Une apprentie infirmière [PV EVA]

Lun 4 Juil 2016 - 15:46

Pour un jour de vacances, je trouvais cette journée bien triste. La pluie tombait de façon battante sur le bâtiment depuis le début de ma garde. Deux heures à observer les gouttelettes tomber, à errer au milieu des chambres des patients. Je devrais me réjouir que peu des habitantes ne soient actuellement dans ces pièces aseptisées, pourtant je ne pouvais m'empêcher de souhaiter qu'en cette journée quelqu'un viendrait demander mon sourire. La vie était bien plus belle depuis mon arrivée dans cette belle ville, dans ce rêve, mais la solitude commençait à me peser. Après tout, avant j'avais de nombreux patients à voir tous les jours et les enfants... Soudainement des larmes me montèrent aux yeux et je m'appuyais contre le mur, laissant glisser mon corps jusqu'au sol glacial. Les soubresauts commençaient à m'emporter au loin quand une jeune fille qui devait encore aller à l'école me surprise. Son regard emplie d'incompréhension me fit réaliser que je n'avais plus aucune raison de pleurer surtout encore moins dans un lieu public comme celui-ci, j'étais censée vivre le parfait destin, un renouveau. Mais alors pourquoi restais-je embourbée dans ce passé qui tentait de me faire faillir ? D'un geste ample, j'avais essuyé mes larmes et adresser mon plus beau sourire à la demoiselle.

" Qu'est ce que tu fais hors de ta chambre ? Il n'y a rien à faire aujourd'hui, il ne fait que pleuvoir. Viens, on va jouer à un jeu ensemble. "

Pendant une heure, j'oubliais progressivement ma journée morose pour en faire un bon souvenir. C'est idiot comme un simple jeu de société peu aider à redonner la bonne humeur et une bonne conversation aussi ! Après tout, n'était-ce pas cette enfant qui devrait être triste ? Un monde si merveilleux s'ouvrait à elle et tout ce qu'on lui accordait était une chambre où elle ne voyait que les infirmières jour après jour ? J'appris durant notre discussion qu'une jeune femme du nom d'Eva était souvent demandée par les gens de son âge pour les soigner. Au moment où je quittai la pièce, je me mettais à réfléchir à ses paroles. Une jeune demoiselle aux cheveux roses, oui je me rappelais ! Tout le monde adorait cette petite à l’hôpital, serviable, douce et ponctuelle. Mais quand j'y repensais, je ne lui avais jamais vraiment adresser la parole ! La première chose qui me passa par la tête fut tout simplement : *Pourquoi n'irais-je pas lui parler ?*. Ce n'est pas comme si on recevait beaucoup de blessées aujourd'hui.

C'était déjà l'heure du déjeuner, je me dirigeais vers la salle de repos, retirant ma blouse blanche, laissant apparaître ma robe bleue claire assez légère, enfilant un petit gilet blanc à cause du temps frais. J'ouvrais la porte de la pièce, laissant mes talons résonner délicatement quand j’aperçus l'étudiante aux cheveux roses. Elle avait l'air de partir vers les chambres de patientes, je ne savais que trop faire. Je traversais la porte la refermant doucement derrière moi dans un léger bruit. * Allez ! Tu es sa supérieur tu peux lui adresser la parole, tu dois le faire. C'est l'une de tes collègues après tout, qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? Elle aime aider les gens ! Elle n'est pas comme ces fous... * Je me mordais légèrement la lèvre de frustration et de regrets. Puis dans une grande inspiration je m'élançais.

" Mademoiselle ? Eva, c'est bien ça ? Est-ce qu'il serait possible de vous parler ? Je m'appelle Katarina De Jong, je travaille ici avec vous. "

J'appréhendais une réponse négative, après tout elle ne me connaissait pas et puis je n'étais bavarde qu'avec mes patientes, elles qui ne me jugeaient pas. Ou alors si je m'étais trompée de personne ? De quelle idiote aurais-je l'air ? Mon estomac se nouait, je pensais une seconde à m'enfuir en courant. Mais mon visage vint plutôt arborer un simple sourire.

Mar 5 Juil 2016 - 10:39

Comme à chaque fois qu'elle était de garde - c'est-à-dire à chaque fois qu'on l'autorisait à venir en aménagement de ses cours - Eva était venue dès que possible à l'hôpital. La raison en était simple : elle adorait cet endroit. Cela pouvait paraître paradoxal si l'on considérait le fait que l'idéal serait que ce type d'endroit ne soient pas nécessaires car jamais personne ne serait blessé ou malade. Mais ce qui passionnait Eva, ce n'était pas la maladie ou les blessures elles-mêmes, mais bien la possibilité de venir en aide à des personnes en souffrance. On y trouvait, bien sûr, tout type de maladies et de blessures, même si la majorité des patientes restaient les nouvelles venues. Il n'y avait pas forcément toujours grand chose à faire en terme de soins réels - mais l'aspect psychologique était souvent important. L'hôpital servait ainsi régulièrement de sas de décompression entre la Terre et Eden. Il n'était pas facile pour tout le monde d'accepter l'idée qu'elles étaient loin de leur monde d'origine, de leur vie passée, et qu'elles ne pourront jamais y revenir. Qu'il s'agissait d'un nouveau départ, où tout était à nouveau possible. Il y avait nombre de patientes atteintes du syndrome de Stockholm à qui il fallait un long moment pour enfin accepter qu'elles étaient mieux ici que là-bas, sous les coups de parents violents, d'une société violente ou d'autres types de violences, toutes plus effroyables les unes que les autres. Mais les choses étaient ainsi, et Eva faisait de son mieux pour les aider, quitte à passer du temps à discuter simplement avec elles, à les rassurer et à leur sourire.

Ce jour-là, Eva prenait son service justement dans cette aile spécialisée-là, celles des nouvelles arrivées. Aussi, quand Katarina l'interpella, Eva n'en fût pas le moins du monde étonnée : il devait s'agir de l'infirmière responsable pour le service actuel des patientes, et sans doute voulait-elle lui indiquer les entrées ou les particularités et l'évolution de certaines des patientes. Aussi Eva n'hésita pas une seule seconde avant de se retourner vers Katarina pour lui répondre, avec un même sourire agréable .

"Oui, bien sûr madame De Jong."

Jusque-là, Eva n'avait jamais eu affaire à Katarina. Sans doute étaient-elles régulièrement affectées à des services différents, et/ou peut-être à des horaires différents. Cela n'avait aucune importance en soi. L'importance était toujours de réussir à travailler le plus efficacement possible au bénéfice des patients.

Mar 5 Juil 2016 - 14:40

Anxieuse, je cachais dans mon dos une main tremblotante, craignant idiotement un rejet de la jeune fille. Mais certainement penserai-t-elle que je la contactais pour lui parler du travail. Après tout c'était plus ou moins ça, c'était l'une des rares personnes que je n'avais jamais vraiment aperçue et...

"Oui, bien sûr madame De Jong."

Immédiatement, je me reconnectais à la réalité. Sa voix était douce et enjouée à la fois. Je pouvais ressentir que ce n'était pas par obligation qu'elle se tenait devant moi à cet instant et les muscles de mon corps se mirent à se relâcher. Je commençais alors à m'exprimer auprès de la demoiselle.

" Vous pouvez m'appeler Katarina, ou Kat si vous préférez. Pas tant besoin d'être si formelle ! Je voulais vous parler à propos de votre travail à l'hôpital. On m'a dit beaucoup de choses sur vous. "

Je laissai ainsi planer une pause moins que judicieuse, me disant que la pauvre enfant allait penser que c'était une critique alors que pas du tout. Légèrement paniquée, d'une voix tremblotante d'hésitation de peur d'une mauvaise interprétation je me dépêchais de rajouter.

" Enfin on m'a dit du bien de votre travail hein ! Ne vous en faites pas. "

J'administrai un faible sourire le temps de reprendre mes esprits, je fermais doucement les yeux et reprenait ma respiration. *N'est pas l'air d'une idiote, allez, après que va-t-elle penser de ses supérieurs, tu n'as pas l'air maline là!* En rouvrant les yeux de ce qui aurait eu l'air d'un battement de cils, j'avançais de quelques pas et lui indiquait la direction de la cafétéria.

" Voulez vous venir déjeuner avec moi pour parler ? Bien sur, je vous l'offre. Et si cela provoque un problème avec vos plages horaires, je m'occuperai de régler ça, ne vous en faites pas. "

[HRP : Désolée c'est plutôt très court]

Mar 5 Juil 2016 - 17:34

Voilà qui était bizarre. Plus Eva la regardait, plus elle avait l'impression que Katarina n'était pas à l'aise. Même quand elle lui demanda de ne pas faire trop de formalisme, au point de lui proposer de l'appeler par un diminutif, elle continuait à la vouvoyer et continuait à prendre mille précautions, comme si elle ne voulait pas la froisser. La chose était d'autant plus bizarre que manifestement, elle ne voulait pas spécialement lui parler de travail. Enfin, ce n'était pas l'impression dominante. Pourquoi lui offrir le déjeuner, sinon? Aussi, c'est quelque peu étonnée qu'Eva botta pour la solution de la prudence.

"Comme vous le voudrez, mais vous pouvez me tutoyer et m'appeler Eva, si cela vous mets plus à l'aise. Et je suppose que je dois bien avoir le temps de déjeuner avant de prendre mon service, je suis plutôt en avance. Cela ne gênera sans doute pas le fonctionnement habituel du service."

Eva continua à regarder Katarina avec curiosité. Pourquoi se sentait-elle si mal à l'aise? Elle faisait manifestement de gros efforts pour ne pas sembler troublé, mais Eva était fine observatrice, et il était évident que Katarina n'était pas du tout à son aise dans cette conversation. Pourtant, elles n'avaient encore absolument rien dit de spécial, et, comme elle le disait elle-même, il n'y avait aucune raison à priori de s'inquiéter. Bref, tout ceci apparaissait comme une énigmatique invitation, qu'Eva ne comprenait pas réellement. Sans doute allait-elle chercher à en savoir plus, quitte à poser des questions directement, si le but de la conversation n'apparaissait pas rapidement entre elles.

Mer 6 Juil 2016 - 16:02

Je soupirais de soulagement lorsque la petite femme acceptait de me rejoindre pour le repas. Après tout, parler lorsque je mangerai me permettra de me focaliser sur la nourriture si le besoin s'en fait sentir et d'avoir l'air moins gênée par une situation des plus étranges. Depuis quand j'allais interpeler des collègues à moi pour leur parler et leur proposer de faire connaissances ? A chaque pas que je faisais vers la cafétéria, mon humeur et opinion changeaient. Je ne savais que penser, devais avoir honte, devais êtres fière de moi ? Tout cela était confus dans ma tête, mais il fallait que ça passe. Je me rappelais que quelques secondes auparavant Eva avait répondu à ma question en m'invitant à la tutoyer si j'étais plus à l'aise avec cela. Je ne savais que trop choisir mais c'est vrai que je devais avoir l'air bizarre à vouvoyer alors que j'étais l'ainée. Et puis en fait, elle non plus ne me tutoyait pas ?

" D'accord Eva, tu peux me tutoyer si tu le souhaites aussi. " prononçais-je. La salle se dessinait devant nous alors j'enchainais. " Prend ce que tu veux ne t'en fais pas, je ne manque pas vraiment d'argent. "

Ne pas manquer d'argent ? Cela paraissait ironique à dire au vu du fait que cet argent était sale. Après tout, il provenait de mes parents, morts tragiquement et pourtant... Qu'est ce qui rendait cet argent sale ? Lui même ou le fait que j'ai tant détesté ces deux êtres qui auraient du être ceux que je chérissais le plus dans ma vie. Je soupirais doucement en repensant à ça avant d'attraper une salade de tomate et une part de gâteaux pour le dessert. Sans oublier un peu d'eau. J'attendais que la demoiselle commande et réglait nos deux notes avant d'agripper mes petits achats et de me diriger vers une table pour m'asseoir.

Une fois assise sur la petite chaise qui me revoyait tout droit dans mes souvenirs, à moitié en bois et en métal, comme à l'école. Je regardais à droite à gauche avant de sourire à Eva. Après tout la pauvre m'avait elle suivi jusqu'ici pour que l'on parle ensemble et tout ce que je faisais c'était d'être muette, il était tant que j'engage une vraie conversation ! Enfin en espérant qu'Eva ne trouverait pas une telle conversation désuète.

" J'ai entendu dire que tu étais étudiante. Je ne penses pas que ce soit la vérité mais si tu travailles ici juste pour subvenir à tes besoins c'est inutile tu sais, on t'aidera. Enfin, je dis que je ne pense pas que ça en soit la raison vu que tous m'ont dit que tu avais l'air de te plaire ici et que tu avais même beaucoup de patiente de ton âge ! Visiblement tu es très populaire. Ahah, il n'y a pas trop de travail ou souhaiterai tu faire quelque chose de différent ? Je pense que les services de l'hôpital pourront s’arranger pour une petite si travailleuse que toi ! "

Je ne voulais pas parler, et voilà que maintenant je parlais sans cesses.

Ven 8 Juil 2016 - 14:17

Suivant, de fait, Katarina dans la cafétéria, sa remarque à propos du "manque d'argent" ne souleva aucun commentaire de la part d'Eva. De telles notions n'avaient plus réellement cours dans leur monde actuelle, mais sans doute était-ce un reste de sa vie d'avant - comme cela arrivait de temps en temps. Il n'était pas si rare d'entendre encore des gens de se plaindre de la pauvreté de la Terre, ou encore de se revendiquer d'une nationalité qui n'avait plus aucun sens ici. Elle avait même déjà entendu des femmes défendre des points de vue misogyne. Quoi qu'il en soit, ces "vieux réflexes" finissaient par disparaître au fil du temps chez la plupart des femmes présentes ici, bien que certaines expressions et habitudes on la vie dure.

Arrivant avec son plateau au niveau des plats, Eva, comme d'habitude, se servit de différents légumes et féculents présents pour obtenir un repas équilibré. Elle évitait soigneusement toute protéine animale, comme à son habitude - Eva avait d'ailleurs remarqué que la proportion de plat végétarien était nettement plus élevé qu'ici que sur Terre. Sans doute une conséquence de leur "isolement" de genre, sans nulle doute. Pour autant, les plats entièrement végétariens, bien que majoritaires, étaient encore ceux qui étaient étiquetés comme tel - alors qu'en toute logique, vu qu'il s'agit de la nourriture majoritaire, cela devrait plutôt être les autres plats qui devraient être indiqués comme "carnivores". Ce qui revenait à penser à nouveau aux vieux réflexes que l'on peut garder de l'ancien monde.

S'asseyant en face de Katarina, Eva continuait à observer un certain silence. Après tout, ce n'était pas à elle de commencer la conversation, vu qu'elle ignorait complètement ce que lui voulait Katarina pour le moment. Aussi, quand celle-ci commença à s'en expliquer, Eva se contenta de répondre de manière assez neutre.

"Non, je travaille ici parce que cela me fait plaisir. J'aime aider les autres, et passer du temps avec des personnes dans le besoin me paraît être la meilleure chose à faire pour le moment. Quant à l'avenir... Hé bien, on verra bien. Ca dépendra de ma réussite dans mes études. Mais je pense continuer dans le corps médical, quoi qu'il en soit."

Etait-ce uniquement pour savoir ce qu'elle comptait faire plus tard que Katarina était venue lui parler? Cela paraissait un peu léger pour quelque chose d'aussi informel. Surtout qu'Eva ne s'en cachait pas le moins du monde.

Sam 9 Juil 2016 - 21:37

La réponse de la petite demoiselle était concise. Elle avait l'air si sur d'elle, ou je ne savais pas trop quoi. Tout action était définie, quand j'ai vu son repas, j'ai compris, elle examinai les choses et équilibrait ce qui l’entourait au mieux. J'étais plutôt décontenancée. Pourquoi j'avais décidé de me rendre sociale en apprenant à connaitre une parfaite inconnue qui ne devait pas comprendre ce qu'elle faisait là. Je devais respirer un grand coup et reprendre mes esprits. J'allais lui dire clairement que je l'avais fais venir juste pour faire sa connaissance et parler comme une personne civilisée. Il fallait que j'arrête d'être indécise et effrayée. Nouveau monde, nouvelle vie. C'est moi même qui le disait aux patients.

"Désolée Eva, je te prend du temps mais je ne t'explique pas réellement pourquoi je t'ai fais venir ici. Je ne parle pas souvent aux autres, enfin à part aux patients et l'une d'elle m'a parler de toi. Tu avais l'air adorable alors je me suis dis que ce serait bien de connaitre au moins une personne du service médical. Ahah, je sais que c'est stupide. C'est juste que avant j'étais tellement mal ailleurs que j'en oubliais mes barrières quand j'étais au travail. Maintenant on est moins nombreux et c'est compliqué pour moi d'être proches de mes collègues et... " Je reprenais ma respiration au milieu de mon monologue et reprenait. "Et j'ai envie que ça change, mais je n'ai rien de plus à dire. Peut être que tu préfèreras retourner travailler. En tout cas, je suis contente qu'une personne comme toi travaille ici, tu t'inquiète pour les autres et tu as l'air d'une gamine intelligente, tu auras tes examens. Puis pendant l'été, c'est là que le plus de nouvelles arrivent, va savoir pourquoi. Alors je sais que tu nous aidera et que tu feras du bon boulot. Je... Euh pardon, j'ai trop parlé et pour rien dire. "

Je baissai doucement la tête et regardais mon assiète pendant que j'engloutissais quelques bouchées de ma salade. Qu'est-ce qu'il m'avait pris ? Au pire elle me détestera. Mais si elle me déteste et qu'elle sait que je travaille ici et donc ne veut plus y travailler ? Pourtant elle aimait tellement ça. Cela voudrait dire qu'il faudrait que j'arrête pour elle car ce serait ma faute. Mais je ne sais rien faire d'autre. Je soupirais, légèrement. * C'était plus simple quand je ne parlais pas *

Dim 24 Juil 2016 - 0:40

Si Eva avait écoutée attentivement les paroles de Katarina, elle ne l'avait pas non plus quittée des yeux. C'était fou à quel point celle-ci ne semblait pas du tout à l'aise à discuter ainsi avec elle, alors qu'en toute logique, cela aurait dû être plutôt le contraire. Mais ce monde avait comme particularité de ne pas avoir encore vraiment de code, de conventions sociales et de code de conduite par rapport à la Terre, tant et si bien qu'il arrivait régulièrement que certaines se retrouvaient bloquées par des conventions sociales qui ne correspondait plus à rien.Et cela semblait être le cas de Katarina en ce moment même. C'est pourquoi Eva, sans la moindre hésitation, essaya de la mettre plus à l'aise.

"Il ne faut pas se forcer ici, Katarina.On est ici entre femmes et filles qui partageonsdes valeurs communes, alors personne ne viendra nous juger pour un comportement qui aurait pu être jugé inapproprié sur Terre. Personnellement j'aime discuter avec tout le monde ici, car tout le monde peut apporter sa pierre à l'édifice. Chacune de nous a sa propre histoire, qu'elle ai envie de la raconter ou non. Personnellement, je pense qu'il est inutile de vivre dans le passé et qu'il faut aller de l'avant. Ce qui s'est passé sur Terre n'a plus aucun sens ici, aussi faut-il se reconstruire en oubliant le passé. Depuis que je suis ici, j'ai vu à quel point tout le monde est gentil et serviable, et je ne suis pas une exception.je suis sûre que les enfants de service disent aussi des choses très gentilles sur toi, je me trompe?"

Eva avait essayé de mettre Katarina le plus à l'aise possible.Parfois un simple rappel qu'elles n'étaient plus sur Terre suffisait à faire reprendre pied certaines personnes.

Dim 21 Aoû 2016 - 1:22

Je reprenais mon souffle me focalisant sur le discours de l'étudiante. Elle parlait comme une adulte, enfin comme une personne bien plus intelligente que son âge. Bien sur, peut être avais-je été trop marqué par mon passé au point de ne plus pouvoir me guérir totalement et dans ce cas là de tel paroles n'auraient jamais d'impact. Tout du moins, je ne pus ignorer son idée sur ce monde et là façon dont tout le monde pouvait reconstruire ce qu'il voulait, donc il pouvait devenir quelqu'un d'autre ou simplement devenir une version plus parfaite de ce qu'on voudrait. Ma tête me criait des centaines de choses, des idées, des envies, je ne savais plus pourquoi j'en étais arrivée à être si maladroite dans la précédente discussion.

Être muette avait rendu les choses plus faciles pour moi, mais pour autant, jamais je n'aurais pu exprimer de tel sentiments ou un tel discours comme Eva l'a fait. Pour autant, j'étais passé outre mon mutisme dans le but d'aider les autres, de continuer ma vie et de m'éloigner de mes parents. À ce moment, je me rendis compte que déjà à l'époque bien avant d'être à Etiopia, j'avais décidé de moi même d'aller vers l'avant et que le monde n'était pas si horrible que ça bien que triste et inégal. Si j'avais pu m'épanouir dans une chose que je ne me pensais pas destinée ainsi pouvais-je peut être devenir une meilleure personne ? Ou pouvais-je espérer des choses qu'ils n'auraient pas pu être possible ?

Je me coupais du son m'entourant progressivement, pensive, inquiète mais pleine d'espoir, laissant soudainement ma fourchette tomber et s'écraser au sol. D'un sursaut, je repris mes esprits, visualisant la demoiselle qui avait subit un grand silence embarrassant. Ma tête tournait, les idées se bousculaient, hurlaient, chantaient et souhaitaient. Je me penchais pour récupérer mon couvert, étourdie par mes propres pensées, par se mélange soudain. La jeune fille avait compris quand il m'avait fallu avoir un choc tel que celui là ? Avoir failli mourir ne m'avait visiblement pas suffit, je restais incertaine face à ce destin alors que je pouvais créer ma propre destinée.

Une nausée incroyable me prit, et je rendis mon déjeuner sur le sol de la cafétéria devant la demoiselle sans que je ne puisse me contrôler, j'étais soudainement fatiguée, épuisée... Les lumières me rendaient malades, et lorsque je me relevais pour me rasseoir, je m'accrochai à la chaise, la faisant basculer de nouveau avec moi. Je m'écroulais soudainement par terre, tout devenait noir... Que se passait-il ?