La chaleur du soleil. [Libre.]

Au moment où Eireen franchit le portail, un million de questions traversèrent son esprit torturé. Où se portail menait-il? Était-elle morte? Ne reverrait-elle donc jamais la lumière du soleil? Et si en traversant ce portail, elle avait tout simplement rejoins le même monde que les esprits avec lesquels elle communiquait? Son coeur s’emballa follement. Peut être reverrait-elle sa soeur! Et Sarah! Elle ferma les yeux, se laissant emporter vers cette destination inconnue. Elle essaya de faire le vide dans son esprit, comme le lui avait appris son psychiatre. Elle se sentait légère. Incroyablement légère. C'est drôle, elle se serait presque cru dehors. Le vent sur son visage, maigre mais serein. Une chaleur agréable réchauffait sa peau trop pâle, comme si le soleil brillait au-dessus d'elle. Le soleil? Eireen ouvrit brusquement les yeux. Elle fut aveuglée par la luminosité incroyablement forte. Ses yeux n'étaient plus habitués à ça. Peu à peu, elle réussit à regarder autour d'elle. Il y avait des arbres... Le ciel bleu... Les nuages... Et... Le soleil! Elle était dehors! Des larmes roulèrent sur ses joues creuses. Elle ouvrit les bras et se mit à tournoyer sur elle même. Elle se sentait bien. Incroyablement en forme. C'est nombreuses marques et plaies ne la faisaient plus souffrir. Elle était dehors! Libre! Elle n'avait plus aucune lanière de cuir qui la retenait à un fauteuil roulant ou à une table en métal. Plus de piqûres, plus d'expériences, plus de souffrances... Libre... Elle se laissa tomber par terre, et s'allongea. Elle sentait la terre sous ses doigts, le vent sur son visage, elle voyait le ciel et le soleil... Les larmes continuaient de couler sur ses joues. Elle ne bougeait plus. Elle aurait voulu rester là pour l'éternité. Rien ne pourrait gâcher cette paix intérieur qu'elle ressentait. Ni le sang qui coulait des plaies sur son bras, ni le fait qu'elle soit dans un endroit bizarre dont elle ne savait rien. Tout ce qui comptait, c'était la chaleur du soleil.

Mélyah, après avoir avalé sa boite de somnifères s'allongea sur son lit, sachant parfaitement qu'elle ne se réveillerais jamais de ce someil lourd qui la gagnait peu à peu. Ses souvenirs commençaient à se brouiller dans son esprit. Ses paupières devenaient lourdes, si lourdes.... Mais, juste avant de fermer une dernière fois les yeux, elle apperçut un.. Un quelque chose de lumineux qui se rapprochait lentement d'elle. Un portail. Il était lumineux, entouré de belles nuées blanches. Elle tanta de tendre une main vers cette aparation mais ne pu réussir. Elle s'affaiblissait. Elle sentit une force la soulever et passa le portail.
Elle s'éfondra sur l'herbe molle et douce. Elle vit une silhouète près d'elle. Une silhouète toute pâle. Ses yeux se fermèrent malgrès elle. Elle aurais voulu les rouvrir pour savoir où elle se trouver, pour revoir la silhouète, mais une force extraordinaire l'en empêchait. A travers ses paupières clauses, elle voyait des tâches de lumières. Elle sentais sur sa peau froide et pâle la chaleur du soleil de printemps. Elle ne verrais jamais plus le soleil pensa-t-elle. Plus de soleil. Mais plus de souffrances. Pas d'amour non plus. Elle était étrangement sereine. Elle pensa à sa mère, à son père, se disant qu'elle ne regrettait pas son geste. Pas plus qu'eux la regretteraient. Elle pensa a sa gouvernante. Peut-être la reverrait-elle. Elle soupira doucement, songeant que ce serait probablement son dernier soupir.

Eireen rouvrit brusquement les yeux. Sans raison apparente, elle avait sentit qu'elle n'était plus seule. Il y avait quelqu'un, tout prés d'elle. Elle se redressa, prenant appuie sur ses coudes. Elle avait prit l'habitude de rester en éveil, de faire attention à chaque détail autour d'elle. A sa gauche, elle aperçut un écureuil qui courrait sur la branche d'un arbre. Une boucle d'oreille, sûrement en argent, avait été perdu dans l'herbe. Se retournant, elle vit une jeune fille allongée dans l'herbe. Son coeur s'emballa. Elle s'approcha lentement, scrutant le plus petit signe qui aurait prouvé qu'elle était en vie. Mais rien. il n'y avait rien. Seulement un corps. Pourtant, bien que glacé, elle sentait la chaleur d'une âme. Elle qui en avait si souvent côtoyé, elle pouvait facilement affirmer que la jeune inconnue était vivante. Elle s'agenouilla alors prés d'elle et posa sa tête sur ses genoux.

- Tiens bon, murmura-t-elle.

Elle se souvenait de quelques trucs que sont père, médecin, lui avait appris sur les plantes. A en croire la pâleur et l'absence de plaie de la jeune fille, elle souffrait d'un empoisonnement. Elle fouilla au plus profond d'elle même, dans son coeur, puis dans son cerveau. Elle devait trouver quelque chose. Elle avait déjà la mort de Sarah sur la conscience. Il lui était absolument hors de question qu'une nouvelle âme se retrouve sans enveloppe corporelle par sa faute. Alors, elle lui prit la main. Elle devait d'abord s'assurer qu'elle était consciente. Sinon elle ne survivrait pas. Elle avait besoin de temps. Et d'ingrédients. Oui, mais là, elle n'avait ni l'un, ni l'autre. Tant pis, elle allait devoir faire avec. Son père lui disait toujours, que pour bien guérir les gens, il fallait être prêt à intervenir dans n'importe quel cas, et le plus vite possible. Elle en était capable. C'était certain.

- Si tu m'entends, sers moi la main!

Mélyah avait de plus en plus de mal a respirer, elle voulu ouvrir la bouche pour crier sa souffrance et sa douleur. Sa rage aussi. Elle ne put même pas ouvrir la bouche. Les forces lui manquaient. Elle sentait déjà la lourde torpeur de la mort s'abattre sur elle.

Elle entendit qu'on parlait près d'elle mais son cerveau était trop embrouillé pour comprendre le sens de ce qu'on lui disait, la voix était lointaine, comme couverte par de la musique. Il n'y avait pas de musique. Elle sentit une main soulever son poignet, supposa qu'on lui prenait le poul. Elle entendit encore la voix, encore un peu plus lointaine que la première fois. Elle réunit toutes ses forces pour serrer la main qui était dans la sienne, réussissant à peine à exercer une faible pression sur les doigts fin de la personne qui la tenais. Son ventre se soulevait de moins en moins, sa peau était de plus en plus froide. Elle était de plus en plus faible. Elle soupira encore. Ses perceptions de l'exterieur qui n'étaient déjà précises devenaient de plus en plus floues et lointaines. Cette lente agonie lui pesait. Pourquoi sa mort était-elle si lente?

Elle entraperçut au loin dans son néant une lumière. Une vive lumière. Etait-elle morte? Elle sentait encore la chaleur du soleil sur sa peau et décida que c'était décidemment une belle journée pour mourir.

Eireen ne savait pas quoi faire. Pourquoi sa mémoire lui faisait-elle toujours défaut au mauvais moment? Quoi qu'il en soit, la fille allongée devant elle ne pouvait plus attendre. Il ne lui restait sûrement que très peu de temps à vivre. Quelques minutes tout au plus. Elle regardait de partout, espérant trouver quelque chose qui puisse l'aider. N'importe quoi. Mais elle ne trouva rien. il allait falloir qu'elle se débrouille seule. Si seulement elle arrivait à se souvenir...

- Oh, mais je sais pas moi, avec quoi tu t'es empoisonnée! S'exclama-t-elle à la limite du désespoir.

Eireen commençait sérieusement à paniquer. Elle ne supportait pas de se sentir inutile. Elle n'arrivait pas à réfléchir, comme si tous les médicaments que les scientifiques lui avaient administré lui avait fait perdre la mémoire. Il était de toute façon trop tard. Alors, elle prit la jeune fille dans ses bras, et pressa vivement sa poitrine. Elle recommença à plusieurs reprises, ne perdant pas espoir. Enfin, un liquide blanchâtre s'échappa de sa bouche entrouverte. La jeune fille se mit à tousser frénétiquement. Alors, Eireen l'allongea à nouveau, et cueillit une feuille de menthe qui avait poussé dans un coin d'herbe, non loin de là où elles se trouvaient. Elle la glissa ensuite sous la langue de la jeune fille, tout en lui caressant la joue pour la rassurer.

- Ca va aller, ne t'en fais pas, murmura-t-elle.

Elle s'assit en tailleur, et posa la tête de la jeune fille sur ses jambes. Elle même n'arrivait pas à croire en ses paroles. Comment ça, ça allait? Elle était à moitié morte, sûrement droguée et empoisonnée, dans les bras d'une fille qui devait avoir la tête d'un monstre après être restée enfermée dans une salle sans fenêtre pendant trop longtemps. Et en plus, dans un endroit dont elle ne connaissait strictement rien. Tiens, c'est vrai ça. Où étaient elles? Et surtout, comment étaient elles arrivées là..? Voilà des questions qui ne risquaient pas de trouver de réponse dans l'immédiat.

La respiration de Mélyah était rauque. Elle sentit une larme rouler sur sa joue déjà froide. La voix revint une nouvelle fois. Un peu plus lointaine. Mélyah voyait une petite lumière blanche alors que tous ses sens s'échapaient. Pourquoi ne pas se laisser glisser vers cette douce lumière qui la réchaufferais?
Elle setit soudain qu'on la soulevait, elle se sentit oppressée. On la relacha. Puis l'impression d'opressement repris.
Un étrage liquide remonta le long de sa gorge et s'échapa de ses lèvres entrouvertes. Elle toussa.
Tient, on l'allongeait de nouveau. Elle sentis que quelqu'un lui glissait quelque chose sous la langue. En temps normal elle aurait recraché.
La saveur lui était famillière mais son cerveau était trop embrumé pour qu'elle puisse se souvenir.
Encore une fois la voix se fit entendre. Cette voix apportait un étrange soulagement à Mélyah, cette voix douce et faible, si lointaine et pourtant, si proche...
Elle sentit que l'on soulevait sa tête et qu'on l'appuyait sur quelque chose, allez savoir quoi. Mais elle était trop faible pour se poser des questions. Trop faible. Tellement faible....

Eireen se releva, prenant la jeune fille dans ses bras. Elle tituba, réussit à retrouver l'équilibre. Ce n'était pas ici qu'elle pourrait la soigner. Si elle trouvait un hôtel... Oui, ce serait le mieux. Elle se mit donc en marche, faisant souvent des pauses pour reprendre son souffle. Marcher était difficile pour elle. Elle n'avait plus cette habitude. Ses jambes se dérobaient sous elle, comme du coton. Pourtant, elle avançait. Elle ne savait pas quelle était cette force inhumaine qui la soutenait, mais elle tombait vraiment bien. Elle ne voulait pas penser à sa vie. A ce qu'elle avait dû subir jusqu'à présent. Si elle se laissait envahir par le souvenir du visage angélique de Sarah, elles n'en ressortiraient pas vivantes. Ni elle, ni la fille qu'elle avait dans les bras. Alors elle préférait avancer, sans penser. Sans trop penser, du moins. Elle ne pouvait se permettre d'accorder de l'importance à ses bras enfler, à cause des multiples injections, qui la faisait souffrir le martyr. Elle ne pouvait pas non plus prêter attention à ses jambes qui menaçaient de céder sous elle à chaque instant. Elle aurait pourtant voulu s'allonger dans l'herbe, regarder le soleil, sentir l'herbe sous elle, la terre, le vent, la nature. Elle aurait voulu plonger dans la cascade qu'elle entendait couler tout prés d'ici. Elle aurait voulu faire toutes ces choses qu'elle avait incapable de réaliser tout le temps pendant lequel elle était restée enfermée dans cette toute petite pièce, sans fenêtre, sans lumière. Ses cicatrices les plus récentes la faisait grimacer de douleur. Et pourtant elle avançait. Après ce qui lui sembla être une éternité, elle arriva enfin devant un immense bâtiment récent, ou il était écrit en gros "Hôtel." Enfin, du moins elle croyait. Non, du moins elle espérait. Elle ignorait toujours l'endroit dans lequel elle était. Ca ne pouvait déjà pas être le paradis. Elle avait trop mal pour ça. L'enfer? Non, il n'y avait pas le soleil en enfer. Elle était retournée sur Terre? Non, impossible. Ce portail magique qui l'avait amené ici ne pouvait appartenir à la réalité. C'était impossible. Totalement impossible.

[H.R.P: On continu à l'hôtel ;)]