Eloquence [PV Akira Kiryu] [TERMINE]

MUSIQUE

Le silence. Ce silence que l'on ne rencontre seulement dans les églises, ou lors des enterrements. Cela aurait pu avoir quelque chose d'effroyable. Il n'en était rien. Erelinn avait besoin de calme après ces derniers événements. L'être humain survivait uniquement grâce à sa capacité d'adaptation. Aussi, si elle s'était adaptée en peu de temps à son nouvel environnement, le colibri ne s'était pas habitué à ces effusions de tendresse qu'Akira lui avait apporté. Que signifiaient-elles ?

*Non, je ne suis pas là pour penser à ça...*

En effet. Ce havre de paix était à sa disposition, comprenant autant de connaissances qu'elle souhaitait acquérir. Apprendre, encore et toujours. Mais quelques fois, il lui fallait aussi se distraire. Oublier le chahut de la vie active, professionnelle et se détendre en lisant une belle fiction, un roman fantastique. Créer des parfums l'avait emmenée à voir ce qui l'entourait avec une dimension de plus. Elle appréhendait la venue des visiteuses de la bibliothèque à leur odeur, fermant les paupières en localisant la provenance de leur parfum. Chaque personne portait plus qu'une signature olfactive. Elles portaient leurs habitudes, leurs mouvements, leurs rencontres. C'était un morceau de vie à chaque passage, si bien qu'au bout d'une heure Erelinn soupira.
Qu'en était-il de son propre parfum ? Que racontait-il ? Elle transpirait les phéromones depuis qu'Akira avait croisé son chemin. Au fond, elle savait ce que cela divulguait et elle était heureuse d'être sans doute la seule de l'île à pouvoir sentir ce genre de traces invisibles.
Si quelqu'un avait pu lire en son coeur à cet instant, elle en aurait sûrement pleuré. La renarde avait promis à Akira qu'elles se reverraient vite. Bien sûr elle avait déjà songé au prochain endroit qu'elles pourraient visiter. Après tout, Erelinn était loin de tout connaître sur cette planète. Fallait-il seulement qu'elle l'explore ? Que pouvait-il y avoir de si différent qui vaille la peine qu'elle ne le voie ?

*Erelinn qu'est-ce que tu racontes ? Ce n'est pas toi ça. Où est passée Miss Hummingbird ? L'aventurière ? Reprends-toi.*

Un peu de motivation se disait-elle. La tranche d'un livre attira son regard émeraude et vermeil. Mais quand elle le retira de l'étagère, elle remarqua dans l'espace la présence d'Akira. Que faisait-elle ici ?

*Quelle question stupide...Elle aime lire, sans aucun doute. Enfin réfléchi un peu. Et pourquoi ne l'ai-je pas sentie venir ?*

Pourquoi ? Sans doute était-ce qu'elle ne portait pas la même odeur qu'avant. Oui, en se concentrant elle pouvait déceler l'odeur d'une autre femme et c'était celle-ci qui l'avait induite en erreur. Oui, un parfum familier. A qui était-il déjà ?
Soudain Erelinn eu un mouvement de recul, se heurtant à l'étagère derrière elle. Mais oui, comment avait-elle pu être si bête ?! Lorsque sa camarade de chambre était rentrée de boîte, parmi les effluves d'alcool, il y avait le parfum d'Akira. Maintenant, elle comprenait. Sans l'ombre d'un doute, ces deux-là se connaissaient. Mais pourquoi n'était-elle pas au courant ?

*Arrête, elles doivent simplement être amies...personne ne parle de tout ses amis d'emblée...*

Elle essayait de se rassurer, mais au fond d'elle le doute s'était insinué. Et pour qui doute, tout devient suspicieux. Ses mains passèrent dans sa longue chevelure de sang. Pour une fois ils étaient lâchés, flirtant avec son ventre découvert. Sa brassière noire en cache-coeur offrait une belle vue sur son anatomie. Mais elle avait tout de même opté pour un pantalon taille basse blanc et des compensées d'été pour ne pas être trop dénudée. Pouvait-elle se montrer à Akira si perturbée ? Allait-elle seulement réussir à aborder le sujet ? Ne la prendrait-elle pas pour une cinglée si elle lui expliquait cette sorte de don qu'elle avait pour déceler les fragrances ? Peu importait au fond. Une envie la démangeait. Celle de courir dans l'autre sens. Courir loin pour ne plus penser. Mais son coeur était partagé. Prisonnier du magnétisme de la belle louve. Ses pieds refusaient de bouger.

"M*rde !" lâcha-t-elle au milieu des œuvres poussiéreuses.

D'un pas décidé, elle passa de l'autre côté de l'étagère pour croiser la route de la musicienne. Ses yeux brillaient d'une lueur dorée dans l'obscurité du fond de la bibliothèque. Un ouvrage ésotérique en main, elle s'avança vers Akira, remarquant une ancienne blessure sur sa lèvre. C'était la deuxième fois qu'elle voyait ce genre de marque sur sa bouche. Elle voulu demander ce qu'il s'était passé, mais son humeur la rattrapa. Pas question d'être intrusive. Il ne fallait plus réfléchir. Non. Plutôt mourir. Doucement elle passa sans un mot son index sur la lèvre abîmée de son amie. Son regard en disait plus qu'elle ne le souhaitait. Mais elle n'en fit rien. Dans le silence ambiant, elle se contenta de caresser le visage qui lui était offert en guise de salutations. La renarde lui adressa alors un sourire mystérieux.
Elle se la réapproprierait cent fois si nécessaire. Accrochant alors le col de son haut, elle l'attira vers son propre visage, l'embrassant, l'embrasant. Il y avait un désir profond dans ce baiser. Erelinn ramena tout son corps contre elle, la poussant à reculer jusqu'à l'étagère. Adieu la parole.

Un seul mot aurait pu la faire s'effondrer à cet instant et elle n'en voulait pas. Elle ne voulait pas entendre les réponses à ses questions. Bien trop tôt, bien trop peur. Elle se retenait de la mordre sur sa blessure, comme pour lui signifier qu'elle sentait quelque chose de louche derrière tout ça, mais son désir de protection envers elle était bien trop grand. Tant pis. Ses mains vinrent caresser sa peau, l'une sur son ventre, l'autre sur sa cambrure. Elle griffa le long de sa colonne alors, comme un avertissement muet face aux actes insouciants d'Akira. Rompant finalement leur baiser, elle se plongea dans les orbes bicolores qui lui faisaient face.

"Nous nous croisons de nouveau. Je ne pensais pas te revoir avant notre prochain rendez-vous." chuchota-t-elle chaudement, un sourire satisfait sur le visage.

Bien entendu, elle trouverait un moyen d'avoir ses réponses, même peut-être de lui faire payer ses idioties. Mais pour le moment, le temps était aux retrouvailles. Et quoi de mieux que des retrouvailles menées par le hasard ?

Akira c’était de nouveau retirée dans son antre en attendant de reprendre le travail. Quoi de mieux pour se détendre que de se plonger dans une lecture noire. Hantant les allées de la bibliothèque dans la pénombre comme à son habitude. Elle n’avait cessé de penser à Erelinn. Leur rendez-vous l’avait particulièrement perturbée. Elle n’avait pas voulu se séparer d’elle. Etrange venant d’elle. Erelinn avait de plus dans la soirée déposé un bento devant sa porte avec un petit mot. Douce attention qui avait fait naître un sourire sur son visage.

Toutefois Akira était toujours tourmentée. Il y avait toujours l’interrogation quant à son comportement avec Mena. En ce moment, elle ne comprenait rien à tout ça. Que se passait-il avec Erelinn ? Quelle était cette chose étrange qu’elle avait ressentie ? Que se passait-il avec Mena ? RAAAAA ça suffit !

Se plonger dans un roman noir lui ferait surement du bien. Elle cherchait sans cesse des œuvres plus sombres les unes que les autres. C’est alors qu’elle sentit une présence. Elle entendit un petit boum suivit d’un juron. Cette fragrance singulière, pas de doute c’était elle. En se retournant elle vit la belle amazone s’avancer vers elle.

Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit. Erelinn était déjà près d’elle caressant sa blessure à la lèvre du bout des doigts. Ses yeux semblaient inquiets. Il était dans les habitudes de la yakuza de se battre, elle c’était une nouvelle fois battue avec une bande de fille. Elle les avait certes mises au tapis mais elle n’était pas sortie de cette rixe indemne. La louve caressa la main de la jeune femme de la sienne comme pour la rassurer. Après tout, la yakuza était habituée et n’en ressentait aucune douleur physique.

Erelinn tira d’un coup le col de son t-shirt noir, venant l’embrasser avec un désir palpable. Celle-ci la poussa contre l’étagère en se plaquant contre son corps. La louve se laissa entièrement faire passant tendrement une main dans sa chevelure pourpre. Elle lui rendait son baiser, lui renvoyant son désir. L’amazone lui avait manqué. Ce baiser était comme une renaissance. Elle sentit les mains de la parfumeuse sur sa peau, sa griffure fit naitre nombre de frissons.  

"C’est un réel plaisir de te revoir avant. Tu m’as manqué…"

Elle caressait doucement sa joue tout en la gardant contre elle. Elle venait de lui avouer qu’elle lui avait manqué. What ? Akira n’était pas du genre à dévoiler ce genre de chose et voilà que ça sortait tout seul. La rousse avait-elle elle aussi ressentit ce manque ? Après ce baiser la question semblait quelque peu idiote.

Elle remarqua l’ouvrage que celle-ci tenait, ésotérisme hein ? Elle était de plus en plus fascinante, hors du commun. Que comptait-elle faire avec un tel livre ? Akira l’imaginait bien s’adonner à nombre d’envoutements. Les ténèbres la magnifiaient, sombre beauté. Elle semblait sortir tout droit des enfers. Doux enfers dans lesquels la louve se perdrait volontiers.

"Tu n’as pas besoin de ce genre d’ouvrage pour m’ensorceler, c’est déjà chose faites" plaisanta-t-elle.

What ? Mais elle continue en plus ! Elle qui ne disait jamais rien sur ses ressentis voilà qu’elle ne cessait de faire comprendre son attachement. Ça sortait tout seul sans qu’elle en ait conscience. Comme si Erelinn lui avait vraiment jeté une espèce de sort de vérité. Akira était elle-même étonnée de cette confession. Elle ria nerveusement en réalisant ce qu’elle venait de dire. Vraiment pas habituée à dévoiler ses sentiments. Sentiments ? Wow on en est pas encore là, si ? Elle n’en savait rien elle-même. Changer de sujet était préférable.

"Ahem, tu es venue faire des recherches ?"

Changer de sujet ne changerait pas grand-chose mais bon autant essayer. Akira était légèrement déstabilisée. Jamais elle n’avait été comme ça. Elle allait vraiment croire que la belle amazone lui ai jeté un sort à ce train-là. Elle n’arrivait même pas à se détourner d’elle. Regardant ses yeux puis ses lèvres. Hypnotisée. Les lèvres de la demoiselle étaient vraiment devenues une drogue. Combien de temps avant de craquer totalement et de l’emprisonner pour ne jamais la laisser repartir.

* Contrôle-toi !*

Akira avait voulu la rassurer. Oui mais ce qui inquiétait Erelinn était encore autre chose, ou du moins, il n'y avait pas que son inquiétude concernant le combat. Trêve de pensées. La main dans ses cheveux était tellement sûre d'elle, les bras de sa yakuza l'enveloppaient dans un cocon de tendresse. Les frissons que la rousse provoquaient sur la peau de la musicienne lui procuraient un sentiment de satisfaction. Elle était terriblement réceptive à son contact.
Ainsi elle lui avait manqué ? Erelinn s'écarta de quelques petits centimètres, restant dans ses bras, juste pour profiter un peu plus de son expression à ce moment. Se jouait-elle de la parfumeuse ? Non. Non elle refusait de croire cela. Akira avait l'air sincère. Finalement, elle lui avait accordé inconsciemment le bénéfice du doute. Après tout, sa tendre amie lui avait aussi manqué. Peut-être pourrait-elle faire pencher la balance en ayant le courage de lui répondre.

"Tu m'as manqué aussi. Atrocement."

Il n'y avait rien à ajouter ainsi. La jeune louve dévia le regard sur le bouquin antique de Miss Hummingbird. Oui, un ouvrage ésotérique. C'était une passion cachée, néanmoins assumée. Elle considérait seulement que cela ne regardait pas les ignorants et les curieux. Les non-initiés. Mais Akira la tira de ses pensées, sortant une phrase tellement adorable qu'Erelinn se sentit fondre. Elle rougit quelques secondes, souriant timidement. Devant la nervosité de la tatoueuse, la renarde se laissa attendrir comme une guimauve. S'en était trop.

"Si je t'ensorcelais véritablement, tu serais à moi et je serai à toi, plus rien d'autre ne compterait, les nuits et les jours se confondraient en aquarelles multicolores. Mon coeur serait le puits où tu t'abreuverais, ton coeur en serait la source. J'ai peur de te tarir."

Oui, elle avait peur de lui voler sa liberté. Peur de la rendre malheureuse. Mais la question ne se posait pas, elles ne s'étaient pas engagées après tout. Puis quelque chose lui disait qu'elle n'était pas la seule à faire partie de ses fréquentations et à avoir eu des moments "privilégiés" avec elle. Mais tant qu'elles étaient dans la confidence...

"Oublie ça...je suis surtout venue me couper du reste du monde. Mais il paraissait ingénieux de lier l'utile à l'agréable. Et toi ? Que fais-tu ici ?"

Un sortilège...si Erelinn en avait lancé un à cet instant, il lui aurait servi à envoûter l'élégante femme aux yeux vairons jusqu'à ses draps. La timidité et la sincérité dont elle faisait pourtant preuve ici la rendait encore plus désirable. La femme aux iris mordorées eût un sourire mystérieux. Elle caressa du bout des doigts la nuque tatouée d'Akira, puis sa main avant de glisser quelques mots à son oreille et de s'éloigner dans l'obscurité.

"Attrape-moi si tu le peux ~"

Quelques rayons filtraient à travers les carreaux colorés du fond du bâtiment. Ils trahissaient la présence de l'amazone qui se faufilait entre les étagères, sa longue chevelure bordeaux flottant derrière elle. Akira pourrait-elle la rattraper ? Saurait-elle se prendre au jeu ? Un doux rire s'éleva derrière les livres qui envahissaient la pièce. Il y avait des montagnes et des montagnes de papier, car les meubles étaient déjà pleins à craquer. Sa main blanche passa sur certains d'entre eux. Pour la retrouver, Akira devrait soit pouvoir la suivre, soit deviner les livres qui avaient leur place dans ses lectures. La sorcière avait distancé Akira grâce à son avance, attendant devant un ouvrage autrefois interdit du Marquis de Sade.
Oui, elle en avait déjà lu, n'ayant pas froid aux yeux comme on dit. Si la louve avait cerné une part de son être, alors elle saurait la retrouver en deux petites minutes. Erelinn entama un décompte, les yeux fermés, croisant les doigts pour ne pas s'être fourvoyée. Si son aimée la retrouvait, elle lui accorderait un petit présent.

*Retrouve-moi...allez...*

Bien évidemment, lorsqu'elle rouvrit les yeux Akira se trouvait en face d'elle. Elle lui sauta dans les bras heureuse d'avoir eu raison de croire en elle.

"Très bien tu as gagné. Alors je vais te faire un cadeau..."

Sur ces mots, elle emprisonna une nouvelle fois ses lèvres des siennes, mordillant sa lèvre inférieure, enjouée. Doucement elle agrippa les cheveux d'Akira, passant une main sur sa joue délicatement avant de se saisir d'une de ses mains, la guidant sur son bas ventre, la faisant remonter jusqu'à sa poitrine. Toujours avec douceur, elle continua ce chemin en la faisant passer sous sa brassière noire, l'embrassant de nouveau. Ce besoin de contact la rongeait. Elle aurait voulu plus encore mais il ne fallait pas déraper ainsi. Et trop en donner aurait été une erreur, ne lui aurait pas ressemblé.

"Je t'offrirai la suite plus tard douce musicienne."

Qu'allaient-elles faire cependant ? Après leur petit chahut, il lui paraissait étrange de s'adonner à la lecture. Peut-être pourraient-elles discuter de leurs œuvres favorites, de poèmes ou même s'en lire quelques uns de leur création ?

"Que veux-tu faire ? Peut-être as-tu des choses à faire ? Ou du travail ?"

Erelinn n'y avait pas pensé, mais il était vrai qu'Akira était tatoueuse et il était possible qu'elle ait quelques rendez-vous.

Elle lui avait manqué et le commentaire qui suivit la rendait heureuse intérieurement. Elle le fut plus encore en la voyant rougir. Elle était tellement belle et cette teinte la rendait encore plus désirable. Ce qu’elle lui dit après cela la déstabilisa complétement. Son cœur fit de nouveau un bond dans sa poitrine.

"Alors ensorcèle-moi…" Dit-elle dans un murmure pratiquement inaudible.

Surement l’amazone ne l’avait pas entendue et c’était tant mieux. Cette phrase était sortie sans son consentement. Akira en avait assez de ce qu’elle vivait sans cesse. Les dires d’Erelinn étaient tellement séduisants. Peur de la tarir ? Si c’était elle inconsciemment elle savait qu’elle ne le pourrait. Se couper du reste du monde ? La jeune femme était donc comme la yakuza, elle aimait se retrouver seule dans son havre.  

"Je suis venue me détendre. Je ne savais pas à quel point ce serait plaisant."

Voilà que la demoiselle se faisait mystérieuse et joueuse. Un petit chaperon rouge demandant à un loup de l’attraper. Akira se prêta au jeu. Elle la voyait parfaitement mais préféra fermer les yeux. Erelinn voulait un loup, très bien elle aurait un lycan. Se fiant à son flair et à son ouïe. Le parfum de l’amazone était si singulier que c’était un jeu d’enfant de la suivre. Elle entendait son rire délicieux entre les étagères.

Elle sentit son parfum s’aventurer dans une des allées qu’elle connaissait parfaitement et ne fut pas surprise que la jeune femme s’y soit rendue. Prenant le chemin le plus court elle la rattrapa très vite. Retrouvant Erelinn les yeux clos, la première de ses envies fut de l’embrasser mais elle n’en eut pas le temps. L’amazone se jeta dans ses bras. Un cadeau ?

Un baiser de plus mais il n’était pas comme les autres. Sa main, Erelinn venait de s’en emparer et la poser sur sa peau. Sa peau était terriblement douce et chaude. Elle était en train de la remonter, jusqu’où allait-elle aller ? Non, impossible ! Si, ce n’était pas un rêve. Elle venait de mettre la main de la louve directement sur sa poitrine. Inconsciente ! Erelinn allumait un feu ardent. Akira perdait complétement pied.

Son désir était tellement ardent à ce moment qu’il la brulait. Il fallait qu’elle se contrôle. Qu’elle se concentre sur ce que lui disait Erelinn. Son regard était perdu, brulant d’envie. Son souffle était à présent saccadé.

"Je… J’ai... Je reprends le travail un peu plus tard…"

Elle avait retiré sa main de la poitrine d’Erelinn mais l’avait laissé sur sa peau. Elle caressait doucement la peau de son ventre. Elle ne tiendrait plus longtemps. Contrôle, contrôle.

"Et fais ch*er…"

Elle embrassa d’un seul coup Erelinn. Son désir prenait totalement le dessus. Passant ses mains sur ses cuisses les remontant sur ses fesses intensément. Elle brulait pour l’amazone à tel point que la température de sa peau grimpait en flèche. Elle en tremblait. Son baiser était des plus fougueux. Elle n’avait jamais ressenti un tel désir pour une femme. Tout disparaissait autour d’elle. Erelinn s’emparait d’elle.

Elle la souleva en la plaquant à l’étagère déposant des baisers brulants sur son décolleté avant de l’embrasser de nouveau en venant chercher sa langue de la sienne. Elle se retenait encore un peu pour ne pas dépasser les limites. Mais avec une telle femme c’était plus que compliqué. Elle réussit l’espace d’un instant à s’arrêter, rompant le baiser. Elle avait beaucoup de mal à parler.

"Pa… Pardonne-moi… Je ne… comprends pas… ce qui m’arrive…"

Certes il lui était arrivée de ressentir un désir puissant mais jamais elle n’avait eu autant de mal à se contrôler. Erelinn n’avait pas besoin d’user de sortilèges, elle était à elle seule le sortilège.

Ca pour être plaisant, c'était plaisant. Ce contact intense...elle aurait aimé ne jamais être libérée de cette emprise. La terrible renarde pouvait sentir le combat intérieur qui se jouait dans l'esprit agité de la yakuza. Déjà son regard semblait quitter les lieux, la respiration s'accélérant avec celle d'Erelinn. Elles n'avaient pas le droit. Non, pas le droit de déraper de la sorte dans un lieu public et pourtant...la parfumeuse se sentait peu à peu sombrer dans l'obscurité. Douces ténèbres tissées d'envies qui la caressait...

Reprendre le travail disait Akira. Alors qu'elles étaient si bien à cet instant, parmi tous ces ouvrages de grands esprits torturés et vifs. Finalement la main de la tatoueuse quitta sa poitrine, pour venir se poser sur son ventre, tendre et agile. La rousse fixait les doigts élégants sur sa peau. Comment pouvait-elle avoir des mains aussi séduisantes ?
La suite surprit quelque peu notre aventurière, si bien qu'elle laissa échapper un gémissement d'aise, comme si tout à ce moment précis n'était plus que confort entre elles, dans une bulle secrète. La chaleur de leurs deux corps atteignait des pics impressionnants. Cette force dans les bras de la femme aux cheveux d'argent la charmait au possible, d'autant qu'elle adorait cette caresse sur ses fesses. Akira tremblait, pour le plus grand plaisir d'Erelinn, satisfaite de son coup. Car oui, elle avait bien conscience depuis le départ de ce que ses agissements créeraient sur la belle impulsive. Les baisers de cette dernière lui faisait à présent tourner la tête. Perdant la notion d'espace et de temps.

Soudain, Erelinn se sentit soulevée, comme si elle flottait dans les airs. Bien évidemment elle ne volait pas. Akira venait de la soulever pour la plaquer contre les étagères. Ces dernières ne tiendraient plus longtemps à ce rythme. Quelques livres tombèrent sur le carrelage mais elles n'y prêtèrent pas attention une seule seconde. Les jambes d'Erelinn enlacèrent la taille de sa louve, tout en gémissant doucement sous l'effet des baisers incandescents sur son décolleté. Puis Akira l'embrassa langoureusement. Erelinn n'exprima rien, préférant profiter de cet échange charnel. Elle avait envie de la musicienne, elle avait envie d'elle tout de suite. Mais la décence les obligeaient à se contenir. Ou peut-être au fond était-ce le trouble interne que le colibri ressentait ? Là, piquée au meuble comme un papillon dans un cadre, elle se disait que se faire dominer de la sorte, bien que n'étant pas à son habitude, était plus qu'agréable. Il fallait dire qu'Akira avait une sorte de don pour la rendre vulnérable volontairement.

"Ne t'excuse pas, c'est aussi de ma faute. Je l'ai cherché." dit-elle en souriant, lui adressant un clin d'oeil malicieux.

Elle tenta de redescendre de son "perchoir" tant bien que mal avant de se recoiffer d'un mouvement rapide, ramenant sa chevelure vers l'arrière. Mais quelques mèches rebelles venaient lui cacher la moitié du visage. Découragée, Erelinn abandonna l'idée d'être présentable et reprit la parole, se voulant apaisante.

"Tu as tout le temps d'y réfléchir..." dit-elle en passant sa main sur sa joue blanche, plongée dans ses yeux vairons.

Tout le temps ? Peut-être pas non plus, il n'était pas question qu'elle joue sur plusieurs tableaux en attendant, la métisse ne pardonnerait pas la yakuza autrement. Ce qu'elles vivaient signifiait bien quelque chose d'important et même si elles n'avaient pas mit de mot sur leur relation et qu'il n'y avait rien de formel, Erelinn était loin d'être idiote et ne supporterait pas qu'on la déshonore de la sorte. Elle rectifia donc sa phrase.

"Tu as tout le temps d'y réfléchir, mais ne t'égare pas trop dans tes réflexions nocturnes."

La femme à la chevelure profonde comme le vin espérait être assez explicite avec ces termes. Akira avait de l'esprit et comprendrait normalement ce dont elle voulait parler. Clairement elle aurait voulu rajouter quelques mots, comme "ou bien je te le rendrai d'une manière ou d'une autre" mais sans trop savoir pourquoi, l'agressivité que la jalousie avait fait naître en elle était incapable de s'exprimer, comme si la tendresse et le désir qui les enveloppaient faisait bouclier. Finalement elle tapota la tête d'Akira avec son livre, pour sortir la jeune femme de son état et calmer les tensions sexuelles.

"Je dois aller faire des courses dans quelques minutes, peut-être qu'on pourrait se décider sur notre futur rendez-vous ?"

Elle se voulait chaleureuse et réconfortante, visiblement adoucie. Leur précédent rendez-vous avait gravé de beaux souvenirs en elles et pour la prochaine fois la jeune photographe pensait lui sortir le grand jeu.

"Cela te plairait un restaurant ? Ou peut-être aller danser ? Ou on pourrait...faire du cheval ? Haha ~" elle riait doucement, brisant le silence ambiant.

Peu importait l'endroit. Erelinn savait que tant qu'elle était avec Akira tout serait parfait. Son regard se plongeant de nouveau dans le sien, la renarde ne put se retenir de l'enlacer passionnément, fermant les paupières paisiblement.

De doux gémissements, comment garder le contrôle en entendant cela ? Il était vrai que c’était l’amazone qui l’avait cherché. Mais tout de même, la plaquer contre l’étagère… Laissant celle-ci retrouver le sol Akira restait immobile. Craignant qu’en bougeant sa frénésie la reprenne. D’y réfléchir ? Mais de réfléchir à quoi ?

Elle comprit soudainement de quoi elle parlait en entendant la suite. Ne pas s’égarer, était-ce une forme de jalousie ? Erelinn avait surement compris que la yakuza avait beaucoup de succès. Ainsi elle désirait l’avoir rien que pour elle. L’exclusivité hein ? Étrangement, cette fois la louve ne ressentait pas de gêne à cette perspective. Appartenir uniquement à la rousse. Ça laissait songeur.

L’ensorceleuse la sortit de ses songes en lui tapotant la tête. Leur futur rendez-vous ? Erelinn ne lui laissa même pas le temps de répondre qu’elle lui proposait déjà plusieurs choses. Elle y avait donc réfléchit sérieusement. Akira se fichait éperdument du lieu, tout ce qui comptait pour elle c’était d’être à ses côtés. Elle lui sourit tendrement.

"Je serais à tes côtés où il te plaira."

Erelinn avait des courses à faire et la tatoueuse de son côté devait retourner au salon. Elle n’avait aucune envie d’y aller maintenant qu’elle était en sa présence mais elle n’avait pas le choix. Regardant la grande horloge, il ne lui restait pas beaucoup de temps. Il fallait donc qu’elle profite de ses dernières minutes.

Profitant de l’étreinte, elle saisit ensuite le menton de la demoiselle entre ses doigts fins. Son regard était intense, elle aurait pu la regarder ainsi éternellement. Caressant délicatement sa cambrure tout en lui souriant. Un sourire diffèrent de l’ordinaire. Mystérieux. Que pouvait-il cacher? Un message dissimulé pour la rassurer quant à sa petite jalousie. Ceux connaissant la yakuza auraient tout de suite compris.

Akira n’avait pas l’intention de voir d’autres femmes. Erelinn c’était couronnée reine de ses pensées. Voir une autre femme en ces conditions était impossible. La belle rousse le comprendrait-elle ? Si le meilleur ami de la louve pouvait la voir il serait choqué de la voir ainsi. Si tendre, si protectrice, si obnubilée, si amoureuse. Wait, amoureuse ?

Etait-ce cela qui provoquait cette chaleur en son sein ? Akira n’avait jamais ressenti pareil chose. Etait-ce vraiment cela l’amour ? Comment savoir ? N’y connaissant rien comment savoir ce que c’était ? Elle préférait ne pas y penser. Elle avait déjà brisé suffisamment de personnes à cause de cela.

"Il faut que j’y aille. Quand et où veux-tu que l’on se revoit ? Je dois avouer que tu me manque déjà."

Décidément il n’y avait rien de normal, elle allait de confession en confession. Wow on va arrêter les fleurs bleues un peu là ! Elle l’embrassa une nouvelle fois tendrement, se concentrant afin de graver ce souvenir en son esprit.

Akira avait visiblement compris. Pas besoin d’être une lumière comme le pensait Erelinn. Maintenant elle avait exposé une part d’elle qui la rebutait. Jalousie. La jalousie. Un sentiment qu’elle n’exprimait pas pleinement, qu’elle ne faisait jamais ressentir aux autres en temps normal. Et pour cause, être jalouse était synonyme de faiblesse dans son esprit. Elle était faible, vulnérable tout d’un coup. Alors pour se protéger, elle chassa ses pensées moroses, les remplaçant par les paroles et le sourire de la yakuza. Qu’elle était élégante et rassurante avec elle.

Cependant, toutes deux devaient s’affairer à d’autres desseins. Le travail n’attendant pas. La femme aux cheveux d’argent observait la gigantesque horloge de la bibliothèque. Cette dernière ne tarderait pas à sonner. Alors il fallait se presser. Se presser corps contre corps, s’embrasser. Car le temps n’attend personne. La musicienne devait aussi jouer du piano avec des mains pareilles, pensait la renarde. Son menton était captif, tout comme son regard. Impossible de le détourner. Une douce caresse se fit sentir sur sa cambrure, du bout des doigts. Akira souriait. Mais elle souriait bien mystérieusement. Elle avait l’air de la rassurer, comme si elle lui parlait de cette manière. Voulait-elle donc lui signifier de ne pas s’en faire ? Si oui, comment la rousse pouvait-elle être sereine ?

Seulement, là, à cet instant même, au fond des iris bicolores de sa protectrice, il lui sembla voir, ressentir ; presque palper même ; une étincelle de passion. De l’amour pur. Déstabilisée et envoûtée, Erelinn ne put rien faire d’autre que renvoyer ce regard, enlaçant du plus fort qu’elle pouvait Akira.

« Au restaurant puis au cinéma. Ca nous donnera plus de temps ensemble encore. Ce dimanche soir ? T…Toi aussi… » répondit-elle encore un peu chamboulée par cette confession soudaine.

Encore un peu sous le charme, le cerveau embué, Erelinn tenta de retrouver son équilibre après ce tendre baiser. Puis elle lui lança en essayant tant bien que mal de chuchoter. Ses paroles résonnèrent doucement.

« Aki-chan ! Tes baisers vont me manquer ~ »

Elle souriait de loin, lui faisant un signe de la main. Cette effusion de passion et de tendresse l’avait comme droguée. Une véritable guimauve. Mais cela ne dura qu’un temps et lorsqu’elle quitta la bibliothèque pour aller faire ses courses, les doutes revinrent la harceler. Si bien qu’elle décida de se lâcher en cédant à un de ses caprices. Une bonne bouteille de champagne pour la soirée.