Le grand saut [PV Raisa Reznikov]

Je m'étais levée tôt 5h40 pour être précise, comme à mon habitude. J'étais réglée comme une horloge. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt disait-on. J'avais décidé de consacrer ma journée à faire des exercices en tout genre pour conserver ma forme et ne pas perdre mes réflexes. Je me préparais donc un petit-déjeuner contenant assez de protéines pour pouvoir tenir.

Après avoir mangé, je décidais de me doucher à l'eau froide histoire de bien tonifier mon corps et réveiller mon esprit. Après m'être séchée, brossé les dents, coiffée et attaché mes cheveux en chignon je décidais de me vêtir d'un débardeur bleu foncé, d'un short de sport noir avec une bande blanche de chaque côté ainsi que de chaussures de sport noir également . J'attrapais ainsi mon sac à dos y fourrant une bouteille d'eau et boisson énergisante, deux bananes ainsi qu'une salade de pâtes et une serviette éponge. Je refermais mon sac qui désormais reposait sur mon dos. J'attrapais la poignée de la porte en faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller mes colocataires, l'ouvris et la referma derrière moi.

Il avait beau n'être que 6h10 il faisait déjà chaud.
J'entrepris de commencer à courir sans vraiment savoir où j'allais. Après plusieurs heures j'arriverai au pied d'une immense cascade entourer d'arbres gigantesques. Ils étaient tellement grands qu'on avait l'impression qu'il touchaient les nuages. La vue était magnifique, de la brume s'échappait du pied de la cascade qui était majestueuse. Je n'aurais jamais imaginé découvrir un tel paysage.
Je me décidai à faire une pause bien méritée, m'asseyant au pied de cette oeuvre d'art qu'avait créé la nature. J'enlevais mon sac et en sortit ma bouteille d'eau ainsi qu'une banane et ma serviette. Je dévissais le bouchon, collant mes lèvres au goulot. L'eau glissait sur ma langue et dans ma gorge me procurant une sensation de fraîcheur agréable me désaltérant par la même occasion. En refermant la bouteille je fus surprise d'avoir bu autant,  je ne m'étais pas rendu compte d'avoir eu autant soif. Après avoir mangé ma banane et m'être essuyée avec ma serviette je rangeais le tout une nouvelle fois dans mon sac à dos. Je m'accordais encore une dizaine de minutes de repos pour admirer le paysage puis décidais de me relever n'aimant pas rester trop longtemps à ne rien faire.

Je m'approchais d'un arbre attrapant une branche solide qui était à ma hauteur et me mis à faire des tractions. Une, deux, trois puis vingt je continuai jusqu'à quatre-vingts. J'enchaînais sur les pompes, me positionnant au sol et entrepris de faire une centaine de pompes sur les deux mains et cent-dix sur chaque main. Je me préparais à faire une série d'abdos quand tout à coup j'entendis un grand cri me surprenant. Je me retournais dans la direction d'où il provenait et c'est là que je vis que quelqu'un était tombé dans la cascade et semblait se faire emporter par le courant. Sans y penser à deux fois je me mis à courir à toute vitesse. Une fois arrivée, j'analysai la situation très rapidement et plongeais dans l'eau ne prenant pas le temps de retirer mon sac. Le courant en aval était plutôt fort et me poussait à utiliser toute ma force pour ne pas être également emportée. Après quelques secondes, j'arrivais à la hauteur de la personne qui se trouvais être une jeune fille. Je l'attrapais par la taille, redoublant d'effort pour nous faire rejoindre la berge. Une fois de nouveau sur la terre ferme je m'empressais de vérifier que la jeune fille, au cheveux d'une couleur plutôt inhabituelle respirait encore. Heureusement c'était bien le cas, bien que son pouls soit faible. J'exécutais les gestes de premier secours et fut soulagée quand elle ouvrit les yeux et qu'elle commença à tousser et cracher l'eau qu'elle avait ingurgité.

- Hey, est-ce que ça va?

Je me réprimandais face à cette question, évidemment que non ça n'allait pas, elle venait de frôler la mort.

- Tu as mal quelque part?

Je la voyais me fixer de ses yeux bleus, le regard encore perdu. Je me décidai à attendre qu'elle ce remette de son choc.

Je la regardais voyant son corps frêle trembler de froid. Elle lâcha un faible merci niant pas la même occasion avoir mal, la grimace affichée sur son visage me disait le contraire. Je la vit se relever et chercher du regard quelque chose. Elle fit quelques pas en boitant et s'éloigna quelque peu de moi. La prochaine phrase qu'elle sortit me surprit, cette jeune fille n'avait aucune reconnaissance! Je me surpris à penser quelques secondes à la rejeter dans l'eau mais je laissais tomber l'idée.

- C'est pas comme si il y avait grand chose à tripoter.

En effet le corps de la demoiselle au cheveux bleu ne paraissait pas très développé.

- Si j'avais su je t'aurais laissé te noyer.

Au moins son cadavre aurait profiter au poissons.

- Une dernière chose te robe est transparente et on voit ta culotte.

Après avoir prononcé mes dernières paroles, je ramassais mon sac qui était trempé tout comme mes vêtements. J'espérais que le soleil m'aiderais à me sécher un minimum. Je m'éloignais donc de cette jeune fille ingrate et me décidais à me remettre à courir n'aimant pas le petit attroupement qui s'était formé. Je courais le long de la cascade m'arrêtant quelques minutes plus tard, m'allongeant au soleil pour le laisser me sécher. J'en profitais par la même occasion pour ouvrir et vérifier l'état des objets qui ce trouver à l'intérieur de mon sac. Ma serviette était trempée ce qui la rendait inutilisable, ma salade de pâtes était imbibée d'eau. Heureusement la banane et mes bouteilles était intactes. J'allais devoir m'en contenter. Après cinq minutes à ne rien faire je me redressais en position assise, observant la cascade. Je me relevais ayant assez flemmardé et je marchais le long de la chute d'eau. Mes vêtements avait un peu séché me collant moins à la peau pour mon plus grand bonheur. Après avoir fait quelques mètres j'aperçus un amas de branches dans l'eau retenant plusieurs déchets. C'est fou comme les gens son sale, ils jettent tout et n'importe quoi et surtout n'importe où. Après m'être rapprochée d'un peu plus près de cette amas je vis entre les déchets coincé dans des branches un petit sac de couleur bleue.

À cette instant je compris pourquoi la fille au cheveux bleus semblait chercher quelque chose du regard plusieurs minutes auparavant. Ce devait être son sac, j'hésitais une ou deux minutes me rappelant son impolitesse et décida tout de même d'essayer de le récupérer. Une fois assez proche j'attrapais un bâton qui se trouvait au sol et le tendis vers le sac pour le récupérer. mouche il était trop court, je n'avais pas d'autre choix que de refaire trempette. Je retirais donc mon sac à dos et mes chaussures puis je me glissais dans l'eau. Fait paître j'allais devoir nager au milieu des détritus. Une fois assez proche j'attrapais une branche pour ne pas me faire emporter par le courant. Je saisis ce maudit sac m'entaillant au passage le bras sur plusieurs centimètres avec un morceau de ferraille. Je me hâtais de sortir de l'eau ne voulant pas m'éterniser. Une fois de nouveau sur la rive je m'empressais de mettre mes chaussures et de nouer mes lacets,  le sang qui provenait de l'entaille que je venais de me faire n'arrêtait pas de couler et venais de tâcher mon short et mon débardeur ce qui m'agaça. Je ramassais mon sac le déposant sur mon dos et empoignant celui de l'inconnu et je me mis à courir vers le lieu de l'accident espérant toujours l'y trouver malgré les les plusieurs minutes écoulée. Quand je fus arrivée sur place je la repéais grâce à sa couleur de cheveux si inhabituel. Elle était appuyée contre un arbre, les genoux repliés contre sa poitrine et sa tête poser dessus. Je lui jetais donc son sac au pied.

- Je crois que tu a perdu ça.

Elyôn, avec toute sa fierté et son égoïsme, avait été un peu insolente. Elle s'en rendait bien compte, mais elle était comme ça et c'était plus fort qu'elle. Elle se mordit la lèvre intérieure, se traitant intérieurement d'ingrate. Mais entre ce qu'elle pensait et ce qui sortait de sa bouche, il y avait un gros fossé. Rares étaient les fois où elle s'exprimait sincèrement calmement. C'était pourtant possible, et cette Elyôn là est une personne très plaisante. Mais ça fait partie d'Elyôn. Elle est un peu comme une tsundere. En ce moment, Elyôn était trop épuisée et trop peu détendue pour contrôler ses émotions. La blonde répondit à sa réplique sur le tripotage d'une manière si sincère, tellement sincère qu'Elyôn n'aurait jamais voulu l'entendre :

- Ouais bah pour ta gouverne je suis une lolita et les loli ont une faible poitrine, espèce d'obsédée !

Elle n'en revenait pas. Était-ce si évident qu'elle avait un corps d'enfant?! Elle qui avait pourtant 18 ans ! Ou cette héroïne venue de nulle part avait elle profité de son sommeil pour regarder ses formes et s'en moquer? Tsss espèce de rageuse.. se dit-elle pour se consoler sans trop y croire tellement le corps de Raisa l'emportait niveau beauté. Il ne fallait pas la regarder longtemps pour le constater, tout comme pour son corps, mais à présent Elyôn était vexée et ne se sentait pas de la contempler. Cette blondasse lui répondit d'ailleurs qu'au vu de son insolence elle aurait du la laisser crever.

- Tcheu ! cracha-t-elle. Elle lui tira la langue, avec un clin d'oeil et les mains accompagnant sa bouille, accroupie. Je t'ai remercié, tu veux quoi d'autre?

Elyôn ne savait pas trop pourquoi elle faisait ça mais elle avait besoin de le faire pour extérioriser ses émotions.

S'en suivit une taillade sur sa robe, apparemment transparente. On pouvait voir sa culotte. Elle se baissa du regard pour vérifier et sursauta en voyant au travers du tissu sa petite robe mauve à nekos, la bande de dentelle sur les bords et les petits rubans bleus. Mignon, mais affreusement ridicule et très peu sexy. Elle devint rouge écarlate, comme une tomate trop mure. Une tomate sur le point d'exploser et de propulser son jus et ses graines à des mètres à la ronde. Autant vous dire que dans le genre, elle aurait préféré être une belle fleur attirant des abeilles pour butiner son pollen. Ou encore hein de ses smileys bombes qui rougissent puis noircissent sous le coup de la colère et explosent !

- Y a rien à tripoter ni à regarder alors va donc poser ton regard ailleurs ! lui cria-t-elle, avant de se calmer. Heureusement, en haut, pas grand chose d'intéressant à regarder, juste des bandes pour que sa petite poitrine se voie encore moins. Elle n'en avait pas réellement besoin mais c'était un détail nécessaire de son point de vue sur le chemin de la parfaite lolita kawaii.

Puis l'inconnue s'était en allée. Et ça se comprenait. Il fallait vraiment qu'elle se calme. Elle voulait paraître mignonne, pas détestée. Elle secoua la tête pour chasser son agacement. A présent qu'elle était seule elle devait chercher ce sac ! Mais elle était tellement bornée qu'elle ne se rendit même pas compte qu'elle cherchait au mauvais endroit. Son sac était perché en bas de la chute d'eau, à une branche et ce qu'elle ne savait pas c'est que la russe était en train de le récupérer pour elle et pour lui rapporter bien gentiment malgré son ingratitude et son manque de reconnaissance envers elle. Peu après, elle entendit à nouveau la voix de la blonde et se retourna d'un coup en l'entendant, les yeux remplis d'espoir !

- Ohhh mon sac adorééé, merciiiii infiiiiiniiiiiment tu es adorable !!! s'écria-t-elle des étoiles au fond de ses pupilles.

Pendant deux secondes elle laissa entrevoir l'Elyôn attachante, souriante et énergique qu'elle était en réalité derrière ses grands airs. La blonde lui jeta son sac à ses pieds. Puis s'entendant, Elyôn se retourna, sans avoir encore repris son sac et fit mine de tousser dans sa main, se reprenant :

-Je veux dire, merci de ta part. T'es idiote mais t'es gentille...

Elle dit le mot gentille tout bas. Comme si complimenter c'était trop pour elle. Mais elle se sentait redevable. Il fallait qu'elle rattrape ça et vite. Elle n'aimait pas avoir des dettes envers les gens. En tant qu'ex fille de riche, elle ne pouvait pas se le permettre. L'avarice de son père avait-elle déteint sur lui? Puis elle remarqua qu'elle avait une entaille au bras et saignait. Elle ne l'avait pas remarqué avant à cause de son emportement en voyant son sac. La culpabilité monta en elle. Comment pouvait-elle agir si méchamment envers elle alors qu'elle ne faisait que l'aider, allant même jusqu'à se blesser à cause de sa bonté ? Pourvu que ça ne lui fasse pas une cicatrice supplémentaire...grimaça-t-elle intérieurement, mal à l'aise, Elle en a déjà tellement... Elle ne voulait pas être source de blessure à cause de ses caprices... elle était décidément trop bornée. Elle tendit la main vers le sol, pour récupérer son précieux bien et proposa :

-Tu n'es pas obligée d'accepter, hein ! Mais ça te dirait de rentrer au village ensemble et de se réchauffer autour d'un chocolat chaud? Ça me gène vraiment, tu ne sais pas à quel point ça m'arrache mais... je te dois bien ça... C'est un bon compromis, non?

Elle était pour une fois arrivée à garder son sang froid, elle se félicita intérieurement mais se dit qu'elle ne devait pas devenir trop gentille non plus !

-Je te préviens, si tu refuses, je m'en fiche je considèrerais que je n'ai pas de dette envers toi quand même ! De toute façon j'ai bien d'autres préoccupations !

Cette gamine venait de dépasser les bornes en me traitant d'idiote alors que je lui avais sauvé la vie et que je lui avais rendu son p.utain de sac. Visiblement on ne lui avait pas appris la politesse. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de vouloir essayer d'être gentille ? J'allais lui apprendre qu'on ne me parler pas ainsi sans en subir les conséquences. Je m'approchais d'elle l'attrapant par le col de sa robe et la souleva du de plusieurs centimètres du sol sans le moindre effort. Elle était légère comme une plume. J'approchais mon visage du sien fixant mon regard droit dans le sien.

- Écoute moi bien gamine la prochaine fois que tu m'insultes je te fracasse les deux jambes et je te balance à la flotte pour te regarder te noyer.

Je la reposais sans la moindre délicatesse et la lâcha. Cette fille était vraiment étrange et il fallait l'avouer me tapait franchement sur les nerfs. J'en venais à me demander si elle n'était pas dérangée mentalement, c'était fort probable au vu de ses réactions.

- Dis moi tes parents ne t'auraient pas bercé trop près du mur ?

Elle m'avait proposé de de nous réchauffer autour d'un chocolat chaud mais à vrai dire ça ne m'enchantait pas plus que ça bien que la perspective d'avoir des vêtements secs me tentait plutôt pas mal. En plus d'être mouillé mes vêtements était également tâcher de sang et ça m'énervait. Je n'aimais vraiment pas les tâches. Mon entaille bien qu'indolore continuait à saigner.

- Je ne vais pas certainement pas venir boire un chocolat avec toi sans que tu ne le mérites.

Je m'approchais à nouveau d'elle, j'attrapais son sac qu'elle tenait entre ses mains ne lui laissant pas le temps de réagir. J'avançais vers un arbre. J'agrippais une branche solide et je me mis à l'escalader faisant attention à ne pas m'appuyer sur une branche trop fragile ou morte et à bien répartir mon poids. Je m'arrêtais une fois assez en hauteur et je me mis à admirer la vue. Elle était à couper le souffle, la cascade était encore plus belle vu de cette angle. Les gens paraissaient beaucoup plus insignifiant.  Un arc-en-ciel s'était formé au pied de la chute d'eau rendant le paysage presque irréel. Le soleil était éblouissant faisant profiter tout le monde de ses rayons. Je le sentais réchauffer ma peau.

J'aurais pu rester des heures assise là à contempler ce paysage extraordinaire mais les plaintes de la jeune fille au cheveux bleus, qui ne m'avait d'ailleurs toujours pas dit son nom, venait de faire exploser ma bulle éphémère. Même à plusieurs mètres de hauteur elle trouvait le moyen de me gêner, une vraie plaie celle la. Je fis ce pour quoi j'étais monté dans cette arbre c'est à dire accroché son sac à une branche assez solide pour ne pas qu'il ne tombe et entrepris de descendre non sans jeter un dernier regard au paysage qui me captivait.
À peine avais-je eu le temps de poser les pieds à terre qu'elle accourait vers moi en gesticulant comme un verre de terre.

- Par pitié ferme la ! Si tu arrive à grimper dans cette arbre et à récupérer ce sac je viendrais avec toi en ville boire ce chocolat.

Je la voyais mal grimper un arbre de cette hauteur mais au moins si elle acceptait je serais tranquille pendant plusieurs minutes.  Ils ne rester plus qu'à espérer qu'elle ne se tue pas. Pour être sûre qu'elle accepte je me décidais à la provoquer un peu.

- Je comprends si tu as trop peur, fillette. Après tout avec ton corps de brindille tu risquerais de t'envoler et tu ne m'a pas l'air très dégourdie.

Je me détournais d'elle, ne lui laissant même pas le temps de me répondre et m'assis dans l'herbe à quelques pas de l'arbre.

A peine Elyôn avais-elle sorti les mots de bouche et fini sa proposition, quoique précédée par une insulte maladroite, que la réaction ne s'était pas faite attendre. N'avait-elle donc pas compris qu'elle la taquinait? Quoique au vu du ton employé, la réaction était bien plus que justifiée. Largement, même. Elyôn eut à peine le temps de regretter ses mots qu'une poigne musclée la souleva dans les airs, accompagnée d'une menace bien réelle. Celle de lui faire regretter ses mots si son insolence venait à durer. La carrure de la blonde et son visage ne laissaient pas douter que ce n'étaient pas des mots en l'air. Cette femme était son strict opposé, elle disait exactement ce qu'elle pensait, très sérieusement, et n'hésiterait pas à mettre en application ses menaces si besoin. Ça se devinait. Rien que toutes ces cicatrices éparpillées sur sa peau en attestaient. Elyôn déglutit et sentit un regard perçant sur elle. Il fallait avouer qu'il y avait de quoi l'intimider, mais qu'est-ce qu'elle en avait à faire? Il y avait un hôpital ici et se préoccupait plutôt de ne pas mourir. Et à l'heure actuelle, c'était de l'histoire ancienne. C'était vrai que si la blonde la rejetait à l'eau, elle pourrait se noyer à nouveau. Elle ferait peut-être mieux de partir dès qu'elle en aurait l'occasion et d'aller le boire toute seule, ce chocolat.

Puis ce qu'elle entendit lui fit serrer les dents. Elle, bercée trop près du mur? Elle repensa à son passé. Petite, sa mère avait bien pris le temps de la bercer, mais cela n'avait duré. Son père, qui ne la désirait pas, exerçait une pression familiale sur sa mère, qui, trop intimidée et trop peureuse pour réagir, ne fit jamais part à personne des violences de son mari. L'entourage et le reste du monde ne comprendraient jamais. Quand tu es dans une famille riche, il arrive que le moindre malheur soit considéré comme un simple caprice pour se faire remarquer. Du coup, sa mère avait préféré courber l'échine et confier l'éducation de sa fille à d'autres gens, la regarder de loin, s'occuper des papiers et s'enfermer au calme dans ses quartier les trois quarts du temps au lieu d'éclater en sanglots devant Elyôn, trop petite pour comprendre. Petite, Elyôn n'en savait strictement rien. Elle apprit bien plus tard toutes ces intimidations et violences. Elle devinait malgré tout dans les yeux de sa mère comme un malheur profond, une noirceur qui s'était installée. Elle détestait déjà son père, qui n'avait jamais été présent. Et elle en avait longtemps voulu à sa mère de l'avoir comme abandonnée et privilégié son mari. Jusqu'à ce qu'elle apprenne la mort de sa mère sous les coups de son père, ce gros alcoolique et sadique. Elyôn se perdit dans ses pensées, dans ses souvenirs. elle préféra réprimer ceux-ci au fond d'elle et se taire. Cette inconnue ne pouvait pas comprendre. Elle préféra noyer le poisson en répondant à la remarque précédente.

- Bah vas y, lui intima-t-elle. Tu crois que tu me fais peur? lança t-elle, d'un ton plus que provoquant.

Et allez, un mensonge de plus ! N'en avait-elle pas marre d'en rajouter une couche? N'en avait-elle pas eu assez? La seule chose dont Elyôn était sûre, c'est qu'elle ne s'ennuyait pas. La blonde la relâcha et son petit corps frêle heurta le sol durement. *Outch* pensa-t-elle *ça fait mal aux fesses*. Elle laissa tomber son sac à côté d'elle en tombant. Celui-ci fut vite repris par la blonde, qui entreprit de grimper dans l'arbre avec, assez haut pour être inatteignable d'un simple saut. Visiblement, l'inconnue lui demandait désormais quelques preuves pour prouver qu'elle méritait sa gentillesse. * mille millions de mille sabords, c'est pas naturel du tout tout ça*.

Elyôn commença à râler, débordée par un gros élan de frustration, essayant vainement d'attraper une branche de ses petits bras. La blonde lui demanda de la fermer et d'agir plutôt que de continuer à pleurnicher. Elle atteint la plus petite, qui était à un mètre du sol, et essaya de monter dessus. Elyôn se hissa dessus. La branche émit un son de craquement et Elyôn eut juste assez de temps pour attraper une branche au dessus, pendant à nouveau dans l'air. Pendant ce temps la blonde était redescendue et la taillait sur son corps petit, mince, pâle, d'apparence fragile. Heureusement Elyôn savait grimper aux arbres. Pendant quelques rares moments de son enfance, avant que son tutorat ne commence, Elyôn s'amusait des fois, dans l'immense jardin, à échapper à la surveillance des adultes et d'aller grimper en haut d'un arbre, se camouflant dans le feuillage et profitant de quelques moments de liberté. Plus grande, elle avait conservé cette habitude, et cette sensation de hauteur et de liberté étaient quelques uns des rares moments où, à grandes bouffées d'air frais, elle se sentait vraiment respirer. elle arriva quelques branches en dessous de son sac, se hissant du mieux qu'elle pouvait. Puis elle constata que la prochaine branche était bien trop haut pour elle. Problème de taille. Littéralement parlant. Elle regarda en bas la jeune femme qui s'était assise tranquillement dans l'herbe et lui lança :

- Fait c.hier... Eh ! Écoute ! Je ne peux pas aller plus haut ! Si je m'excuse, ça te va...?

Ses mots l'arrachaient et se firent timides, mais elle arriva quand même à lui dire, sans riposter avec quelque autre phrase méchante. Mais si ça ne suffisait pas, l'arbre ne s'envolerait pas, elle pourrait rentrer et revenir chercher son sac, avec d'autres outils. Elle en mourrait d'inquiétude de savoir si son sac était encore là, mais elle n'allait pas y passer la nuit.

Que ne fut pas ma surprise de constater qu'elle avait réussi à grimper dans l'arbre avec plus de facilité que je ne l'aurais cru. Elle était plus agile que ce que j'avais imaginé. Elle était arrivée presque sans trop de problèmes sauf une ou deux branches qui avait cassé sous son poids juste en dessous de la branche où était accroché son sac. Visiblement elle était trop petite pour l'atteindre. Sa détermination m'avais quand même beaucoup plue. Je crus avoir une hallucination auditive en entendant qu'elle proposait de s'excuser , à contre coeur certes mais c'était déjà ça. Je savais être indulgente quand il le fallait, mais pour qu'elle retienne la leçon correctement je me décidais à l'ignorer encore quelques minutes avant de me décider à lui répondre.

- Je pense que tu a retenu la leçon et si tu restes un minimum polie envers moi et que tu t'excuses je t'autorise à descendre.

Je pris cinq minutes pour peser le pour et le contre, bon j'allais également récupérer son sac vu qu'elle avait l'air d'y tenir et que je m'étais casser la tête à aller le récupérer dans cette eau sale. Une nouvelle fois fois je grimpais à l'arbre et il ne me fallut que très peu de temps arriver vers la branche où se trouvais le sac. La jeune fille au cheveux bleus m'avait un peu gênée dans mon ascension mais rien de bien méchant. Je me saisis donc de son sac et me mis à descendre, arriveée à sa hauteur je me stoppais lui tendant son sac.

- Je vais pas le porter à ta place.

Ce n'était pas comme si il était lourd mais j'avais était suffisamment gentille comme ça.

- Tu comptes dormir dans cette arbre ? Parce que vu la vitesse à laquelle tu vas c'est bien parti.

Je repris ma descente me décidant à l'attendre en bas. Elle n'était pas très rapide pour descendre, on aurait dis un paresseux. Une fois de nouveau au sol,  je retournais m'asseoir à la place que j'occupais précédemment le temps que la jeune fille descende à son tour.

- Au fait tu ne m'as toujours pas dit ton prénom.  Moi c'est Raisa.

Ça serait en effet une bonne chose de connaître son prénom. Je lui avais donné le mien car j'imaginais bien qu'elle allait me le demander tôt ou tard. J'ouvris mon sac récupérant la banane rescapée, l'ouvrit et la mangea avec appétit. Je n'avais pas mangé grand chose et le plan que j'avais fait c'est à dire manger ma salade de pâtes était tombé à l'eau sans mauvais jeu de mot. J'attrapais ensuite ma serviette éponge et la déchira nouant ainsi le bout de tissu autour de ma blessure, ça fera l'affaire en attendant de trouver mieux. Je fermais ensuite mon sac à dos. Je décidais de m'allonger dans l'herbe et de profiter du paysage et du soleil qui réchauffait ma peau.

- La proposition pour le chocolat tient toujours ?

Elyôn pria pour que ses excuses passent crème.  La blonde la considérait du regard. Elyôn patient à quelques minutes, qui lui parurent hyper longues,  à guetter le moindre petit mouvement, le moindre sourire ou froncement de sourcils. Elle n'obtint pour réponse à sa curiosité qu'un regard un peu perplexe dans sa direction suivi d'un loing silence. Elyôn, quoi que impatiente et toujours un peu sur les nerfs à cause de ses sautes d'humeur bizarre et de sa fatigue, fit de son mieux pour attendre. Puis son voeu fut exaucé !  À quelques points près, qui paraissaient bien logique : elle devait rester polie.

- Écoute, je ne peux rien te promettre mais j'essaierai. Et s'il te plaît arrête de prendre tous mes mots au sérieux... Par exemple quand je te traitais d'idiote je te taquinais !

Son audace lui revenait.

- T'inquiète je compte bien le porter. C'est mon sac après tout ! Je préfère perdre un repas que le perdre lui..

En effet le petit sac bleu d'un style un peu kawaii était une pièce rare, dans le sens qu'il provenait d'une édition limitée d'une artiste qu'elle adorait. Rare cadeau attentionné qu'elle ait pu avoir dans son ancienne vie. Les autres étaient souvent des gâteries mais pas à son goût. Elle le portait à son dos en arrivant à Etiopia.  Il était autant symbolique que magnifique à ses yeux. Elle vit Raisa grimper puis redescendre en a peine trente secondes,  le précieux sac en main.

- Raisa donc.. Une russe c'est ça ? M'appelle Elyôn, suis japonaise.

Elle descendit de sa branche,  se laissant tomber,  retombant sur le plat de ses talons.

- Pas la peine de le répéter deux fois ! Pas envie de risquer encore une fois la noyade, rigola-t-elle.

Elle émit un petit hoquet de surprise quand la donc dénommée Raisa à relançait sur sa proposition de chocolat chaud.

- Parfait ! Laisse moi juste passer à la résidence me changer et chercher quelques affaires dont j'ai absolument besoin ! Tu peux en profiter pour te changer aussi,  qu'en dis tu ? Tes vêtements puent la transpiration et les tâches de sang... Trop glamouuuuur, dit elle sur un ton sarcastique en tirant la langue. On se rejoint en bas de la résidence.

Elle n'attendit pas de réponse,  lui lançant tout de même un sourire rieur et confiant comme si tout ce qui venait de se passer était déjà oublié et elle commença à marcher.

- Allons y. J'suis pas un escargot, contrairement à ce que tu pourrais croire. J'avais pas l'intention de faire du camping.