elle refusait à chaque fois, incapable de se convaincre qu'elle était à l'abri. Bien qu'encore jeune, Elleynah réfléchissait parfois comme une personne âgée, que les expériences ont rendu sage. Certaines personnes qu'elle avait rencontré chez son oncle l'avait jugée effrayante! Elle aurait tant voulu voir des jeunes de son âge... Comprendre le sens du verbe "s'amuser". Pouvoir courir sous la pluie, en riant avec des amis. Mais la vie en avait décidé autrement.

- Les vrais anges ne sont souillés que par leur pureté.

A ces mots, les larmes lui montèrent aux yeux. Ce qu'elle avait vécu avec son oncle était encore bien trop récent, bien trop douloureux pour qu'elle n'y songe pas à chaque instant. Elle détourne le regard, pour qu'Adrianna ne voit pas la perle salée qui traçait lentement son chemin sinueux sur sa joue glacée. Elle l'essuya d'un geste précis, et se tourna vers la jeune brésilienne, à nouveau souriante. Elle caressa une dernière fois son piano du bout des doigts avant de se lever.

- Il fait chaud, tu ne trouves pas?

Sans attendre de réponse, elle ouvrit une des grandes fenêtres. L'air frais s'engouffra à l'intérieur, faisant vaciller la flamme de la bougie. Elleynah se mit à fixer la lune avec insistance.

- Tu crois que la lune nous observes comme nous l'observons..? Souffla-t-elle.
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Elleynah Den Adel
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Elleynah Den Adel
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Elleynah Den Adel
Jeu 1 Mar 2012 - 11:38
Étrange comme Adrianna avait envie de prendre Elleynah sous son aile. Elle ressentait sa douleur, elle la devinait. Sa réponse, d'ailleurs, au sujet de l'ange était en soit un aveu. Elle la regarda s'extraire de son rêve pour aller ouvrir la fenêtre. Elle la rejoignit, un sourire doux sur les lèvres. Elleynah leva les yeux vers la lune et la brésilienne, derrière elle, suivit son regard.

"Peut-être... La plupart des mythes racontent qu'elle est le symbole de la renaissance et c'est aussi l'astre qui est associé à Athéna, la Déesse de la sagesse. J'aime à croire qu'elle veille sur nous en tous cas."

Elle se rapprocha de la jeune fille et l'enserra très doucement dans ses bras, comme pour la protéger.

"Ton cœur est pur Elleynah... Quel qu'ait été ton passé, tu n'as pas à avoir peur d'être qui tu es et d'exprimer ce que tu as envie d'exprimer. Quand je parlais de l'ange prêt à s'envoler, c'est ce que je voulais dire, petite sœur."

Elle n'avait pu s'empêcher de lui donner ce surnom affectueux. Comme toujours, Adrianna ne savait pas cacher ce qu'elle ressentait. Elle effleura sa joue d'un baiser tendre et fraternel.

"Merci, en tous cas, d'être qui tu es. De m'avoir offert ta musique. Et je respecterai ma promesse de t'aider à comprendre et connaitre les mots et leur poésie."

Elle l'étreignit avant de la lâcher doucement, ne sachant si ce genre d'élan l'indisposait ou pas. En tous cas, elle n'avait pu éviter celui-la et Elleynah semblait n'avoir pas osé la repousser. C'était déjà ça. Avec un sourire et comme pour s'excuser de son geste en la taquinant elle ajouta.

"Tu sais, les filles nées sous le soleil sont spontanée et chaleureuses. j'espère ne pas t'avoir brusquée? Mais quand j'aime bien quelqu'un je montre facilement mon affection. En tous cas, si tu veux des câlins , n'hésite pas, hein! J'ai l'impression que tu en as manqué, en plus... "

Oui, c'était vraiment l'impression qu'elle avait et ce qui la poussait à vouloir la protéger.
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