Une journée comme les autres [Libre 1 - 2 personnes]

Mer 5 Mar 2014 - 11:32

L'aube naissait à peine, le soleil entamait à peine son éveil, éveil lent, éveil difficile, à moins que cette impression ne soie due aux nuages légers qui nimbaient le ciel de leur ouate délicate.

La gardienne en fit de même, le regard encore voilé de sommeil, mais déjà le sourire accroché aux lèvres. Elle émergea de sa tanière, petite alcôve naturelle située non loin de la haute cascade, lieu qu'elle appréciait particulièrement, d'autant plus lorsqu'elle grimpait à son sommet pour accueillir autant le soleil que sa vieille amie la lune.

Elle huma le vent frai, les cheveux battant l'air sous la douce brise, quand bien même d'autres auraient trouvé ce vent glacé, pour elle, il était un agréable ami lui apportant les nouvelles de son domaine.

Une bien étrange odeur lui parvint, une odeur qui lui était inconnue, Berhyn pencha la tête de coté, tentant de se remémorer si au cours de sa vie, elle avait jamais senti pareille odeur, la réponse était sans appel: cette odeur lui était totalement inconnue !

Après s'être nettoyée sous l'eau fraîche de la cascade, elle s'était couverte de sa robe si particulière, les cheveux trempés avant de se mettre en quête de fleurs sauvages, dont elle préleva quelques spécimens pour en faire la décoration naturelle qu'elle affectionnait tant.

Soigneusement et une à une, elle avait déterré les fleurs, afin de ne pas les blesser, elle en conservait les racines, ainsi, le soir venu, les plantes retrouvaient leur terre nourricière où leur vie pouvait reprendre comme si de rien n'avait été.

Après s'être observée dans l'eau trouble, satisfaite de ce qu'elle y avait vu, elle huma de nouveau le vent, l'odeur était toujours présente... Sa curiosité la poussa à remonter la dite odeur pour en trouver l'origine et sa parfaite connaissance de ces lieux qui étaient à ses yeux sa demeure pour rejoindre rapidement l'origine de sa curiosité.

Jeu 6 Mar 2014 - 0:10

Un courant d'air. Juste un courant d'air. Secoue mes cheveux, bouscule mon âme. Me fait perdre la notion de vie et de mort, de peine et de douleur. J'oublie. J'oublie qui je suis, ce que je fais, d'où je viens. Je l'oublie elle. Et la monotonie de mes jours passé, la monochromie d'un bonheur passé, le temps qui ne m'atteint plus. Ce n'est plus que futilité. L'herbe frissonne à mes pieds, et j'offre mon visage au vent. Mes mains se tournent vers la voûte céleste, mon visage est apaisé.

J'avance d'un pas léger, sans prendre la peine d'ouvrir les yeux. Mes pieds nus effleurent la surface paisible de l'eau de l'étang. Je frémis de plaisir en sentant la vie en-dessous de moi. Le sempiternel clapotis de l'eau, légèrement secoué par la bise, la danse gracieuse des poissons plus en profondeur. Je m'allonge à la surface de l'eau, comme si celle-ci avait été un support solide. Mes cheveux et ma robe s'enfoncent dans le liquide translucide, tandis que mon corps repose au-dessus, insensible aux lois physiques.

J'ignore combien de temps je reste sur l'eau, sans bouger, sans respirer, âme à la dérive, corps au bord du néant. Je somnole, entends la nature me chuchoter à l'oreille. C'est agréable. Je pourrais rester ainsi pendant des heures, des jours, des mois. Que dis-je ? Le temps n'importe pas. Pas depuis que je suis morte.

Mais voilà, des bruissements, des pas légers. Invisibles pour celui qui ne sait voir, imperceptibles pour celui qui ne sait entendre. J'ouvre les yeux avec lenteur. Elle est là, toute proche. Je l'ai sentie. Mes enfants, mes fleurs, mes arbres, l'eau, me le murmurent à l'oreille. Je ne prends pas la peine de me redresser. Elle m'a vue, je le sais. Moi aussi je la vois. Pas avec mes yeux, mais avec ceux de la nature. La nature est une source intarissable d'information. Tout se sait dans ce milieu. Les voix reprennent de plus belle à mes oreilles. Elle n'est pas humaine. Elle est comme moi. Différente. C'est une gardienne.

- Bonjour, je murmure. Je suis ravie de faire ta connaissance... Berhyn de Vir.

Jeu 6 Mar 2014 - 9:34

Il y avait bien quelqu'un sur son territoire, quelqu'un d'étrange, quelqu'un dont l'odeur était celle des eaux pures, quelqu'un qui... Flottait sur l'eau ?! Berhyn eut bien du mal à ne pas se frotter les yeux pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, mais de toute évidence, ce n'était pas un rêve, pas un cauchemar non plus, c'était un fait établi, elle avait bel et bien en face d'elle quelqu'un que l'eau semblait rejeter alors qu'elle avait accepté sa robe et sa chevelure, mais pourquoi ?!

Elle n'avait pas besoin qu'on le lui dise, Berhyn savait, il n'y avait pas besoin de mots que pour qu'elle sache qu'elle avait été repérée dés qu'elle s'était approchée de l'eau, elle en était presque sure, celle qui était là savait très précisément l'endroit dans lequel les yeux dorés observaient, amusés, la situation.

Celle qui se trouvait là était d'une grande beauté, pourtant, elle le ressentait, elle souffrait intérieurement, de quoi ? C'était hors de son discernement, mais c'était un fait, la souffrance était présence, elle la ressentait nettement. À moins que ce ne soit là ses instincts qui n'aient parlé avant le reste ? Au final peu importaient et tant qu'à être repérée, autant se montrer, ce n'était là que logique puisqu'elle avait pu observer sa vis-à-vis.

De l'ombre s'avança la gardienne des lieux, couverte de sa robe d'ombres mouvantes, un sourire léger sur les lèvres, elle s'était inclinée légèrement pour saluer.

Bonjour demoiselle qui avez l'odeur de l'eau, comme vous l'avez si justement deviné, je suis connue sous le nom de Berhyn... Soyez la bienvenue ici.

La gardienne était venue se poser au bord de l'eau, les pieds vinrent se perdre dans l'ondée dans pour autant que sa robe n'en soit mouillée, ombre illusoire qui ne fait que cacher, elle s'était étalée sur le miroir trouvé par l'entrée des deux objets intrus.

Ven 7 Mar 2014 - 0:54

Je suis calme, tranquille, reposée. Apaisée. Je suis bercée. Bercée par le bruissement sourd de la cascade. Elle se déverse avec majesté dans mon étang, le nourrit, le secoue au rythme d'une valse légère. L'eau se déverse avec force, projette de nombreuses gouttelettes autour d'elle. Celles qui se posent sur ma peau semblent disparaître aussitôt. Du bout des doigts, je caresse la surface de l'étang, comme je pourrais caresser le corps d'une femme. Je mêle tendresse et douceur dans mes gestes.

- Bonjour demoiselle qui avez l'odeur de l'eau, comme vous l'avez si justement deviné, je suis connue sous le nom de Berhyn... Soyez la bienvenue ici.

Ses mots me font sourire. Je lâche un rire cristallin qui se perd dans l'ambiance sonore de la nature. Il y a la cascade qui domine. La danse discrète de la végétation persistante, malgré la froideur de l'hiver. Il y a le piaillement timide des rares oiseaux téméraires qui n'ont pas fuit pour l'hiver. Le clapotis léger de l'eau de l'étang. Un souffle discret. Elle respire. Je crois qu'elle respire. J'ai oublié la sensation que cela procure. Respirer. A quoi bon ? Sentir les mauvaises odeurs créées par l'Homme, s'emplir les poumons d'un serpent toxique qui lentement nous entraîne vers le puits sans fond, le tourbillon abyssal de l'éternel repos.

Mais qui a dit que le repos attends celui qui meurt ? Qui pense réellement que la mort est une libération, une fin en soit ? Je ne crois plus à tout ça. La vie, la mort. Quelle différence ? Quelle importance ? Le résultat n'est-il pas le même ? Non. Non... Je ne devrais pas être là. Pas comme ça, plus ici. Je regarde la mort en face, plonge mon regard dans le sien, avant de supplier la vie de reprendre ses droits. Je suis morte mais en vie. Je suis un cadavre encore chaud, un macchabée que la pourriture dénigre, une illusion. Pourtant parfois, je sens mon cœur battre à nouveau dans ma poitrine.

D'un mouvement souple, je roule sur le côté. Mon visage se fait engloutir par les eaux. Je respire enfin. Lorsque j'émerge, mes grands yeux secs se posent sur la jeune gardienne, debout, là, en face de moi, qui me fixe intensément. D'un bond, je m'accroupis, insensible à la profondeur de l'eau, mes pieds posés à la surface. Telle un fauve, une bête sauvage, je la fixe, le regard vide - ou peut être trop plein - de sentiment. Au bout de quelques secondes, je me redresse souplement et fais quelque pas en direction de Berhyn.

- Je te remercie, déclamai-je avec sincérité.

Je m'avance encore vers elle, quittant les eaux profondes pour m'approcher du rivage. Mon corps tout entier est sec. L'eau, les larmes, la pluie. Je suis insensible. Insensible à tes cris, aux soupirs que tu m'élances, aux regards emplis de larmes qui me supplient. Je suis insensible à ton sang qui coule sur ma peau, à la sueur qui goutte de ton front. Je suis insensible à ces morts qui jonchent ta route, aux souvenirs qui voilent ton regard. L'or des yeux de la gardienne pénètrent mon âme.

- Je me nomme Billy, et je suis la gardienne de l'étang, et de son pont.

Ven 7 Mar 2014 - 17:23

Elle n'avait pas bronché d'un cheveu alors que sa vis-à-vis se tapissait sur l'eau avant de venir au-devant d'elle. Elle n'aurait pas su dire quoi, pointant l'instant précédent elle avait eu une étrange sensation, une infinie tristesse, de la mélancolie, une peine telle que sa part animale en fut tétanisée, quand bien même elle aurait ordonné à ses membres de bouger ces derniers l'espace d'un instant s'y seraient totalement refusé.

Elle avait parlé, pourtant étrangement la voix ne lui était pas parvenue, comme bloquée par ses sens qui se faisaient violence pour revenir à leur place, reprendre du service. Ses instincts primaires prirent le dessus, elle secoua la tête en grondant un instant sans se départir de son sourire, n'allez pas lui demander ce qui s'était passé, elle n'en savait absolument rien !

La voix mélodieuse lui parvint enfin, la tête de coté, le sourire de Berhyn s'élargit quelque peu, une autre gardienne, d'un lieu proche, la différence pourtant était flagrante, son calme, son expérience, Berhyn le savait elle était infiniment plus âgée qu'elle même ne l'était, cela expliquait peut-être son blocage d'un peu plus tôt.

Le regard de sa vis-à-vis lui semblait crier, des suppliques fortes, des suppliques qu'elle comprenait mal, mais à n'en pas douter, sa situation de gardienne l'ennuyait plus qu'elle ne lui avait apporté de solutions... Peut-être pourrait-elle apprendre à son contact, si elle lui accordait en tous les cas.

Berhyn s'était quelque peu écartée, offrant d'un geste gracieux un siège d'herbe à Billy.

Vous semblez... Si... Triste... Peut-être que partager ce poids vous aiderais ?

Elle avait parlé spontanément, bien qu'hésitante, elle avait sa voix la plus douce, la plus réconfortante, alors qu'elle scrutait Billy afin de s'assurer qu'elle n'avait pas froissée cette dernière, car tel n'était pas son but loin s'en fallait.

Dim 9 Mar 2014 - 22:01

Je fixe la jeune gardienne, sans savoir quoi penser. J'avance vers elle. Elle n'est pas une menace, nous voulons la même chose : préserver la nature. Je m'abandonne à son regard doré, à cette expression sauvage qui émane d'elle. Elle me respecte, je le sens, comme un enfant respecterait son aîné. C'est la première fois que je rencontre une autre gardienne. J'ignore depuis combien de temps elle est ici, toujours est-il que je ne l'ai jamais vue auparavant, alors que nous sommes voisines. Nous partageons le même milieu de vie, le même centre d'intérêt. Elle m'est familière même si je ne connais rien d'elle.

C'est peut être pour ça que je vais m'asseoir au près d'elle sans l'ombre d'une hésitation, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. L'herbe sous moi devient plus verte, plus moelleuse, et je la caresse comme on caresserait un petit animal, ou un poisson aux écailles multicolores. Mon visage était plus apaisé, sa présence me faisait du bien. Je me sentais peut être moins seule ?

- Vous semblez... Si... Triste... Peut-être que partager ce poids vous aiderais ?

Je relève la tête vers elle, et plonge mon regard d'été dans le sien, d'or. Je pose ma main sur la sienne, et l'ombre d'un sourire apparaît sur mon visage. Je laisse le bruit de la nature reprendre le dessus pendant quelques instants, avant de lui répondre d'une voix douce.

- Dis moi Berhyn, comment as-tu vécu ? Avant d'arriver ici ? Étais-tu une enfant des montagnes, des villes, de la campagne ? Travaillais-tu ou vivais-tu paisiblement ? Est-ce que tu chassais ou bien tu étudiais ? Comment était ta vie avant que tu ne deviennes gardienne ?

Au fil de mes paroles, un nuage de buée s'élevait dans l'air. Il faisait très froid, même si la température ne me gênait nullement. Je fixais Berhyn avec intensité. J'étais curieuse de découvrir qui elle était, afin de, peut être, m'ouvrir à elle.

Dim 9 Mar 2014 - 22:25

Le sourire ne quitta pas les traits de Berhyn, son regard posé sur sa vis à vis était doux, paisible, elle ne ressentait aucun danger, elle ne se sentait pas menacée, pas plus que sa chère Déesse mère, elle se détendit donc visiblement.

Berhyn sentit une main se poser sur la sienne, alors que le regard de Billy se perdait dans le sien, quelques questions venant à ses oreilles, questions étranges et pourtant légitimes, questions dont certaines avaient une réponse, d'autres pas, mais elle voulait y répondre de son mieux, quand bien même la plupart de ses souvenirs n'étaient qu'un fraction d'un tout.

Elle remuait à peine les lèvres alors pourtant que sa voix retentissait, douce, pourtant relativement grave pour la taille qui était la sienne.

Comment j'ai vécu... C'est une question... Étrange si je puis me permettre... J'ai toujours connu ces lieux... Quand bien même j'étais alors la même et très différente... Je vivais alors avec la meute de Chak'ha... Ce sont eux qui veillaient sur moi... Je ne sais pas comment ils m'avaient trouvée... Je ne sais pas pourquoi ils m'avaient gardée alors que j'étais si différente d'eux... Pourtant... Pourtant ils veillaient sur moi... Ils m'ont aimée... Au point de sacrifier leur vie pour sauver la mienne... Au point que tous ont lutté contre ces personnes qui les ont massacrés...

La voix de la gardienne des lieux était emplie de tristesse malgré son sourire, à n'en point douter que ces événements l'avaient profondément marquée. Elle continua cependant.

Je suis fille de ces terres, filles de cette nature, fille différente des autres, ne faisant partie d'aucun monde... Fille qui n'a pas su protéger la vie des siens... Alors j'ai fait le serment de protéger leur sommeil. C'est peut être égoiste quelque part, mais la Déesse Mère me l'a accordé alors je m'attache à cette tâche... A la faire du mieux que je le peux...